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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 16 Juin 2022 17:33   Sujet du message: Répondre en citant  
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https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Des étoiles résiduelles dansaient encore derrière les verres de Jérémie lorsqu’il lança les procédures de virtualisation pour ses amis. La bosse à l’arrière de son crâne semblait encore diffuser l’écho du coup qu’il s’était pris. Réflexe hypocondriaque oblige, il se diagnostiqua immédiatement une commotion.
- Deuxième vague en place Einstein !
La voix particulière d’Odd venait de lui donner un choc mental supplémentaire, qui lui permit néanmoins de se ressaisir. Il enclencha à nouveau l’activation des scanners, déjà énormément sollicités en une journée.
Il sentit une main se poser sur son épaule. Aelita. La jeune fille avait insisté pour rester avec Jérémie, histoire de vérifier qu’il se remettait de son choc et qu’il tiendrait le coup pour la mission à venir, perturbée dans sa programmation. De toute façon, le Skidbladnir n’avait que cinq places et elle pouvait rejoindre le groupe une fois sur Tron.
- Allez, éclairez-nous un peu sur ce qu’il s’est passé.
La demande de Yumi était spécifiquement adressée à William et Jérémie. En effet, ces derniers avaient été trouvés assommés par Aelita, désireuse de voir comment Belpois avançait. Elle eut la surprise de retrouver son prince charmant endormi, vrai défi aux conte-ventions. Le reste des Lyokô-guerriers fut ainsi mobilisé sans délai, lançant ainsi un état d’urgence. Dans cette optique, les explications avaient dû être limitées, pour directement et littéralement plonger vers l’essentiel.
- Il y a un peu plus de deux heures maintenant, commença Jérémie, Léo Chevalier et Lysandre Flys se sont virtualisés depuis ici. Ils sont restés très brièvement sur Lyokô avant de se rendre sur Cortex.
- Sans le Skid ? s’étonna Odd, aux commandes de l’appareil désigné.
- Je suis en train d’éplucher le compte-rendu d’activité virtuelle : Xana est parvenu à créer une sorte de tunnel d’échange de données entre Lyokô et Cortex. En clair, un portail permettant de voyager directement d’un monde à l’autre.
- C’est légal ça ? s’étonna Ulrich.
- Visiblement, oui. En « jumelant » deux tours, une dans chaque monde virtuel, la manœuvre est possible. Elle reste risquée parce qu’au moindre souci technique, erreur de programmation ou interférence extérieure, il y a risque de perdre ce qui est en transit mais Xana reste Xana, donc compétent sur ces questions. Moi qui m’étais embêté à programmer des sécurités supplémentaires sur l’interface du labo’ et sur l’accès au Skid, je me suis bien fait voler sur ce coup.
Comme toujours, l’opérateur du groupe se mettait beaucoup trop la pression sur ces questions, ce pourquoi William, sensible à sa cause car dégoûté de s’être fait avoir par derrière, décida d’enchaîner pour l’éviter de trop s’apitoyer :
- On a d’autres informations sinon ? À part le fait qu’ils ont pris une avance monstrueuse sur nous ?
- Oui : Léo et Lysandre sont passés entre les tentacules de la Méduse, une fois sur Tron, si j’en crois ce qu’il y avait à l’écran. Elle leur a pris leurs codes-source ADN. Bien commode pour nous empêcher de les rematérialiser manuellement. Par contre, ils ne sont visiblement pas passés par l’étape « mer numérique », aucune fenêtre ne s’est déclenchée en ce sens.
- Depuis le coup avec Chris, Xana a dû préférer s’en passer, commenta Laura, plutôt discrète depuis les derniers événements. À moins qu’il n’ait agi dans la précipitation...
- Ou alors il s’est dit que les deux n’avaient aucune valeur pour nous et qu’il ne pourrait pas s’en servir comme moyen de pression. À l’inverse, peut-être qu’on hésitera à les dévirtualiser si on tombe sur eux, là-bas, sachant que ça reviendra à les faire disparaître pour de bon.
Un silence choqué suivit cette déclaration dite avec gravité, émise contre toute attente par Yumi. Personne n’osa lui faire remarquer son hypocrisie vis-à-vis du fait que, quelques jours plus tôt, elle était contre l’idée de sacrifier un Chris – soit une personne qu’elle connaissait un minimum – rallié à Xana. Sa voix et sa remarque traduisaient un sentiment presque général : la lutte contre le programme indépendant durait depuis – trop – longtemps et était à un fil de déraper, perspective peu réjouissante moralement. Dire que quelques heures plus tôt, ils se projetaient dans leurs futures vacances d’été...
- Est-ce que c’est vraiment important de se demander ça ? interrogea Odd, grand adepte de l’adage « Moins de blabla, plus d’action ». Vous oubliez que Chris et Mathilde étaient spécifiquement sur place pour ce genre de situation !
Aelita, ravie de constater que son camarade intellectuel ait repris vie grâce à cette restitution de connaissances, s’attribua le mot de la fin, au parfum d’incertitude, de cet échange :
- Espérons qu’ils aient été au rendez-vous, sinon on est bons pour une nouvelle saison avec Xana...


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


La flèche indiquant l’Est s’effaça sur le torse de l’adversaire sans nom. Celui-ci avait retrouvé son apparence initiale et, comme les deux fois précédentes, sitôt l’avatar d’Audrey Tessier désagrégé, il obtint quelques frames d’invincibilité. Cette capacité, ennuyante au possible, lui laissa le temps nécessaire à sa métamorphose, pas très instantanée.
Chris s’était éloigné le temps du processus, afin de s’éviter une mauvaise surprise. Cela étant, il avait déjà évacué l’avatar de sorcière de Mélanie Flemming, qu’il jugeait comme le plus dangereux de tous, en usant d’un coup spécial surprise mis au point avec Mathilde, combinant lance et usage du vent. Encore avant, il avait effectué une passe d’armes avec l’enveloppe d’un des deux garçons qu’il poursuivait, Lysandre, également supplantée.
L’appréhension initiale à la perspective d’affronter cet adversaire inconnu avait disparu. Au combat, il s’appuyait surtout sur les capacités pures des avatars de testeurs du casque. Ses compétences globales restaient insuffisantes. Il n’en fallait pas plus pour deviner sa nature de programme informatique.
- Évidemment…
L’opposant avait fini de procéder. C’est sous l’apparence originelle de Chris, entièrement blanche, qu’il tendit la main et déclencha une bourrasque de vent, plus brusque que puissante. L’original, plutôt habitué à mettre les vents qu’à se les prendre, bascula vers l’arrière dans une roulade qui plaça sa cape sur sa tête. Le temps de retirer cet obstacle de sa vue et de se redresser, le doppelganger était déjà sur lui, lance au clair. Trois estocades suivirent. Esquive, esquive, déviation de la pointe avec le glaive. White rendit alors la politesse en improvisant une rafale d’air à son ennemi. Celui-ci trébucha de quelques pas en arrière, mais reprit l’équilibre d’un salto arrière tape-à-l’œil. L’humain vit son immaculé reflet esquisser un sourire de malin après cette action.
- Super, ma propre tête se moque de moi. Ma vie est géniale.
Dans un enchaînement de pas de course et de pas chassés, il tenta de combler la distance pour s’offrir un angle d’attaque plus propice que le frontal. L’intelligence artificielle accueillit cette initiative d’une bise – météorologique bien sûr. Paré à cette éventualité, Chris se fit Horde à lui seul : il abaissa sa posture et ralentit, veillant à bien planter chacun de ses pas. Presque immédiatement, il se rendit compte de la faiblesse du souffle adverse. De fait, sans se départir de son maintien, il passa la vitesse supérieure. Abandonnant l’utilisation du pouvoir, le programme remodela sa lance en épée, à temps pour accueillir celle de son modèle. C’est ainsi que, dans une parade fluide, l’enchaînement de coups de Chris fut intercepté. Offensif, celui-ci continua de faire valser le fil de son épée, y mettant toute son expérience et son savoir-faire en la matière. L’être virtuel s’en tira à nouveau, par un jeu de déviation et d’esquive.
Face à ce niveau de maîtrise soudain, Chris fit l’erreur de s’arrêter un instant. L’estocade fulgurante qui s’allongea alors sous ses yeux manqua de signer sa fin. Il ne dût sa survie qu’à une erreur d’appréciation de distance de son adversaire, ce qui lui laissa les centimètres nécessaires à une esquive d’urgence. Dans l’intervalle suivant, les deux escrimeurs se remirent simultanément en garde, puis reprirent leur échange.
« Ce n’est pas normal. »
Depuis le début du combat, le métamorphe semblait avoir gagné en expérience. Apprenait-il en temps réel ? Avait-il, en ce sens, assimilé les mouvements de Chris ? Si tel était le cas, prolonger davantage cette passe d’armes jumelles ne ferait que désavantager l’humain.
Aux tintements métalliques s’ajoutèrent alors des étincelles, qui s’épanouirent timidement sur le corps de White, émergeant çà et là. À chaque action, chaque impact, chaque mouvement supplémentaire, elles gagnèrent en intensité. Rapidement, la charge électrique fut estimée suffisante. Après le stockage, la relâche : les parties bleues de la combinaison de Chris s’illuminèrent doucement. Il ne s’en rendit même pas compte, absorbé par ses gestes mais surtout par sa perception nouvelle. Les mouvements de son ennemi, qui avait profité de l’instant d’activation du pouvoir pour tenter une attaque de taille, lui parurent ralentis, comme englués dans la substance intangible du temps. C’est donc tranquillement que le lycéen se décala de la trajectoire de la lame, avant d’engouffrer la sienne dans la garde nouvellement ouverte.
Du point de vue d’un observateur extérieur, la scène s’était écoulée en un instant, avec un Chris particulièrement vif et précis.
Touché à l’estomac, la surface du doppelganger se désagrégea en multiples cartes, pour révéler son apparence originale, aux dimensions de sa dernière transformation. Sur sa poitrine, la flèche Sud-Ouest de la rose des vents s’éteignit. En raison de ses sens et réflexes augmentés, Chris vit s’écouler cette séquence de manière assez décomposée. Pour autant, il tâcha de rester concentré : suivant son mode opératoire, il recula, tout en effectuant machinalement de brusques mouvements du poignet avec son bras armé. Ce n’était pas le moment de se saborder en finissant paralysé !
Lorsque la dernière étincelle mourut, la fin de la séquence de métamorphose sembla défiler à toute vitesse. Cette fois-ci, l’avatar revêtu était de taille assez moyenne, avec des membres qui semblaient courts, point accentué par l’armure de samouraï complète qui le recouvrait. Cette dernière était constituée de pièces rutilantes à dominante rouge et noire, avec quelques pointes de jaune et de kaki. Le casque, typique, arborait en son sommet un croissant de lune couché et était ouvert sur un visage rond aux traits asiatiques.
- Hidéo Takahashi... se remémora Chris à haute voix.
Le faux sortit de leurs fourreaux les deux sabres qu’il portait sur le côté. Lame longue dans la main droite, courte dans la gauche. En voilà un qui n’allait pas être simple à passer : entre la capacité d’apprentissage du programme et le fait qu’il se soit visiblement gardé les meilleurs avatars pour la fin, les chances de l’emporter diminuaient. Toutefois, White avait constaté durant le précédent échange qu’il n’avait pas été parfaitement répliqué. Preuve en était que son adversaire n’avait pas utilisé la Dynamo, alors même que lui y avait eu recours pour l’emporter. Il fallait donc miser sur cette imperfection pour l’emporter.
- Ah, « les vrais ne perdront pas face à des copies », hein ?
Lentement, l’image d’Hidéo recula, jusqu’à n’être qu’à quelques mètres de la tour. Chris le laissa effectuer sa manœuvre suspicieuse, de peur qu’il ne s’agisse d’un stratagème quelconque. En réaction, il tendit la main et tenta une classique rafale de vent. Le roseau en armure ne plia même pas. Au moins, le message était clair : c’était à l’adolescent capé de venir au contact.
Il prit le temps de transformer son glaive en lance, avant de rassembler toute sa concentration et de-
- PUNAISE LYSANDRE ON Y EST ENFIN ! DÉPÊCHE AVANT QUE LE PASSAGE SE REFERME !
L’intelligence artificielle et l’humain se tournèrent vers la source du brouhaha : depuis un coin obscur de la pièce, au seuil d’une nouvelle ouverture, Léo Chevalier et sa tenue décontractée. Son regard se portait vers le boyau d’obscurité tout juste émergé. Soudain, il se retourna et piqua un sprint paniqué. Dans les trois secondes qui suivirent, son comparse Lysandre déboula, pourchassé par de multiples sillons lumineux au sol, et profita du nouvel espace pour obliquer de sa trajectoire rectiligne initiale. Les rayons traqueurs ne l’imitèrent pas et comblèrent la distance restante jusqu’à la tour, aux côtés de la sentinelle japonaise. Trois Néon-Gardiens commencèrent alors à se former.
Chris connaissait déjà ce spectacle et passa son tour. Au lieu de quoi, il profita de l’interlude pour se jeter sur ses deux homologues. Naturellement, il rencontra Lysandre et son bâton rouge sombre. D’un geste presque nonchalant, il tenta de le désarmer, en tirant parti de son élan et de son gabarit supérieur. Là où il s’attendit à une résistance amoindrie de l’arme en bois, ce fut tout l’inverse : la parade de son adversaire lui fit accuser le choc et même manquer de lâcher son épée !
- Eh mais c’est le mec qui s’est fait passer pour moi ! envoya Léo, juste à côté.
Coincé par la garde ennemie, Chris s’autorisa un regard en coin vers l’auteur de la remarque.
- Ah oui, le type qui ne sait pas tenir sur un vélo, reconnut-il alors.
Avant que l’insulte cycliste commençant par p, inspirée par la situation, ne soit envoyée, la situation se fit désamorcer :
- Léo, je m’occupe des injures, éloigne-toi s’te plaît.
White se maudit d’avoir déclenché sa Dynamo pour son assaut. L’ouverture induite par la remarque hautaine aurait été propice à une grosse bourrasque. Obligé de tenir sa posture face à un adversaire commençant à pousser, il opta pour la parole :
- Les gars, vous êtes au courant que Xana vous manipule ? Enfin, déjà : vous savez ce qu’est Xana ?
Double regard dédaigneux.
- Ok c’était mal demandé, mais-
- Je vais te simplifier la vie, coupa le manieur de bâton. C’est déjà trop tard : notre virtualisation est sans retour. Si tu veux nous arrêter, il va falloir te salir les mains.
Comprenant les implications de cette déclaration, Chris relâcha légèrement et inconsciemment la pression de son arme, toujours au contact avec celle de son adversaire. Celui-ci en profita pour rompre ce contact en s’abaissant souplement. Une seconde plus tard, le kadicien se retrouvait sur le séant, du fait de ses jambes fauchées.


Étonnamment, Lysandre ne fit rien de cette nouvelle opportunité d’attaque. Il préféra emboîter le pas à Léo, qui avait commencé à s’avancer vers la tour. Deux Néon-Gardiens avaient décidé de faire de même et d’aller au contact. Le troisième s’était évaporé. Peu importe, sa tâche était d’éviter que son compagnon ne se fasse avoir, autrement tout tombait à l’eau. Dépassant son allié, il se prépara à accueillir les entités, qui n’avaient cette fois pas pris la peine d’utiliser leur pouvoir de déplacement. Prenant l’initiative, il fit tournoyer avec habileté son bō au-dessus de la tête avant de l’asséner sur le flanc d’un premier assaillant. Celui-ci plaça ses lames-néons sur la trajectoire du coup mais se fit balayer par l’élan combiné à la force du combattant virtuel.
À l’instar de l’avatar au visage brûlé, l’être tout en contours s’effondra. Sans en faire grand cas, Flys se dépêcha d’aller au contact du second, aux prises avec un Chevalier qui avait eu l’initiative de bloquer ses coups de matraque sans dégainer son sabre, en gardant celui-ci dans son fourreau. Bloqué ainsi, le Néon-Gardien et son œil n’eurent aucune chance face lorsque le bâton rouge vint les détruire. Lysandre se retourna immédiatement après ce succès : celui qu’il avait précédemment laissé en plan s’était remis en selle, au sol plus précisément.
- On est bons maintenant, tu peux attaquer à fond !
Comprenant le signal, Léo piqua un sprint vers la tour, gardée par le samouraï en armure qui n’avait pas bougé depuis leur arrivée. Méfiant, l’adolescent n’aborda pas de face l’obstacle, tentant de le contourner. Pas dupe, l’avatar blindé effectua quelques pas de côté pour rester aligné avec l’impudent qui voulait s’approcher de la tour.
Voyant qu’il avait affaire à un adversaire au style de combat qui, à l’instar du sien, jouait sur la distance d’engagement, le désormais ex-testeur de Tyron prit le problème à l’envers. Il s’approcha rapidement de l’individu casqué. Puis, lorsqu’il ne fut plus qu’à quelques mètres, il défourailla, enfin. La sensation d’avoir les jambes plantées dans le sol le prit, concomitamment à la modélisation de son ombre. Sans cérémonie, il fit tirer des yeux de sa gargouille un long rayon laser jaune. Le sabreur effectua un geste de parade mais son bras fut immédiatement repoussé par la puissance de l’attaque spéciale, reportant le tir sur son armure. La protection sembla parfaitement encaisser le coup, passé l’impact initial. Léo y mit plus d’énergie, repoussant à l’autre bout de la pièce la sentinelle.
À peine annula-t-il sa capacité, laquelle lui avait demandée presque la moitié de ses ressources sur cette action, qu’un puissant souffle le projeta contre le mur. Le choc lui fit lâcher le fourreau de son arme rengainée, ainsi que quelques points de vie. La pointe qui menaça alors sa gorge l’enjoignit à ne pas tenter de bouger. Du coin de l’œil, il avisa la direction de Lysandre : apparemment, de nouvelles créatures faites de néons avaient fait la route pour renforcer les effectifs.
- Euh, pourparlers ?
Chris, débarrassé de son électricité statique grâce au troisième Néon-Gardien de la première vague, soupira. C’était bien beau de voler au-dessus de la mêlée pour attaquer par surprise, mais sans savoir quoi faire après...
- C’est vrai ce qu’a dit ton copain ? Vous êtes coincés ici ?
Surpris par la question, Léo confirma avec un bruit de gorge approbateur. White n’en menait pas large : malgré sa préparation commune avec Mathilde, il n’était pas prêt psychologiquement à envoyer un être humain dans l’autre monde, celui qui n’était ni réel, ni virtuel. À la base, c’était sa partenaire spectrale qui aurait dû être à la manœuvre pour ce genre de choses, elle qui n’attachait plus d’importance à ce genre de détail. Heureusement, celui qu’il tenait n’était pas plus assuré que lui.
- Écoute, finit par déclarer la bouche sur le visage brûlé, je n’ai aucune envie de faire ça. Il faut juste que vous compreniez que Xana est dangereux.
- En quoi ?
La question presque candide désarçonna Chris. Il avait encore mal choisi ses mots.
- De ce que j’ai compris, poursuivit Léo, il veut juste être libre. Comme nous. C’est un peu l’objectif de tout être doué de conscience, non ?
Le capé pesta intérieurement. C’était bien le moment de recevoir un raisonnement pareil ! Pour s’épargner le débat sur la légitimité d’une intelligence artificielle consciente, il temporisa :
- Moi aussi j’ai cru qu’il m’apporterait chose dans ma vie. Xana se fiche de tout ça, il a juste besoin de nous. Il nous fait croire ce qui nous arrange plus sur le moment et nous manipule par nos émotions. Avec lui, on a juste l’illusion du choix.
Sa tirade avait été plus spontanée qu’il ne l’aurait voulu dans le contexte. Toutefois, celui dont il avait emprunté un temps le nom la reçut attentivement.
- Si les choses s’étaient passées différemment, c’est moi qui devrais être en train d’essayer d’entrer dans cette tour...
Un silence s’installa entre les deux garçons, avec en bruit de fond Lysandre luttant contre les Néons-Gardiens.
- Il est... trop tard pour nous, finit par articuler Léo.
Chris abaissa son épée. Son désemparement était à ce moment équivalent à celui de son vis-à-vis, qui n’y comprenait plus rien à tout ce cinéma. Avec Mathilde, tout aurait été plus simple. Pour autant, était-ce bien d’avoir échappé à l’emprise de Xana pour finalement retomber dans les mêmes travers, à savoir se laisser utiliser pour accomplir un objectif, quand bien même celui-ci serait plus noble ?
Cling cling clang.
Des bruits métalliques, à quelques mètres dans son dos. Des pièces d’armure s’entrechoquant. L’avatar d’Hidéo Takahashi. Comment le programme, dont les différentes formes étaient fragiles, avait-il pu conserver celle-ci après le rayon laser ?
Il ne restait qu’un instant pour se décider : un seul coup suffirait à dévirtualiser Léo. La mission de barrage à Xana serait alors certainement accomplie, l’insistance de Lysandre à jouer au protecteur ne laissant aucun doute sur son inutilité avec la tour.
Cling !
- Rhaaaa ! Et puis zut !
Faisant demi-tour, il engagea le samouraï fraîchement revenu, désormais uniquement équipé de son katana long. Celui-ci opposa une garde impeccable à l’enchaînement à l’épée qu’il proposa, pourtant agressif. Chris, souhaitant conserver l’initiative, tenta de viser les jambes, naturellement moins protégées. Le sabre adverse chanta joyeusement en interceptant le fer.
Les deux épéistes s’interrompirent alors un instant, en réaction au mouvement de Léo, qui s’était ressaisi et avait démarré un sprint droit vers la tour. Opportuniste, l’humain envoya :
- C’est ton rôle de défendre cette tour, non ? Vas-y, je te laisse faire.
Sur le papier, c’était un éclair de génie. Sur le terrain, la foudre ne s’abattit pas comme voulu : le programme de défense ne fit même pas mine de faire fonctionner ses lignes de code et reprit l’offensive sur White. Désarçonné, le jeune homme se retrouva contraint à la défense. Évidemment, il fallait qu’il tombe sur une intelligence artificielle aux algorithmes dysfonctionnels ! Ou simplement mal conçue. À moins que ce ne soit lié au fait qu’il soit spécifiquement identifié comme un ennemi, côté Tron, le mettant à un degré de priorité supérieur à des intrus de la maison...
Peu importait, il n’en menait pas large face à l’escrime supérieure de l’avatar d’Hidéo. La passe d’armes était à deux doigts de mal tourner pour lui. Il allait devoir réactiver la Dyn-
L’idée avait tout juste effleuré ses doigts qu’elle s’envola plus loin avec son glaive. En ultime réflexe de survie, il déclencha sa meilleure bourrasque. L’équilibre de l’armure japonaise n’en fut aucunement ébranlé. Inflexible, elle demeurait toujours à quelques centimètres de passer sa cible au fil de sa lame, distance qu’elle finirait tôt ou tard par combler.
Soudain, il y eut un flash rougeâtre. Un petit cercle luminescent de même teinte se dessina au sol, autour du faux-Hidéo. La fraction de seconde qui suivit, la surface de l’avatar s’effrita, révélant l’apparence impersonnelle originelle du métamorphe. La flèche Sud de sa rose des vents commença à s’estomper. Durant l’infime laps de temps qui précéda l’activation de ses frames d’invincibilité conséquente à la perte d’une forme, il fut repoussé au loin par la souffle d’air, toujours actif.
Lysandre, à nouveau masqué, s’était débarrassé des derniers Néon-Gardiens avant de lancer son sortilège en traître. Malgré sa posture de garde renouvelée, il y alla de son commentaire :
- J’ai préféré profiter de son inattention à lui. Tu as l’air beaucoup moins compliqué à gérer.
Chris laissa passer l’attaque verbale. Ce n’était pas le moment de jouer au chevalier piqué dans son orgueil.
Le mot-clé moyenâgeux constitua un brusque rappel de la situation.
Volte-face vers la tour.
Saignante à cœur.


