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 Auteur Message
JCVgamer MessagePosté le: Sam 16 Jan 2016 14:12   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Aoû 2012
Messages: 170
Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
Icer a écrit:
Apparemment j'avais raté le chapitre 10, donc j'ai lu les deux d'une traite


Nous fûmes deux dans ce cas ^^

Salutations Ellana,

Ellana a écrit:
Voilà, comme d'habitude, j'essaierai d'être moins longue pour la parution du prochain chapitre !


Ellana a écrit:
Ouf presque quatre mois sans publication ? XD Comme le temps passe vite...


Peut-on considérer qu'il s'agit d'un magnifique fail ? x)

Je vais passer en coup de vent ça sera très court, désolé par avance.

Tes deux chapitres sont très fluides, ils se lisent très rapidement ce qui est sacrément bien, car du coup c'est que c'est accrocheur (bon à partir du chapitre 10 heureusement tu me diras mais quand même Smile )
Laura semble se diriger tout droit dans un piège à moins que tu nous réserves quelques twist de scénario dont tu aurais le secret donc j'attends la suite, ne tirons pas de conclusions hâtives.
Le cinéma, comme l'a déjà dit Icer, était très bien pensé, rondement menée donc c'est du bon, même du très bon. La seconde attaque elle est était très prévisible, après elle reste cohérente donc ça ne pose pas de problème.
J'ai pas vu de coquilles au niveau orthographe, en tout cas pas de flagrantes pour les yeux.

Et sinon ben vivement la suite ^^.

Bonne journée.
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

https://nsa40.casimages.com/img/2021/03/07//210307030201528667.jpg
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Dyssery MessagePosté le: Mer 20 Jan 2016 17:20   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 03 Mar 2014
Messages: 77
Ça fait un moment que je n’ai pas pris la peine de signaler mon passage sur ce topic. Pourtant, je le suis toujours avec assiduité. Parce qu’il est bon.
Bon, étant une feignasse, je ne vais pas te faire un retour sur tous les chapitres que j’ai lu depuis mon dernier com. Parce que ça commence à faire un moment, y en a beaucoup, et j’ai plus les détails de mes réactions en tête. Donc je me contenterais de te parler des points qui me reviendront en tête de façon fortuite lors de la rédaction de ce commentaire, et bien évidemment du chapitre actuel, qui a la chance d’être bien frais dans ma mémoire. Enfin, disons encore suffisamment pour que je puisse retrouver toutes mes réflexions via une simple relecture en diagonale.

Je vais commencer par Aelita. J’avoue, le caractère du personnage me surprend un peu. Mais les deux seuls épisodes de CLE que j’ai eu l’occasion d’entrapercevoir me permettent quand même de me rendre compte que par rapport à son évolution dans œuvre que nous qualifierons ici de douteuse (j’assume le fait de dire en ne me basant que sur deux épisodes incomplets, merci), le personnage est véritablement maîtrisé ! Dans le présent chapitre tout comme dans la fin du précédent, j’ai particulièrement apprécié sa réaction à la découverte d’un déplacement sur Lyoko sans sa personne. Le monde qui s’écroule sous ces pieds à cette révélation tout comme la joie malsaine d’apprendre qu’on a finalement besoin d’elle sur place sont tous les deux très bien rendus et je salue l’introspection <3

Concernant Mathilde, je n’ai pas grand-chose à dire sur le personnage en lui-même. Elle a un bon caractère, rien à relever dessus. Par contre, je peux dire que j’adore son traitement ! Rien que son intégration à la bande, son premier refus m’a fait énormément plaisir =3 Et son changement d’avis n’a rien d’une volte-face irritante mais est au contraire mise en place tout en douceur avec de bonnes justifications, donc je salue la performance o/
J’ai vu les réticences d’Icer par rapport à la dernière attaque, et je dois bien avouer qu’elles sont fondées, mais pas au point que ça soit gênant, d’autant qu’en forçant un peu le trait, on peut les invalider : ça ne semble pas si étonnant que Jérémie soit réticent à envoyer Aelita seule avec William, après tout. Quand on sait comment ça s’est fini la dernière fois (je n’ai pas vu CLE, vous vous rappelez ?)… Et si XANA veut expérimenter les attaques à répétition pour démontrer sa fourberie, après tout pourquoi pas ?
Pour en revenir sur Mathilde en elle-même, donc. Je suis pas enthousiasmée par son avatar (Mais après tout, c’est pas une fille comme moi qui va donner des cours de mode u.u). Et je ne peux pas m’empêcher de le trouver illogique à partir du moment où elle est toute timide et où elle avoue elle-même que ce n’est pas son style. Si le supercalculateur se base sur l’inconscient pour créer les avatars, doit-on en conclure que Mathilde est une dominatrice qui s’ignore et qui n’attendait qu’une occasion de manier le fouet ? À voir. Le principe d’une monture « organique » me laisse aussi dubitative. Mais bon, on voit bien à la lecture que c’est une fantaisie personnelle dont tu as bien conscience alors inutile de s’attarder dessus.

Ensuite, j’aime beaucoup ton William. Je ne sais pas si c’est une mode de lui accoler une réaction phobique face à la Méduse et à vrai dire, je m’en fiche. J’ai adoré tout ce passage ! Alors oui, William ne se rappelle pas sa xanatification, mais on peut très bien se dire qu’il montre là une réaction psychosomatique qui n’a pas besoin de souvenir conscient pour se manifester u.u Si on ajoute à cela la simple peur panique d’une situation amplifiée justement par le manque d’informations qu’on a dessus qui laisse le champ libre à toutes les horreurs qu’on peut imaginer, moi je valide cette assertion : William est incapable de faire face à la Méduse =D (bon, d’accord, j’ai juste envie de relire des passages comme celui-là, chut :c) Et la discussion entre Mathilde et William qui a suivi était bien sympathique aussi, elle a bien remis les comportements de chacun en perspective. (Tu connais vraiment quelqu’un qui a la phobie des poissons ?)

Je vais finir ce com par le cas Laura, du coup. Cette fille a quelque chose d’agréablement détestable. J’avais beaucoup aimé le passage au vivarium, ainsi que cette dimension fragile par rapport à la mort de sa mère. Et une fois encore, cette dimension est très bien développée dans ce chapitre. L’incertitude, l’amertume, la douleur, tout ça transparaît vraiment bien à travers les paroles et les réflexions de Laura. Enfin, je salue l’intelligence du personnage ! Vraiment, parce que la voir foncer dans un piège tête baissée par amour pour sa mère « démorte » m’aurait agacé. Alors que la voir foncer dans un piège par ambition personnelle en ayant eu le cheminement mental nécessaire pour se dire que cette femme a peut-être bien usurpé l’identité de sa mère pour l’utiliser, ça, ça me plaît.

Voilà, j’attendrai un chapitre où Caldin réapparaitra pour revenir sur l’organisation de Sandra (dont je désapprouve juste le talent sans faille pour les langues étrangères).

Par contre explique-moi un truc, si Emma c’est Sandra, Anthéa c’est laquelle des deux ?

_________________
http://i.imgur.com/QN5k9ezl.jpg
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Silius Italicus MessagePosté le: Sam 13 Fév 2016 15:33   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour chère Ellana,
Votre récit trace sa voie, insensible aux vicissitudes extérieures.

Les deux derniers chapitres représentent trois morceaux distincts de l'intrigue, à savoir une attaque de Xana, un peu de psychologie et de relation, et le départ des russes.

L'attaque présente tout d'abord une partie virtuelle efficace et rapide. Elle ne serait presque pas sans rappeler le mot de César : « Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ». C'était rapide, net et rondement mené. Surtout cela tourne l'attention vers l'attaque elle-même qui est dans le fond assez complexe. C'est une attaque en trois étapes, ce qui est unique dans la série, et plutôt rare dans les récits. Xana a donc tenté une attaque classique et anticipé son possible échec. Ce qui l'a poussé à utiliser le temps de latence entre les virtualisation à son avantage. Par dessus cela il se permet d'amener la méduse. Cette attaque était donc un petit chef-d'œuvre de complexité. Les héros ont d'ailleurs joué dans la paume de leur ennemi. Il s'en est fallu de peu.

Mais surtout c'était l'occasion de poser quelques réflexions. Sur Aelita notamment. Comme elle l'a remarqué, elle a été dépouillée de tout ce qui fait son statut de princesse. Que reste-t-il alors ? La suite des événements, et en particulier le départ de Laura font que ce questionnement ne se poursuivra pas de suite. Ce qui est presque dommage. Il y avait là l'occasion de discuter l'évolution de ce personnage et d'en faire émerger de nouveaux aspects.
On notera aussi que William a eu droit a un traitement particulier. Les événements l'ont vu être plus intelligents qu'Odd et Ulrich, plus sage aussi. Heureusement ses boutades sur Lyokô et sa réaction face à la méduse l'ont sauvé de la perfection. L'arrivée de la méduse est le trouble qu'elle a jeté sont d'ailleurs des plus intéressant, et viennent relever un peu plus le récit.

Le troisième point concerne les russes. Sandra a manipulé sans soucis sa cadette. Si des gardes-fous n'avaient été placé en amont dans le récit on s'étonnerait que Laura se trompe autant. Une chose est sûre, la disparition de Laura va être un problème pour le reste de la bande. Elle en sait trop, et ses employeurs vont sans doute assez vite le comprendre.

Votre récit, outre son intrigue, a pour lui sa légèreté. Il est vif et emporté. Cela se ressent dans la mise en page qui est assez aérée, mais aussi dans le rythme des répliques et de la narration qui est enlevé. Cela le rend très agréable à lire. Il y a ceci de rafraîchissant que le fond de votre écriture est parcouru d'une certaine joie de vivre qui irrigue le texte et apaise même les moments les plus douloureux. La lecture en devient agréable, plaisante et facilitée.

Au plaisir de retrouver Fenrir et ses compagnons.

_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Ellana MessagePosté le: Sam 25 Juin 2016 17:51   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !

Spoiler absolument pas spoiler puisque c'est la réponse aux commentaires HAHA.
Spoiler


Chapître 12 : Tensions


Ulrich était allongé sur son lit, les yeux fixant le plafond. Il avait vécu le début de la semaine avec un profond détachement, obnubilé par le week-end que son groupe venait de passer.
Samedi : trois tours activées, une dispute entre Jérémie et Aelita.
Dimanche : trois devoirs maisons à bâcler, une annonce inattendue de Laura qui quittait le lycée sans savoir quand elle reviendrait et refusant de dire où elle allait, annonce suivie d’un débat houleux entre Jérémie et Aelita, l’une insistant sur la nécessité d’un retour vers le passé, l’autre indiquant que ce n’était pas prioritaire.
Lundi, mardi et mercredi s’étaient déjà étirés sans qu’ils prennent de décision, ce qui indiquait à Ulrich que Jérémie avait gagné et que Laura partirait avec sa mémoire. A leurs risques et périls. Odd ne trouvait même plus l’envie de blaguer sur le sujet, Yumi s’éloignait au fur et à mesure que Mathilde se rapprochait et seul William semblait parfaitement à son aise au milieu des changements.
Le réveil sonna une deuxième fois. Ulrich envisagea un instant de ne pas se lever. Il y avait trop de choses dont il aurait voulu parler et il savait que personne ne serait en mesure de l’écouter. Par quoi commencer de toute façon ? La culpabilité qui le rongeait atrocement depuis l’attaque massive de XANA ? L’inutilité suite au nombre de codes qu’il avait perdu ? L’espoir face au comportement de Yumi, cachant de moins en moins sa jalousie pour Mathilde et par analogie ses sentiments pour lui ? La frustration de ne pas réussir, malgré cela, à lui avouer qu’elle n’avait pas à s’inquiéter ?

- Ulrich, ton réveil, grogna Odd.
- C’est bon, ça va.

Ulrich se leva. Il sentait que cette journée allait être déprimante. Quel jour était-on déjà ? Jeudi. Jeudi… N’avait-il pas quelque chose de prévu aujourd’hui ? Non, ça ne lui revenait pas.

