Inscrit le: 27 Fév 2008 Messages: 1945 Localisation: Dans un autre horizon |
Isabelle attendait. Assise, près du téléphone, la tête posée sur la commode. L'horloge était fixée en face d'elle, et elle pouvait voir avec pitié les minutes s'effiler. Elle voyait le temps passer, et elle restait là, à attendre, à espérer, à supplier.
Supplier qu'il l'appelle. Que le téléphone sonne, qu'il emplisse la pièce de sa musique, pour apaiser le coeur tourmenté d'Isabelle.
Mais il ne sonnait pas. Il ne l'appelait pas. Alors, elle attendait. Encore. Et encore. Combien de temps avait-elle là, agenouillée devant le téléphone? Une heure? Un jour? Une semaine? ... Un mois?
Qu'importe. Elle attendait. Elle attendrait. Isabelle ne pouvait se permettre de quitter cette position, de partir chercher à manger. Et s'il appelait? Non, il valait mieux rester là. Et attendre.
"-J'ai quelque chose à te dire."
Isabelle ferma les yeux. Elle n'avait rien faire, et les souvenirs en profitaient pour remonter jusqu'àson coeur, pour le blesser, pour le mutiler. Pour faire couler le sang.
"-Cela fait longtemps que j'y pensait. Et je crois que c'est la meilleure chose à faire."
La faire souffrir était la meilleure chose à faire? Isabelle gémit de détresse, et resserra ses poings autour d'elle.
"-C'est fini."
Leur amour, leur union, c'était fini? Il avait tiré un trait sur leur passé, leurs souvenirs, leurs sentiments. Sur elle.
Et tu n'es pas là
Le lit est vide et froid
La musique se termine
Je fais grise-mine
Le silence était oppresant, omni-présent. Il frappait avec force les oreilles d'Isabelle, la blessait au plus profond d'elle-même. Il ne l'appelait pas. Elle ne lui manquait pas. Il avait oublié, tourné la page. Il l'avait même déchirée, froissée entre ses mains mortelles, et l'avait jetée dans la poubelle. Sans un regard derrière lui.
Les pages ont été déchirées
Effacées, brûlées
Je vis à présent avec des mouchoirs
Et je pleure dans mon lit, le soir
Isabelle se mit à penser que cela ne servait à rien d'attendre. Il l'avait complétement oubliée, comme si elle n'avait pas d'importance. Leur union avait elle été sans importance? Isabelle ferma les yeux, et se maudit de sentir des larmes couler sur ses joues.
Voilà à quoi elle était réduite. A pleurer, à se lamenter. A perdre sa vie, son temps, à rester assise là, alors que cela ne servait à rien. A rien. Elle n'était rien, pour lui.
Je voudrais avancer
Vaincre ce brouillard qui m'oppresse
Oublier ces paroles qu'il m'a jeté
Et qui me tiennent en laisse
Isabelle soupira, et passa une main lasse dans ses cheveux. Elle était tremblante, perdue, apeurée. Trop de sentiments qui se bousculent sans cesse dans sa tête, meurtrissant son âme, brisant ses espoirs. La brisant.
Elle secoua la tête, et prit sur elle pour se lever. Il le fallait, elle le devait. Se lever. Même si ses jambes semblaient être sur le point de lâcher, de la faire tomber là où elle n'avait pas forcément envie d'aller.
Elle était enfin debout, et elle contempla l'endroit où elle s'était tenue. Pendant trop longtemps. Et Isabelle se mit à marcher vers la porte. Elle devait sortir. Prendre l'air, prendre vie. Tel le phénix. Renaître de ses cendres. C'est ce qu'il lui fallait.
Et elle marcha, titubant, pleurant. Elle avait peur. Peur de sortir, de rester. Peur de lui, peur d'elle. Peur de tout. Peur de rien.
Dehors, il pleut
Il y a de l'eau dans mes yeux
Et j'ai peur de tomber
Sans jamais pouvoir me relever
Et, alors qu'elle y était, la main sur la poignée, prête à sortir, et peut-être à réussir à ouvrir la porte sur quelque chose de meilleur, ...
... le téléphone se mit à sonner. _________________
Je n'étais pas anciennement odd-4-ever. |