À suivre : Déconstruc-Tron


Dernière édition par Zéphyr le Sam 08 Oct 2022 21:45; édité 2 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 14 Juil 2022 00:38   Sujet du message: Répondre en citant  
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Spoiler



https://i.imgur.com/Rf9TNdl.png




La panique s’insinua dans l’esprit de Chris. Il avait échoué. Les paramètres à prendre en compte s’entrechoquaient. Intercepter Léo, qui devait avoir atteint l’interface et en approcher la main. Lysandre, qui allait lui mettre son bâton dans les roues. Le programme de défense, encore en lice.
- Où est-il passé ? s’étonna White en constatant la disparition de ce dernier.
- T’as craqué toi, réagit le masqué. Je l’ai eu, t’as pas vu ?
Ignorant la réponse, l’avatar capé balaya la tête vers tous les angles. Son curseur de danger avait atteint un niveau élevé. Comprenant ce qui se jouait, il invoqua un large courant d’air rotatif autour de la zone dans laquelle il se tenait. L’instant suivant, il capta un éclat lumineux du coin de l’œil. Lysandre avait profité de ce moment où il était dédaigné pour « recharger » son arme.
- Il est invisible, glissa Chris pour s’éviter un mauvais sort.
Flys interrompit son geste.
- À l’instant où tu me dévirtualiseras, tu te prendras une attaque en traître. En fait, je devrais peut-être le laisser faire.
Bien entendu, il bluffait sur les derniers mots. Hors de question de miser sur un programme qui avait de toute évidence besoin d’ajustements.
- Admettons, émit le visage caché en baissant son arme, devenue verdâtre.
Il prit un instant pour inspecter les environs.
- Pourquoi il n’y a pas encore eu d’attaque, si c’est vrai ?
Sacré khôlle. Il était vrai qu’il y avait eu de longues secondes avant de comprendre la situation. De ce que White avait vu, c’était largement assez pour l’intelligence artificielle pour se métamorphoser et attaquer. Se rendant compte qu’il utilisait des ressources pour rien, il interrompit sa barrière venteuse. Le calme retomba dans l’espace souterrain. Aucune attaque venue de nulle part ne survint.
- On fait quoi ? On recommence à se mettre dessus ? Après, ça m’arrange aussi de faire une pause, comme maintenant.
Le capé, opiniâtre, ignora le commentaire et remit trois pas supplémentaires entre lui et son semblable. Ne pas comprendre le crispait.
- Peut-être qu’il attend une occasion particulière… s’essaya-t-il.
Ce faisant, il porta machinalement les yeux sur la tour activée, dont l’aspect vaguement volcanique les attirait naturellement. À quelques mètres sur sa droite, Lysandre garda le silence, mais suivit son regard.
Le « tilt » s’opéra alors en même temps chez les deux garçons. Un duel de cowboys s’ensuivit naturellement. L’onde de choc provoquée par le plantage de bâton au sol repoussa le kadicien une fraction de seconde avant qu’il ne puisse déclencher sa bourrasque. Il valdingua plus loin, tandis que Lysandre retira négligemment son masque devenu jaune trahison, avant de sprinter jusqu’au pied du pilier noir, en laissant dans son sillage une traînée de même couleur.
Se relevant moins vite qu’il ne l’aurait pu de son roulé-boulé, Chris décida avant toute chose de ramasser son glaive, toujours à terre à cause de l’avatar d’Hidéo. Le temps qu’il réalise l’action, des micro-événements parallèles eurent lieu : le sommet de la tour redevint monobloc, tandis que Léo en sortit, déclenchant l’apparition quasi-instantanée de l’avatar de Mathilde Ducroc, en position de tir, depuis une position proche sur sa gauche. La flèche traça dans l’air une ligne légèrement orangée, terminant sa trajectoire sur la cuisse de sa cible.
Aucune dévirtualisation, ni choc ou pouvoir spécial ne découla de l’attaque, contrairement à ce qui pouvait en être attendu. Lysandre, réactif et à nouveau face couverte, généra un éclair depuis le cristal de sa baguette dans la direction de l’assaut. Celui-ci trouva sa cible malgré son invisibilité, immédiatement annulée au passage. La cible, paralysée par le sort, se fit cueillir par un des rayons lasers de Léo, qui prit la peine de dégainer le temps d’un instant. Plus de flèche Nord-Est.
- Heureusement que tu étais là pour me protéger, commenta Chevalier sans cacher son scepticisme.
- Je me suis dit qu’avec tes points de vie au max, tu pouvais te prendre un coup sans trop de risque. Les invisibles ne tapent pas fort, c’est connu.
Chris arriva à portée du duo, mais pas trop, compte tenu du retour de Léo et de son dangereux pouvoir.
- Bref, c’est le résultat qui importe, épilogua Lysandre tout en embrochant deux glyphes rouge et jaune. T’as les clés ?
- Mission accomplie. Plus qu’à retrouver la surface… et Xana.
Léo avait relevé la présence de l’avatar au visage brûlé, en garde à quelques mètres. Sa main était restée sur le pommeau de son sabre depuis qu’il l’avait rengainé de sa dernière attaque. Il hésitait à relancer les hostilités, surtout maintenant qu’il savait que l’adversaire ne porterait jamais de coup fatal.
- Les gars, tenta une dernière fois Chris, je vous assure, c’est-
- Houuuuuuuuuuuuuuuuuu !
Ils en avaient presque oublié l’intelligence artificielle, qui avait mis plus de temps que précédemment à revêtir sa nouvelle forme. Pour cause : il s’agissait d’un énorme loup-garou.


Le premier testeur de casque devait être sacrément perturbé pour finir avec un avatar pareil. Haut d’une tête lupine de plus que Chris, qui avait déjà une envergure très fictionnelle, il était recouvert de haut en bas d’un pelage aux nuances gris et bleu nuit, avec pour tout vêtement un short déchiré, mais accordé au reste. L’obscurité relative du souterrain ne permettait pas à ses courbes de se dessiner, mais la carrure propre à une telle créature bipède se devinait sans peine. Sans parler des crocs et des griffes sur lesquels la lumière des néons se reflétait.
Pour le coup, Chris aurait préféré pouvoir continuer à hurler au loup Xana que de réellement voir la queue d’une créature semblable.
Sans la moindre once de subtilité, la bête se mit à quatre pattes, puis se jeta sur Léo. À nouveau, Lysandre usa de son sort paralysant. L’animal ralentit sensiblement mais ne s’arrêta pas. Heureusement pour le duo, cela leur offrit une fenêtre d’esquive sur mesure : tandis que Chevalier se jeta à nouveau dans la tour, Lysandre exécuta un roulade de côté. Tout juste redressé, il se déchargea de son autre sort chargé sur le canidé : celui traçant un cercle lumineux au sol. Ayant appris et malgré son handicap, le programme se décala avant que la figure ne finisse d’être active. Toutefois, le bâton de Flys, de nouveau vierge, put tracer et embrocher un nouveau glyphe jaune, qui se transforma immédiatement en éclair incapacitant pour le dangereux ennemi.
- Hey ! T’es vivant ?
La voix de Léo venait de l’autre côté de la tour. Il devait avoir pris la sortie opposée, plus sûre dans le contexte.
- Occupe-toi de la sortie de secours ! cria brusquement Lysandre, sans cesser de renouveler la séquence d’attaque qu’il avait opérée précédemment.
Chris avait conservé une posture attentiste au cours de la séquence passée. L’évolution de la situation l’arrangeait, à vrai dire : le programme de défense ayant changé de priorité dans ses cibles, il n’avait plus besoin d’intervenir dans l’immédiat. Visiblement, il faisait moins cas de conscience sur la dévirtualisation définitive lorsque ce n’était pas sa main qui en était directement responsable. Refuser de tuer, mais laisser se faire tuer. C’était une posture assez hypocrite, il en avait conscience.
« C’est ça ou... »
Il n’arrivait même pas à finir sa pensée. Elle ne le mettait pas à l’aise, sur le plan moral. Toutefois, il eut l’occasion de s’en détourner, puisqu’il aperçut Léo en train de s’affairer sur le mur du fond de la salle, celui qui était très proche de la tour. Y voyant là une occasion de poursuivre son échange avec celui dont il avait volé le nom, il contourna la zone de combat faite d’éclairs et de grognements. L’idée aurait pu s’avérer constructive, si une matraque-néon n’avait pas tenté de lui frapper les côtes. Heureuse conjonction, amorcer son mouvement de déplacement avait placé son bras sur la trajectoire, faisant rebondir l’arme sur un des bracelets métalliques qui enserraient son avant-bras.
Chris dut, de fait, abandonner son plan pour s’occuper des deux Néons-Ninjas qui venaient de s’ajouter à l’équation, sans compter les traits mouvants au sol qui allaient à la rencontre de Léo. Leur présence postérieure à celle de leurs camarades tombés au combat sous-entendait la présence d’un chef d’orchestre, côté Tron, derrière un ordinateur.
Dans un premier temps, il chercha à temporiser la passe d’armes avec les êtres tout en contours. En effet, ceux-ci s’étaient placés de façon à lui laisser peu de place pour bouger, en tenaille. De fait, il fallait d’abord se replacer correctement, en face-à-face, puis activer la Dynamo avant de-
Brrrrrrrrrr… Clac !
Pris dans son combat, le jeune homme ne put vérifier de quel phénomène témoignaient ces nouveaux bruits et vibrations, eux qui avaient été absents jusqu’ici dans cet espace. Il ne pouvait qu’écouter, tout en tâchant de combattre correctement.
- C’est bon pour l’escalier !
- Vas-y, je te suis !
S’il avait pu contempler la scène, Chris aurait vu le tableau suivant : après avoir dégagé d’un revers de sabre ses Néons-Gardiens, Léo était parvenu à trouver le mécanisme – un simple bouton rond accordé au décor – permettant de faire apparaître un passage pour remonter à la surface. Évidemment, celui-ci ne pouvait s’activer que depuis cette salle. Après quoi il s’y était rendu, avant de s’y engager sur l’injonction de son binôme. Celui-ci, toujours en pleine danse avec l’avatar lycanthrope, asséna deux ultimes sorts paralysants, avant de prendre ses jambes à son cou par la sortie aménagée.
L’avatar de Valentin Masson, qui avait encaissé éclair sur éclair sans pour autant être vaincu, ne mit que quelques longues secondes à retrouver entièrement sa libre capacité de mouvement. Suite à quoi, il partit sur les traces de sa proie. Sa large carrure semblait néanmoins un peu trop juste pour l’étroit passage de sortie. Pour autant, cela ne freina pas son avancée : ses bords qui dépassaient traversèrent purement et simplement les obstacles, comme s’ils étaient aqueux.


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- C’est très cool et tout le Mégapod, mais… ça n’aurait pas été plus rapide et efficace que le Skid nous dépose directement ici, vu que les autres ne vont rien avoir de spécial à faire à la tour ?
William avait adressé cette remarque à la volée, tandis que le véhicule jaune, piloté par Aelita, seule à l’avant du véhicule, arrivait sur la fin de son parcours pour le Noyau.
- Si on raisonne comme ça, on aurait pu émerger de la mer jusqu’ici depuis le début, contra Aelita.
- Exact, confirma la régie. À l’époque, j’étais méfiant envers le Cortex : je me disais qu’il y aurait d’autres dangers que celui du terrain. Et puis, vous ne pouvez pas le savoir, mais ce monde virtuel dégage des signaux qui dérèglent les fonctionnalités du Skid – celles des véhicules standards aussi, d’ailleurs. Ce qui ne l’empêche pas de naviguer, hein, ça le rend juste vulnérable en cas de mauvaise surprise. En débarquant tout le temps depuis le même point, on s’exposait à des embuscades, de Xana comme de Tyron. Le Mégapod est une réponse à tout ça.
- Tu avais vraiment poussé le raisonnement aussi loin, à l’époque ? répondit Aelita d’un ton taquin.
Silence à l’autre bout du fil.
- Touché. J’étais juste inquiet à cause des interférences en fait. Même si ce n’était pas la meilleure approche stratégique, je pense que, finalement, ce n’était pas la pire façon de faire.
William fit un discret coup de coude à Ulrich, à côté de lui à l’arrière.
- On se rassure comme on peut, lui glissa-t-il.
- En tout cas, poursuivit Jérémie sans relever, aujourd’hui il est important que Tyron découvre notre objectif le plus tard possible. En plus de votre mission, vous faites aussi diversion pour les autres.
L’ambiance retomba suite à cette annonce. Le rappel était clair : ils étaient là pour une bonne raison. La fin du trajet, de l’arrêt du Mégapod jusqu’à l’atteinte de l’accès à la zone du Cortex, se fit en silence.
Aelita posa alors les mains sur l’iris. Sa concentration était plus grande que les autres fois où elle avait réalisé l’exercice. Pour cause : elle tenait à éclaircir personnellement un dernier mystère. Elle sollicita son Don de synthétisation, de la même façon que lorsqu’elle souhaitait pirater un système d’ouverture en état de translation. Sous ses doigts, elle sentit les lignes de code et la réalité virtuelle se tordre selon son souhait, jusqu’à aboutir en quelques secondes à l’ouverture de la porte.
Elle venait de confirmer sa pensée. En ouvrant l’accès au Noyau, la première fois, probablement avait-elle utilisé son pouvoir inconsciemment, écho à son désir d’avoir des réponses. Ses soupçons du moment n’aidant pas, elle s’était montée la tête, ce qui avait le point de départ à un immense mensonge à elle-même, concernant ses parents. Surtout sa mère.
- Merci Princesse !
Les garçons se précipitèrent dans le sas, en direction du téléporteur, sans même laisser le temps à un ange de passer. Se ressaisissant, Aelita fit apparaître ses ailes, avant de lancer :
- Bonne chance !
Suite à quoi elle s’éleva.


Les deux épéistes apparurent dans la salle obscure, éclairée par le cœur du monde virtuel. Les ennuis commencèrent au premier coup d’œil :
- Jérémie, il y a un comité d’accueil.
Trois Ninjas étaient effectivement positionnés en arc de cercle, barrant l’accès à la console et sabres au clair.
- Bizarre. D’habitude ils attaquent en sous-marin, souligna Ulrich.
- Ça cache sûrement un piège, analysa Belpois. Ne me demandez pas lequel : je n’ai pas d’indice à l’écran.
- Dans ce cas... fit William. On essaie le taureau et les missiles ?
- Ouais, confirma le samouraï.
Il arma sa main droite, l’autre tenant l’indispensable carte VMA, chose qui n’était pas vraiment possible pour son camarade et son style de combat. Malgré ce handicap, il avait été retenu pour cette mission, son avatar étant adapté face aux Gardiens de Tyron.
Ulrich démarra et tenta d’atteindre l’objectif en contournant le centre par la gauche, en Supersprint bien sûr. Parallèlement, William arma une salve, puis la décocha, en lui assénant un effet courbe se déployant à l’opposé de son allié. L’attention du trio ennemi se trouva ainsi doublement focalisé, créant l’instant d’hésitation qui permettrait à Stern de procéder.
Malheureusement, à peine le pied posé sur une troisième plateforme, l’avatar jaune-orange vit son chemin barré par l’émergence d’un Ninja, qui tenta de le faucher façon mauvaise herbe. L’élan de sa course lui permit de pivoter in extremis face à l’assaut surprise, mais il le perdit en compensation.
- Ils sont apparus au dernier moment, entendit-on grommeler Jérémie.
De son côté, le Lyokô-guerrier au zanbatō était aux prises avec deux ennemis. Il temporisait en jouant de la défense et de la surface de sa lame, mais cela ne durerait pas, d’autant plus qu’il n’était pas en position d’activer son pouvoir. La Supersmoke lui manquait, dans ce genre de situation.
- Triplicata !
Ulrich n’avait pas perdu de temps. Deux exemplaires pour bloquer les lames ennemies, un pour lui mettre un coup de sabre. En un instant, le Ninja parasite était liquidé. Suite à quoi, la petite troupe tenta de remonter pour aider son allié. Leur route fut à nouveau barrée par deux nouveaux Ninjas. Cette fois-ci les tâches furent réparties et un clone prit la tangente pour aider William. L’original plaça la carte VMA entre ses dents afin de pouvoir sortir son second sabre.
À peine cette copie d’Ulrich arriva-t-elle au niveau d’un des deux assaillants qu’un violent impact ébranla la plateforme, la renversant. En effet : un morceau de la paroi sphérique en forme d’obélisque venait de se décrocher et de frapper le dessous de la structure, façon missile. Naturellement, ses occupants furent propulsés. L’angle d’éjection semblait avoir été calculé puisque tout ce petit monde bascula droit sur la zone de la console… et sa garde rapprochée. Dans un réflexe salvateur, William parvint à activer sa Lévitation et à interrompre son mouvement. Le clone d’Ulrich n’eut pas la même chance : malgré une roulade d’atterrissage honorable, il se fit cueillir par un mur de lames. Quant aux deux Ninjas qui avaient également volé, leur réception se fit de façon plus originale. Ayant vraisemblablement activé leur capacité à se fondre dans les éléments solides, l’impact avec la plateforme se réalisa comme si elle avait été constituée de gelée : d’un coup, toute l’énergie cinétique de la projection sembla dispersée et leur plongée dans le sol put s’effectuer normalement.
Témoins de la scène malgré leur passe d’armes en cours, les deux Ulrich restants comprirent rapidement ce qu’il risquait de survenir. Tous deux effectuèrent la même prise, à savoir esquiver un coup d’épée et effectuer un balayage qui faucha les jambes du Ninja leur faisant face. Une fois l’ennemi à terre, plus qu’à faire trois pas en Supersprint puis un saut pour rallier la plateforme voisine, plus haut. Un nouvelle missile obélisque frappa leur ancien sol un instant après leurs bonds. Ne s’arrêtant pas là, les deux samouraïs restèrent en mouvement, jusqu’à rejoindre William qui était revenu au niveau du téléporteur. Le fragment de mur avait encore frappé avec un temps de retard la plateforme des Stern, mais cela ne s’arrêterait probablement pas là...
- On fait quoi ? demanda William, flottant encore à quelques mètres au-dessus du niveau terrestre le plus haut. Ça craint là.
Outre la menace du lieu, il fallait également composer avec les huit Ninjas en présence. Jérémie, qui avait conscience du paramètre, ne savait que conseiller. Finalement, ce fut l’expérience d’Ulrich qui parla – une fois un sabre rangé et la VMA remise en main – lorsque deux nouveaux ennemis émergèrent sur leur plateforme :
- Barre-toi.
- Attends, quoi ?!
Frappé par le sérieux de son camarade, William ne chercha même pas à négocier, parce que lui-même en était arrivé à la conclusion qu’il fallait battre en retraite. L’ennemi était trop préparé dans cette configuration. Mieux valait préserver une partie de leur force que de tout perdre sur un passage en force.
Il annula son vol, après s’être légèrement déplacé de sorte à atterrir directement sur le téléporteur. Il disparut instantanément. Une portion de paroi intérieure derrière Ulrich se mit à trembler. Sentant le coup venir, il laissa son clone gérer une seconde les deux Ninjas, pour de s’écarter de quelques mètres. Puis la séquence se répéta : un missile frappa sous la plateforme, selon un angle prémédité. À l’impact, le samouraï avait tenté de donner une impulsion sur ses jambes, pour maximiser l’effet propulsant, via son Supersprint. Étonnement, le mouvement improvisé fonctionna. Le trait jaune-orange parvint jusqu’à la plateforme de la console en un temps record qui prit de court les quatre Ninjas censés le réceptionner.
Problème : Ulrich n’avait naturellement pas eu le temps de réfléchir à la problématique de l’atterrissage. De fait, la manœuvre tourna à la partie de bowling et un malheureux Ninja accusa réception du Lyokô-guerrier. Le violence du choc fut fatale à son enveloppe virtuelle, mais pas pour le projectile, qui roula-boula sur la plateforme jusqu’à son bord. L’état virtuel ne secouant pas le cerveau, Ulrich put put immédiatement profiter du chaos provoqué. Se relevant vivement, il avisa un Ninja à ses pieds, visiblement confus. Il le transperça sans ménagement. En voyant un autre quelques mètres sur sa gauche, il fonça dessus à vitesse dopée, en faisant mine d’attaquer de face, pour mieux s’esquiver au dernier moment et porter un coup fatal au flanc. Nouvel arrêt et observation des environs. Les Ninjas se regroupaient, mais n’étaient plus serrés autour de la console de données, qui n’était plus qu’à quelques mètres.
« Peut-être que... »
Serrant la carte VMA qu’il n’avait miraculeusement pas lâchée, il tenta sa chance.
- Supersprint gooo !
D’une position aérienne, l’action suivante permit de voir une traînée solaire tracer des zigzags sur quelques mètres, esquivant les formes à l’aura d’uranium. Toutefois, venue d’un angle mort, une nouvelle traînée, verte, l’intercepta, signant son éclipse définitive.