***


- Jérémie ? interpella Mathilde alors que les autres élèves se levaient pour quitter la classe. Ça m’embête de te demander ça mais je n’ai pas vraiment compris le cours de chimie d’hier. Tu as certainement d’autres choses à faire, je sais, sauf que…
- Effectivement je n’ai pas le temps. Et toi non plus tu n’as pas le temps.
- Je te demande pardon ?
- Il n’y a pas cours au gymnase et on a une heure de perm.
- Je suis au courant mais je comptais bosser sur ma chimie…
- Ulrich est d’accord pour t’entrainer. Vous aurez sûrement Odd dans les pattes, ce qui ne sera pas plus mal. Pendant ce temps, je vais finir de reprogrammer le Skid avec Aelita, en voyant si je peux rajouter un navskid ou s’il faut qu’on trouve un moyen de t’amener toi et William par un autre moyen sur le Cortex.
- J’adorerais être une sirène !
- C’est cela, oui. Arrête les dessins animés.

Mathilde rougit et ils rejoignirent Odd et Ulrich qui les attendaient dans le couloir.

- Prête pour ta séance ? lança gaiement le premier.
- On va dire que oui.
- Je peux aller avec eux ou tu as besoin de moi ? demanda Aelita.
- En fait, je me disais que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas travaillé ensemble, juste toi et moi, répondit Jérémie avec un sourire timide.

Le visage d’Aelita s’illumina et les deux génies s’éloignèrent.

- Décidément, j’envie leurs activités de couple ! se moqua Odd.
- Laisse-les tranquilles, tu veux ? intervint Ulrich avec mauvaise humeur. Venez, il faut s’assurer que le gymnase est dispo.
- Il est dispo, répondit Mathilde du tac-au-tac. La classe de Yumi a foot, ils sont à l’extérieur.

Ulrich fronça les sourcils. Il le savait pertinemment. Sa remarque ne visait qu’à lui éviter une énième réflexion d’Odd sur le fait qu’il connaissait mieux l’emploi du temps de la japonaise que le leur. Mais comment Mathilde était-elle au courant ? Pourquoi connaissait-elle aussi l’emploi du temps de Yumi ?

- Génial, Jim ne trainera pas dans nos pattes ! s’exclama Odd avant qu’il ait pu poser la question.
- Je n’ai pas pris mon survêtement, avertit Mathilde.
- Pas grave, ce n’est pas comme si tu mettais des mini-jupes.
- Tu devrais essayer d’ailleurs !

Mathilde s’empourpra à nouveau.

- Laisse-la tranquille.
- D’ac’ cap’taine ! Par contre, il va falloir entrer en douce dans le gymnase parce que si Yumi nous voit, elle va piquer une crise de jalousie pas possible et vous allez encore vous faire la tronche pendant une semaine !

Cette fois, ce fut à Ulrich de rougir.

- Au moins, lorsque Kiwi était là, on avait des moments de paix quand tu le sortais ! marmonna-t-il. Bénies soient quand même tes sœurs de le supporter à notre place !
- Ne remue pas le couteau dans la plaie !
- Qui est Kiwi ? eut la naïveté de demander Mathilde.

Odd put se lancer avec un plaisir larmoyant dans une description de son chien bien-aimé. Il ne s’interrompit que lorsqu’ils arrivèrent au stade. Comme l’avait annoncé Mathilde, la classe de Yumi trottinait en guise d’échauffement, encouragée par un Jim visiblement ravi de s’époumoner dans son porte-voix.

- Allez, allez, encore quatre tours ! On se remue ! Qu’est-ce que tu m’veux Della Robbia ? hurla-t-il sans éloigner le mégaphone.

Yumi et William tournèrent aussitôt la tête. Odd s’était approché de Jim alors que Mathilde et Ulrich attendaient plus loin.

- Pour la discrétion, c’est râpé, soupira le samouraï.

Mathilde hocha la tête mais il n’était pas certain qu’elle l’ait écouté. Ses yeux balayaient la classe en train de courir. Elle répondit par un petit signe au salut de William sans cesser d’observer les autres élèves, jusqu’à ce que son regard se pose sur un groupe de quatre garçons. Ulrich reconnut Christophe M’Bala mais ignorait le nom des trois autres. Le seul blond des quatre aperçut Mathilde et lui adressa un petit signe de la main, bientôt imité par les trois autres. Elle répondit avec un sourire élargi, poussant Ulrich à demander :

- Tu les connais ?
- Non, j’adore dire bonjour à des gens au hasard !
- D’accord, question débile, reconnut Ulrich avec un petit rire.
- Le grand blond, c’est mon frère, Michael.
- Vous n’avez pas beaucoup d’écart.
- En fait, si. Il a redoublé son CM2 et j’ai sauté le CE1. On voulait être dans la même classe.
- Sérieux ? Ton frère a redoublé pour être dans ta classe ?
- Son père en était fou.
- Son père ?
- Bien sûr Della Robbia, tu peux t’entrainer dans le gymnase ! Maigrichon comme tu es, ça ne te fera pas de mal ! Allez, vous autres, encore euh… cinq tours !
- Quoi ?
- On en était à quatre, Monsieur !
- Veux pas le savoir, encore cinq tours !
- Quand est-ce qu’il va comprendre que je suis svelte ? ronchonna Odd en rejoignant ses amis, sous les grognements des coureurs.
- Tu devrais manger plus ! railla Ulrich.

Il jeta un coup d’œil à Yumi et constata qu’elle l’ignorait royalement. De toute évidence, elle était encore en pleine crise.

Tant mieux. Pour une fois que c'est elle qui est jalouse.

- Tu as dit son père et pas notre père, signala-t-il à Mathilde qui suivait un Odd ronchon vers le gymnase. C’est ton demi-frère ?
- Même pas. Nous n’avons aucun lien de sang. Ma mère et son père se sont rencontrés il y a onze ans et ça fait dix ans que nous habitons ensemble. On se considère comme une famille de sang.

Ulrich ne réagit pas. Mathilde était dans leur classe depuis la sixième et ils ne savaient rien d’elle. Plutôt que de s’entrainer, il aurait peut-être été plus bénéfique d’apprendre à la connaître.

- Ton père et sa mère… Ils sont morts ?
- Sa mère oui, elle a eu un accident de la route quand il avait deux ans. Par contre mon père se porte très bien, je vais le voir de temps en temps, mais je préfère rester avec ma mère.
- Mathilde, toi qui as l’objectivité de la nouveauté, tu me trouves maigrichon ? s’inquiéta Odd, insensible à la conversation.
- Non, tu as un physique de nerveux, voilà tout.

Odd s’arrêta subitement, soudain rasséréné. Il attrapa Mathilde par les poignets et lui embrassa la joue avec force.

- T’y crois pas ! C’est exactement ça ! Je suis un petit nerveux !

Son entrain retrouvé, Odd aida Ulrich et Mathilde à installer quelques tapis sur le sol du gymnase.

- Vous vous battez pendant que je vous lance des volants ?
- Odd, laisse-moi un peu de temps avant d’augmenter le niveau ! protesta Mathilde.
- Ok, ok ! De toute façon, faut que je réfléchisse à quelque chose.
- En d’autres termes, il va bientôt nous attirer des ennuis, expliqua Ulrich tandis que son ami allait s’asseoir contre le mur. Tu es prête ?
- Prête à quoi ?
- Je vais t’attaquer et tu vas te défendre.
- Super…
- Go !

La main droite d’Ulrich fusa vers le visage de Mathilde tandis que la gauche attrapait son bras. Avant qu’elle ait réagi, la jeune fille sentit son dos heurter le tatami. Elle resta allongée, le souffle coupé, avec la sensation que ses omoplates avaient éclaté.

- Impressionnant ! railla Odd.
- Tu veux que je te rappelle pourquoi tu ne veux plus t’entrainer avec moi ?
- Parce que je suis le meilleur ?
- C’est ça…

Ulrich aida Mathilde à se relever. Une fois le choc passé, celle-ci se rendit compte qu’elle ne souffrait pas tant que cela.

- Je croyais que tu étais prête.
- Mais jamais un monstre de Lyoko ne me fera une prise comme ça !
- Tu as plus à craindre des spectres, tu ne te souviens pas ?
- Gna gna gna.
- Belle maturité.
- C’est toi qui dis ça ?
- Un partout, balle au centre ! pouffa Odd.

Ulrich sourit. Mathilde avait déjà perdu son air vexé pour retrouver une expression concentrée. Ses yeux brillaient d’une flamme qu’Ulrich n’avait pas encore remarquée, une flamme qu’il reconnut pourtant sans peine pour l’avoir déjà vue à maintes reprises chez les autres Lyoko-guerriers.
La volonté.
Mathilde savait qu’elle avait peu de chance de gagner mais elle était résolue à tout tenter pour y parvenir.
C’était cela que Jérémie voulait véritablement tester.

- Prête ?

Hochement de tête. Au moment où Ulrich levait le bras, les sourcils de Mathilde se froncèrent.

- Yumi ?

Ulrich se retourna aussitôt, avant de réaliser qu’il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. L’espace de quelques secondes, il offrit donc son dos à son adversaire. Or, si Mathilde ne disposait pas d’une grande force ou de technique, elle était rapide.
Ses mains se posèrent sur les épaules d’Ulrich, le poussant vers le sol tandis qu’elle lui balayait les jambes. Il s’écroula, furieux de s’être laissé duper aussi bêtement.

- Bien joué ! félicita Odd en applaudissant. L’amour te perdra mon pote !
- Il nous perdra tous. Pas trop vexé, Ulrich ?
- Un peu quand même. Tu m’as eu en traitre !
- Un spectre aurait pu te faire la même chose, signala Mathilde avec le ton de celle qui savoure une victoire facile.
- Elle a raison ! Arrête de ronchonner, Ulrich.

Le samouraï se releva et, sans prévenir, lança son pied vers l’épaule de Mathilde. Elle esquiva le coup puis le suivant, virevoltant sur elle-même, n’hésitant pas à s’accroupir ou bondir sur le côté.
Ulrich ne recula de quelques pas que lorsqu’elle eut les joues rouges, des bleus le long des bras et le front couvert de sueur.

- Ok, ça suffit ! Tu n’es pas mauvaise du tout en défense. C’est un bon atout, tu pourras couvrir nos arrières.

Mathilde hésita à lancer « Pourquoi, c’est devant qu’il y a le matos à protéger » mais elle n’était pas certaine que ses deux nouveaux amis reconnaissent la citation. Elle passait déjà pour une allumeuse avec son avatar, inutile d’en rajouter.

***


Debout près de la grille, Yumi distribuait ses tracts en souriant mais le cœur n’y était pas. Comment avait-elle pu croire sincèrement qu’Ulrich viendrait ? D’accord, elle aurait dû lui rappeler hier, un petit SMS avant de se coucher pour qu’il n’oublie pas... Non, il ne fallait pas qu’elle commence comme ça, c’était sa faute à lui, il aurait dû s’en souvenir.

Garde le sourire, Yumi, garde le sourire.

- Une heure dans le noir, c'est des années d'espoir, rappela-t-elle aux élèves qui passaient entre elle et Lara.

Des retardataires arrivaient encore mais le flot d'élèves avait assez diminué pour que ladite Lara se tourne vers elle.

- Au fait, j'ai oublié de te dire : t'as carrément assuré au devoir de français. Tu as vraiment du talent.

Le compliment toucha Yumi malgré sa gêne. Leur professeur avait lu la rédaction devant tout le monde et si seul William avait eu un sourire en coin indiquant qu'il n'ignorait pas l'identité de « Eric », elle regrettait de ne pas avoir fait lire son devoir à Ulrich avant tout.
À l'heure qu'il était, elle s'en moquait bien. La seule chose qu'elle regrettait à présent, c'était d'avoir écrit des phrases positives.

- T'avais pas dit qu'Ulrich viendrait nous aider ? s'étonna Lara comme si elle lisait dans ses pensées.
- Si, si, il devait.
- C'est cool, il est fiable ton pote.
- Ouais, super fiable.

Malgré elle, Yumi cherchait à nouveau des excuses à Ulrich. Après tout, à deux, elles s'en étaient bien sorti, sa présence n'aurait pas apporté grand-chose de plus à l'opération. Il avait sans doute été entrainé directement en cours avec Odd puis à la récréation, il était resté avec les autres parce qu'il avait oublié tout simplement.

- Je dois rejoindre mon copain, tu crois qu'on peut s'arrêter là ? demanda Lara.
- Oui, même les élèves qui commencent tard ont dû nous voir. On reviendra peut-être en début d’après-midi. Au pire, avec tous ceux qui les ont jetés par terre, personne ne pourra louper nos tracts.
- Tu es drôlement joyeuse ! s'exclama une voix derrière elle.

Les deux filles se retournèrent pour faire face à William. L’espace d’un instant, Yumi ne put s’empêcher de penser que si c’était à lui qu’elle avait proposé de distribuer des tracts, il ne l’aurait pas laissée en plan.

- J’ai croisé Jérémie, il voudrait nous parler, l’informa-t-il non sans lui jeter un regard un peu inquiet.
- Pas de soucis, on avait fini. À tout à l’heure, Lara.

William jeta un nouveau regard inquiet à Yumi. Elle était arrivée furieuse en français, avait retrouvé le sourire en recevant sa copie lue la veille devant la classe, puis était redevenue morose pendant le cours de sport.
Aussi espérait-il que reparler du français allait la mettre à nouveau de bonne humeur.

- Dis, le devoir que Blanc a rendu ce matin. Je peux y jeter un coup d'oeil ?

Yumi haussa les épaules. Si ça l'amusait... Elle fouilla dans son sac et lui tendit sa copie.

- Tu parles d'Ulrich ?
- Comme si tu n'avais pas deviné.
- Excuse-moi mais en lisant « un ami doux et présent », j'ai eu un doute !
- Rends-moi ça, grogna pour toute réponse la japonaise alors qu'ils arrivaient vers le reste du groupe.

William ne broncha pas mais une fois la copie dans la main de Yumi, il lança à l'attention de ses amis, assis sur un banc :

- 18 ! Elle a eu 18 à son devoir de français et la prof a même lu sa nouvelle devant toute la classe !
- 18 ? Mais moi je pensais que les notes en français, ça s’arrêtait à 11 ! s’exclama Odd. Attends, il faut que je voie cette pièce de collection !
- Non, mais c’est rien d’exceptionnel. C’est juste un devoir.

Avant que Yumi puisse réagir, Odd attrapa la copie et s'éloigna rapidement.

- Odd, je te préviens ! Si tu fais ça...

William eut un sourire ironique. Si Yumi courait récupérer son devoir, les autres allaient lui poser des tonnes de questions. Était-ce pour cela qu'elle ne bougeait pas malgré la menace dans sa voix ? Ou parce qu'elle espérait qu'Ulrich entende ce que Odd allait lire et le prenne en compte, puisqu'ils étaient incapable de se parler de vive voix ?

- « Mia n'en croyait pas ses yeux. Eric, son ami de toujours, son âme-sœur, ce garçon si profond, si sensible, dévoilait soudain un tout autre visage. Celui d'un être immature entêté et qui surtout manquait cruellement d'attention aux autres. »

Aelita et Mathilde échangèrent un regard inquiet. Même Jérémie ne s'était pas fait duper par le changement de prénom. Alors que Yumi reprenait la copie, les joues en feu, crachant à Odd un « T'es vraiment trop nul !», Ulrich sentit une rage froide l’envahir.
C’était comme ça qu’elle le voyait ? Elle n’avait que ça à dire sur lui ?

- J'aurais bien aimé savoir la fin de l'histoire, se plaignit Odd.
- T'aurais pas été déçu, ricana William. À cause de son comportement débile, le mec finit par briser leur amitié.

Ulrich baissa les yeux alors que Yumi tournait les siens vers lui. Pour qui se prenait-elle ? Elle préférait écrire ce genre de choses plutôt que de venir les lui dire en face ? Elle parlait d'amitié alors qu'elle n'était même pas capable de faire preuve d'honnêteté ?

- Bon, si ça vous dérange pas, j'aimerais bien revenir à des choses un peu plus importantes, signala Jérémie. À savoir la Méduse.

William perdit aussitôt son air narquois et Mathilde arrêta de penser qu’il avait décidément une attitude aussi puérile qu’Ulrich et Yumi.

- XANA lance des attaques de plus en plus élaborées et s’il nous envoie la Méduse, c’est qu’il a des objectifs plus ambitieux que ce qu’on peut encore voir. Je pense que le meilleur moyen pour le contrecarrer, c’est d’obtenir davantage d’informations sur le Supercalculateur à l’origine du Cortex. On pourrait trouver des données nous permettant de comprendre le retour de XANA ou alors on pourrait essayer de localiser Tyron pour pouvoir le contacter. A priori, il ne s’entendait pas avec Hopper et ne sera pas ravi qu’on s’immisce dans ses affaires mais j’espère qu’il sera capable de comprendre le danger qu’il héberge… Enfin bref, il nous faut plus de données.
- Brillante idée, Einstein, mais ça va faire arriver des ninjas illico.
- Justement, j’ai prévu un contournement. Je crée un leurre qu’Aelita glisse dans l'interface pour déclencher l'alarme. Les ninjas rappliquent et pendant ce temps-là, Aelita insère le fouineur, masqué par le leurre. Je récolte les données pendant que vous gardez le terminal. Tout le monde est d’accord ?

Seuls Aelita, Odd et William hochèrent la tête. Ulrich et Yumi fixaient leur pied, lui avec haine, elle avec gêne, tandis que Mathilde demandait d’une voix timide :

- Est-ce que je peux venir ?

Jérémie secoua la tête.

- Tu es loin d’être prête pour le Cortex et de toute façon, il n’y a que 5 places dans le Skid.
- Vous venez de le reprogrammer, vous ne pouviez pas y penser ?
- C’était déjà assez difficile de le reprogrammer rapidement…
- Je ne critiquais pas, je posais juste une question !
- Sympa l’ambiance aujourd’hui, nota Odd.
- Vous y allez tout de suite ?
- Oui, autant profiter de la pause déj’.
- Je serai chez moi si jamais il y a un problème.

Alors que Mathilde s’éloignait, Jérémie ne put s’empêcher de penser qu’étant donné l’humeur d’Ulrich et de Yumi, il faisait peut-être une bêtise en la laissant partir.

- Bon, on y va.

Alors que les autres s’éloignaient, Ulrich attrapa le bras de Yumi.

- Attends.

La japonaise sentit son estomac se nouer. Lorsqu’elle se retourna, ce fut pour recevoir le regard venimeux de son ami.

- Le mec que tu décris dans ta nouvelle, c’est moi, c’est ça ? Immature, entêté, manque d’attention aux autres. C’est comme ça que tu me vois ?
- Tu te fais un film, mentit-elle. C’était juste un devoir, c’est tout.
- Ouais, c’est ça. Prends-moi pour un débile. Quand je pense qu’il a été lu devant tout le monde !
- Bon écoute, Ulrich, on en parlera plus tard si tu veux mais là, on doit aller au labo.
- Je viens pas.

Yumi haussa les sourcils. Se rendait-il compte qu’il ne faisait que confirmer ce qu’elle avait écrit ? Pensait-il pouvoir encore soutenir qu’il n’était pas immature avec ce genre de remarque ?

- Quoi ?
- Je viens pas. J’ai besoin d’être seul. Tu vois, Yumi, moi au moins j’ai toujours été honnête avec toi.

La colère remplaça la gêne.

- Tu te fous de moi ? Toi, tu as toujours été honnête avec moi ?
- Oui, je t’ai jamais rien caché.

Yumi ouvrit la bouche pour lui signaler à quel point il était de mauvaise foi mais Ulrich ne la laissa pas parler.

- Je préfère qu’on arrête de se voir, ça sera mieux comme ça.

Un froid glacial coula dans les veines de la japonaise tandis qu’Ulrich faisait demi-tour, la plantant seule au milieu de la cour.
Comme souvent, elle bascula de la tristesse à la colère et lorsqu’elle rejoignit les autres dans le souterrain, son visage fermé indiquait qu’il valait mieux ne pas lui adresser la parole. Pourtant, Odd demanda :

- T’as perdu Ulrich en route ?
- Il ne vient pas.
- C’est une blague ?
- Y a que toi pour faire des blagues aussi pourries !
- Mais…
- Lâche-moi, Odd !

Aelita et Jérémie échangèrent un regard. Cela n’allait pas faciliter la mission.

- On rappelle Mathilde ?
- Non. Elle ne tiendra pas deux minutes face aux ninjas.

***


Allongé sur son lit, les yeux dans le vague, Ulrich ruminait. Elle se moquait de lui. C’était peut-être un pari stupide avec William. Non, elle n’aurait pas été aussi gênée. Quoique…
Son portable vibra. Il le prit pour constater que c’était Jérémie qui l’appelait. Hors de question qu’il décroche.
Les minutes s’écoulèrent sans aucun impact sur son état d’esprit. Il oscillait entre tristesse et colère, l’une le ravageant avant que l’autre ne reprenne le dessus, puis le brûle avec une force égale jusqu’à reculer face à sa rivale. Il attrapa son journal, garda le stylo posé sur le papier sans savoir dans quel ordre écrire sa mauvaise humeur. Il s’empara d’un livre de cours, le rejeta aussitôt. Il prit une BD qui traînait près du lit de Odd et relut quatre fois la même page avant de renoncer. Il posa la main sur la poignée de la porte pour rejoindre le gymnase mais changea d’avis avant d’avoir ouvert. Il tourna en rond, envisageant vaguement de ranger la chambre. Finalement, au bout d’une heure à marmonner, il se laissa retomber sur les draps.

Marre, marre, marre.

Il s’empara de son portable et relut ses derniers échanges avec Yumi. Une tendresse voilée, des taquineries à double sens. Et dire qu’il se pensait sur la bonne voie !
Un scrupule à la dernière seconde retint son pouce au-dessus de la touche « Supprimer ». Au lieu de ça, il bascula vers son répertoire et fit défiler les contacts jusqu’à la lettre M.
Mathilde claqua de la langue avec exaspération lorsque son portable vibra. Elle aurait dû penser à l’éteindre pour se concentrer sur cette satanée chimie mais au fond d’elle, elle espérait une distraction.

- Allo ?
- Mathilde, c’est Ulrich.
- Y a un problème ? demanda-t-elle aussitôt. Vous avez besoin de renforts ?
- Je ne sais pas, je ne suis pas parti avec les autres.

Mathilde ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Elle aurait dû s’en douter. Une partie d’elle eut envie de signaler à Ulrich qu’il aurait pu le dire avant et la laisser participer à la mission mais la partie dominante l’alerta surtout sur le fait que son ami n’avait pas l’air bien.

- J’imagine que c’est à cause de Yumi.
- Évidemment ! T’as vu ce qu’elle a écrit sur moi ?
- J’ai entendu le même extrait que toi, oui. Rien ne dit que c’était le ton principal du texte.
- T’as aussi entendu ce qu’a dit William sur la fin.
- Ulrich, je peux être franche avec toi ? En bien comme en mal ?
- Au point où j’en suis…
- L’an dernier, j’étais complètement sous ton charme. Je te trouvais incroyablement beau avec ton côté brun ténébreux. Je ne comprenais pas ce que les filles trouvaient à William et son grand sourire alors qu’il existait un type mystérieux comme toi qui ne souriait toujours qu’à moitié.

Ulrich ne put s’empêcher d’apprécier le compliment, tout en restant lucide.