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Sur les hauteurs de Tron, le Skidbladir était sagement arrimé à une tour, debout au centre d’un large terrain plat turquoise, avec quelques reliefs de hauteurs irrégulières, en attendant de pouvoir remplir sa fonction. Un large espace plat de quelques dizaines de mètres séparait l’édifice posé des premières structures de hauteurs diverses, sur trois-cent soixante degrés. Cette configuration, malgré les mouvements réguliers et erratiques qui se jouaient sur l’anneau du monde virtuel, demeura en place. Seul le mouvement rotatif léger de la structure supérieure perdurait. Définitivement, ils n’auraient pu rêver de meilleur emplacement pour leurs missions. L’architecture de Tyron se retournait contre lui.
Yumi et Laura étaient installées au pied de la tour, guettant l’arrivée annoncée d’Aelita. La japonaise arborait la fameuse aura orangée, signe visible de son dévouement pour héberger Mathilde. Celle-ci les avait bien entendu rejoints dès leur arrivée afin de leur exposer la situation, côté Chris, pour laquelle ils ne pouvaient qu’attendre des nouvelles. Plus haut, Odd attendait la Translation dans son Navskid.
La voix de Jérémie se fit à nouveau entendre :
- Mauvaise nouvelle : le plan de dégommage du pare-feu a échoué. On ne peut toujours pas se translater près du supercalculateur. J’ai pensé naïvement que leurs défenses n’évolueraient pas, mais ils ont dû se méfier avec nos dernières incursions.
Son ton était particulièrement amer face à ce constat, ce qui se mariait tout à fait avec l’expression contrariée de Laura. Dans tous les cas, ils avaient perdu Ulrich, pour un résultat nul. La transaction était douloureuse.
- On peut encore rebondir, pas vrai ? demanda candidement Odd.
- Pour faire quoi alors ? réagit Yumi, moins sereine face à cet échec retentissant.
- On peut toujours désactiver ce pare-feu de l’intérieur. Mais ça va me demander un petit délai pour mettre sur pied le plan B, sans compter l’incidence sur la marge d’incertitude de la mission et-
- Stop Einstein, coupa Odd. Si tu n’as pas d’autre plan à nous proposer, pas la peine d’aller plus loin. Je vais m’en occuper de ton pare-feu, moi !
- À moins que tu ne sois devenu un hacker en l’espace de quelques jours, je crains que l’opération ne soit plutôt taillée pour Aelita ou Laura.
- Je passe. Ça n’a jamais été mon truc de me taper des barres maléfiques devant mon écran en arborant un look dark.
- Pfff ! Ne bougez pas, je reviens vers vous rapidement.
Le calme retomba, maussade. Le ressentant, Yumi prit ses responsabilités d’aînée et tenta de calquer l’attitude de son ami fan de violet :
- Bon allez, il faut se détendre : on a tout notre temps, grâce à cette position imprenable. Les Ninjas ne pourront pas venir nous chercher.


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Plus bas, sur l’anneau, une séquence plus dynamique se jouait. Une énième secousse sismique fit remonter un bloc parallélépipédique parmi d’autre, dévoilant sur une de ses faces une ouverture aux dimensions d’une porte d’entrée standard, qui s’aligna commodément au niveau du sol turquoise.
Cela demanda quelques minutes avant de voir émerger de cet accès Léo. Il continua sa course encore un peu, puis s’arrêta et avisa la sombre sortie dont il venait de s’extraire. Au moment où il porta le regard, Lysandre apparut, de la même façon que lui.
- Kes’tu fais !? On est toujours collés au train !
Comme pour illustrer le propos, ce fut au tour du loup-garou d’apparaître à la lumière, l’air menaçant, ce qui était somme toute son air naturel. Léo ne se le fit pas dire deux fois pour repartir comme une balle, son camarade aux talons. Le lycanthrope, sans interrompre sa course, leva la truffe vers le ciel de Tron. Sans paraître affecté par la présence d’un astre solaire, il se fondit pourtant dans le sol. Ses proies ne le virent pas faire, car elles s’engouffrèrent dans une allée sur leur gauche, le chemin direct s’arrêtant à l’intersection.
Grâce à son chemin plus direct, la bête artificielle put émerger dans la zone où la trajectoire du double L les menait, au moment M, depuis le mur qui constituait un côté de l’allée. D’après les calculs du programme informatique, cette attaque surprise aurait dû aboutir au succès de son coup de griffe contre le voleur de données. C’était sans compter sur la créature volante – donc indétectable par son sonar terrestre – qui s’interposa, bousculant au passage la cible initiale, et écopa de l’attaque tranchante.
Sitôt l’obstacle imprévu détruit, un barrage de lasers mal cadrés l’assaillit, générés précipitamment par une ligne de petits monstres. Le succès fut néanmoins là malgré l’absence de carton plein : le programme à l’apparence thérianthrope fut obligé de se replier dans le mur qu’il venait de quitter, pour préserver le peu de points de vie de cette apparence.
- V’là le gang ! commenta Lysandre, soulagé par la réactivité de Xana.
En effet, les grands moyens avaient été mis en œuvre et une trentaine d’unités étaient à pied d’œuvre : des cubes, des crustacés, des moustiques et… une raie volante. Cette dernière se stationna prestement auprès des deux ex-Troniens, qui ne se firent pas prier pour monter. Sitôt en vol stationnaire, des monstres au sol se mirent à exploser presque spontanément. Le chaos des lasers, parfois tirés par automatisme, n’arrangea rien.
Le requin-loup sévissait dans les rangs de Xana.


Beaucoup plus en arrière, Chris avait refait son retard du mieux possible, sortant à peine de l’escalier de secours. Retrouver un éclairage qui n’était pas produit par des néons était un soulagement, nerveusement. Détruire les Néons-Gardiens trois minutes plus tôt aussi, d’une certaine façon.
Il prit de la hauteur, pour repérer immédiatement juste à côté de sa position le grouillement de créatures de Xana. Face à cette vision, il soupira bruyamment. La fin de son labeur n’était pas près d’arriver.
- Chris, c’est toi ?!
La voix de Jérémie dans sa tête le fit sursauter.
- Tu es réapparu d’un coup sur mes écrans ! Mais… qu’est-ce que c’est que ce bazar ?
- Je n’en sais trop rien, je sors tout juste du labyrinthe. Les monstres ont l’air de combattre, mais je ne vois pas qui.
- Ok on verra après. Et pour Léo et Lysandre, alors ?
Le rappel des noms fit avoir une mini-crise cardiaque au garçon volant, qui se dépêcha de balayer du regard les environs : il repéra plus loin la Manta, qui s’éloignait à son rythme du champ de bataille. Il la poursuivit.
- Disons que ça a été compliqué, répondit-il avec une pointe de honte. Léo a réussi à s’emparer de ce que voulait Xana. Des « clés » ou je-ne-sais-quoi.
- Attends, tu parles des clés du monde virtuel ?
- J’en sais rien, j’ai juste compris que c’était ce qu’il y avait dans la tour !
- Chris, Xana ne doit surtout pas s’emparer de ces clés, sinon il s’échappera du supercalculateur et tout sera à reprendre à zéro. Tu dois les arrêter !
- Euh… oui je vais essayer, répondit Chris en passant sous silence le détail de ses échecs précédents. Le truc c’est que si je les dévirtualise, ils meurent.
- Si ce n’est que ça, je devrais pouvoir fixer le souci, maintenant que j’ai à nouveau leurs signaux sur mes écrans. Il me faudra un peu de temps… et je n’ai que deux mains.
L’allié des Lyokô-guerriers ne s’attendait pas à une telle réponse, qui lui ouvrait certaines perspectives d’action.
- C’est vraiment possible ?
- Je sais qu’on s’est pas mal fait avoir par Xana dernièrement, mais ça nous arrive aussi d’avoir quelques coups d’avance. Il nous a déjà fait le coup des codes-source ADN avec Yumi, alors tu penses bien que depuis le temps, j’ai créé un système de réplication des données des personnes virtualisées, qui-
L’oreille de White se fit distraite, à cause de l’escadrille de guêpes qui l’aborda dans le dos. Probablement avait-il attiré l’attention, à voler à découvert. Il fut contraint de voltiger, tandis que le taxi de Léo et Lysandre s’éloignait. Belpois, voyant la situation s’envenimer via son radar, remit à plat ses priorités dans sa liste de tâches qui s’alourdissait de minute en minute :
- Je ramène du renfort. Pour tout le monde.


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Les Lyokô-guerriers postés dans les hauteurs de Tron se tendirent. Les nouvelles portées par Jérémie, résumées à l’essentiel, avaient de quoi miner. Même Aelita eut du mal à conserver son inaltérable optimisme. Pourtant, elle n’hésita pas à partir devant en renfort, alors qu’elle revenait fraîchement du Noyau et que le cerveau du groupe n’avait pas fini d’exposer les détails. Suivant cet exemple, Mathilde avait aussitôt foncé en tant qu’avant-garde retrouver son binôme.
Yumi et Odd, s’étaient avancés, le temps de l’explication, jusqu’au rebord le plus proche, soit dans la zone voisine de la tour, qui donnait une vue plongeante sur l’anneau. Quant à Laura, elle avait été rematérialisée avant le début du point sur la situation. Finalement, une deuxième personne au laboratoire n’était pas de trop : en quelques minutes, le travail s’était entassé et se faisait pressant.
L’histoire ne retint pas le sarcasme qui naquit de ce rapatriement prématuré, ni s’il vint de l’intéressée ou de Della Robbia.
L’Overwing et l’Overboard se matérialisèrent un pas au-dessus du vide. À ce moment précis, Odd, qui arborait continuellement sa lunette d’aide au tir pour se donner un style, s’écria :
- Eh, c’est quoi là-bas ?!
Il tendit le bras vers le bas. Yumi fronça les sourcils dans la direction indiquée : un objet volant, vraisemblablement une structure de Tron, s’élevait vers eux à vitesse constante. Les formes sombres qui se tenaient dessus étaient évocatrices :
- Des Ninjas ! Ils viennent par ici !
- Il ne manquait plus que ça ! commenta Jérémie entre ses dents face à cette énième nouveauté côté Tyron. Bon, changement de plan : tous les deux, vous ne bougez plus.
- Quoi ? Et Xana alors ?
Yumi partageait une inquiétude légitime : disperser les forces, dans le contexte, pouvait être fatal, comme l’avait prouvé le cas d’Ulrich…
- On ne peut pas laisser le Skid exposé : c’est lui qui vous garantit le retour dans les scanners, depuis un autre monde virtuel. Il n’y a plus le temps de le déplacer pour le mettre hors d’atteinte, alors il faut le protéger.
L’explication ne parut pas rassurer entièrement la japonaise. Il fallut une main sur l’épaule et un regard débordant d’assurance d’Odd pour lui donner un regain d’énergie. Elle ne pouvait pas ne pas suivre son exemple.
- Pour Xana, il faudra faire confiance aux autres. William était déjà en route avant que je ne vous parle. Vu ce qu’il se passe, heureusement qu’il est resté en bas.
Acquiesçant silencieusement l’observation, le duo prit possession des véhicules et se rabattit immédiatement sur leur point de départ, se positionnant en satellites protecteurs pour le Skid. Le siège à venir et à tenir s’annonçait disputé.


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Des points rouges s’affichèrent sur le panneau de navigation du Mégapod : William arrivait en zone ennemie. Impact dans quelques secondes. Le chemin n’avait pas été évident avec les changements topographiques réguliers. Après la débandade du Noyau, il avait assuré sa retraite en empruntant le véhicule jaune, au cas où les Ninjas auraient eu dans l’idée de le suivre, mais aussi pour optimiser son trajet jusqu’à la tour, la Lévitation n’étant pas très performante sur ce point. Finalement, il n’avait même pas eu besoin de remonter et pouvait mettre ses talents de conducteur à l’œuvre.
Il dérapa brutalement, pour d’une part renverser une rangée de trois Kankrelats et d’autre part changer de direction. Le radar venait de révéler une grosse concentration de monstres, dans une zone proche. L’écran lui indiqua également que des Frelions s’étaient mis en tête d’entamer les défenses du véhicule. Malheureusement, sans copilote, impossible d’utiliser le canon pour les tenir en respect. Tant pis, il fallait continuer.
Le Mégapod émergea sur une vaste place, plus longue que large, pleine de monstres de tous types. Ceux-ci tâchaient de s’écarter du passage tout en se fendant d’un laser au passage, pour ceux qui le pouvaient. Quelques Bloks finirent renversés, voire projetés et explosés, du fait de leur faible capacité de déplacement. Cependant, la percée de William ne put se poursuivre : en effet, le mouvement d’écartement n’était pas tant pour lui que pour le Mégatank qui lui fonça dessus pour l’intercepter. Confiant en sa carrosserie, le pilote ne chercha même pas à se détourner.
SCHBONK !
Les deux objets lancés à pleine vitesse rebondirent l’un contre l’autre comme des calots, dans un bruit plus impressionnant que la réalité visuelle. Chacun recula de quelques mètres, stoppé dans son mouvement. Dunbar avait surestimé le Mégapod, qui était plus léger que ce que son envergure laissait présager.
Le Lyokô-guerrier n’eut presque pas de délai pour se remettre et faire le bilan de son échec que de nouveaux chocs sourds lui parvinrent, depuis son habitacle. Les senseurs affichèrent une baisse rapide du niveau des protections, pas si élevé compte tenu qu’il s’agissait d’un véhicule de transport avant tout. Face à cette pression soudaine, William conserva son sang-froid, comme tout ténébreux qui se respectait :
- Jérémie, sors-moi de là, vite !
Autre point faible du Mégapod : contrairement au Skid, il n’était pas possible d’y entrer ou d’en sortir sans opérateur.
La demande fut exaucée dans les dix secondes et l’avatar se matérialisa juste devant le véhicule. Un coup d’œil lui permit de jauger la situation, tandis qu’il s’armait de son épée : trois Mégatanks, dont le courageux kamikaze de la route, avaient encerclé la machine à quatre bras et tiraient dessus avec leurs puissants lasers. Les autres monstres, qui commençaient à approcher, suivaient leur exemple mais leur impact devait être minime comparé aux boules noires.
Soucieux d’échapper à l’encercler, William activa son Allègement et courut dans la direction qu’il jaugea comme la plus sûre, l’arme calée sur l’épaule, ce qui demeurait le meilleur moyen de conserver sa pointe vers le haut. Se dirigeant à l’opposé des Mégatanks, vers un groupe de trois Kankrelats, le gain de vitesse marqué par l’aura violette, combiné à l’effet de surprise, lui permit de gagner une bonne distance avant que l’attention des fantassins de Xana ne se focalise sur lui. La première salve de lasers qui s’abattit manqua de précision. Il put ainsi sauter par-dessus les plus petites unités de Xana et continuer en direction d’un mur composé d’un enchâssement de deux structures à des niveaux différents, qui permettaient d’atteindre le sommet en deux sauts faisables avec son corps virtuel. Toutefois, deux Frelions étaient vite arrivés et commençaient à le harceler, rendant sa retraite plus compliquée.
- Essaie de sauter le plus haut possible dès que tu pourras, lui indiqua soudainement Jérémie.
Son « Quoi ? » n’eut même pas le temps de franchir ses lèvres qu’un fort bruit d’explosion dans son dos retentit. Au revoir Mégapod. Poussé par une panique instinctive, il appliqua le conseil. Sa vitesse lui donna une ampleur qui lui permit d’atteindre une hauteur honorable. Avant d’atteindre son point culminant, son bras libre fut attrapé puis, le reste du corps suivant, il fut entraîné à l’écart. Il ne comprit pas vraiment l’action qui venait de se dérouler, mais il entendit nettement les Frelions être détruits.
William fut déposé plus loin, sur la structure la plus haute bordant la place. Évidemment, ses sauveurs étaient Aelita et Chris. Celui-ci avait retrouvé son aura et ses iris orangés, signe que Mathilde avait littéralement pris la suite des opérations.
- Je suis là en renfort, crut bon d’indiquer le rescapé.
- On a vu, répondit la Gardienne de Lyokô. Merci pour la diversion, ça nous a permis d’aider Chris avec les Frelions. Ils ne risquent plus de nous ennuyer.
Le jeune homme regarda en contrebas : plus aucun exemplaire de la créature mentionnée n’était effectivement visible. Quant aux autres monstres, au lieu de poursuivre les Lyokô-guerriers, via ceux capables d’escalader à la verticale, ils réorganisèrent leurs rangs, en se regroupant dans une zone un peu plus loin de celle où le Mégapod avait été détruit. Le cercle de sous-fifres de Xana déjà présent, survolé par un banc de Mantas et au centre duquel deux silhouettes étaient postées, grossit.
- Le plan d’action est simple : on doit passer à travers ce barrage et régler son compte à Léo.
William ne parut pas convaincu. On aurait cru entendre une stratégie d’Odd.
- Euh, il y a combien de monstres, au juste ?
- Trente-six pour être exact. Avec une majorité de Kankrelats, si ça peut vous consoler.
Le nombre annoncé avait de quoi calmer. Xana avait clairement fait tapis sur sa puissance de feu.
- On n’a pas besoin de battre tous ces monstres, précisa Mathilde. Juste de se ménager une ouverture pour frapper notre cible.
« C’est trop tard pour discuter, à présent » adressa-t-elle en subvocal à Chris.
- J’imagine qu’on ne peut pas avoir un autre Mégapod ? demanda celui qui avait piloté l’engin pour la dernière fois.
- Tu auras l’Overbike, répondit Jérémie.
La moto uni-roue se forma comme par enchantement devant William. Ce dernier fit disparaître son zanbatō, puis s’installa dessus.
- On fonce alors ? dit-il simplement.
- Il faut mettre au point une formation et un véritable plan avant, contra Aelita. Sinon...
- Plus le temps.
Le bras de Chris se leva, à quelques mètres de distance du cercle de monstres : pendant leur discussion, la Méduse était arrivée.