- Mais ?
- Pas encore. Quand vous m’avez proposé de rejoindre votre groupe, tu m’impressionnais encore beaucoup. Mais je suis contente de ne t’en avoir jamais rien dit avant parce que je me rends compte aujourd’hui à quel point tu peux osciller entre bêtise et gaminerie.
- Merci, c’était tout à fait ce que j’avais besoin d’entendre.
- Je n’ai pas fini. Tu peux vraiment être un chic type, Ulrich.
- C’est ça, rattrape-toi…
- Je le pense vraiment. Si tu étais n’importe quel connard venu, tu serais sorti avec une des dizaines de filles qui rêvent de s’afficher dans la cour avec toi. Tu aurais rendu jalouse Yumi, ça t’aurait fait plaisir, et tu aurais gagné une copine en prime. Or, tu ne l’as jamais fait. Pourquoi ? Parce que dans le fond, tu es un mec bien. Et je suis sûre que c’est ce que Yumi a écrit dans sa copie.
- Alors je suis censé la pardonner comme ça ?
- Je dirais plutôt que tu es censé avoir lu plus que quelques lignes pour la juger aussi sévèrement. Et puis, Ulrich, sans déconner, tu n’as pas l’impression d’être en train de confirmer tout ce que tu as entendu ? Tu te trouves mature, là ?
- Bah… Pas trop.
- Ce n’était pas une vraie question…

Ulrich sourit. Mathilde ne lui annonçait rien d’extraordinaire mais le simple fait de parler à quelqu’un qui n’appartenait pas encore totalement à son groupe habituel lui faisait du bien.

- Il y a vraiment des dizaines de filles qui veulent sortir avec moi ?
- J’en connais au moins six. Après, je suis prête à parier que quatre d’entre elles te largueraient rapidement, vu ton caractère… compliqué.
- Ulrich ! Je sais que t'es là. S'il te plait, ouvre-moi.

Le garçon se redressa sur son lit en ayant l’impression que son cœur traversait sa poitrine. Malgré la voix de Mathilde dans son oreille, impossible de ne pas reconnaître l’autre voix.

- Mathilde, je vais devoir te laisser. Elle est là.
- Pas de soucis, ça te fera 72 euros. Bon courage ! Et ouvre-lui la porte, hein !

Ulrich raccrocha, le cœur battant trop fort. La poignée s'abaissa à nouveau mais il avait fermé le verrou.

- C'était toi dans la nouvelle. Tu voulais que je te le dise, je te le dis, t'es content maintenant ? Allez ouvre s'il te plait, Ulrich.

Le garçon ne répondit pas. Il laissa les secondes s'écouler jusqu'à ce qu'un cognement sourd lui indique que Yumi avait tapé sur la porte.

- Ulrich, s’il te plait.

« Ouvre-lui la porte, hein ! ». La voix vacillante de Yumi, en opposition avec la dernière phrase narquoise de Mathilde, décida Ulrich. Il allait ouvrir mais qu’elle ne compte pas sur lui pour faire preuve de bonne humeur.

- Alors, c'est comme ça que tu me vois ? l'accusa-t-il en passant la tête dans l’entrebâillement de la porte.
- Est-ce que tu as au moins essayé de savoir ce que j'avais écrit d'autre ?
- Oh bah oui, j'imagine que si à la fin, je détruis notre amitié, le tableau doit être de plus en plus élogieux !
- Faudrait vraiment que tu grandisses un peu, Ulrich.
- Mais attends, avec tout ce que tu m'as fait aujourd'hui, je sais même pas comment je fais pour continuer à te parler !
- Ce que je t'ai fait aujourd'hui ? s'étrangla Yumi. Tu ne fais que confirmer ce que j'ai écrit dans un DEVOIR en gardant ta mauvaise tête ! En plus, je l'ai écrite juste après ce qui s'est passé avec William, il y a prescription !
- Qu’est-ce qui s’est passé avec William ? s’inquiéta immédiatement Ulrich.

Sa réaction rassura Yumi. Il ne devait pas être si fâché pour avoir encore de si promptes angoisses.

- Tu sais bien. Le fait qu’il ait dû m’embrasser parce qu’on était suivis par un spectre. OK, ça t’a fait souffrir mais justement, ça n’aurait pas dû t’affecter si tu étais juste un copain et c’est tout. Alors ça m’a énervée que tu te braques plutôt que… Enfin, j’aurais aimé que les choses se passent autrement, que tu laisses de côté ton orgueil et ton immaturité pour… Enfin voilà... Côté « j’ai toujours été honnête avec toi », on repassera. Et puis, c'est moi qui devrais t'en vouloir, je t'ai quand même attendu toute la matinée pour les tracts !

Toute colère disparue, Ulrich ouvrit la bouche pour s'excuser mais Yumi n'en avait pas fini avec lui.

- C'est toujours comme ça, t'es jamais là quand j'ai besoin de toi. Et je te parle même pas de ta susceptibilité ! J'ai pas arrêté de penser à toi quand j'étais dans le Cortex, je me suis fait dévirtualisée pour venir te parler en me disant que s'il m'arrivait quelque chose, on se serait séparés fâchés... Je suis vraiment trop bête !

Yumi en aurait pleuré de frustration. Elle sentait que c’était enfin le moment de mettre les choses au clair, de mettre un terme à des années de non-dits et de mensonges bancals. Elle le sentait mais n’arrivait pas à trouver des mots assez forts.
Ulrich faillit ne pas réussir à bouger quand Yumi repartit à grands pas. Lorsqu'il s'élança derrière elle en criant « Attends ! », il trébucha et s'étala de tout son long dans le couloir. Il releva la tête, prêt à crier à nouveau à Yumi de l'attendre, mais elle était revenue vers lui et restait plantée là à le regarder par terre.

- Tu pourras rajouter maladroit à ta liste, suggéra-t-il en souriant timidement.

La japonaise secoua la tête en soupirant mais elle n'avait plus l'air en colère. Au contraire, elle semblait avoir retrouvé un vrai sourire.

- Je suis désolé Yumi, assura Ulrich, assis par terre. Je sais que j'ai pas été à la hauteur, j'aurais dû être là pour les tracts, j'aurais dû être là pour… plein de trucs. T'as raison, je suis nul.

Yumi mourrait d'envie de le démentir, de le prendre dans ses bras et de le rassurer, mais elle ne bougea pas, se contentant de sourire un peu plus en se demandant si elle n'allait pas plutôt fondre en larmes.

- Je n'ai vraiment pas envie de te perdre. Tu es la personne qui compte le plus pour moi. Je te promets de faire des efforts.
- Toi aussi, tu es la personne qui compte le plus pour moi, murmura Yumi.

C'était là. C'était à ce moment qu'elle devait le prendre dans ses bras et le rassurer. C'était maintenant qu'elle devait faire un pas vers lui et l'embrasser. Pourquoi ses jambes refusaient-elles d'avancer ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à avoir du courage pour une fois dans sa vie ? Pourquoi ne réussissait-elle qu’à lui tendre la main pour l’aider à se relever ?
Ulrich sourit. Dans une mauvaise série télévisée, il serait resté planté face à Yumi, à la dévorer des yeux comme il le faisait d’habitude. À lui sourire, à laisser passer une nouvelle chance d’enfin montrer que non, ils n’étaient pas juste « copains et c’est tout ».
Il l’aimait et elle méritait d’en être sûre.
Il l’aimait et s’il ne le lui montrait pas, il allait finir par croire qu’il était plus stupide ou du moins plus coincé que William.
Impensable.
Il attrapa la main qu’elle lui tendait et une fois debout, l’attira contre lui sans la lâcher. Ses doigts libres lui caressèrent la joue avant de se poser sur sa nuque pour attirer son visage vers le sien. Ils restèrent enlacés pendant un temps qui leur parut long, s’embrassant avec une tendresse en opposition avec l’attente interminable de ce moment.
Ils ne se séparèrent que quand la voix de Jim les fit sursauter :

- STERN ! ISHIYAMA ! Vous voulez un coup de main ?

-------------------
P.S. : Joyeux anniversaire à GummyBear et Père Dudu (qui a fait une nouvelle trouvaille en me soufflant le titre du chapitre juste avant le post, titre à modifier quand j'en trouverai un meilleur ahah) !

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Jeu 30 Avr 2020 17:41; édité 2 fois
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Dyssery MessagePosté le: Jeu 21 Juil 2016 17:58   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Et alors quoi ? Pourquoi ce chapitre n’a toujours aucun commentaire ? Je veux dire, j’ai complètement raté sa sortie, et tout, parce que juin c’était chargé, mais quand même, tout le monde ne peut pas être dans le même cas que moi !

Bon, je ne sais pas du tout ce qui se passe dans l’épisode 14, mais c’est loin de m’empêcher de vraiment apprécier ce que je lis ! Et pour un chapitre centré sur le Ulumi, c’est un gros compliment quand on connaît mes sentiments envers cette caricature d'intrigue amoureuse. Je sais, je suis complètement de parti pris, mais justement, c’est bien pour ça que tu peux te targuer d’avoir écrit un développement de leur relation véritablement bien ficelé. Contrairement à la série, je ne suis pas en train de me frapper la tête contre les murs face à leur bêtise. Honnêtement, même si tu avais encore délayé, j’aurais été certes un peu agacée mais pas franchement gonflée. Les caractères sont bien respectés et bien exploités, sans tomber dans une puérilité trop désagréable (un peu quand même, parce que Ulumi oblige, mais voilà). Et William, mais surtout Mathilde viennent décoincer la situation au lieu de la bloquer davantage. Ça c’est vraiment cool. Leurs actions à tous les deux sont assez mignonnes, de quoi augmenter leur capital sympathie. Enfin du coup, ben j’attends de voir si le nouveau petit couple ne se vole pas trop dans les plumes une fois qu’il est établi, et je déplore un chouïa la fin du baiser plus que brutale u.u

Je n’ai pas grand-chose de plus à dire sur ce chapitre. Il tient de l’interlude ne fait pas beaucoup avancer nos affaires mais reste bien agréable à lire. Du coup, je voulais juste me manifester pour dire qu’il m’avait plu et te pousser à bosser la suite, parce que j’attends des nouvelles des autres protagonistes (notamment cette chère Laura) avec impatience (a)
Et j'espère que malgré sa concision, ce petit com te fera plaisir =)
_________________
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Silius Italicus MessagePosté le: Mer 31 Aoû 2016 21:13   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bonjour chère Ellana,
Voilà un chapitre charmant et plaisant.

Comme l’a justement dit Dyssery, il s’agit d’un intermède. Mais c’est rondement mené en ce sens que le début de ce chapitre laisse plutôt à penser que l’on a affaire à un chapitre centré sur la vie quotidienne. Ici Xana et l’obligation de sauver le monde ne sont qu’une des composantes de la vie de notre groupe d’adolescents. Un fardeau à peu près similaire aux obligations scolaires. Il faut réviser et s’entraîner. Donc on est dans une atmosphère très détendue, si l’on omet le passage d’ouverture centré sur Ulrich. De fait, c’est un chapitre de dialogue bien plus que de narration ou de description. Dialogues qui sont autant d’occasions de camper et de faire vivre dynamiquement les personnages. Ainsi s’enchaînent les répliques et les vannes, témoins d’une vie de collégiens ou de lycéens.

Évidemment, ce n’est que l’aspect mineur de ce chapitre. Son intérêt majeur réside dans l’avancée, que l’on peut espérer à peu près définitive dans la relation entre Ulrich et Yumi. N’ayant point vu le fameux épisode quatorze, il m’est impossible de juger de votre écrit en fonction de cette source majeure. Cependant l’espace d’un chapitre une crise amorcée de longue date finit par éclater, autour d’un prétexte futile, et est promptement résolue. Le tout portée par une écriture légère, mais précise. Comme toujours, c’était donc un plaisir de vous lire. On sent un amour certain pour ces personnages, une sympathie.

Le plus appréciable, c’est, et certains n’aimeront guère ce chapitre ou des aspects de votre récit pour cela même, l’innocence des personnages en amour. Innocence dont je ne pense pas qu’elle soit artificielle, ou fausse, ou pire encore, vaine. Bien au contraire, elle n’est donnée, ne peut être qu’à ces âges-là, à ces moments de la vie adolescente. C’est un état assez volatile et donc difficile à saisir et à dépeindre. Pourtant vous l’avez fait, et avec un art certain.

La matière de ce chapitre ne laisse guère de place à la spéculation ou à l’interprétation, aussi ne reste-t-il plus qu’à conclure en vous exprimant mon impatience à vous retrouver au détour d’un autre chapitre ou d’un autre récit.

Au plaisir.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Arzach02 MessagePosté le: Sam 03 Sep 2016 20:22   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Localisation: Dormant dans R'lyeh
Bravo .
Comme l'a dit dyssery , on sent que c'est un chapitre qui fait office de pause dans l'intrigue. Pour le couple ulumi , j'ai le même avis que dyssery , ce jeu du chat et de la souris m'avait extrêmement vite lassé dans l'animé alors que j'avais osé espéré dans routine ( les derniers mots de yumi ) que ça se finirait...
Mais toi , tu as réussi à mettre un terme à cette situation ( du moins , je l'espère) de manière " naturelle" et cela m'a soulagé.
Bref , continue , c'est génial !

Édit : Zéphyr, je te remercie grandement pour ces deux précisions grammaticales fort utile ( dissertation de français ...) !

_________________
"N'est pas mort ce qui à jamais dort
Et au long des siècles peut mourir même la Mort" Lovecraft, Call of Cthulhu


Dernière édition par Arzach02 le Ven 09 Sep 2016 19:28; édité 1 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 08 Sep 2016 21:40   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Pfouh ! Je suis pas repassé depuis des années ici – ce qui est génial, c'est que la formulation est juste. Le pire étant d'avoir déserté sur un commentaire où je me trompe carrément dans la compréhension des éléments de la fanfic… Je ne dois pas rester sur ce fail.

Pour rester professionnel, je me suis refait l'intégrale, qui est très bien passée au niveau fluidité de lecture et intérêt éveillé dans mon esprit de lecteur. En revanche, « de par » (que tu utilises ponctuellement) est une faute de langue, « par » se suffisant à lui-même, au même titre que « au final » (celle-là est plus dure à assimiler, il m'a bien fallu un mois pour le remplacer définitivement par « finalement » dans mon vocabulaire Razz).

Bon ça va être plus complexe de développer sans soulever des points auxquels tu as déjà répondu, mais je suis toujours autant à fond sur l'intrigue autour de Laura que tu as créé. Quand tu promets quelque chose, même si la base se voulait semi-sérieuse, tu fais pas les choses à moitié ! Si je trouve l'inspiration un jour, je ferais peut-être un truc sur Ulrich, héhéhé.

Pour les généralités restantes, je suis toujours très satisfait de voir le temps pris pour l'intégration de Mathilde (pas si complète que ça même à l'heure actuelle !), ainsi que son déroulement plutôt original ! L'évolution de sa relation avec Aelita (où soyons honnête, elle prend doucement et sans le vouloir la place privilégiée de Yumi, en tant que bestah) et la construction de divers échanges avec les autres en est le reflet. À titre tout à fait personnel, lorsque son cas a de nouveau été abordé suite à son premier refus, j'avais vraiment l'impression de la lire presque partout dans l'histoire côté Kadic (au niveau des mentions), c'en était presque lassant. Passé deux ou trois chapitres, ça se rééquilibre beaucoup et je pense vraiment que c'est une bonne chose.
Par contre, j'ai un peu de mal à vraiment m'attacher à Mathilde, en dépit des actions notables qu'elle a pu accomplir et qui m'ont plu (l’honnêteté envers Ulrich par exemple). Pourtant, ce n'est pas comme si on avait rien sur elle niveau personnalité. Et je pense que la raison de mon impression s'explique par la description que fait Yumi de la concernée dans le chapitre 7 : l'instabilité, qui paradoxalement, fait sa particularité et son originalité. Si on y regarde bien, sa présence seule dans le groupe des Lyokô-guerriers amène à la création certaines tensions (qui en amènera d'autres, cf la non-confiance de Yumi qui aboutira au fameux cinéma fatal), tout en permettant la résolution de certaines (les problématiques liées à Xana entre autres). Du coup, son statut acquiert une ambivalence qui ne l'aide pas à être un peu plus actrice au milieu de tout ça. Je ne sais pas si je m'explique correctement, mais je dirais que le simple fait de la voir voguer sur les événements éclipse pas mal sa personnalité et ne permet pas tellement de s'y attacher, ou simplement véritablement l'apprécier sans se dire « Ouais, mais ».

Mieux vaut embrayer sur des points qui paraîtront plus clair, même pour moi u.u .

Par endroits, ton texte me rappelle agréablement la manière que j'ai de procéder chez moi :l'exploitation de certains détails mineurs de CLE (j'ai beaucoup aimé toute la mise en place autour de la rédaction du fameux devoir maudit), la reprise de pans d'épisodes complets à ton avantage (très curieux de voir ce que tu vas faire sur le virtuel du 14 avec ta marge de liberté, chose que je n'avais pas tellement quand je me suis prêté à l'exercice), ou juste la vision offerte de Tyron. Pour ce dernier, même s'il est vraiment ultra-secondaire en tant que personnage pour le moment, j'adore l'influence donnée au lecteur par le biais des points de vue de Sandra et son Boss. Le fait de dépeindre Tyron comme un naze pas vraiment intelligent valorise d'une certaine façon le personnage, parce que le lectorat – du moins celui qui connaît un peu CLE – sait que la plupart de ces affirmations sont fausses, ou du moins ne reflète pas vraiment certains pans de réalité. Le Boss le prend mentalement de haut, alors que dans le fond, il sont plus ou moins pareils, dans un cadre de mise en parallèle, je trouve ça vraiment intéressant.
Bien entendu, j'attends assez impatiemment de lire le moment où les supercalculateurs de Tyron et du Boss de Sandra vont se rendre compte de leurs existences respectives. Avec Xana et les Lyokô-guerriers comme accompagnement, le potentiel qui émane de l'intrigue promet de déchirer. Le plus marrant, je crois, serait d'apprendre que tous les membres du G7 cachent un supercalculateur, par contre bonjour la facilité de gestion dans ce cas de figure là !

Concernant les relations entre personnages, j'ai toujours eu de la réserve sur la méthode « faire passer Jérémie pour un connard auprès d'Aelita pour légitimer qu'elle s'énerve contre lui » (majoritairement utilisée pour créer un Odd/Aelita), mais finalement, ça n'a pas pris des proportions aussi astronomiques que je ne l'imaginais. Enfin, pour le moment, les événements font que les questions soulevées sur leur relation est encore en suspens, donc à voir. Mention spéciale pour certaines réflexions d'Aelita sur le sujet, qui m'ont passablement choquées. Surprised
Le Ulrich/Yumi également n'a pas pris les proportions dramatiques que j'imagine. J'entends par là qu'il n'en sont pas encore arrivés à un stade où ils se posaient encore la question sur eux alors qu'ils venaient de passer une nuit d'amour. Dans tous les cas :

Citation:
Il était étonnant qu’Ulrich ne soit pas encore devenu gay.


Peut-on dire en regard de la fin du chapitre 12 que Stern est enfin gay-ri ? Mr. Green

Allez, je pense que j'en ai dit assez. Dépêche-toi d'envoyer la suite si tu ne veux pas être catégorisée comme « plus lente que Zéphyr » !
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Ellana MessagePosté le: Dim 09 Oct 2016 18:17   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bon on ne commentera pas le délai entre 2 chapitres, ça s’est fait. J’ai plein d’excuses pourtant si, si, j’vous jure (107 heures sur L4D2, 40 heures de vaisselle, 1 semaine à attendre que mon bêta lecteur rattrape son retard de chapitres pour au final passer outre, 1h37 au ciné pour « Victoria » qui n'est absolument pas une comédie, 15 minutes dans les critiques d'épisodes d'Icer en arrivant sur le forum, 20 minutes de balisage et 10 minutes à relire en étant persuadée qu'il y aura comme d'hab des erreurs de balisage Mr. Green ).

Pour ceux qui ont lu le chapitre précédent mais n’ont pas vu l’épisode 14… Pff ça me fait soupirer rien que d’y repenser. Le dialogue est grosso mollo similaire mais la scène se passe dans la forêt (déjà pourquoi, hein, sachant qu’Ulrich est dans sa chambre de base) et à la fin, ils s’annoncent mutuellement qu’ils sont la chose la plus importante l’un dans la vie de l’autre, ils se regardent avec des sourires niais ET ILS RESTENT PLANTES COMME DES C***. Non mais sérieusement, on parle de lycéens qui se tournent autour depuis des années, qui commencent enfin à se bouger le fion, et c’est à ça qu’on a le droit ????? Nan franchement, c’était trop, c’était groumph.

Voilà ceci dit, répondons aux commentaires ! Je ne sais pas trop quoi dire mais vos compliments me font plaisir :$
Spoiler


Donc voilà le chapitre 13. Il se déroule selon deux axes entremêlés se passant globalement en même temps que le chapitre 12 (le début du chapitre est un léger retour arrière) : la partie virtuelle du 14 (ceux l'ayant vu trouveront facilement la référence trollesque) et des avancées dans l’arc Sandra / Laura. Bonne lecture et à dans quelques mois haha.

Chapitre 13 : Les serpents


- Si tu as envie de parler, je suis là.

La douce voix d’Aelita n’eut aucun impact sur Yumi qui garda son air renfrogné. Aux commandes du Megapod, Odd lui lança :

- Faut vraiment que tu règles ton problème avec Ulrich, hein !
- Tu n’aides pas.

Le silence s’installa jusqu’à ce qu’ils atteignent la porte menant au centre névralgique du Cortex. Alors qu’elle s’ouvrait sous les paumes d’Aelita, William lança :

- Tu m’apprendras un jour ?

La jeune fille se retint de lever les yeux au ciel. Quand il ajouta « C’est le calme avant la tempête », ce fut à Yumi de soupirer.
Décidément, c’était la journée des abrutis.
Elle repensa à Ulrich, sans doute enfermé dans sa chambre et sa morosité. Non, il valait mieux qu’elle n’y repense pas. Dommage que la mission soit si simple. S’ils avaient dû affronter des hordes de monstres au péril de leur vie, elle aurait pu être davantage concentrée. Là, il suffisait d’insérer un leurre, puis un fouineur dans l’interface du Cortex pour essayer de récupérer des données susceptibles de localiser Tyron. D’accord, les ninjas n’allaient pas leur faciliter l’affaire mais cette mission était banale à pleurer.

- Vas-y, Aelita, insère le leurre.