Depuis la sortie du labyrinthe souterrain, Léo n’était pas complètement serein. Cela faisait des heures qu’il ne faisait que courir, esquiver, fuir. Les derniers événements, très rapides mais surtout précipités, n’avaient rien arrangé. Même s’il connaissait la finalité de toutes ces actions, il était plus entraîné par le courant qu’autre chose, la tension palpable chez Lysandre servant de catalyseur.
- C’est pas trop tôt, fit alors ce dernier avec un léger soulagement.
Le monstre aux tentacules était de retour. Il lui avait fallu de longues minutes pour revenir de sa cachette. Les boules noires et les raies volantes se déployèrent pour l’escorter – après tout, il suffisait de couper ses appendices pour la rendre inopérante. Ce faisant, cela réduisit la garde des humains de six unités, qui n’étaient pas les moins indispensables.
De fait, le garçon ne s’étonna même pas de voir l’ennemi profiter de cette ouverture pour tenter un assaut depuis le haut. Lysandre poussa son camarade sous un monstre à carapace orange.
- Reste à couvert pour le moment, lui conseilla-t-il.
En effet, un échange à distance avait démarré entre les forces en présence : lasers contre boules roses, salves énergétiques et rafales de vent déséquilibrantes. Mieux valait pour Léo qu’il ait un parapluie, au cas où.
Les Mantas d’escorte remontèrent à l’interception des indésirables, par réflexe conditionné. Une mauvaise idée compte tenu des capacités des avatars ennemis selon Léo. Pendant ce laps de temps, la Méduse s’était encore rapprochée. Encore deux-trois dizaines de mètres. L’assaillant à moto descendit au contact, sacrifiant son véhicule contre la phalange de monstres, visiblement décidé à capter un maximum d’attention avec sa grosse épée avant d’y passer. En parallèle, les poissons volants avaient été décimés. Le type à la cape et sa copine ailée avaient donc toute latitude pour eux aussi descendre et tenter un passage en force. Constatant cela, Lysandre s’écria alors :
- On fonce !
Il tira son ami par le bras, l’entraînant droit vers l’être gélatineux. Le lâchant, il se retourna et courut à reculons, attentif à une éventuelle percée adverse. Précaution qui ne trouva aucune utilité, puisque le barrage de lasers, vite soutenu par le détachement des sphères noires sur des angles propices, fut suffisant à lui-même.
Léo atteignit la Méduse. Celle-ci le dominait, de hauteur comme d’envergure, même si la lévitation et les tentacules étaient autant d’artifices qui le permettaient. Il tourna la tête : son binôme, de dos, était attentif à la mêlée qui se jouait et ne regardait pas dans sa direction.
Voyant que l’humain ne comblait pas les derniers pas, le monstre de Xana ne s’embarrassa pas plus longtemps et déploya ses bras. L’attention de Léo fut immédiatement refocalisée. Il ne comprenait pas le malaise qui se développait en lui. Pourtant il était déjà passé entre les appendices et tout s’était bien passé.
« Justement. »
Il gardait le souvenir des sensations qui l’avaient traversé : cette impression de déconnexion totale lorsqu’elle faisait son office, comme si la vie le quittait progressivement ; puis celle d’avoir été fouillé sans la moindre pudeur, après coup. Puisque la suite des événements ne lui avait pas permis de philosopher longtemps sur ce point, tout remontait au moment où il était à nouveau confronté à la même expérience.
Les tentacules s’enroulèrent précautionneusement autour de son buste. Son esprit lui envoya des signaux de panique traduisibles en « Danger ! Danger ! ». Il était de plus en plus mal à l’aise.
Ses pieds décollèrent du sol. Il fut soulevé à hauteur du corps principal de la Méduse. De plus près, elle lui inspira encore moins de bons pressentiments, ainsi qu’un début de panique. Le délit de faciès était facile, mais cette chose ne pouvait pas avoir été conçue pour faire le bien.
Enfin, tandis que les derniers tentacules se rapprochaient de son front, ses pensées embouteillées se transformèrent en carambolage. Tout était confus.
Il ne se sentit même pas sortir son sabre, à la vitesse de l’éclair. Pas plus qu’il ne sentit celui-ci se convertir en lumière violette.
Ce fut alors un carnage : la Méduse encaissa à bout portant la nuée de lasers violets générée par la créature de Léo. Le choc lui fit lâcher immédiatement sa proie, qui retomba lourdement. Même à puissance réduite de moitié, l’attaque ultime de Chevalier fut suffisante pour transpercer les points de vie et le symbole de Xana de l’être tentaculaire. Son explosion ne fut pas aussi détonante que celle du Mégapod, mais suffisamment intense pour attirer l’attention de tous.


Le silence tomba d’un coup sur le champ de bataille. Un état d’hébétude général s’abattit sur tout le monde, monstres comme humains, lorsqu’ils virent l’absence de la grande pompeuse.
- Qu’est-ce que t’as foutu ?
Léo se redressa en une posture au sol plus digne et avisa Lysandre, qui s’était rapproché de lui. Son expression trahissait l’incompréhension plus que la colère.
- Je… commença le destructeur de Méduse.
Encore embrouillé, il ne parvint pas à synthétiser correctement toutes les pensées qui l’avaient traversé quelques secondes avant son geste.
- Je le sentais pas, finit-il par exposer.
La défense ne suffirait pas à son camarade. Il s’attendait à tout moment à une tirade énervée sur le fait qu’il avait tout gâché aux portes du succès. Pourtant, Flys garda le silence. Son dépit et sa déception étaient perceptibles. Léo se releva alors, se remettant à hauteur du regard de celui qui l’avait accompagné.
- Écoute, je t’ai suivi jusque-là parce que je te faisais confiance, sans prendre le temps de réfléchir tout seul. Mais là… C’est bête mais je n’arrive pas à me fier à la parole de quelqu’un que je ne vois pas.
- Ne me dis pas que tu as pris au sérieux ce qu’a dit l’autre mec là-dessous ?! s’emporta finalement le garçon au bâton.
- Peut-être. En attendant, il a eu plein d’occasions de nous planter et il ne l’a pas fait. Ça mérite considération.
Lysandre soupira face à une réplique qu’il trouvait naïve. Toutefois, il était devant le fait accompli et ne pouvait plus rien changer à cette situation. Depuis le départ, rien ne dépendait directement de lui, il n’avait qu’un rôle d’assistant, à sa grande frustration. Se rendant compte de cela, son expression retomba. Il déclara avec une pointe de résignation et de tristesse :
- Donc, tout ce que j’ai fait pour qu’on arrive ici, c’était pour rien ? J’ai-
Léo ignorait ce qui s’était passé avec Tiffany la Pisteuse. Il avait buté contre l’idée de lui balancer à la figure cette information. À quoi bon après tout ? Chevalier n’avait pas de réponse à lui adresser, retenue coupable oblige en regard de ce que son ami avait fait pour lui.
Aux alentours, les monstres se contentaient de regarder dans le vide ou de se regarder en chiens de faïence. Visiblement, leurs protocoles avaient été bien secoués par la destruction de la Méduse. Aelita et Chris s’étaient rapprochés suffisamment pour entendre le duo, mais pas trop au cas où.
- On fait quoi maintenant ? finit par formuler Lysandre.
Il aurait tout aussi bien pu étoffer la question avec la formule « maintenant qu’on a renoncé à la vie terrestre », mais elle était superflue. Le sous-entendu avait été compris. Léo haussa les épaules.
- On verra bien.
Nouveau soupir de Flys. Par expérience, il savait que ce genre de réplique signifiait qu’il allait écoper de tout le boulot. Il avisa les avatars volants, plus haut. La marche à suivre allait de soi, même si la forme n’allait pas lui plaire. Se retournant pour en parler à Léo, il se figea instantanément. Les dernières cartes blanches constitutives de l’avatar de son ami venaient de s’évanouir.
Le loup-garou à l’origine de cet acte ne put se fondre à nouveau dans le sol, d’où il était venu pour attaquer. Lysandre se jeta sur lui et, d’une brutale estocade de son bâton noir de rage, le dispersa à son tour. Malheureusement, le programme de défense de Tron n’était toujours pas vaincu. Il lui restait la flèche Nord-Ouest sur sa rose des vents.
Cette apparition semblait avoir provoqué un déclic chez une grande partie des troupes de Xana, qui se rapprocha avec un air menaçant pendant sa séquence de transformation. Celle-ci, achevée, dévoila l’apparence décontracté de Léo Chevalier, qui les regardait avec des yeux vides. Lysandre sentit une colère monter en lui face à ce qu’il prenait comme un déplaisant sens de l’humour. Il se prépara à se jeter sur lui, mais une force le tira par le col et s’éleva au-dessus du sol.
- Lâche-moi grognasse ! tempêta-t-il contre la fille aux ailes et aux cheveux roses, qui avait visiblement pris cette initiative – le garçon capé venant rapidement l’épauler.
Dans le même temps, l’avatar de Léo réalisa exactement la même action que l’original face à la Méduse. Il dégaina, invoquant immédiatement depuis son ombre le monstre bleu nuit. À nouveau, le sabre marin se lumiérisa pour nimber d’une aura violette l’épée menaçante de la gargouille qui, par son absence de corps en dessous de la taille, semblait sortie d’une lampe. Enfin, celle-ci trancha horizontalement dans le vide devant elle, décochant une nuée de lasers évoquant des dards, droit sur la petite armée de Xana. Les tirs rougeâtres qui avaient été engagés avant ceux de couleur violette furent globalement engloutis. Toutefois, à quelques centièmes de seconde près, certains parvinrent à se tracer un chemin jusqu’à l’intelligence artificielle de Tyron.

Cette fois-ci, l’image de Léo Chevalier fut définitivement emportée.


Dernière édition par Zéphyr le Sam 08 Oct 2022 22:31; édité 3 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 14 Juil 2022 00:39   Sujet du message: Répondre en citant  
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Quelques monstres de Xana survécurent à l’attaque finale de l’intelligence artificielle tronienne, par chance ou parce que faisant partie de ceux qui avaient préféré se concentrer sur les avatars volants et leur bagage. Ils se regroupèrent, mais cela ne changea pas leur désemparement. Les instructions ne prévoyaient pas d’attribution complémentaire en cas d’échec de la mission initiale et ils n’étaient pas conçus pour prendre des initiatives en dehors de ce cadre. Ils avaient besoin d’une stimulation pour ce faire.
Une structure en fil de fer se dessina alors dans les airs, devant la horde, pour se concrétiser en une Manta. Sitôt apparue, elle poussa son cri caractéristique pour attirer l’attention de ses alliés qui ne l’auraient pas vue apparaître, avant de voler en direction du centre de Tron.
Les lignes de codes de toutes les unités s’agitèrent immédiatement : le nouveau matérialisé portait certainement de nouvelles instructions de l’entité-maîtresse, et les invitait à la suivre pour ce faire.
C’est ainsi qu’un Krabe, trois Bloks, une Tarentule et six Kankrelats suivirent leur camarade volante. Arrivés au Noyau, ils purent directement entrer, les portes étant restées ouvertes pour une raison inconnue. Seuls les Kankrelats purent utiliser le téléporteur d’accès en une seule fois, leurs gabarits étant adaptés au pentacle de transfert. Le reste de l’effectif dut passer à tour de rôle. La Manta, visiblement devenu la commandante informelle de l’escadron, se transféra en dernier. En apparaissant dans l’espace sphérique, elle vit ses compatriotes engagés au combat avec des Gardiens locaux, au nombre de quatre, de toute évidence restés en faction.
Le poisson volant prit immédiatement de la hauteur, cibla le dos d’une figure humanoïde qui venait de détruire deux Kankrelats, et tira. Touché. Ennemi vaincu. La bataille entre les deux camps fut serrée. Le Krabe s’entretua avec un unique ennemi, grâce au laser ventral. Deux Bloks se sacrifièrent pour qu’un modèle réduit puisse placer un tir chirurgical fatal. Le dernier épéiste, plus habile, procéda méthodiquement : il se cacha dans le sol pour éviter la concentration de lasers, puis émergea devant le Blok et le poignarda à l’œil, avant de plonger à nouveau sous terre. L’opération fut répétée pour deux Kankrelats isolés en bout de plateforme. Lorsque vint le tour de l’avant-dernier exemplaire de ce type, la Tarentule sembla prise par une intuition et commença à mitrailler la direction de son double tir.
Surpris, le Gardien eut tout juste le temps de faire danser ses lames devant lui pour détourner les lasers, et s’avancer doucement vers le monstre arachnéen. Le Kankrelat à ses pieds n’eut pas cette possibilité et disparut des suites d’un tir mal cadré. Profitant de cette posture défensive, la Manta fit le tour du centre et cadra sa cible avant de tirer : l’humain fut touché, à l’épaule mais pas coulé. Réactif, celui-ci se retourna brutalement et lança son épée gauche sur le monstre volant, qui s’était imprudemment rapproché lors de son attaque par derrière. L’arme se planta parfaitement dans le dos tatoué du sigle de son créateur. Cela marqua l’ultime action notable du défenseur tronien, qui avec une unique lame, ne put contenir plus longtemps la cadence de tir de la Tarentule.
Sitôt l’obstacle éliminé, les survivants monstrueux – le dernier Kankrelat était astucieusement resté caché sous la Tarentule – purent se concentrer sur le cœur. Celui-ci était à nu. Un tir suffirait. La plus petite unité se dévoua. À quelques mètres de l’impact, un tintement aigu se fit soudainement entendre, traduisant la jonction subite de la stalactite et de la stalagmite centrales. Celles-ci, en formant un pilier cristallin unique, enfermèrent la boule lumineuse qui structurait Tron dans un véritable sarcophage protecteur.
La Tarentule redirigea ses pattes-canon vers la structure nouvellement formée. Peu importait les desseins du Maître Xana, l’ordre de destruction du monde virtuel serait exécuté. Les tirs ne tardèrent pas à pleuvoir. Même s’il ne restait plus que deux unités, l’armature perdait lentement mais sûrement ses points d’énergie...


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Laura regarda Jérémie avec des yeux ronds lorsqu’il lui tendit son oreillette en lui disant :
- Grosse urgence. Je te laisse gérer le reste.
Assise en tailleur à côté au pied du poste de contrôle, l’ordinateur portable de Belpois connecté au superordinateur, la jeune fille étoffait jusque-là le fameux plan B concernant la Translation. Belpois n’avait jamais eu le temps de s’y pencher à cause des derniers développements. Avec la disparition de Léo Chevalier, la crise côté Xana était temporisée, alors que se passait-il pour causer une telle attitude ? Elle laissa flotter une seconde d’incompréhension, avant de se saisir de l’outil de communication avec perplexité. L’auteur du cadeau détourna immédiatement le regard pour commencer la saisie frénétique de commandes sur son hardware.
Gauthier prit une inspiration en vue d’une rafale de questions et remarques.
- Lors d’une dévirtualisation en dehors de la machine de virtualisation d’origine, amorça Jérémie, les données d’un individu et de son avatar sont renvoyées à leur point de départ. Pour peu que la connectivité et les échanges de flux via le réseau fonctionnent, bien sûr.
Son écran parut confirmer ses dires, avec un enchaînement de bip bip, bip bip, bip bip évocateurs.
- Une fois la réception effectuée des données de dévirtualisation faite, le supercalculateur enclenche automatiquement le processus de matérialisation. Il recrée le corps initialement virtualisé en prenant les données constitutives récupérées ainsi que les paramètres structurels sauvegardés lors de la plongée initiale. Bien sûr, ça c’est ce qu’il se passe en temps normal. Si pour une raison ou une autre, l’individu ne peut pas être ramené sur Terre, ça va juste générer une erreur au niveau de la procédure et celle-ci ne se fera tout simplement pas.
Le rythme des doigts du garçon à lunettes restait frénétique, mais il arrivait à rester à l’aise dans le traitement de ses deux tâches parallèles.
- Lorsque la matérialisation n’est pas possible, les données du dévirtualisé sont stockées dans la base de la machine.
Laura commençait à comprendre où son vis-à-vis voulait en venir avec cet exposé technique. À ce moment-là, le monte-charges s’ouvrit sur William, de retour de la virtualité, en compagnie d’Ulrich, qui l’avait accueilli à la sortie du scanner.
- Léo a récupéré les clés du Cortex. En quelque sorte, elles ont été « greffées » à son avatar et ses données virtuelles. Donc lorsqu’il a été dévirtualisé…
- Elles ont été envoyées ici et sauvegardées dans le supercalculateur, compléta Laura.
- Voilà. Xana tente actuellement de nous hacker grâce à une tour activée sur Lyokô. Heureusement, le supercalculateur a toujours eu des défenses très solides face à ce genre d’attaque. J’essaie de les renforcer en temps réel, mais Xana a toujours été plus fort que moi à ce genre de jeu, même sans avoir autant de ressources qu’à l’époque. Il risque d’obtenir ce qu’il veut. Sauf si…
Nul besoin de finir la phrase, elle se devinait. Pour Ulrich et William aussi, à leur manière, puisqu’ils gardèrent le silence afin de laisser les informaticiens se concentrer. Laura plaça le micro à son oreille et fit apparaître la version PC de l’interface du superordinateur sur son écran. Tout le monde était rassemblé à la tour du Skid. Odd et Yumi n’avaient finalement pas eu trop de mal à contenir l’assaut des Ninjas, probablement grâce à leurs véhicules. Les trois derniers s’étaient repliés, pour le moment. La voie était donc libre pour une annonce claire et sans détour :
- Les amis, c’est Laura. Je vais vous demander de m’écouter sans poser de question. Il va falloir agir vite.


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Le pas furieux de Tyron résonnait dans les couloirs de son complexe. Fontaine avait définitivement perdu le programme conférant les droits d’administrateur sur Tron. Les erreurs de programmation sur Éole avaient été fatales : prioriser la dévirtualisation de l’avatar ayant commis le vol était la plus notable, puisque cela avait mené à la perte finale ! L’assistant avait naïvement pensé être en mesure de récupérer les données du programme pendant leur transit dans le réseau, ou que celles-ci reviendraient comme par magie chez eux. Même si, à sa décharge, il avait eu un temps limité pour ajuster l’intelligence artificielle en programme de défense, ça n’excusait pas tout. Tyron lui avait quand même fourni confié une excellente base, bon sang ! Finalement, il avait présumé des capacités du jeune talent.
Pour ne rien arranger, il ne comprenait rien à ce qu’il se passait.
Tout d’abord, selon Fontaine, les voleurs du souterrain n’étaient autres que Léo et Lysandre. Que faisaient-ils là ? Ils ne semblaient pas complices des intrus classiques puisque le Sixième testeur semblait les avoir poursuivis et combattus. Ensuite, les données d’Éole et des rapports de Pisteurs indiquaient une concentration importante de monstres, qui eux semblaient du côté du binôme déserteurs, mais pas du groupe habituel. Pourtant, ces monstres étaient censés venir de chez eux, alors pourquoi ? Y avait-il des dissensions internes ? Enfin, il ne saisissait pas cet attentisme dans l’attaque en cours : suite à la tentative dans le Noyau, ils se contentaient d’attendre sur leur perchoir, sans rien faire avec la tour à laquelle leur submersible était accroché.
Il ne lui manquait pas seulement les clés de son monde virtuel, mais aussi celles pour comprendre cette situation.
En raison de quoi il avait pris une décision : il allait contacter ses équipes de maintenance au Quantum Research Center et leur demander de désactiver le supercalculateur. Cela lui laisserait le temps d’analyser ce qu’il se passait et de prendre des mesures adaptées. Sans compter la frayeur que les intrus allaient encaisser et qui les calmerait peut-être un peu. Ses collaborateurs étaient déjà en train d’extraire toutes les données nécessaires et se tiendraient prêts à ramener les Gardiens d’une pression de clavier.
Néanmoins, pour ce faire, il était obligé de traverser toute la base jusqu’à son bureau. Il maudit la procédure qu’il avait lui-même contribué à mettre en place, laquelle n’autorisait ce type d’ordre que par une ligne d’urgence spécifique. Ah, le travail en entreprise !
Au détour d’un couloir, il perçut des éclats de voix :
- Par ici !
- Attends, regarde par là !
Tournant la tête, il eut vite fait d’arrondir les yeux. Deux jeunes gens aux tenues irréelles se précipitèrent sur lui. Sans même avoir le temps de s’interroger sur ce phénomène atypique vraisemblablement d’origine virtuelle, le premier, qu’il reconnut comme le faux Léo Chevalier, l’immobilisa contre le mur, alors qu’il ne comptait pas se débattre ou s’enfuir, à la base. La seconde, une jeune fille aux cheveux roses, formula calmement :
- Bonjour, professeur Tyron.