***


Assis sur son canapé, Philippe Gauthier profitait de l’absence de Sandra pour évaluer les options qui s’offraient à lui.
Option numéro 1 : se servir un ou deux verres de scotch. Celle-ci ayant l’avantage d’être cumulable avec les autres, il commença par là.
Option numéro 2 : la fuite. Mais cela entraînait d’innombrables questions : fuir où ? Avec ou sans Laura ? Comment être certain que le G7 ne le retrouverait pas à nouveau ? Ou plutôt, combien de temps mettraient-ils à le retrouver ? Difficile de croire qu’on lui laisserait la vie sauve une nouvelle fois. De plus, cela signifiait poursuivre ses recherches dans une clandestinité accrue, avec des moyens diminués. Non, il ne pouvait s’y résoudre.
Option numéro 3 : pactiser avec Sandra pour se remettre dans les petits papiers de la Russie. Non, avec cette vipère, on ne pouvait passer que des contrats se terminant dans le sang. Et puis, qu’avait-il à lui offrir maintenant qu’elle avait Laura ?
Option numéro 4 : retourner travailler pour les français qui, certes, risquaient de le faire mettre dehors, mais avaient au moins le mérite d’haïr Sandra. Entre un employé renégat et une machine à tuer, Tyron n’hésiterait sans doute pas sur la personne à soutenir, même s’il semblait actuellement travailler avec Sandra.
L’option numéro 4 était donc la plus tentante mais Philippe n’arrivait pas à se décider. D’abord parce que rien ne lui garantissait qu’il serait accueilli favorablement chez ses anciens collègues. En admettant que ce soit le cas, il pouvait tout de même se faire vendre aux Russes et là, il ne donnait pas cher de sa peau, ceux-ci ayant moins la notion de pardon.
Philippe soupira. Il avait fait une belle erreur le jour où il avait enlevé Laura à Tyron, qui avait déjà eu un mal fou à convaincre les Russes de la lui « prêter ». Un œil naïf aurait pu penser qu’il n’y avait dans cet acte presque suicidaire que de l’amour paternel. Mais c’était plus le cerveau que la fille qui intéressait Philippe. Il avait été payé par les Américains pour ralentir les recherches françaises et ne pas permettre à celles des russes de reprendre. Il avait donc trahi ses propres compatriotes avant de tourner le dos à toute forme de hiérarchie. Pendant de longues et tranquilles années, il avait pu accélérer son travail grâce aux coups de main de sa fille.
L’expression « coups de main » le fit se lever jusqu’à une commode située dans l’entrée. Il ouvrit l’avant-dernier tiroir et passa sa paume sur le haut de la case. Du bout des doigts, il caressa une matière semblable à du caoutchouc, contrastant avec le bois. Ces gants lui avaient été bien utiles mais il doutait de pouvoir s’en resservir aujourd’hui. Du moins pas sur Sandra, elle n’avait plus rien de la jeune femme douce et travailleuse d’autrefois. Aujourd’hui, ce n’était plus qu’une machine de guerre impitoyable, entrainée à tuer sans poser de questions et surtout sans hésiter. Elle serait impossible à surprendre.
Il détacha cependant les deux gants beiges du haut du tiroir et retourna dans la salle à manger. Il ôta les coussins du canapé pour en tirer une petite mallette dans laquelle il posa précautionneusement les gants. Puis il resta assis dans son fauteuil à fixer le téléphone jusqu’à ce que son verre soit vide. Alors seulement il se releva.

- Allo ?
- Philippe Gauthier. Je voudrais parler à Tyron.

***


- Ta garde, Yumi, ta garde !
- Yumi, concentre-toi.

La japonaise serra les dents. Jérémie en avait des bonnes ! Comment pouvait-elle se concentrer alors que chacune de ses pensées était tournée vers Ulrich ? Elle en avait marre des ninjas, marre de Lyoko, marre d’être là à se battre pour elle ne savait plus quelle cause. Elle n’avait plus aucune curiosité. Elle se moquait de savoir qui était Tyron, quelles étaient ses intentions, où il vivait, et au diable son lien avec Hopper ! Elle voulait bien aider Aelita à décrypter son passé et celui de sa famille mais pas au prix de son propre avenir. Après tout, elle ne lui devait rien. Ce n’était pas elle qui avait rallumé le Supercalculateur, elle avait d’ailleurs toujours été la première à vouloir l’éteindre. XANA n’était plus leur affaire. Qu’il prenne ses codes s’il le voulait et qu’il la laisse tranquille !
Elle n’était pas comme Odd qui exultait d’avoir mitraillé un ninja. Elle n’était pas comme William qui semblait heureux aussi derrière sa concentration. Elle n’était pas comme Jérémie qui pouvait allier aventure et vie de couple.
Elle en avait assez de se battre.

- Jérémie, dévirtualise-moi !

Elle savait déjà que son ami ne l’écouterait pas. Aussi n’hésita-t-elle pas à ouvrir les bras pour se laisser volontiers trancher en deux.

- Bah voyons, soupira William.

***


Sandra sourit.
Quoi de mieux pour endormir les enfants que de belles histoires ? Comme celle d’une mère tant regrettée qui ressurgit avec de belles promesses et de touchantes attentions. Elle ne se serait pas crue taillée pour le rôle mais au final, elle se trouvait douée.
Elle avait demandé à sa « fille » ce qu’elle voulait faire avant de quitter Paris, bonne mère dévouée qu’elle était. Elle ne s’était pas attendue à finir à la Ménagerie du Jardin des Plantes mais pourquoi pas après tout. Si ça pouvait conforter Laura dans l’idée qu’elle avait retrouvé sa Maman aimante…
La mission était simple finalement. Si simple qu’une question lui vint à l’esprit.
Pourquoi le boss avait-il besoin de Laura ?
Après tout, il avait commencé à la rechercher avant que le virus apparaisse, il n’y avait donc pas de lien. Cela faisait plusieurs mois que Sandra se rendait sur Caldin, sans l’avoir jamais vraiment exploré. Le boss avait sûrement de grands projets. Elle eut soudain un pressentiment. Et si Laura était vouée à la remplacer ? Non, impossible, elle n’avait pas du tout un profil de cobaye. C’était un cerveau, le boss ne l’avait jamais caché.
Une seconde réflexion s’imposa dans l’esprit de Sandra. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas posée autant de questions ? D’habitude, elle obéissait aux ordres, sans s’interroger sur le but recherché. Mais Laura l’intriguait. Pourquoi tout le monde voulait-il l’avoir sous la main ? Gauthier l’avait arrachée à l’institut de Tyron pour ensuite l’abandonner dans un internat. Pourquoi ? Avait-il obtenu ce qu’il voulait d’elle ? Quoi ?

- J’ai gardé le meilleur pour la fin, signala timidement Laura.

Sandra la regarda et une autre question naquit dans son esprit.
Pourquoi la détestait-elle autant ?
Quelques semaines plus tôt, elle se serait moquée d’elle-même face à une telle interrogation. Laura, c’était l’épine dans son pied, le farfadet agaçant à cause de qui ses projets n’aboutissaient pas. Du moins, c’était ce que répétait le boss.
Mais elle, personnellement, qu’avait-elle à reprocher à la jeune fille ? Pourquoi était-elle incapable de se souvenir de l’origine de sa haine ? Il y avait bien dû avoir quelque chose pourtant. Seulement, comment aurait-il pu y avoir quelque chose alors qu’elles ne s’étaient encore jamais rencontrées ? Elle ne pouvait pas être à ce point dévouée au boss pour que la haine de ce dernier devienne sienne, si ? Et pourquoi le boss la haïssait-il ? Simplement parce qu’il ne l’avait pas eue sous la main lorsqu’il l'avait voulu ?
Bien sûr, il était difficile de vraiment juger. Elles ne se fréquentaient que depuis quelques jours et Laura la prenait pour sa mère perdue, elle n’était donc sûrement pas aussi détestable qu’elle pouvait l’être. Sandra se ferait une véritable opinion avec le temps.
Son cerveau dériva alors vers ce qui continuait de la hanter. Pourquoi les autres mouraient sur Caldin et pas elle ?
Elle était presque heureuse d’être en mission en France. L’espace d’un bref mais intense instant, alors que la tête de Benji était à ses pieds, elle avait craint que les agents ne se jettent sur elle pour la clouer sur une table d’opération. Pourquoi survivait-elle et pas les autres ? Heureusement le boss ne semblait pas obnubilé par la question. Il avait toutefois suspendu pour de bon les séjours sur Caldin, même pour elle. Ce qui expliquait sans doute pourquoi Laura restait sa priorité : une fois en Russie, Sandra serait à nouveau disponible pour des essais virtuels. Mais combien de temps resterait-elle immunisée contre le danger ? Allait-elle finir par mourir, elle aussi ? D’ailleurs, pourquoi le corps de Christelle était-il ressorti intact du scanner alors que la décapitation de Benji sur Caldin l’avait suivi dans le monde réel ?
Plongée dans ses pensées, Sandra passa la porte sans vraiment regarder où elle entrait. Ce ne fut qu’en décelant le léger changement de température qu’elle regarda autour d’elle. Ses poils se hérissèrent.
Des terrariums.
Elle se souvenait de cet endroit. Les tortues sur sa gauche n’avaient rien de terrifiant mais elle savait que plus loin sur sa droite se trouvaient les serpents. Elle avait pris sur elle pour faire le tour lorsqu’elle était venue attirer l’attention de Laura la semaine passée. Comme toujours, elle avait pensé avant tout au succès de la mission. Seulement cette fois, rien ne l’obligeait à aller plus loin, rien ne l’obligeait à devoir voir à nouveau ces monstruosités.

- Tout va bien ?

Sandra se tourna vers Laura. Celle-ci la regardait avec un air presque suspicieux, quoi qu’inquiet.

- Tout va bien, oui, je ne suis pas fan de reptiles, c’est tout. Mais on peut faire le tour, ne t’inquiète pas.

Ne jamais montrer que quelque chose pouvait l’atteindre. Rester insensible, garder un masque neutre, ne laisser transparaître aucune faiblesse. Elle inspira profondément et suivit Laura. Ces bouts de chair flasque restaient enroulés autour d’une branche ou de leur propre tête. Insignifiants, inoffensifs, d’autant plus derrière la vitre.
Alors pourquoi avait-elle envie de prendre ses jambes à son cou ? Elle se sentait prête à sauter dans le bassin des crocodiles si jamais le python faisait mine de s’approcher.
Comment pouvait-on aimer les serpents ? Ceux qui n’étaient pas capables de vous étouffer possédaient du venin mortel. Quant à ceux qui n’entraient dans aucune de ces catégories, ils étaient lents et ennuyeux. Quel intérêt pouvait-on trouver à leur présence ?

- Ils sont fascinants n’est-ce pas ? À chaque fois que je les regarde, je me dis qu’ils savent des choses que nous ignorons. Que s’ils restent aussi immobiles, c’est parce qu’ils sont capables de ressentir des éléments dont nous n’avons pas conscience. Peut-être qu’ils méditent eux aussi, quelles certitudes avons-nous ?

Sandra jeta un regard en coin à Laura qui parlait sans la regarder, les yeux fixés sur un serpent enroulé dans sa gamelle d’eau. Cette fille avait beau être un cerveau recherché par une des plus puissantes nations du monde, elle avait un grain !

- Je pense surtout que ce sont des animaux stupides et inutiles qui passent leur temps à digérer.

La remarque ne serait sans doute pas sortie de la bouche d’une vraie mère aimante et valut à Sandra un regard noir.

***


La dévirtualisation de Yumi n’avait choqué qu’Aelita. William avait abattu presque coup sur coup deux ninjas, Odd l’avait imité et le dernier de leurs adversaires n’avait pas fait long feu.

- Là on est vraiment trop forts !
- Oui mais c’est bizarre. D’habitude, ils sont plus coriaces.
- Hey, tu pourrais quand même nous féliciter…
- C’est vrai, c’est pas eux qui sont plus faibles, c’est juste nous qui sommes plus forts ! ajouta Odd.
- Jérémie, la salle commence à bouger, il faut qu’on parte, avertit Aelita.
- Allez-y, le fouineur a récolté pas mal de données. Je vais commencer à les regarder le temps que vous rentriez.

Aelita, Odd et William quittèrent précipitamment le cœur du Cortex. Une fois dans le Mégapod, Odd laissa échapper son agacement :

- C’est n’importe quoi ce qu’elle nous a fait aujourd’hui, Yumi !
- Hey, à la base, c’est Ulrich qui nous a plantés, intervint aussitôt William.

Il avait beau montré les crocs, une vague d’inquiétude montait en lui. Yumi avait eu un comportement stupide et immature qui ne lui ressemblait pas. Généralement, quand elle agissait ainsi, on pouvait être sûr qu’il y avait un rapport avec Ulrich. En l’occurrence, pas besoin d’être Einstein pour deviner où elle était partie.
Il se retint de serrer les poings. Comment pouvait-elle rester aussi aveugle après toutes ces années ? Pourquoi ne pouvait-elle pas accepter une bonne fois pour toutes qu’Ulrich n’était pas celui qu’il lui fallait ?
Et pourquoi lui-même ne pouvait pas passer à autre chose ?