En quelques instants, le scientifique se retrouva pris en otage, puis emmené rapidement jusqu’à son propre bureau. En ouvrant la porte, ils purent constater la présence d’un visiteur.
- Papa ? Mais que-
- Plus un mot, coupa le grand gaillard d’une voix étonnement aiguë et non naturelle. Pas de cri, pas de geste brusque, sinon…
Tyron sentit plus qu’il ne vit l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête. En revanche, il aperçut l’avatar féminin générer une boule d’apparence électrique dans le creux de sa main. Elle aussi avait des arguments. Sally obtempéra, donc, et tout ce petit monde s’enferma dans la pièce. Aussitôt, la rose se glissa derrière le poste de travail.
- J’imagine que vous ne me donnerez pas votre mot de passe ? demanda-t-elle avec sarcasme.
Ne s’attendant pas à une réponse, elle posa sa main sur l’écran. Quelques secondes plus tard, elle entama sa navigation. Tyron n’y tint plus :
- J’ai énormément de questions, mais la plus importante est : que faites-vous ici ?
- Ça ne vous regarde pas. Plus de questions.
- T’es vraiment devenu un sale type comme Puck, toi.
Sally n’avait pas sa langue dans sa poche, pour changer. La collision avec le caractère de Mathilde, d’une trempe voisine, promettait des étincelles.
- Je désactive vos pare-feux, expliqua tranquillement celle qui tapait au clavier. Ils nous gênent.
L’intervention un brin provocante d’Aelita était parvenue à désamorcer la joute verbale qui s’annonçait.
- Pour mieux détruire le cœur de Tron avec vos monstres, c’est ça ? lança Sally du tac-au-tac.
- Comment ça ? s’étonna Tyron, qui n’était pas au courant.
- J’étais venue pour te parler de ça : on s’est fait avoir par un groupe de monstres là-bas. Ils ont commencé à attaquer le cœur.
La fille aux cheveux roses se mit à marmonner toute seule quelques instants.
- Bon. Changement de programme, annonça-t-elle alors. Je ne vais pas pouvoir désactiver tous les pare-feux d’un coup, sinon le cœur sera vulnérable. Ça arrangerait bien trop Xana que le monde virtuel soit détruit.
Xana. Encore ce nom. En temps normal, Tyron se serait énervé en l’entendant, mais il avait ici été prononcé d’une manière naturelle, pas directement à lui en plus. À moins d’une mise en scène excessivement élaborée qui ne rimait à rien, cela signifiait que le scientifique avait enfin trouvé la clé qui lui manquait. Depuis le début, il y avait vraiment un troisième belligérant.
- Alors c’était vrai, articula-t-il doucement, avec une pointe d’amertume.
Sa voix laissait transparaître l’admission involontaire de sa défaite. Dans le même ordre d’idée, il s’installa sur le siège utilisé par ses visiteurs. Sally lui mit une main consolatrice sur l’épaule. Suite à ce demi-aveu, plus personne ne parla, laissant les cliquetis du clavier tambouriner le silence ambiant. Finalement, l’homme releva les yeux vers Chris.
- Sur mes huit testeurs, c’est toi qui est allé le plus loin.
Le concerné s’éclaircit inutilement la gorge avant de répondre, légèrement perplexe :
- On peut voir les choses comme ça. J’ai un peu perdu de moi et de mon esprit pendant cette histoire. Peut-être ne m’en remettrai-je pas… peut-être que si. Mais j’ai évolué par rapport à celui que j’étais au début. C’est déjà ça.
- Tu as perdu ta voix bizarre, releva Sally.
Ignorant l’observation, la bouche du visage brûlé poursuivit :
- J’ai été tentée de me venger directement sur vous de ce que vous m’avez fait, en arrivant tout à l’heure. Mais je préfère encore vous faire perdre tout ce que vous avez construit ici, pour vous laisser déguster derrière.
- Cela me paraît légitime, renchérit poliment Tyron.
- Tu as encore changé de voix.
- Je suis un peu schizophrène, ne fais pas gaffe.
L’adulte commençait à regretter d’avoir initié un échange avec un jeune homme aussi perturbé. Pour une fois, la faute ne pouvait pas être rejetée sur son casque, dont il était sûr et certain qu’il ne provoquait pas d’effets secondaires de ce type.
- Terminé ! annonça d’un coup Aelita, non sans soulagement.
Tyron comprenait ce que ces paroles impliquaient : son supercalculateur allait être détruit. Il coula un regard vers le téléphone fixe posé sur un meuble contre le mur. Dès que les intrus partiraient, peut-être pourrait-il encore débrancher à temps sa machine…
- Avant de partir, on va devoir vous assommer. Mesure de précaution. J’aimerais vous dire que j’en suis désolée mais pas vraiment en fait.
Dommage. Ça aurait été beau, mais la naïveté se perdait, visiblement.
- Il faut se dépêcher signala l’avatar en rose, Xana ne pourra pas être retenu indéfiniment.
Elle chargea une boule électrique dans chacune de ses mains, pour autant de cibles à estourbir.
- J’ai une dernière question, fit Tyron.
Il n’avait pas pu s’en empêcher, mais en voyant son ancien testeur, c’était la première chose qui lui venait à l’esprit. Aussi lui demanda-t-il directement :
- Qui es-tu ?
Surpris de recevoir une telle demande à un moment pareil, Chris tâcha d’être à la hauteur de ce qu’il interpréta comme une ultime tentative de ruse de la part du créateur de Tron. Ce pourquoi il sourit, avant de répondre sereinement :
- Pour vous, ce sera toujours Léo Chevalier.


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L’avatar bariolé d’Odd se matérialisa dans une cour aux allures de campus universitaire, avec ses bancs, sa pelouse, ses arbres et ses panneaux indicateurs divers. Les silhouettes montagneuses en arrière-plan et le ciel d’un bleu de carte postale apportaient une touche presque artificielle au lieu, d’autant plus qu’il était quasi-désert, probablement en raison du samedi.
- Odd, tu vas entrer dans le grand bâtiment en face de toi.
La voix de Laura était directive, mais il y avait de quoi : le temps commençait vraiment à presser. Preuve en était la présence du Lyokô-guerrier aux meilleures Transla-stats sur le terrain. Dans les faits, il constituait la meilleure option, compte tenu qu’Aelita était hors-course suite à son voyage dans le complexe souterrain. Le temps était compté à ce point.
Franchissant les portes du bâtiment principal du Quantum Research Center, il pénétra dans un petit hall des plus classiques, avec bureau d’accueil, portiques et… vigiles. Ceux-ci ne s’attendaient certainement pas à un tel visiteur et ne purent que lancer des « Hé, arrêtez-vous ! », « Stop it ! » ou autres borborygmes allemands intranscriptibles, lorsque le félin frauda le contrôle. Si cette garde était au point sur sa maîtrise des langues, elle l’était beaucoup moins sur le reste puisque leur réaction trop molle au passage du super-spectre lui permit, par sa nature, de les distancer aisément.
L’opérateur auxiliaire profita d’un premier couloir long pour résumer l’itinéraire à son camarade de classe. Après quoi, elle précisa :
- Le supercalculateur se trouve dans le laboratoire de recherche principal, dans une salle confinée adaptée, comme celle de l’usine.
- Et au bout de plein de couloirs, comme d’hab’.
Une alarme se fit alors entendre, couvrant la réponse de Gauthier. Évidemment, ce n’était pas comme les bases terrestres vides de Xana : ici les locaux étaient fréquentés, donc il fallait s’attendre à ce genre de réaction.
- Par contre, je n’arrive toujours pas à voir s’il y a des codes ou des systèmes de verrouillage sur ton chemin. Peut-être sont-ils intégrés hors-circuit et dans ce cas-là, ça va être compliqué pour toi de passer…
Odd emprunta un escalier, a priori pour mieux redescendre plus loin – maudites étaient les topographies des bases ! – dans lequel il croisa un groupe de trois personnes en blouse, qui le virent passer avec des yeux étonnés. Il s’arrêta, car un détail avait attiré son attention : un des trois donnait l’impression d’être plus important que les deux autres, en raison du badge accroché à sa poche de poitrine.
Le dernier problème venait peut-être de trouver sa solution...


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- … -eille-toi !
Chris émergea dans le Navskid d’Ulrich, emprunté pour la Translation. Il était déboussolé, comme s’il se réveillait trop vite après s’être couché très tard. La voix de Laura lui parvenait à travers le haut-parleur de la capsule, la présence de Mathilde n’aidant toujours pas niveau communication à distance :
- Aelita s’est faite avoir et Lysandre a besoin d’aide ! Le Skid ne va pas tenir longtemps ! Mais pourquoi il met plus de temps à reprendre ses esprits ?
Ses idées se remirent en place : il avait complété sa tâche dans le complexe souterrain et était de retour sur Tron. Ce n’était pas encore terminé. Quant à Lysandre, il avait en définitive fini par aider les Lyokô-guerriers à tenir le front, ne serait-ce que parce qu’ils pouvaient lui permettre de retourner sur Terre. Léo n’avait pas eu cette chance après tout…
- Chris !
- Oui, je t’entends, désolé !
Il fut exfiltré du sous-marin dans la seconde, apparaissant au pied de la tour activée par les Lyokô-guerriers. Non loin, le fameux Lysandre se tenait en garde, bâton orange en main. Face à lui, à quelques mètres, deux Gardiens faisaient de même, épées brandies, attentifs à l’approche de leur adversaire. Derrière eux, quatre de leurs clones se tenaient debout, désarmés mais bras tendu vers le submersible, le frappant de leurs lasers verts.
Nul besoin de demander de topo sur la situation. Les séides de Tyron mettaient en péril le succès de l’ultime mission. Lysandre ne se sentait visiblement pas de gérer à minimum deux contre un. Chris arma son glaive, et tenta de se décaler vers le flanc des Gardiens. Malheureusement, son apparition avait été remarquée : un des deux qui était armé mima son mouvement de décalage.
- Fais gaffe, il est balaise celui-là ! lui cria Lysandre. C’est lui qui a démonté cette fille, Yumi, alors qu’elle assurait.
Étonnement, l’ennemi en question secoua doucement la tête, comme pour valider ce qui venait de se dire. Il fit un mouvement d’épée d’avant en arrière à White, ce qui lui parut vouloir dire « Ramène-toi ». Ce n’était quand même pas Puck ?! Comme si c’était le moment.
Quoique… Il y avait moyen d’en tirer parti.
« C’est un bon plan. » valida Mathilde, spectatrice de son flux de pensées.
Il fonça sur son ennemi, qui l’attendait de pied ferme. Épées et glaive s’interceptèrent, provoquant des étincelles… sur le corps de Chris, qui allèrent en s’intensifiant. Les passes d’armes furent vives et brutales, permettant à la charge électrique d’atteindre son maximum. Sans perdre une seconde, Chris libéra le pouvoir accumulé, illuminant vivement les parties bleues de sa combinaison. Ses sens s’aiguisèrent, son cerveau analysa plus finement son environnement, et les mouvements de Puck lui parurent d’un seul coup lourds et lents. Il l’esquiva, puis le contourna afin de lui tailler le flanc et passer à la suite. C’était sans compter sur la super-vitesse qu’il déploya au dernier moment – vive même pour la perception nouvelle de Chris – pour s’éclipser plus loin. Il se remit en garde, attendant son ennemi attitré.
Le garçon à la cape dédaigna alors son adversaire et en profita pour combler la distance jusqu’aux Gardiens tirant des lasers. Le premier fut transpercé avant même d’avoir pu s’équiper des lames jumelles. Le second avait eu le temps pour, mais la Dynamo permit de supplanter sa garde imparfaite. Pas le temps d’attaquer le troisième, Puck remonta à toute vitesse, apparemment vexé d’avoir été ignoré. Les derniers instants du pouvoir électrique furent consacrés à parer sa contre-attaque.
À l’instant où les dernières étincelles s’évanouirent, Chris déséquilibra le Gardien d’une violente bourrasque. Après quoi, il s’envola vivement, à temps pour éviter l’attaque du combattant de Tron qu’il n’avait pu engager juste avant. Avec la hauteur prise, il aperçut Lysandre pris en un contre un aux allures de statu quo. Son avatar ne brillait malheureusement pas en combat frontal. Le kadicien allait devoir redescendre avant que tous les Gardiens ne fondent sur lui.
BRRRRRRRRRRRRRRRRR…
Un séisme, plus puissant que tout ce que Tron avait proposé à ce jour, ébranla le monde virtuel entier. Tous les combattants en présence interrompirent ce qu’ils faisaient. Un léger bruit de dislocation se fit entendre, plus loin. Depuis sa position, Chris eut le visuel associé : un des blocs constitutif de la hauteur glissait doucement vers le bas, jusqu’à se détacher entièrement de ceux dont il était solidaire jusque-là. Lourdement, il tomba en direction de la mer numérique. Puis d’autres blocs eurent le même comportement.
Mathilde décida de sortir du corps de Chris, désireuse de voir de plus haut si le phénomène s’étendait vraiment à tout Tron. La voix pleine de fierté de Laura parvint alors directement au jeune homme délaissé :
- Odd, il a réussi !


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Les blocs qui constituaient le terrain de Tron se détachaient l’un après l’autre, chutant comme les cendres d’un objet se consumant en plein vol. C’était le signe visible et symbolique que les données du supercalculateur s’effondraient, classique effet domino. La machine, fatalement endommagée, essayait envers et contre tout de compenser les dommages pris en faisant de la place. Si cela n’avait pas été une action automatisée, on aurait presque pu y voir une forme d’instinct de survie de la part de l’appareil.
Chris flottait au dessus de cette pluie de débris, l’admirant tant que c’était encore possible. Odd et Lysandre étaient déjà dans le sous-marin, en chemin pour le réseau. Il était donc à peu de choses près le dernier avatar présent sur le monde virtuel déchu. Les Gardiens ne s’étaient pas faits prier pour se dévirtualiser seuls, après constatation de l’effondrement du monde. Même celui qu’il soupçonnait d’être Puck avait dû se résigner à partir, puisque Chris lui refusait un Duel of the fates.
- Je vous préviens : le Skid ne sera plus à portée d’ici trois à quatre minutes... avait averti Jérémie avant de faire partir le submersible.
Avec la présence de Mathilde, l’opérateur de l’usine ne pouvait pas ramener son aîné. Toutefois, celui-ci avait souhaité rester le plus longtemps possible, abandonnant le contrôle de son corps une ultime fois. L’instant était aussi suspendu que son avatar.
- On l’a fait.
« Oui », répondit simplement Chris de l’intérieur.
Malgré la simplicité de la réponse, sa satisfaction du moment présent résonnait.
- Doucement sur l’enthousiasme, tu vas t’étouffer avec ! Mais bon : Xana est fini et on a pu se venger de Tyron. Ça profitera au plus grand nombre, j’imagine. Ce n’est pas si mal que ça comme bilan...
Un silence fut aménagé. Les secondes semblaient s’égrener aussi tranquillement que les pièces de Tron. Pour son hôte uniquement, Ducroc ajouta :
« Bon. On va éviter de t’emmener avec moi donc : merci pour ton aide, vraiment. Ce fut une collaboration fructueuse, même si elle a été courte.
- Ouais.
- Mon frère n’arrêtait pas de dire « Ouais ! » pour répondre aux gens. Ça énervait beaucoup de monde.
- … »
L’avarice en mots de Chris ne semblait pas déranger sa binôme spectrale – ni le garçon d’ailleurs, après tout c’était censé être des adieux ! Peut-être parce que les deux avaient passé une dizaine de jours ensemble, heure par heure, sans interruption. Il n’y avait plus tant à dire que ça, à part peut-être des banalités.
Mathilde généra le glaive au creux de la main de White.
« Après tout ça, essaie de vivre un peu mieux, ok ?
- Je ne peux rien promettre », soupira Chris.
La pointe de l’épée fut théâtralement positionnée contre le cœur, façon tragédie antique. Toutefois, le parallèle s’arrêtait là : ce n’était pas un geste de désespoir, mais d’apaisement. Des deux côtés.
« Évidemment, c’est trop cliché une promesse comme ça », rit la jeune fille.
Une grande partie des structures en parallélépipèdes de Tron avait été avalée par la mer numérique. Le globe central, qui avait tenu jusque-là, n’allait probablement pas tarder à suivre les derniers pétales incrustés de néons dans leur chute.
- Allez, bye.
Le bras de l’avatar à cape se transperça, déployant un mélange éphémère de cartes blanches et oranges, comme un symbole de l’alliance brève des deux individus.


https://i.imgur.com/bR14bv9.png


Dix jours passés dans la virtualité ne firent pas une grande différence pour le corps de Chris. L’habituel contrecoup dû aux informations sensorielles retrouvées pesa aussi lourdement que les fois précédentes. De longues secondes plus tard, cela commençait déjà à aller mieux, signe que le cerveau retrouvait ses repères.
Lorsqu’il sortit du scanner, il fut accueilli par la bande au grand complet. Il ne s’attendait certes pas à une haie d’honneur pour son retour, mais de là à subir une mise en scène silencieuse et pleine de gravité…
Il tilta immédiatement : depuis sa virtualisation, il n’y avait plus eu d’échange que par l’intermédiaire de Mathilde ou d’un écran. Des choses devaient être dites, ne serait-ce que pour la paix sociale. Baissant légèrement et piteusement la tête, il se lança :
- Je suis vraiment désolé pour les soucis que j’ai pu vous causer. J’espère qu’on pourra repartir sur de meilleures bases. Quand je serai enfin seul dans ma tête, bien sûr.
Sa tirade avait eu le temps de se peaufiner, ces derniers jours, ce pourquoi il put la déclamer aussi simplement.
Il releva les yeux, pour voir des expressions plus joyeuses et accueillantes se dessiner. Yumi lui donna alors la réplique :
- Bienvenue sur Terre... à nouveau.


À suivre : Un dernier tour de piste


Dernière édition par Zéphyr le Sam 15 Oct 2022 22:28; édité 11 fois
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Silius Italicus MessagePosté le: Ven 29 Juil 2022 15:39   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bonjour très cher Zéphyr,

Trois années et vous voilà de retour en ce Royaume ? Le temps passe vite.
J’espère que vous saurez pardonner le retard de commentaires, il a fallu prendre le temps de bien relire l’ensemble de l’Engrenage avant de reprendre.
Le présent commentaire traitera du seul chapitre 22, mutinerie. Les autres viendront plus tard — sans doute — plus tard, sur ce post ou un autre.
Sur la forme tout d’abord, l’ajout des résumés en début de chapitre ainsi que la refonte de la présentation sont du plus bel effet. C’est amusant, car cela donne vraiment l’impression qu’Icer, Ikorih et vous-même avez le même graphiste dessinateur pour vos récits respectifs, ou a minima utilisez les mêmes outils tant les styles se ressemblent. En tout cas cela prouve une fois de plus que quoique techniquement vieillissant le forum offre de belles possibilités.

Pour ce qui est du fond maintenant, ce chapitre apparaît comme un chapitre de transition en fait. Il a deux fonctions principales. La première, c’est de remettre le lecteur dans le bain. C’est-à-dire que c’est un chapitre qui va exposer à nouveau et refaire le point sur la situation. C’est d’autant plus marqué que le retour vers le passé vient justement annuler en quelque sorte les chapitres précédents.
Ensuite, c’est aussi un chapitre de transition car il marque la fin d’un arc narratif et le début d’un nouveau. C’est la fin de l’arc des lyokoguerriers et le début d’un arc Xana. Sans préjuger des chapitres suivants qui restent encore terres inconnues, mais dans la mesure où le récit semble vraiment arriver dans ses phases finales, la narration apparaît comme séparé en trois parties : Tyron, Laura et Xana. Tyron et son camp ont dominé la première partie du récit, puis ce fut les lyokoguerrier et parmi eux, c’est indéniablement Laura qui a eu le plus d’exposition. Désormais, Chris passe dans le dernier des trois camps en présence.
Notez que chaque camp avait fait une proposition à Chris : l’aventure du côté de Tyron, la vengeance et la salvation du monde chez Laura, et enfin la proposition de Xana. Cette dernière est un peu plus floue. Cela provient sans doute de ce que l’auteur ne souhaite pas abattre ses cartes trop tôt. Néanmoins ce flou est un peu frustrant pour le lecteur car il donne l’impression que Chris sait dans quoi il s’engage, ce qu’il va gagner et perdre, mais sans que de l’extérieur cela soit évaluable.
En effet la proposition de Xana tient en quelques termes : vengeance, suppression des souvenirs douloureux et meilleur contrôle du corps. Et éventuellement des récompenses plus vastes : richesses, pouvoirs… les choses habituelles en somme.
Dans la mesure où l’on peut inférer que Xana lui-même est à l’origine d’une partie de ce manque de contrôle sur le corps et de perturbations du sommeil, tout cela ne manque pas de sel.
Cela étant, l’hypothèse d’une métaphore du suicide ne semble pas si convaincante. En effet Chris n’aspire pas viscéralement au silence, à l’oubli ou à l’abandon. Au contraire, il a déjà subit cela avec Tyron. Comment être plus dans le silence, plus abandonné, plus effacé que lorsque vous devenez la marionnette de quelqu’un, que vous ne pouvez bouger, parler, ciller sans que ce quelqu’un ne l’ai dirigé : la liberté c’est l’esclavage.