- Ulrich nous a peut-être plantés mais au moins, il l’a fait dès le début ! Elle avait qu’à rester avec lui si elle est si accro !
- Odd, la ferme.
- Ne pense pas que je soutiens Aelita, Odd, mais je détecte un truc bizarre sur mon scan. Je crois que quelque chose vous suit.

William heurta la paroi du Megapod lorsque celui-ci fit demi-tour sans aucune délicatesse. Les yeux rivés sur leur propre radar, Aelita et Odd ne voyaient rien.

- Jérémie, tu es sûr de toi ?
- Pas trop, je ne repère plus rien… Désolé, ça devait être une fausse alerte.

Cette fois, William anticipa le changement de direction, ce qui ne l’empêcha pas de grogner à l’intention de Odd :

- Tu devrais être encore plus brutal !
- Oh, ça va, tu vas pas te mettre aussi à faire la tronche ! J’en ai marre de ces gens pas foutus de se mettre en couple ! Portez vos…
- Odd !
- Bref, ayez un peu de cran, c’est pas possible ! Je me suis pris des centaines de râteaux, est-ce que ça me rend morose ? Non ! De l’audace, à la fin !
- C’est ça, on s’en souviendra, marmonna William.

Il quitta le Megapod le visage toujours fermé mais eut un sursaut avant que Jérémie ne les transfère dans le Skid.

- Quoi ? s’inquiéta Aelita.
- Rien, j’ai juste cru voir Yumi…

***


Sandra avait du mal à croire qu’une demi-heure auparavant, elle souriait. Elle ne se souvenait pas avoir été déjà plus mal dans sa vie. Au moins sur Caldin, elle avait ses armes pour affronter les Agkis. Là, elle se sentait vulnérable. La partie rationnelle de son cerveau tentait de la convaincre qu’elle ne courait aucun danger, qu’il n’y avait rien de menaçant chez ses êtres emprisonnés, mais une part d’elle plus viscérale lui hurlait de partir.
Elle parvint à reprendre contenance quand son téléphone sonna. Tout cela n’était qu’un travail comme un autre. Elle avait déjà vécu pire, même si elle n’avait pas d’exemple en tête.

- Sandra.
- Adrian.

Il fallut plusieurs secondes à la russe pour se rappeler qu’Adrian était le prénom de l’espion infiltré chez Tyron, celui qui l’avait amenée à l’aérodrome avant sa mission avec Benji. Dans sa tête, il était « l’espion » justement, au point qu’elle en oubliait qu’il avait un nom.

- J’écoute.
- Passe à la base dès que tu peux avec la gosse. Tyron s’impatiente et j’ai quelque chose de très important à te dire.
- Pourquoi il s’impatiente ? Il sait très bien qu’elle repartira en Russie.
- J’imagine qu’il veut se donner un air important.
- Reçu.

Sandra raccrocha. Fascinée par un boa gigantesque, Laura n’avait pas remarqué la conversation.

- Chérie ? Je suis désolée mais nous allons devoir partir plus tôt que prévu. J’ai un ami à voir avant de quitter le pays et je pense qu’il sera enchanté de te rencontrer.
- Aujourd’hui ?
- Tout le monde en serait arrangé.
- On a le temps de finir le tour ?

Sandra sentit son estomac se soulever mais réussit à garder un visage souriant.

- Bien sûr, chérie, bien sûr.

Lorsqu’elles sortirent du Jardin des Plantes, elle se sentait nauséeuse. Les serpents étaient définitivement répugnants.

- Où va-t-on ? demanda Laura.

Sandra prit quelques secondes de réflexion. Le boss lui avait dit qu’elle pourrait tuer Philippe une fois sa mission terminée et elle comptait bien le faire. Si elle était amenée à aller chez Tyron, elle pouvait s’arranger avec l’espion pour partir ensuite directement en Russie. Moins Laura resterait chez le français, mieux ce serait.
Par conséquent, elle avait le droit d’agir.

- Repassons chez ton père, il voudra sans doute venir chez mon ami, il le connaît bien.
- On peut prendre le métro cette fois ?

« Au point où j’en suis », faillit répondre Sandra. Elle se retint de justesse pour acquiescer avec un sourire forcé.
Le retour s’effectua dans un silence total mais Laura ne quitta pas sa mère des yeux. À l’aller, elles avaient fait le chemin à pied. Elle avait pu constater la forme physique impressionnante de sa mère, son pas vif et son regard alerte, comme si elle surveillait tout, prête à bondir d’un instant à l’autre. Et là, dans le métro, elle semblait recroquevillée. Ses yeux surveillaient toujours tout mais à présent, elle semblait davantage prête à sauter de la rame en marche si on faisait mine de trop s’approcher d’elle.
Laura en avait le cœur serré. Elle n’arrivait pas encore à être démonstrative, pas un « Maman » n’avait franchi ses lèvres, mais elle ne pouvait nier le profond attachement qui l’unissait à Emma. La voir ainsi ne faisait que renforcer sa certitude : sa mère avait vécu cachée pendant une décennie. Il lui faudrait sans doute du temps pour retrouver un comportement normal mais elle comptait bien l’y aider.

***


- N’empêche, j’arrive toujours pas à croire que Yumi nous a laissés tomber.
- Odd, lâche-nous.
- Non mais c’est vrai ! Si on se met à tous faire comme elle dès qu’on a une contrariété, autant éteindre le Supercalculateur à chaque fois qu’on quitte l’usine et le rallumer quand tout le monde a un élan de bonne volonté !
- Il a raison, intervint William. Elle a géré sur la mission où tu n’étais pas là – Aelita tressaillit sous la référence – mais depuis que Mathilde se rapproche de nous, elle est moins impliquée, que ce soit sur Lyoko ou simplement au lycée. On dirait qu’elle est jalouse et qu’elle pense que c’est en s’éloignant encore plus que ça va s’arranger !
- On est d’accord, c’est débile.
- Il y a quelque chose sur le Skid ! les interrompit Jérémie.

Les trois Lyokoguerriers firent volte-face. Un ninja se trouvait effectivement accroché au vaisseau.

- Comment il a fait ? s’étrangla William.
- Aucune importance, on s’en occupe !

Odd bondit, accompagné par une pluie de flèches laser mais le ninja esquiva sans peine et atterrit aux côtés d’Aelita qu’il dévirtualisa d’un coup d’épée. Sans prendre le temps de reprendre ses appuis, il leva la jambe pour frapper le félin en plein poitrine. Celui-ci fut éjecté de la plateforme et n’eut d’autre choix que de se dévirtualiser d’une volée de flèches, peu désireux de savoir ce qui pouvait l’attendre en bas.

- William, débarrasse-nous de lui !
- Facile à dire, grogna le jeune homme. Hey, toi !

Il n’eut pas le temps de finir sa provocation. Déjà le ninja attaquait et il ne dut qu’à ses réflexes de ne pas se faire trancher en deux. Les katanas de son adversaire avaient beau paraître dérisoires comparés à son arme, William peina très rapidement et fut sans difficulté repoussé en arrière.

- Jérémie, il se dirige vers l’ascenseur !
- Empêche-le à tout prix de rejoindre le cœur. J’ai appelé Ulrich, il ne devrait pas tarder.

Cette simple phrase donna une bouffée d’adrénaline à William. Il n’avait pas besoin d’Ulrich. Personne n’avait besoin de lui.
D’un bond, il sauta sur l’ascenseur déjà arrivé à l’étage inférieur.

- Hey toi ! répéta-t-il. Tu comptes aller où comme ça ?

Le ninja se retourna et William sentit une profonde colère monter en lui. Était-ce son imagination ou même cet avatar stupide face à lui affichait une forme de dédain, d’ennui ? Y aurait-il quelqu’un pour se rendre compte un jour qu’il n’était pas qu’un pion et qu’il en avait plus qu’assez qu’on le prenne pour un faire-valoir ?
Avec une rage qu’il n’avait plus ressentie depuis longtemps, William commença à attaquer le ninja. Il y mettait toute son énergie, parait à grand renfort de Supersmoke, mais il dut bientôt accepter l’évidence. Il ne faisait pas le poids. Les ninjas du Cortex qu’il avait écrasés un peu plus tôt n’avaient sans doute que pour but de faire diversion.
Cette simple prise de conscience le déconcentra et il sentit son arme lui échapper, balayée par un souple mouvement de katana. Son avatar devint pixels blancs au moment où Ulrich arrivait sur la passerelle.

- T’es notre dernière chance, Ulrich. Le rate pas.
- Bah oui, t’es notre dernière chance. Dommage qu’une certaine personne ici présente se soit laissée dévirtualisée et ne puisse donc plus aller sur Lyoko tout de suite pour te prêter main forte, railla Odd.

Debout près de Jérémie, Yumi ne répondit pas. Elle n’avait donné aucune explication sur son attitude, le moment était trop grave pour cela, et si Odd voulait s’amuser à la juger, grand bien lui fasse. Elle n’estimait plus avoir de comptes à rendre à ses amis. Elle lui en voulait quand même de ternir sa joie alors qu’elle pouvait encore sentir sur ses lèvres la douceur de celles d’Ulrich. Jim avait, comme toujours, parfaitement choisi son moment et ils avaient été tellement gênés qu’ils n’avaient pas parlé jusqu’à l’usine. Yumi avait failli douter mais le baiser que lui avait redonné Ulrich dans le monte-charge était plus que rassurant.
La comédie était finie.
Ulrich s’accrochait également à cette pensée. La journée avait si mal commencé ! Il en faisait quelque chose de bien mieux, il ne pouvait pas échouer maintenant.

- Triplicata !

Comme de nombreux monstres avant lui, le ninja fut déstabilisé par la multiplication d’Ulrich. Il fonça sur un des clones et reçut un coup de katana en pleine poitrine. Cela ne le dévirtualisa pas mais le fit tomber de la passerelle. Il réussit à se rattraper au rebord d’une main. L’espace d’un instant, Ulrich se dit qu’il pourrait peut-être le capturer pour l’interroger. Non, hors de question, il était trop dangereux. Un second coup de katana fit disparaître le ninja dans une pluie de pixels.

- T’as assuré mon pote ! le félicita Odd dès son retour au labo.

William était à deux doigts d’admettre qu’Ulrich s’en était bien tiré lorsqu’il surprit le regard entre lui et Yumi.

De mieux en mieux…

De leur côté, Aelita et Jérémie scrutaient les écrans, sourcils froncés.

- Pourquoi les scanners n’ont pas détecté avant la présence du ninja ?
- Il devait avoir un champ de force qui le rendait invisible. À tous les coups, ce sont des interférences électromagnétiques qui ont fini par le démasquer.
- S’ils peuvent se rendre invisibles, pourquoi n’utilisent-t-ils jamais ce pouvoir contre nous ? souleva Aelita.
- Aucune idée, je manque d’info sur l’origine de cette capacité. Peut-être qu’elle nécessite une forme d’énergie qui rend impossible une utilisation prolongée. Ou peut-être qu’elle doit être programmée à l’avance et ne peut pas être utilisée dans l’urgence. Je ne sais vraiment pas.
- A priori, ils n’ont pas que ça comme pouvoir, intervint William, désireux de penser à autre chose que les regards de merlans frits entre Yumi et Ulrich. Ce ninja a réussi à se cacher sur le Skid sans qu’on le remarque. Il devait nous suivre de près, or, nous avions un véhicule. Ils peuvent donc être beaucoup plus rapides que ce qu’ils nous laissent voir.
- Pas faux. En tout cas, avec ces tours de passe-passe, Tyron aurait pu nous localiser. Il va falloir qu’on soit plus prudents à l’avenir. On devrait peut-être éviter de retourner sur le Cortex pendant un certain temps.
- Tu as réussi à avoir des infos grâce au fouineur ?

Jérémie rougit.