A cela, il faut ajouter que Xana promet aussi le contrôle sur le corps. Contrôle de Chris sur ce corps.

Bien entendu, il faut prendre en compte que Chris est instable mentalement. C’est partiellement lié à Xana, mais le récit est assez clair sur le fait que Chris l’était déjà avant et que Xana n’a sans doute pas eu à le pousser beaucoup. A ce sujet, il est étonnant que Chris ait fini par évoquer l’origine des blessures sur son dos. Qui plus est devant celui qui en est la cause. Certes, l’Engrenage cherchant à éviter les clichés, il était attendu que cette révélation ne soit pas larmoyante, dans le giron d’une personne aimée… Mais à ce compte-là, le récit semblait plutôt prendre une autre direction : ne pas en parler. L’évoquer. En faire un élément présent et prégnant mais ne pas être explicite. Certes cela a permis de clore rapidement la discussion avec l’oncle.

Disons que c’est révélateur de quelque chose qui semble une évolution dans le style d’écriture de l’Engrenage. Évolution déjà présente et amorcée dans les chapitres précédents. De plus en plus la narration cherche à dire plus qu’à montrer. Certes le récit y gagne en clarté, mais il y perd en subtilité et d’une certaine manière en intensité.
Les passages où Chris est contrôlé par Tyron étaient particulièrement intense en partie parce que le récit était jusqu’alors très pudique. En cela d’ailleurs, il était à l’image de Chris, baignant dans une retenue certaine. C’est à l’aune de cette retenue, des émotions et pensées à moitiées formulées et dites tout bas que la violence de ces passages était mesurée.
Mais depuis quelques chapitres, le récit est plus explicite. Cela coïncide d’ailleurs avec le passage à l’arc des lyokoguerriers. Comme si les besoins de représenter les dynamiques de groupe et de les clarifier avait pris le pas sur l’évocation.
Bien entendu il ne s’agit pas de dire qu’il y a eu passage d’un tout à un autre extrême, mais seulement la remarque que le mélange entre dire et montrer s’est modifié.
Pour prendre un exemple dans ce chapitre : le match de foot. Il est clair dès qu’il est mentionné qu’il est inutile. Peu important dans la narration — cela étant, ce n’est pas le premier dans le récit, et il faudrait vérifier s’il n’y a pas là un effet de structure ou de parallèle dans l’architecture du récit — et en cela il reflète l’état de Chris. Un Chris relégué au second rang — son histoire pourrait, sans doute devrait, s’arrêter ici — et qui ne sait que faire. Du point de vue de la symbolique, c’est bien joué. Ce passage illustre parfaitement la place de Chris et son état. Mais, Chris aussi le comprend et surtout le formule. Ce qui n’aurait sans doute pas été le cas dans les premiers chapitres. A l’époque il y aurait eu le match et du ressenti de Chris et c’eût été au lecteur de tirer la conclusion que Chris n’aurait formulé. Là, elle est formulée dans un élan d’introspection brut et détaché. Alors que jusqu’ici Chris justement est un personnage dont les introspections ne sont pas détachés et ne sont pas brut (pensons qu’il accorde une grande importance au contrôle de ses émotions). Chris est étrangement moins englué dans lui-même désormais. Ou en tout cas, il en donne l’impression : après tout peut-être qu’il y a là l’effet d’un narrateur qui ne serait pas fiable.
Il faut quand même noter que Chris n’a pas tort sur le fond de vouloir se débarrasser de Tyron. Ce dernier en sait trop et a trop de moyen de le retrouver. Contrairement au lyokoguerriers qui pourraient détruire Xana et laisser Tyron reconstruire sans être en danger, ce n’est pas vraiment le cas de Chris. C’est pourquoi la proposition de Xana est intéressante.
Pour les lyokoguerriers, s’attaquer vraiment à Tyron supposerait d’une part d’être prêt à passer certaines limites morales. D’autre part, cela reviendrait à mettre le doigt dans l’engrenage impérial. Celui de la nation en pleine ascension qui se retrouver à devoir vaincre ses voisins car ces derniers ont précisément peur de cette ascension : détruire Tyron, mais ensuite ? Car il y en aura d’autres après. Et une fois que l’on se met à employer les pouvoirs si puissants du supercalculateurs, où s’arrêter ?

Enfin, il faut traiter un peu du cas de Xana. Il manque encore beaucoup d’éléments sur lesquels on peut espérer avoir des réponses à l’avenir. Mais dans l’ensemble l’Engrenage prend le partie de s’affranchi de la série sur un point fondamental. Dans la série, Xana est un ennemi lointain, invisible et inaccessible. Il est plus une force de la nature qu’un être. Cela faisait l’originalité de Code Lyokô.
Dans l’Engrenage, Xana est définitivement devenu un personnage. Il a une personnalité, demande, négocie… Il devient cernable.
Il est étrange à la lueur de ces points que Jérémie suppose que Xana n’est pas suicidaire du fait de sa programmation. Ce serait plutôt le contraire, c’est parce qu’il s’affranchit de sa programmation que le suicide ne pourrait plus vraiment être une option. Un pur programme se suicide si c’est dans son programme ou que c’est le moyen d’atteindre l’objectif programmé. Au contraire, maintenant Xana semble assez loin de sa programmation d’origine. A quoi s’ajoute que Jérémie n’a jamais fait montre qu’il ait des connaissances sur les objectifs de Xana en tant que programme.
A la lecture de la négociation entre laura et Xana, il est manifeste que Xana a changé. Dans la série il aurait demandé ce qu’il voulait dès le départ et œuvré à l’obtenir. Ici, il commence par faire une fausse proposition. Une ouverture pour tâter le terrain. Peu lui importe que Laura bluff ou pas puisque de toutes façons sa proposition n’est pas sérieuse.
Cela illustre aussi que malgré tout Xana reste faible. Les faibles négocient et discutent. Les forts prennent. Xana dans la série était fort et pouvait émettre des ultimatums. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Enfin, le côté bon joueur de Xana est sans aucun doute un signal qu’il adresse à Chris pour lui montrer qu’il est un partenaire fiable.

A la relecture, quelques thèmes ressortent beaucoup dans ce récit. En l’absence de fin, il est difficile de savoir à quel point ils sont pertinents ou finiront, mais il peut être intéressant de les relver.
Premièrement le thème du silence. L’Engrenage est un récit du silence. Parfois forcé (Tyron et Chris), parfois voulu (Chris ne parlant pas pour continuer à travailler avec Tyron), parfois entre les deux. En effet on peut se demander à quel point le silence de Chris dans la vie quotidienne est une volonté libre de sa part ou un carcan imposé de force par son oncle (sans rentrer dans le débat du libre-arbitre par ailleurs).
L’usage des pistes enregistrée ne fait d’ailleurs que souligner ce silence, comme un écho perdu dans le vent qui trouble si peu avant de disparaître.
L’autre thème, c’est celui de l’eau. Le bleu, le turquoise et l’eau sont des points récurrents. Plus que le vent d’ailleurs, contrairement à ce que les pouvoirs de Chris pourraient faire croire. Une eau qui ronge qui s’infiltre, qui efface. Un bleu qui apaise au point de tuer. L’Engrenage c’est aussi l’histoire de quelqu’un qui dit vouloir la paix et le silence, mais qui ne les recherche pas et donc les obtient de la pire des manières. A ne pas vouloir, il abandonne, s’abandonne et devient le jouet d’autrui : Tyron, Laura… Xana…

Finalement, le silence de Chris apparaît comme l’expression de son aboulie. Ne sachant ce qu’il veut, il reste en fait indécis. Et lorsqu’il agit, il se précipite et fait des erreurs. Cela aussi est un thème de l’Engrenage : les personnages commettent des erreurs, souvent grossières, et toujours par emportement émotionnel. Tout cela tendrait à valider l’oncle de Chris comme ayant raison.

Une dernière chose : plus tôt dans le récit il était mentionné que Tyron avait un employeur. Plus impitoyable que lui d'ailleurs. Étrangement ce point n'a jamais été abordé depuis.
Trois hypothèse quant à l'identité de cet employeur : Xana, Marc Desjardins, ou bien c'est un élément oublié par l'auteur et qui en fait est secondaire. Il faut noter que l'hypothèse de l'oncle a été quasiment réfuté par le récit lui-même, sauf à supposer un jeu particulièrement vicieux. L'hyptohèse Xana est plaisante mais trop tiré par les cheveux.

Pour finir, une petite coquille d’orthographe :

« Bien qu’elle s’attendait ». En fait il faudrait un subjonctif : ou « s’attendît » ou « se fût attendu ».

12 août, 00h27.

L’engrenage, chapitre 23 et 24.

Les chapitres 23 et 24 seront traités en un seul bloc du fait de la maigreur du chapitre 23.

Ce qui frappe dans ce chapitre 23, c’est avant tout qu’il est bref. En fait, il semble être un chapitre de transition : le chapitre 22 marquerait la fin du deuxième arc du récit, et le chapitre 23 le début du suivant. De ce point de vue, ce chapitre 23 a essentiellement pour but de mettre en place les derniers éléments de la trame avant la série de confrontations finale.

C’est un chapitre divisé en deux parties distinctes. D’un côté les lyokoguerriers, de l’autre Tyron.

Du côté de Jérémie, il s’agit de faire le point suite au départ de Chris. En fait, cette partie du chapitre est un peu frustrante. En effet, elle est nécessaire, mais un peu convenue. La bande n’avait pas vu venir le départ de Chris, ce qui nous ramène à leur problème central : ils sont obsédé par Xana, au point qu’ils en oublient de se poser un certain nombre de questions. Ainsi, il leur semble évident qu’une fois Xana éliminé, tout sera fini. L’histoire de Chris aurait du leur motrer que cela ne serait pas le cas. En effet, Tyron n’a aucune raison de mettre fin aux hostilités, dans la mesure où d’une part, il ne croît pas à leur histoire de virus, et d’autre part il a beaucoup à gagner en continuant la guerre, et peu à perdre.

C’est que malgré tout, la bande n’a jamais réussi à atteindre durablement Tyron. Il a appris et apprend encore d’eux, et de son point de vue, éliminer la bande c’est gagner un supercalculateur de plus et éliminer un concurrent potentiel sur le marché de la virtualité. Aussi, même si Jérémie et ses amis arrêtaient leur machine, Tyron, continuant à connaître son existence, ne cessera de les rechercher.

Pour le dire franchement, les lyokoguerriers brillent tous par leur incapacité à penser leurs ennemis, à se mettre à leur place. Ils n’essaient même pas à dire vrai. Cela se voit dans leur petit conseil de guerre. Soit dit en passant le fait que Chris ait préféré aller chez Xana plutôt que de rester aurait dû les faire réfléchir. Il eût été intéressant ici de voir ce passage par les yeux de William, pour maximiser l’effet.

L’autre partie du chapitre concerne Tyron. Deux choses intéressantes sont à relever. D’une part, c’est un chapitre qui fait la bonne part à l’exploration et à des personnages secondaires. L’exploration est un thème cher à l’auteur, et le fait de voir les choses du côté de Tyron et de ses équipes est une des motivations premières du récit dans son ensemble.

Ce qui est étrange en revanche, c’est de voir Tyron aussi disert sur Tron et ses défenses.

En fait, cela semble être dû à deux raisons externes au récit : d’une part une évolution stylistique déjà relevé, et d’autre part une raison dans l’économie du récit.
Du point de vue du style, vous semblez avoir basculé dans une approche plus directe, où les personnages et la narration disent les choses plutôt que de les montrer.
D’autre part, la fin approche et il faut visiblement expliquer et placer beaucoup d’éléments pour préparer le show final.

Cela rejoint le sentiment global à propos de ce chapitre, c’est un chapitre de transition qui se raccorde mal avec la fin du chapitre précédent. En effet, le chapitre précédent finissait sur un effet de suspend qui n’est pas résolu ni avancé ici. Il semble que la partie Tyron de ce chapitre aurait gagné à être placé ailleurs, et que la partie Jérémie aurait dû être intégré au chapitre précédent qui à reporter à un chapitre ultérieur la fin du chapitre 22.

Bien sûr cela aurait posé beaucoup d’autres difficultés relatives aux effets voulus par l’auteur (le départ de Chris entre autre devait être d’un bloc pour avoir le maximum d’intensité dramatique) et à l’ordre d’annonce des informations.

Mais en conséquence ce chapitre est une transition pas très bien placé dans l’économie du récit, qui dilue certains effets et montre sans doute un peu trop les coulisses. Comme si, ce qu’il fallait dire dans ce chapitre était connu de longue date dans le plan de rédaction mais que l’inspiration n’avait pas comblé les trous au moment de l’écriture définitive.

Ce qui ne veut pas dire que ce soit mal écrit ou un mauvais chapitre, juste qu’il a été victime de contraintes particulières.

Le chapitre 24 a quelques points en commun avec le 23, notamment cet aspect de mise en place. Ainsi toute la partie Xana est très intéressante, mais là encore elle dit directement les points de scénario : il semble que la fin soit trop proche et que l’auteur n’ai plus le temps d’exposer lentement et via les hypothèses de ses personnages.

De manière plus positive, c’est une nouvelle séance d’exploration que propose Mathilde : exploration géographique de Tron et de la mer numérique, et exploration de ses pouvoirs. Et c’est assez fascinant. Comment dire ? Elle est à Tron ce que les spectres de Xana sont à la terre en somme. La question demeure de savoir si elle est une exception où si cela arrive à toute personne virtualisée à jamais. Enfin, il faut noter que son histoire permet de résumer assez efficacement toute la partie virtuelle du récit.

Accessoirement, on peut se demander si les scanners de Lyokô pourrait lui redonner un corps.


Il faut noter que l’idée que les plans particulièrement tordus de Xana soient un héritage de la personnalité de Hopper est bien vu. Cela explique pas mal de choses de manière assez simple et constitue une justification sous-jacente au fait que Xana ait pu changer par lui-même de personnalité et de programmation : en fait sa personnalité était déjà passablement tordue et amatrice de plans indirects.

Le point commun entre les chapitres 23 et 24 c’est donc cette volonté de combler les derniers points obscurs du scénario. Ainsi Xana explique son plan et ses méthodes, Mathilde, elle, explique une partie de l’état de Chris.

Un autre point majeur, c’est que l’Engrenage, à la base, c’est l’histoire de Chris. C’était une histoire christocentrée. Ce n’est plus le cas. Pour être exact, plus le temps passait, plus on s’éloignait du seul point de vue de Chris. Mais désormais, la narration privilégie un point de vue omniscient. Cela a l’avantage que le lecteur a toutes cartes en main pour comprendre ce qui se passe. Le désavantage c’est qu’une partie du charme lié à la découverte par le biais d’un seul personnage disparaît.

Néanmoins, il est là. Chris a décidemment du mal à trouver de bons alliés et à choisir le bon camp. Ou à rester dans un camp, puisque désormais il fait bande à part. Pauvre Xana ! Lui qui était si près de réussir son coup. En attendant, ce chapitre tend à répondre aux quetions sur le libre arbitre de Chris. Si les interférences de Mathilde suppriment l’envie de se suicider au service de Xana, alors on peut en déduire que cette pulsion était fortement dû aux manigances du programme. C’est un point à moitié surprenant. Disons qu’un ralliement volontaire aurait été intéressant (et aurait offert un autre traitement du sujet que celui d’Icer), mais d’un autre côté le fait que la possession par Mathilde soit nécessaire offre une belle variation et promet certains choix épineux à l’avenir.

Le souci avec la multiplication des personnages et points de vue, c’est que cela rend plus long les chapitres. C’est un souci pour l’auteur, c’est généralement plutôt positif pour le lecteur.

Si le chapitre 23 était un chapitre de transition et de mise en place, le chapitre 24 lui prend le parti d’avancer. Il s’agit toujours d’une transition visant à expliquer et clarifier la situation pour le lecteur, mais dans le même temps, il y a des évolutions.

Chapitre 25.

Cette fois-ci, nous y voilà. Après beaucoup de préparations, la phase finale de l’Engrenage s’engage.

Autant le dire franchement, c’est un excellent chapitre. Son seul réel défaut est inhérent à un chapitre qui fait principalement de l’action : il n’y a pas de progression de personnage en tant que tel. Mais, c’est un point qui est en accord avec les principes de ce récit, et plus globalement avec votre style d’écriture. En effet, dans les œuvres de Zéphyr, les scènes d’actions ne sont jamais ni l’occasion de constater qu’une progression du personnage aboutit à le rendre plus fort, ni le lieu d’une telle progression par le biais de la confrontation. En somme, L’Engrenage n’est ni une série télévisée, ni un film de super-héros.

Pourquoi alors, dire qu’il s’agit d’un défaut, si au vu des manières d’écrire de l’auteur, on pouvait s’y attendre ?

Eh bien, c’est lié au fait que nombre d’éléments de l’histoire et de la personnalité de Chris ont été mis à contribution dans ce chapitre : l’enfermement, la claustrophobie, l’abandon… Tout cela a été utilisé dans la séquence du labyrinthe de Tron. Utilisé pour renforcer efficacement l’effet dramatique. Mais dans le même temps, force est de constater que Chris ne s’en sort pas seul. Une fois de plus, comme bien souvent dans cette histoire, il semble être le spectateur passif de sa propre vie. A-t-il surmonté son oncle ? Le fait d’avoir été une marionnette sur Tron ? Absolument pas. Et il ne sort du labyrinthe que sur un coup de chance du destin.

Cela appelle à plusieurs conclusions : d’une part, cela confirme ce que l’on pouvait dire du plan de Laura de le secouer quelques chapitres plus tôt. Cela a marché à court terme, mais dans le fond n’a rien réglé et Chris reste en fait à deux doigts de retomber dans l’apathie : Xana n’aura pas eu à le pousser très fort pour tenter d’en faire son lieutenant. D’autre part, Chris est entré dans cette histoire par le plus grand des hasards et n’a en fait rien à y faire. Il s’en doute d’ailleurs. Il était, et reste, porté par le vent, comme son avatar.

Pour ce qui est des autres personnages, ils restent comme dit plus haut, égaux à eux-mêmes. Jérémie est trop sûr de lui. Ainsi il continue de sous-estimer Tyron. Cela permet à l’auteur de créer deux effets cependant. En premier, déjouer une règle tacite du fandom de Code Lyokô, à savoir l’idée que la translation se fait forcément à proximité du supercalculateur. On se souviendra qu’une des volonté derrière l’écriture de l’Engrenage, c’était de prendre le contrepied de ce type d’assertions.
Deuxièmement, cela permet de caser un élément de CLE qui n’avait pas vraiment été utilisé auparavant, à savoir la Suisse. Comme l’un des objectifs de l’Engrenage c’est aussi d’être ce que CLE aurait dû être...

La séquence du labyrinthe n’en reste pas moins passionnante. D’une part, c’est une nouvelle scène d’exploration, et c’est toujours plaisant. D’autre part, ce labyrinthe est à bien des égards le cinquième territoire de Tron. La ressemblance entre le cinquième territoire et le labyrinthe (long couloir tortueux, architecture mouvante, couleur) illustre assez bien la parenté entre les deux supercalculateurs. Tron et Lyokô ont la même source technique dans le fond.

Enfin, en termes de style, il est sensible qu’un soin tout particulier a été apporté à cette section du chapitre, et, c’est très plaisant à lire. L’auteur avait visiblement cette partie du texte en tête depuis longtemps et s’en sort avec un brio et panache certain.

Reste le cas des scènes d’actions proprement dites. Là aussi il n’y a pas à redire, c’est fluide, dynamique et parfaitement compréhensible.
Pour finir, c’est un excellent chapitre de l’Engrenage, l’un des plus légers depuis longtemps (malgré les angoisses de Chris...) et vos doutes sur la qualité non pas tant lieu d’être ici.

Chapitre 26

Ainsi vint le final. Car, bon, après un pareil chapitre il ne reste guère qu’un épilogue à faire.
Ou une saison deux.

Plus sérieusement, c’est un chapitre rondement mené. Comme tout bon chapitre d’action, il y a en fait peu à se mettre sous la dent en guise de commentaire.

Commençons par le plus accessoire : il semble que vous ayez voulu remplir ce chapitre de référence. À tout le moins, il y avait la khôlle rappellant les classes préparatoires, en particulier littéraires, et une référence à Star Wars. Icer déteint sur vous après avoir déteint sur Ikorih…

Un peu plus sérieusement, le titre du chapitre est un joli jeu de mot qui annonce clairement la couleur. Ainsi à la manière d’une tragédie, il ne s’agit pas de savoir si l’événement va advenir, mais comment, et que seront les efforts désespérés des acteurs pour y échapper.

Certains n’ont pu en réchapper. Ainsi de ce pauvre Léo, mais comme Chris continue d’usurper son nom, il y a là une sorte d’équilibre.

Cette fin est en tout cas plus franche que celle de CLE. En effet, il semble acquis que Tyron est définitivement devenu la victime collatéral et mettra des années à se remettre. Quant à Xana ses plans de secours et ses paris audacieux l’ont assez mal servi. Dans le fond, il aurait mérité de gagner. Ses plans et efforts, surtout en comparaison de la faiblesse de ses moyens étaient de bien meilleurs qualité que ceux de ses ennemis. Jérémie a fait peu de progrès et erreur sur erreur, attaquant sans stratégie et perdant souvent sur le plan tactique. Tyron a progressé tout du long, mais son retard technique l’a condamné à être sur la défensive en permanence. Au demeurant, ses troupes efficaces lui ont souvent sauvé la mise.

Pour ce qui est des scènes d’actions, à la suite du chapitre précédent, il y avait un fort aspect vidéoludique. Pour être précis, une partie de ces scènes avaient un air de boss de fin de jeu de plateforme.

Pour autant, il ne faudrait pas bouder le plaisir : le jeu à trois où chaque acteur a ses propres plans qui s’opposent à ceux des autres, ce jeu est toujours plaisant à observer. In fine, Xana perd sur des variables humaines difficiles à maîtriser, puisque tout ce joue pour lui sur une décision instinctive de l’un de ses pions. Mais, il faut quand même relever qu’il arrive à se défaire de la méduse alors qu’elle est déjà en train de lui fouiller la tête. De mémoire, il n’y a aucune scène de ce genre dans Code Lykô : à partir du moment où vous êtes pris par la méduse, seule une intervention extérieure vous en libère. Bien entendu, il s’agit d’une autre règle non-écrite, et il serait dans l’esprit de l’Engrenage que de la contourner et la prendre à contrepied, mais c’est quand même assez surprenant, surtout qu’il s’agit du tournant du chapitre. Il semble assez solide de penser que sans cela, Xana aurait remporté sa mise.

Cela étant, Chris affirmant à Tyron qu’il a changé ? Il y a des raisons d’être sceptique. Peut-être que le dernier chapitre donnera plus d’explications, mais en l’état, il semble plutôt s’illusionner sur lui-même.

En somme, ce chapitre était efficace et rondement mené. Mais, les effets qu’il semble avoir voulu placer, notamment la fin de Tron et de Mathilde, étaient un peu en deça, manquaient d’intensité.

Au plaisir de continuer à vous lire.
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Zéphyr MessagePosté le: Mar 16 Aoû 2022 21:21   Sujet du message: Répondre en citant  
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https://i.imgur.com/DbhQbVz.png




Piste π : (12/06/2013)


Ça y est. Je suis à nouveau seul dans ma tête. Enfin.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Jérémie et ses deux aides féminines n’auront eu besoin que d’une dizaine de jours pour finaliser, tester et valider un programme fonctionnel. En même temps, ils n’avaient pas d’épreuves anticipées du baccalauréat à préparer, eux.
Nous avons procédé cet après-midi. Odd, Ulrich et William m’ont accompagné sur place, là où Yumi avait passé son tour pour réviser avec l’aide d’Aelita. L’excuse était discutable, mais recevable en l’état, d’autant plus qu’il n’y avait pas besoin de tout le monde. Laura l’avait d’ailleurs bien compris, puisqu’en guise de récompense pour son travail des derniers jours, elle avait obtenu une virtualisation-récréation de son côté, afin de visiter un peu plus posément les territoires de Lyokô.

Je me fis donc envoyer dans le secteur des glaces, que je découvris pour l’occasion.
- Chopez-le ! lança immédiatement la voix d’Ulrich à l’instant où je touchai terre.
Il ne parlait heureusement pas de moi. Enfin, si, mais l’Autre. Ma virtualisation solitaire avait donné lieu à l’apparition de deux avatars à mon image : celui que j’arborais, l’originel à dominante blanche ; et celui de mon ancien alter-ego mental, qui misait plutôt sur un gris encore plus prononcé que ma période post-Tyron.
Visiblement désarçonné – et pas qu’à cause de sa réception désastreuse – le parasite se retrouva immobilisé par mes trois accompagnants. Il se débattit mais Della Robbia s’était offert le luxe de s’asseoir sur son buste pendant que ses amis immobilisaient les membres. Malgré la masse réduite du poids, cela suffisait à l’incapaciter.
- À toi l’honneur, me héla alors William.
Je ne me le fis pas dire deux fois et m’approchai, générant mon glaive au passage. L’expression que ma propre face me renvoya m’inspira une pointe de tristesse, étonnement. C’était le visage de quelqu’un qui sentait que son existence touchait à sa fin, rempli d’incompréhension, mais sans peur ou panique. Après tout, ça restait un programme. Mon pic empathique disparut donc presque instantanément et je pus détruire celui qui avait tant contribué à me saboter ces derniers mois.
Au revoir, Autre Chris. Je n’ai pas pensé à le dire à voix haute ou à le penser tout à l’heure. Je me rattrape ici.
- Au moins, fit Odd qui était retombé à la disparition de son siège, on est sûrs que lui est bien hors-jeu.
- Très drôle, râla alors Jérémie d’un ton blasé. À ta place j’éviterais de taquiner celui qui peut oublier de rematérialiser une partie du corps.
L’expression exagérément outrée du plaisantin ne donna lieu à aucune réaction de soutien de la part des autres virtualisés. Il fallait dire qu’un léger doute persistait chez mes camarades quant à la mort de Xana. Après tout, ils l’avaient déjà cru anéanti une première fois. Jérémie avait méticuleusement vérifié et revérifié le réseau pour s’assurer qu’il était bel et bien parti avec la machine de Tyron. Même en ayant l’assurance que les clés de Tron n’avaient pas été récupérées, il avait préféré être zélé jusqu’au bout.
- Bon, lança William de l’air de celui qui avait envie de passer à la suite, et si on se bastonnait comme prévu ? Lysandre est toujours dans le coin Einstein ?
Avec la destruction de Tron, l’ancien testeur avait demandé à demeurer sur Lyokô, même lorsque son souci de blocage virtuel avait été réglé. Apparemment, ça lui avait permis de faire passer l’attente de l’anti-parasite et d’encaisser un peu les derniers événements. Après tout, il avait perdu celui qui, par la force des choses, était devenu son ami. Il en avait également profité pour préparer la suite : visiblement, il avait déjà un plan de départ de la ville, datant d’avant son recrutement par Tyron. Jérémie l’avait volontiers aidé, même si ses potes l’avaient trouvé étrangement serviable, dans le contexte.
- Non, il est parti tout de suite après l’extraction de son parasite, répondit-il à Dunbar. On ne le reverra plus.
- Tant pis alors, conclut simplement Ulrich tout en faisant apparaître ses deux clones. Ramenez-vous les gars, je vous prends tous en même temps.
À l’instar du samouraï, nous n’avons pas cherché à philosopher plus sur le cas de Lysandre, désormais hors de notre portée. Les armes prirent la suite du dialogue.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Hors-Piste : (14/06/2013)


- En dehors de mon propre cas, qu’avez-vous décidé pour la suite ? Si ce n’est pas indiscret, bien sûr.
Le PDG de la Deckard.Inc croisa les jambes. Sa posture, son attitude rigide et son costume complet faisaient assez tache dans le bureau souterrain minimaliste de Tyron.
- Nous allons reconstruire un supercalculateur. Nous possédons déjà la plupart des matériaux, mais surtout l’expérience derrière. Cela devrait aller vite. En revanche, plus de monde virtuel ni de virtualisation, le conseil a jugé que le projet était encore trop ambitieux à l’heure actuelle, en regard de nos moyens techniques.
« Pas assez rentable, au vu du temps de mise en place », traduisit mentalement le scientifique sur les derniers mots. Plus spécifiquement, cela signifiait que les Gardiens le suivaient dans le chômage.
- Nous comptons proposer au professeur Bernard de prendre votre relève.
- C’est une très bonne chose. Philippe n’a rien à m’envier sur le plan intellectuel.
- En effet, c’est un homme prudent et mesuré. Son profil est idéal… dans le contexte.
Tyron se contenta de répliquer à la pique semi-dissimulée avec son meilleur sourire. Alan Meyer profitait manifestement de leur ultime entrevue directe pour communiquer à sa façon son mécontentement. En un sens, c’était compréhensible, la débâcle survenait alors que les travaux autour du supercalculateur commençaient à dégager des bénéfices à l’entreprise. C’était d’ailleurs pour cette raison que seule la tête de Lowel était directement tombée, lors du rassemblement extraordinaire du conseil d’administration, lequel avait besoin d’un responsable et d’une sanction. Certes, le PDG avait sans l’ombre d’un doute sacrifié son collaborateur en blouse pour garder sa crédibilité, mais il fallait accorder à son humeur la circonstance atténuante.
- Quoi qu’il en soit ! s’exclama l’homme en costume. Oublions ces sujets fâcheux. Je ne suis pas venu vous voir en personne uniquement pour vous accabler, mais pour vous donner en main propre ceci.
Il sortit de son attaché-case une enveloppe qu’il tendit à son bientôt ex-employé. Celui-ci la prit sans l’ouvrir, sachant déjà ce qu’elle contenait.
- Je me suis permis d’ajouter un bonus, souligna Meyer.
- Excellent, cela m’évitera d’avoir à me renommer Ikonov et à me tourner tout de suite vers la clandestinité pour gagner ma vie.
- Je vais prendre ce sarcasme comme un compliment sur le fait que je n’ai pas fait les choses à moitié.
- Si vous le dites.
Le dirigeant de la Deckard.Inc inspecta sa montre, avant de se lever tranquillement de son siège.
- Je vais devoir prendre congé. Nous avons de toute façon fait le tour de tous les sujets.
Le scientifique valida l’observation en se mettant également debout. Son interlocuteur lui tendit la main.
- Bonne continuation professeur. Merci pour vos travaux.
Ils échangèrent la poignée et encore d’autres lieux communs polis. Puis, Alan Meyer prit enfin congé. Sa tendance à tirer en longueur le moindre échange professionnel ne manquerait pas à Tyron.

S’avachissant sur son siège de bureau, le désormais ex-responsable du complexe souterrain parisien s’autorisa à vagabonder en pensée. De toute façon, c’était son dernier jour, rien n’était plus à faire le concernant.
Les deux dernières semaines avaient été fatigantes. La destruction du supercalculateur avait demandé un état des lieux et des vérifications d’usage, afin de rendre compte à Meyer et son conseil d’administration. Tyron avait essayé d’anticiper la déferlante à venir sur son matricule, en tentant de retrouver Léo et Lysandre, naturellement informés sur l’ennemi, ce qui aurait éventuellement permis de retourner la situation. Non seulement cela n’avait rien donné malgré plusieurs jours investis, mais il lui avait été demandé d’abandonner l’idée. Les machinicides étaient considérés comme trop nébuleux. Mieux valait ne plus chercher querelle sans installation informatique viable, maintenant qu’ils avaient obtenus ce qu’ils voulaient, à savoir la destruction de Xana.
Xana…
Le nom avait été au centre de la polémique. Il était la cause principale du renvoi de Tyron, un échec particulièrement cuisant. Il l’avait laissé parasiter le supercalculateur et l’exploiter à son compte, sans le remarquer. Peu importe qu’il s’agisse d’un programme très perfectionné, « l’erreur est humaine » avant tout. Il avait failli à la responsabilité de sa fonction.
Par ailleurs, avec toute cette affaire, un ultime doute subsistait dans son esprit. Si les logs avaient confirmé que l’intelligence artificielle y était passée avec son support physique, il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il ne s’agissait pas du même type de manipulation que celle qui l’avait dissimulée avant ça.
- C’est impossible, formula-t-il à voix basse.
Il tira son ordinateur de sa veille et rouvrit sa boîte mail. Dans celle-ci, un courriel sans équivoque, affichant « Xana » comme émetteur, datant du jour de sa chute. Pris par l’actualité brûlante, l‘homme n’était tombé dessus que récemment. Depuis, il ne l’avait toujours pas ouvert. Pour être honnête, il craignait un peu ce qu’il allait y trouver. Après s’être fait balader par l’entité pendant plus d’une année, il préférait ne pas se faire avoir à nouveau. Déjà que sa réputation en avait pris un coup, il ne manquerait plus qu’il tombe dans le piège d’un bête fishing. Toutefois, la tentation était là, notamment avec l’intitulé racoleur de l’objet : « Ad honorem ». Compte tenu de la situation, il y avait de fortes chances qu’il contienne les informations recherchées depuis des mois sur le pénible camp adverse...
Bien sûr, il n’en avait parlé à personne. Son licenciement était déjà acté lorsqu’il l’avait enfin trouvé. Il doutait que cela permette sa réhabilitation. Au mieux, il recevrait un simple « Merci » avant de se faire pousser vers la sortie. Au pire, il serait perçu comme un désespéré faisant tout pour retrouver sa position.
Même sans cela, une grande part de lui n’était pas partageuse. Il n’avait pas digéré le coup bas d’Alan Meyer à son égard : pour rassasier son conseil et ses actionnaires, il avait veillé à faire passer le mot dans le milieu sur l’incompétence de Tyron, jouant sur son vaste réseau. Il ne pourrait certainement plus trouver de travail dans sa branche ou poursuivre ses recherches, du moins avec l’appui d’un organisme légal, dans les prochaines années. Compte tenu de son âge plutôt avancé, c’était comme si sa carrière scientifique était terminée. Quoi qu’il se passe, il était déjà sur la touche. Hors de question de faire bénéficier à la Deckard.Inc ce qui lui revenait de base. Quant à agir seul, sans aucun soutien d’aucune sorte… cela semblait compliqué. Après tout, il avait déjà perdu la croisade virtuelle en ayant des moyens conséquents.
Un sentiment de vide le traversa. Lui qui avait toujours été opportuniste quoi qu’il en coûte, voilà qu’il hésitait à prendre à nouveau l’élan.
« C’est ce qui doit s’appeler la défaite. »
Oui, c’était ça : il s’était déjà avoué complètement vaincu, alors à quoi bon s’obstiner ? Xana n’était qu’une intelligence artificielle puérile, avec sa tentative de générer le chaos suite à sa destruction. C’était sous-estimer la fierté humaine. Tyron avait fait nombre d’actes répréhensibles au cours de sa carrière – sans en regretter aucun – mais avait toujours mis un point d’honneur à se salir les mains lui-même et, lorsque cela importait vraiment, de ne jamais laisser autrui faire le travail. Contrairement à l’intelligence artificielle, il était beau joueur et savait quand s’arrêter, en particulier quand il avait déjà admis avoir perdu.
Se redressant vivement, il réalisa les manipulations nécessaires pour que le mail tourmenteur disparaisse définitivement de son poste. Son esprit scientifique, qui aurait tout de même voulu étudier les données transmises, s’outra de ce geste purement émotif. Ultime défiance envers Xana : il le voulait ignorant sur les sujets le concernant ? Alors il le resterait. Aucun regret supplémentaire ne serait nourri.
« Et maintenant ? » s’interrogea-t-il sans parvenir à déterminer s’il avait parlé tout haut ou juste dans sa tête.
Professionnellement, il était fini. Son sarcasme adressé à Meyer n’était pas tout à fait vrai : il ne se sentait pas de recommencer à travailler pour des organismes secrets et autres groupes souterrains. Cela étant, il avait désormais pour lui un sacré pécule, en plus de ce qu’il venait de recevoir en bonus. Suffisant pour prendre une confortable retraite et se ranger en compagnie de sa femme et de sa fille… À moins qu’il ne l’utilise pour reprendre ses recherches à une échelle plus modeste, avec tous les avantages que le travail solitaire impliquait.
« Je verrai bien. »
Après tout, son planning était désormais libéré.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Piste ω : (22/06/2013)


Ce sera mon dernier enregistrement. J’avais commencé ce journal audio pour garder une trace de cette aventure. Maintenant qu’elle est terminée, je peux également l’arrêter. Et puis, je me suis bien assez parlé à moi-même depuis que Tron a été détruit.

Je me sens beaucoup plus léger, comme si j’avais retrouvé un équilibre originel. D’accord, avoir fini les épreuves d’histoire-géo et de français au bac’, ça aide. En plus d’être proche des grandes vacances. Cette impression, je la ressens surtout depuis que je n’ai plus l’Autre dans ma tête. Ce n’est peut-être qu’un simple effet placebo, mais mon esprit a globalement retrouvé sa clarté et une stabilité. Avoir à nouveau un sommeil tranquille, sans risque de rêve stressant, y a largement contribué. Et là, on ne peut pas dire que ce n’est que psychologique.
J’ai encore dû mal à me rendre compte. J’ai retrouvé pleinement le contrôle de mon corps et de mes émotions. Étrange à formuler quand on a été habitué à suivre un mouvement qui m’était insufflé directement ou non. Maintenant, je suis limite désœuvré : je tourne autour du pot longtemps pour la moindre décision demandant un minimum de réflexion. Mais c’est une sensation rafraîchissante à retrouver.
Paradoxalement, j’ai déjà l’impression que certains événements sont déjà lointains ou en train de se brouiller. Le temps passé avec Mathilde, par exemple. Avec le recul, j’ai l’impression que nous nous sommes dit beaucoup de choses, et à la fois pas assez. Nous avons passé des journées heure par heure ensemble, mais la durée ressentie, dans mon souvenir, semble distendue, presque irréelle. Pourtant, ces moments ont bel et bien été, je le sais. Peut-être que la rencontrer en dehors du monde virtuel aurait permis à des mots plus justes de se poser sur mon ressenti actuel.
...
Ah oui, le supercalculateur de l’usine a été éteint cette semaine, puisqu’il n’y avait plus de raison de le laisser en fonction. De ce que je sais, les secondes essaient de voir s’il est possible de poser des sécurités et de prendre des précautions autour du laboratoire et de son accès. Puisque la Deckard.Inc existait toujours, de même que Lysandre, un risque – réduit certes – demeure.
Il fallait dire que la chance avait été de mise, dans cette affaire. Le groupe de Kadic l’admettait sans complexe, ce pourquoi il était beaucoup moins serein désormais. Sur la fin, la défaite complète avait été frôlée à plusieurs reprises. Ironiquement, c’est le camp de Tyron qui avait eu l’impact le plus déterminant, alors même qu’il se faisait balader par Xana depuis le début et était le moins informé.
Le dieu des petits riens a un humour ravageur.


Je voyais cet ultime enregistrement comme un bilan de l’aventure, mais je me rends compte que c’est compliqué à exprimer.

Ah si, il y a une chose. L’autre fois, j’ai dit à Tyron que j’avais évolué, par rapport au tout début. Le mot n’était pas tout à fait exact. Celui que je cherchais était « altéré ». Moins dramatique que « brisé ». En l’absence de contrôle sur mon corps et mes émotions, j’ai dû m’adapter malgré moi aux événements, selon le vouloir de la personne qui tirait mes ficelles. Malgré tout, je ne pense pas que tout puisse être incombé aux manipulations. L’Autre, par exemple, n’a fait que stimuler des aspects de ma personne et de ma vie déjà existants, pour me mener là où Xana le voulait. Forcément, cela change un peu le regard que je me porte à moi-même. À l’heure actuelle, je ne sais toujours pas quoi en penser précisément, à part les trucs évidents comme arrêter de me laisser porter et consulter un spécialiste. Peut-être que réécouter à nouveau tous mes enregistrements aiderait à tirer quelque chose de plus concret…

Voilà que je continue à tergiverser, même seul avec ma voix.

L’Autre a causé des dommages, dans ma mémoire. À moduler mes émotions et à détourner mes souvenirs pour créer les rêves, tout a été altéré. Ce n’est pas général, mais certains d’eux tiennent plus de la réminiscence désormais, tant je suis incertain sur leur exactitude. J’ai du mal à distinguer le réel des déformations opérées par le programme ou, pire encore, si cette impression de déformation n’est que dans ma tête.
Cela rend d’autant plus compliqué mes rapports avec mon oncle. Pourtant, nous avons discuté de la suite ensemble et, d’un commun accord, avons tablé sur le fait que changer d’air en déménageant serait une bonne chose. Même s’il avait déjà pris des dispositions de son côté, il avait visiblement attendu qu’on en parle sérieusement pour valider la décision. Comme d’habitude, je n’arrive pas à le voir venir… Dans tous les cas, il va bien falloir que je discute sérieusement avec lui, ne serait-ce que pour remettre de l’ordre dans ma tête. Remettre le passif à l’heure, pour repartir du même pied.
Pour autant, je ne vais pas pouvoir me cacher derrière un mail et de vagues explications du type « J’étais déboussolé ». Je devrai le confronter de face, sans détour.

Je préférerais avoir un autre dédale anxiogène à traverser, ce serait plus simple à aborder. Pfouuuu !
...
Parfois, quand je suis dans des moments de calme comme celui-là, j’ai l’impression d’entendre encore les cliquètements du mécanisme du labyrinthe de Tron. Un peu comme une chanson entêtante qui ne voudrait pas sortir de l’esprit. Peut-être faut-il y voir un signal de mon inconscient sur le fait de régler rapidement ces derniers non-dits.
Sortir du rang de spectateur pour devenir acteur de manière plus active.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Finalement, mon ambition de dresser un bilan s’est transformée en foire à l’incertitude. Alors autant m’arrêter là. Pour les mots de la fin… tiens pourquoi ne pas reprendre et reformuler mes premiers mots enregistrés ?
Hum hum.

La vie n’est pas étrange, je crois. Ce sont les individus qui la subissent qui le sont, puisqu’elle est faite de telle manière qu'elle parvient toujours à nous surprendre. En bien ou en mal, cette évaluation s’effectue après coup. Dans mon cas... ça reste encore à déterminer.

Clic !


Dernière édition par Zéphyr le Jeu 18 Aoû 2022 21:48; édité 6 fois
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Silius Italicus MessagePosté le: Mer 17 Aoû 2022 13:19   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bonjour très cher Zéphyr,

Ainsi, c’est la fin ? Toute chose doit se finir et s’en aller, mais peut-être seulement après un dernier hommage.

Tout d’abord et de manière liminaire, votre serviteur tient à s’excuser. N’ayant pu commenter dans les temps les derniers chapitre, entre chaque publication mais ayant du répit en ce mois, il lui a semblé approprié de rattraper son retard, et au vu de la longueur des commentaires, il eût été inconvenant de demander de l’aide à la modération pour faire des doubles posts. Enfin, quitte à avoir le temps et l’envie, autant ne pas s’arrêter à commenter le seul chapitre 22, non ?

Au premier abord, c’est effectivement un chapitre un peu court que vous proposez. Mais c’est assez normal dans la mesure où il s’agit d’un épilogue, qui plus est celui d’un récit avec peu de personnages.

L’Engrenage c’était avant tout l’histoire de Chris et avec lui un peu de Tyron. En effet, le but premier de ce récit, c’était de subvertir un topique du forum : la nouvelle recrue dans l’équipe des lyokoguerriers. Aussi la nouvelle recrue s’en fut du côté de Tyron. Cela a toujours été et restera sans aucun doute un des points fort de ce récit que cette partie Tyron. Qui était-il ? Que ressentait-il en voyant tout ce beau monde débarquer sur son monde virtuel ? D’autres récits ont dévoilé ce qui se passait dans le camp ou dans les camps d’en face, mais toujours de manière assez secondaire par rapport au focus sur les lyokoguerriers (les récits de Tyker règlent le problème autrement, puisqu’ils se déroulent avant code Lyokô).

En conséquence, cet épilogue se divise en trois parties : Chris, Tyron et Chris. Pour être plus précis, la première section traite de la partie virtuelle de la vie de Chris et la dernière de sa vie réelle. Tyron n’ayant plus de partie virtuelle, il n’a droit qu’à une seule section de texte.

Du côté de Tyron, le souci principal de cet épilogue était de justifier pourquoi son histoire se finirait là. Après tout il avait théoriquement les moyens de reconstruire une machine (ce ne serait que la troisième) et de pourchasser les machinicides (joli néologisme). Il fallait donc justifier que ni lui, ni son organisation ne le fasse. Utiliser pour cela la structure bureaucratique et le mystérieux patron de la Deckard inc. Était un bon plan. Cela règle tous les problèmes d’un coup.

En bonus le passage sur Tyron permet de régler un dernier souci : la survie de Xana. L’un des défauts majeurs de CLE — Pointé il me semble par Icer — était que le retour de Xana, surtout mal expliqué, laisserait toujours planer un doute sur sa capacité à survivre. Après tout, si cela n’avait pas marché la première fois, pourquoi cela marcherait-il la seconde ? Le mail de Xana avec son titre si particulier fait figure de dernière volonté. La suppression de ce message par Tyron tend donc à indiquer que la page Xana est fini. Au passage, cela permet d’approfondir le personnage de Tyron et de lui ajouter un peu plus de profondeur psychologique, ce qui est toujours le bienvenu et fait regretter qu’il en soit fini de lui.

Reste Chris, lui qui en tant que personnage principal occupe la majeure partie de cet épilogue. Pour lui aussi il est tant de couper les ponts. C’est la suite logique des prémisses du récit : Chris n’était pas destiné à être un lyokoguerrier. Aussi il ne restera pas avec eux et va s’en aller. De ce point de vue, le fait qu’il tue l’autre est hautement symbolique : il tue sa part de virtuel, ce qui le rattachait à ces histoires de supercalculateurs. Mais en coupant cet autre, c’est aussi un double qu’il tue. Il élimine un autre Chris, une part de lui. D’une certaine manière, il élimine son passé et ses ombres, il élimine ses excès et soucis des derniers mois et plus profondément, éliminant Xana ainsi, il coupe la tête du mal. Et pour cela, il fallait le reconnaitre, le séparer de soi, en somme déchirer le voile et le faire se révéler. Il n’est pas anodin que cela soit raconté dans la piste Nu.

Tron était pour Chris un vent de liberté, une échappatoire. C’était un exaltant affranchissement de la réalité et de ses soucis : l’école ennuyeuse, des résultats et une relations compliqués avec son parrain… Tron, c’était loin de tout cela. C’était voler au-dessus de la mer, s’était explorer et découvrir tant un monde que son potentiel propre.

Chris renonce au virtuel. Il renonce à cette liberté. Il renonce à la possibilité de s’échapper. Que lui avait proposé et montré Xana ? L’oubli, le fait de s’échapper dans l’atonie, dans une profonde léthargie : le fait de se retirer du monde et d’épouser le viruel. Chris en coupant la tête de l’Autre renonce à ce fol espoir. Il a gouté à la liberté de Tron et finit marionnette de Tyron. Il a goûté à la léthargie de Xana et sa vie s’est retrouvé en chaos et a failli lui échapper.

Finalement les cours ennuyeux et son tuteur ne sont pas si horribles…

Aussi, l’une des interprétations possibles de ce récit, à laune de son épilogue, c’est de renoncer au virtuel, de renoncer à ses tentations et de se confronter à soi-même.

En tout cas, c’est la leçon qu’en tire Chris. Il en finit avec l’Autre mais reconnaît que ce dernier n’a eu qu’a soutenir des tendances, des traits de caractères qui étaient déjà là. Aussi sait-l qu’il va falloir qu’il se confronte à son parrain. Sur les événements des derniers mois, mais aussi sur le passé.

Enfin, le garçon dans le vent (titre du premier chapitre) doit devenir celui qui surplombe le vent ou fait malgré lui. En tout cas, il ne doit plus se laisser porter. C’est une idée sous-jacente dans cet épilogue. Tyron a perdu les moyens et un peu la volonté de créer le vent et d’être acteur. Il se prépare à une retraite dans l’inactivité et l’obscurité. Chris lui retrouve la volonté de cesser de subir et d’être la proie de son entourage. Il renonce aux pouvoirs de Lyokô et du virtuel pour pourvoir maîtriser sa vie. Il renonce à être le vent qui se fait porter paresseusement. Sans pour autant savoir ce qu’il deviendra.

A l’aune de ces considérations, le fait que le récit surtout dans ces phases finales n’est pas montré d’évolution chez Chris se comprend mieux.

Cela étant, Chris lui-même souligne qu’il s’agit plus d’une altération que d’une évolution. De fait, les événements auquel il a participé ont ou réveillé des traumatismes plus ou moins enfouis chez lui (le placard), ou crée des traumatismes (le temps passé immobile sur Tron). Ainsi, Chris a sans doute moins évolué dans le sens où le Chris présent serait le développement organique du Chris précédent, qu’il n’a été changé. La question reste ouverte de savoir s’il peut guérir.

Reste le dernier paragraphe. Reprendre les mots du début pour finir est une manière élégante de boucler le récit et donc de signifier qu’il n’y aura de suite.

Pour donner la réplique à Chris en effet, comme le dit un vieux proverbe grec, ce n’est que sur son lit de mort qu’on un homme peut enfin juger sa vie et la déclarer bonne ou mauvaise. Pour cette aventure particulière, cela reste sans doute à déterminer : Chris a sans doute gagné d’une main (réconciliation avec son oncle) ce qu’il a perdu de l’autre (santé mentale instable).

Le dernier mot… Il rappelle à la fois le titre du récit, la fin de la bande d’enregistrement, mais aussi la cité des rouages. Et c’est là le seul regret. Ce mot et cette notion étaient visiblement important pour l’auteur, mais il y a comme un sentiment d’inachevé : ce cliquètement est sans doute venu un peu trop tard dans le récit pour être un vrai motif. Aussi finir là-dessus, quoique cela soit approprié, manque un peu de poids.

Ainsi vient le moment de conclure ce commentaire. L’une des particularités des récits de fanfictions, c’est qu’ils sont écrit et publié chapitre par chapitre. Pour le lecteur assidu, en tout cas pour celui qui ne prit pas le train trop tard, se pose la question de savoir ce qui ressortirait, ce qui ressortira d’une lecture complète une fois l’œuvre achevé. Quelle différence avec la lecture au fil de l’eau ? Quels thèmes s’effaceront, quels autres jailliront ? Comment sera lu et perçu ce récit quelques années après sa complétion ?
Sans pouvoir le vérifier, il semble à votre serviteur qu’une telle lecture dans le futur servira bien votre œuvre : l’harmonie de l’ensemble sera plus nette et les aspérités moindres. A publier trop vite entre chaque chapitre, ou trop lentement, l’auteur ou accumule les scories ou se met à craindre pour l’homogénéité de l’ensemble. Aussi, seul le temps et des commentaires futurs pourront vraiment vous donner raison ou tort sur la qualité du dernier tiers de l’Engrenage.

Mais que peut-on dire dans l’immédiat ?
Il est toujours difficile de conclure. Il y a toujours quelque chose de très artificiel et insuffisant dans ces dernières lettres qui précèdent le point final. Pourquoi ces mots ? Pourquoi finir et conclure après tout ? Pourtant, cette histoire-là est bien finie.

C’est une bonne conclusion. Elle termine les principaux points de scénarios qui restait en suspens. Dans le même temps elle achève le portrait de ceux qui finalement ont été ses deux protagonistes. Il serait même loisir de parler de trois protagonistes. Xana aussi à travers son ultime ad honorem gagne en personnalité et en profondeur. Rétrospectivement c’est sans doute un des éléments les plus inattendus de ce récit.

Le seul défaut de ce dernier tour de piste, c’est peut-être que l’on sent l’auteur soulagé d’en avoir fini et de reposer cette plume qui avait fini par tant peser. Ainsi, ce dernier chapitre semble un peu moins ciselé en terme de style que d’autres chapitres ou écrits de votre main (et vraiment, vous reniez trop vos premiers écrits). Il s'agit d'un défaut bien mineur.

L’histoire de Chris est finie, même si Chris a encore des histoires à vivre.
Et pour nous autres lecteurs, il est temps de refermer ce qui nous accompagna si longtemps.


Dans l’espoir de rouvrir un jour les pages de votre livre.

Dans l’espoir de vous voir revenir en ce Royaume et continuer à écrire.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Icer MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2022 17:18   Sujet du message: Répondre en citant  
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Bon bah parfait, Silius a tout dit...

...Ok ça va ça va on s'y met, on s'y met. Surtout que comme il édite ses coms en fourbe, on ne sait pas s'il aura encore tout dit dans trois semaines.


« Je veux que ce récit aille au bout »
6 août 2013

https://i.imgur.com/IFauJDX.png


...
...
...

SCHBONK !

Il fallait bien au moins reprendre une de tes onomatopées douteuses pour marquer le coup. Nous sommes en 2022 et je peux dire « j'ai fini l'Engrenage ». Cette dernière décennie a été riche en serpents de mer (l'état du couple Brad Pitt/Angelina Jolie, le retour de Benzema en EdF, le Brexit, etc...) mais aucun n'égale la façon dont tu nous auras fait mousser sur ce texte. Presque 10 ans pour un texte de 26 chapitres ! J'ai quand même des collègues particuliers, entre Ikorih qui s'est certainement trop précipitée pour finir ses récits et toi qui l'a joué un peu trop... cool. Non mais imagine, si j'avais fait comme toi, je n'aurais bouclé que l’Échiquier partie 1 et deux-trois OS, et la durée de vie de notre espèce ne serait pas suffisante pour achever l'Un'Icer !!

Mais comparaison n'est pas toujours raison. Sous son air policé et propre sur elle (le genre de fanfic à répondre « c'est moi » quand on la remercie), classique voire presque terne se cache un réel travail de fond qui justifie le délai (en partie hein, tu aurais pu le faire en deux fois moins de temps, ne me prend pas pour un con). En fait, elle tire aussi sa force d'une prise de contre-pied de tous les classiques qu'on a vu passer ici dans la période, tout en donnant l'impression de s'y vautrer.

C'est particulièrement vrai dans le choix qui est fait, dès le début, de privilégier un OC, élève à Kadic et kom par hazar dans la classe des LG (même si c'est la génération aînée ici, minoritaire). De fait, avec l'enchaînement des événements, on se dit « Bon, il va rejoindre les LG », « Bon, c'est l'ennemi juré avec Tyron et comme l'auteur préfère Laura, elle va le rejoindre à terme », « Bon, il va se venger de Tyron... en rejoignant les LG, comme prévu. ». Et puis arrive le coup de X.AN.A, mais finalement pas trop quand même avec le Deus ex machina Mathilde et puis alors il revient avec les LG mais la greffe ne prend jamais vraiment. C'est vraiment une qualité dans ce récit.

Une qualité qui devient un véritable point fort lorsqu'on le couple au contexte de la lutte. On est sur une bataille à trois camps, et l'agent White, tout en ayant le culot de choisir un point de vue globalement interne qui fait croire qu'il ne va pas avoir toutes les informations, du fait de ses allers-retours entre les différentes factions, permet presque un point de vue global. Bien sûr, cela ne saurait être exhaustif et c'est la raison pour laquelle un chapitre comme le 24 apparaît indispensable pour livrer aux lecteurs les dernières vérités avant la bataille finale. Ce même chapitre a d'ailleurs un autre intérêt : effectuer l'habituel travail auquel doivent se livrer toutes les fanfics sérieuses – expliquer les agissements en apparence incohérents voire nazes de X.A.N.A dans la série d'origine. Une tâche accomplie avec brio ici.

Comme tout récit de ce calibre, il met un peu de temps à décoller mais la bascule sur ce point s'effectue sans aucun doute au chapitre 3, à partir de la légendaire réplique « Je me souviens avoir pensé : « Il est con ou quoi ? » » qui fait entrer l'Engrenage dans une autre dimension.

Arrive ensuite le chapitre 4 et le moment ô combien classique mais décisif de la prise de contact entre l’OC et la bande des LG. Particularité ici : c’est un retour dans le temps dont la narration est rendue possible par l’écriture du journal a posteriori. La seconde séquence, plus classique, amène à se demander pourquoi Chris tient à suivre les LG, même si bien sûr le côté « sensation étrange » lié au RVLP est savamment exploité. Tu t'en tires somme toute plutôt bien.

Les « hors pistes » commencent au chapitre 5 et ils devenaient évidemment indispensables, d'une part pour varier un peu les plaisirs et d'autre part pour ne pas rester totalement coupés des camps que Chris ne fréquente pas au moment M.

Bien sûr, tu connais mon affection particulière pour la première partie de la fanfic, lorsque le personnage principal est plutôt coté Tyron. Comme tu es un mec carré, le basculement symbolique s'effectue à mi-parcours, au chapitre 13. Avant sa suite et la séquence qui est définitivement venu ancrer l'Engrenage dans la cour des grands :

Citation:
« - Maintenant qu'on est tous au courant de nos secrets respectifs, on voulait te proposer de te joindre à nous dans le combat contre Xana. Tes connaissances, ton expérience et même tes informations sur Tyron pourraient être très utiles.
À peine la tirade fut-elle achevée que la réponse du britannique fusa, froide et implacable :
- Non. »


À partir de là, l'auteur s'est fait plaisir en allant un peu où il voulait, son style ayant pris en maturité et ses idées de génie scénaristiques (le retour de la tenue originelle de William, les liens France – Suisse pour Tyron, le placement des produits douteux de CLE comme Alan Meyer) ou sémantiques (« M'Xana ») en agrémentant l'aspect. Jusqu'à ton apothéose personnelle, le chapitre 22, réécriture du traumatisant épisode 22 de CLE au vu de ton amour pour Laura. Avec le 21, ce sont sûrement les deux chapitres les plus captivants. Marrant de se dire qu'ils sont de part et d'autre de la grande coupure de publication.

C'est vrai qu'après ça, la fin de la fanfic peut apparaître comme étant plus compliquée pour toi, avec la nécessité de tout boucler et alors que le chapitre 24, dont j'ai déjà parlé, vient en fait un peu désamorcer l'ultime doigt d'honneur du 22, en tempérant le ragequit de Chris. Elle fait malgré tout office d'une conclusion convenable, avec un retour à un certain équilibre mental du personnage principal – à l'introspection menée avec talent tout au long du réçit, un autre de ses points forts – dont la dégradation progressive faisait comprendre au lecteur que c'était de plus en plus mal barré. Un happy end pour lui en somme, même si je le vois bien redoubler sa première année de médecine dans deux ans. M'enfin, on y est pas.

Il faut saluer aussi le travail autour de Tyron et de son « Cortex », même post-chapitre 13. Bien sûr, son quart d'heure de gloire est passé ensuite mais il reste au niveau de ce dont tu nous as habitué et tu vas encore plus loin avec le système du labyrinthe, celui des clés (amusant de constater que leur fonctionnement est aussi souple que celui des clés de Pokémon Noir & Blanc 2. Vive le capitalisme)... Son retrait sans tambours ni trompettes dans l'épilogue a aussi le mérite d'un peu le normaliser, évitant les excès type suicide dans son bunker sous prétexte d'un physique allemand. Ce Tyron « chef de projet » aura fait son travail pour l'Engrenage, même si l'ironie est que scénaristiquement, il se fait en quelque sorte limoger.

Bien sûr, sur un plan plus personnel, j'apprécie tout particulièrement ta plongée progressive dans les références (plus ou moins) subtiles qui viennent indirectement corroborer mon délire de vastes univers parallèles crées par les fanfics du sous-forum qui, de fait, se répondent entre eux. Tu es évidemment celui avec lequel il aura été possible de pousser le truc le plus loin, avec comme symbole d'aboutissement, toi qui en est à faire des références à mes références de ton propre texte. Très très propre <3

Je souhaite aussi écrire un mot sur le virtuel : tu fais partie à mon sens des rares auteurs à réussir très convenablement à t'en tirer à ce niveau-là, en évitant le piège habituel qui est souvent que les avatars humains inventés sont souvent bien trop éloignés des codes posés par la série (notamment par excès de pouvoirs en général), et que ça vire vite à la surenchère. Ce n'est clairement pas le cas ici.

Et il faut naturellement ajouter un big up pour l'aspect graphique, digne de tes qualités, mon favori étant le logo X.A.N.A aux couleurs de Tron. Bon, c'est une refonte qui a mis le texte en pause pendant limite 4 ans donc c'est bien le minimum syndical que ce soit joli n'est-ce pas ?
Connard va.

En conclusion, l'Engrenage est à l'image de son auteur. Le genre de perle que l'on ne peut sortir non pas en étant seulement un fan béat de Code Lyoko mais au contraire un fan critique et pragmatique, qui permet de corriger les (énormes) failles de la série. Encore davantage quand, comme ici, on s'aventure sur CLE, la « réécriture expiatoire » de l'épisode Mutinerie entrant également dans cette logique. De toute façon, la haine a toujours été un moteur plus puissant que l'amour chez toi, et quand on voit l'exemple de Végéta et le rendu de ce récit, on se dit que tu as sans doute raison !


Spoiler

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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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