- Euh… Je le croyais mais j’ai fait chou blanc. Le code de décryptage que j’avais trouvé n’était qu’un… ouais, disons le franchement, un troll.
- Dans ce cas, il faut qu’on retourne sur le Cortex. On a besoin d’informations sur mon père, les ninjas, Tyron !
- Je sais ce que tu ressens, Aelita, mais rends-toi à l’évidence : leurs défenses sont efficaces, il faut qu’on soit mieux préparés.

La jeune fille se renfrogna. Sentant l’ambiance s’alourdir, Ulrich lança :

- Odd…. Tu as encore ta tête de voyou. Un nouveau plan jeu vidéo ?
- Mieux, beaucoup mieux ! Mais si je vous en parle, vous allez essayer de me dissuader.
- Autrement dit, tu vas encore nous attirer des ennuis…
- Possible !

Jérémie soupira mais ce simple échange avait rendu une ombre de sourire à Aelita qui leva les yeux au ciel en disant :

- Rentrons avant qu’il ne fasse encore une bêtise.
- Moi, faire une bêtise ? Comme si c’était mon genre !
- Jérémie, je peux te parler ?

Le garçon ne fut pas surpris. Il laissa les autres disparaître dans le monte-charge et se tourna pour faire face à Yumi.

- J’imagine que tu ne comptes pas t’excuser pour ton comportement de tout à l’heure ?
- Effectivement. Je veux quitter le groupe.
- Pardon ?

Jérémie doutait d’avoir bien entendu.

- Tu veux quoi ?
- Je veux quitter le groupe. J’en ai marre de me battre. J’ai envie de profiter de ma vie et si je tiens plus que jamais à notre amitié, je ne supporte plus Lyoko. Le Cortex me rend malade, je ne veux plus me battre, plus entendre parler de virtualité, j’ai envie de vivre dans le réel pour une fois.
- Mais Yumi, XANA est réel. C’est une vraie menace, tu le sais.
- Je sais mais ce n’est pas à nous de nous en occuper. Si je ne vous respectais pas autant, j’enverrais une lettre anonyme aux forces de l’ordre pour leur parler de l’usine et faire en sorte que ce fardeau ne repose plus sur nous.

Jérémie regarda son amie. Il comprenait sa réaction mais…

- Pourquoi tu me dis ça ? Qu’est-ce que tu attends de moi ? Tu veux mon accord, mon avis ?
- Si tu me demandes de replonger, je le ferais. Je peux te garantir que tu ne verras plus mon petit numéro de tout à l’heure et que si tu m’envoies sur Lyoko, je m’y battrai. Mais je veux que tu saches que ça me coûtera. Alors, s’il te plait, ne me le demande plus. Et trouve une solution rapide pour que tout le monde puisse faire comme moi et se concentrer sur d’autres choses.

Le regard de Yumi en disait plus long que ces mots et Jérémie se contenta de hocher la tête.

- On fera comme d’habitude : ce qu’on peut. Que ça nous arrange ou pas.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Jeu 30 Avr 2020 18:08; édité 3 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Mer 12 Oct 2016 13:26   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Si on met de côté les séquences repompées du 14 (c'est pratique comme procédé hein, j'ai déjà testé Razz) qu'on ne peut pas vraiment commenter, le chapitre annonce des développements dont j'ai hâte de voir la continuité plus tard.

L'annonce d'un ultime passage chez Tyron de Laura et Sandra sent la bonne vieille arnaque initiée par Philippe. Il n'est pas difficile d'imaginer que ce dernier a contacté le français pour lui donner un coup de main par rapport à la venue de Sandra. Néanmoins, reste à voir comment Tyron va procéder, le potentiel, tant pour l'utilisation du personnage que pour ce cas de figure, est assez conséquent (neutralisation de Sandra et récupération de Laura – et Philippe – à son compte, piste qui paraît la plus logique selon moi, par exemple). Évidemment, le point négatif de la réclamation de dernière minute de Tyron, c'est qu'on en saura pas plus sur Caldin tout de suite et qu'il faudra se contenter des réflexions de Sandra.
En parlant d'elle, j'aime beaucoup le développement narratif la concernant pendant ce chapitre, autour de ses différentes émotions. Ça créé des failles sur ce personnage qui semblait (et qui l'est globalement toujours) imperturbable au cours de ses premières apparitions et c'est assez appréciable je trouve ! Même le comportement a priori ambivalent de Laura envers celle qu'elle pense être sa mère est agréable : elle est capable de lui « jeter un regard noir », mais admet au fond d'elle y être attachée, sans savoir comment gérer ça. C'est intéressant, même si ça n'est, je pense, pas amené à trop se développer, la fatale désillusion sur l'identité d'« Emma » se présageant – et pour laquelle je suis curieux de voir comment le traitement émotionnel et psychologique sera fait.

Quelques coquilles remarquées au passage :

Spoiler


Enfin, j'ai beaucoup aimé l'annonce de Yumi à Jérémie, pas parce que je l'aime pas, mais parce que c'est assez original dans le cadre de la fanfiction voir un Lyokô-guerrier désirer ça. Évidemment, Yumi et sa conscience morale obligent, elle ne claque pas la porte purement et simplement, mais l'espèce de chantage affectif et moral (oui je sais, la répétition !) sont encore à mon sens qu'un simple départ irrévocable annoncé. Il y a déchargement de responsabilité sur Jérémie et ça, c'est plutôt vicieux de la part de Yumi.
Est-ce que Jérémie va respecter sa demande ? Hum, en théorie, je pense que oui, parce qu'un Lyokô-guerrier démotivé et pas au top émotionnellement est un vrai poids mort virtuellement (et Jérémie agissant privilégiant souvent la logique quand ça ne concerne pas Aelita…). Cependant, il y a des évidents cas d'urgence qui risquent de se profiler et qui risquent de ne pas aider Yumi, mais d'un certain point de vue, elle n'est pas la plus performante virtuellement et en plus, Mathilde et sa motivation peuvent la remplacer aisément. D'ailleurs, si ma mémoire est bonne, c'est plus ou moins ce que les points de vue antérieurs de Yumi suggéraient, pouvant faire penser qu'elle a vériatblement pesé sa décision et que le baiser d'Ulrich ne l'a pas enflammée à ce point.

Nan, en vrai, son départ de la lutte ne présente que du positif Mr. Green. Du point de vue technique évidemment, parce que pour le groupe des héros, ça risque de bien tout faire péter, entre Aelita qui va encore plus s'éloigner d'elle (peut-être même le lui reprocher si tu pousses le vice son caractère de bitch de CLE) pour se rapprocher d'une Mathilde qui risque d'être intégrée à plein temps ; William qui ne va pas accueillir l'officialisation avec Ulrich joyeusement et ce même Ulrich qui se rangera logiquement du côté de Yumi et donc risque de se mettre Aelita à dos en bonus… À moins que Jérémie ne temporise la situation en ne révélant rien publiquement, l'ambiance du groupe va être ultra sympa pour la suite !

Merci pour la lecture ! Pour la suite, fais comme d'habitude : ce que tu peux. Que ça nous arrange ou pas. Razz
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.


Dernière édition par Zéphyr le Lun 04 Déc 2017 10:29; édité 2 fois
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Arzach02 MessagePosté le: Jeu 13 Oct 2016 13:06   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Messages: 20
Localisation: Dormant dans R'lyeh
Enfin !

Philippe Gautier a apparament décidé de revenir en France, décision stupide à mon sens.

Spoiler


Yumi qui décide de quitter le groupe, décision intelligente si elle est réellement démotivée car ça peut être dangereux pour elle et les autres. Ce virage scénaristique (...) ouvre une nouvelle voie à l'histoire, c'est bien.
Pour ma part je trouve quand même cette décision profondément égoïste mais c'est Yumi. De toute facon, qu'elle soit présente sur Lyoko ou pas, ca ne change rien quant aux résultats des combats.
Bref, continue ! ( avec moins de retard si possible Smile )

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"N'est pas mort ce qui à jamais dort
Et au long des siècles peut mourir même la Mort" Lovecraft, Call of Cthulhu
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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 06 Mar 2017 18:43   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonsoir chère Ellana,

C’est un chapitre intéressant que vous proposez, en raison de son équilibre. Cela étant, le thème principal semble être celui du départ.

Il ne se passe rien d’inattendu du côté de la famille Gauthier. Cette intrigue-là suit son bonhomme de chemin. Le point le plus intéressant étant l’entrée en jeu du gant, qui est un artefact introduit par les Code Lyokô Chronicles. Cet élément a le mérite de donner une explication au fait que Sandra ne se souvienne plus de son passé, non plus que Laura ne se souvient, semble-t-il de son passé avec Tyron ou les Russes.

L’autre sous-intrigue dont il est question, c’est la relation entre Yumi et Ulrich. Alors que l’on pouvait s’attendre à une série d’explosion et de règlement de comptes plus ou moins publics, Yumi choisit la fuite. C’est assez intéressant. Car elle aura beau donner toutes les justifications qu’elle voudra, sur la fatigue, le fait que jamais ils n’auraient dû garder le secret… le fait est qu’elle prend la fuite loin d’Ulrich en coupant le principal pont entre eux deux. Il est évident que cette option n’est devenue viable qu’à la faveur de l’arrivée de Mathilde. Arrivée à laquelle, ironiquement, Yumi était opposée. Dans le fond, cette décision pourrait bien être un tournant radical dans l’histoire d’Ulrich et Yumi. Le moment où elle part est plutôt avantageux puisque Jérémie, et la bande avec lui, piétinent, et ce alors que leurs ennemis potentiels prennent de l’envergure.

En somme, il s’agit plus d’un chapitre de positionnement, d’une part de Yumi, et d’autre part de Philippe Gauthier. Cela devrait mener à des évolutions plus conséquentes dans la suite.

Au plaisir.
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AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Ellana MessagePosté le: Sam 25 Nov 2017 18:29   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

D’accord ce chapitre a été long à venir (j'ai halluciné en découvrant que ça faisait quand même plus d'un an, désolée, avec l'âge, le temps file beaucouuup trop vite !) mais le délai m’a permis de regarder les 13 premiers épisodes de CLE (ce qui fut parfois éprouvant) et relire les chapitres précédents. Certains passages ont été légèrement remodelés ou corrigés (personne n’a eu la bonté de me reprendre sur « un bureau long de deux mètres de large »…).
Bon en vrai, ça m'a pas pris un an tout ça, hein, vous comprendrez mieux quand arrivera Noël Mr. Green

Je rappelle que ne sont à prendre en compte pour cette fiction que les 13 premiers épisodes de CLE. Les deux derniers chapitres reprenaient l’épisode 14 et à partir de maintenant, tout ce qui aura pu se passer dans CLE et divergeant dans la fic est normal, pas la peine de me dire que c’est incohérent Mr. Green D’ailleurs, dans la grande bonté des lecteurs toujours, personne n’a signalé que dans l’épisode 12, le père de Laura lui faisait deux réflexions pouvant sous-entendre que sa mère n’était absolument pas morte. Bah, effacez de vos mémoires ces deux réflexions, si je ne vous l’avais pas dit, vous vous en seriez peut-être jamais souvenu (la preuve, je m’en souvenais pas moi Mr. Green).

J’ai aussi établi une chronologie (oui je sais, normalement j’aurais dû commencer par ça et patati et patata). Cette chronologie n'engage que moi. On sait bien que de base, les dates sont floues dans CL. Encore pire si on essaye de faire un lien entre CLE et CL que 10 ans semblent bel et bien séparés et non quelques mois.
Donc pour cette chronologie, je me suis basée sur les infos offertes par CLE, tout en cherchant dans la mesure du possible à coller à la back-story. Et surtout à être cohérente au sein de la fic elle-même (personne encore n'a tiqué sur le fait qu'Ulrich écoutait une chanson d'un film... pas encore sorti à l'époque ! De même, la séance cinéma de Aelita et Mathilde a été changée et tant mieux parce que le dessin animé a plus de sens Mr. Green).
Comme certains l'ont déjà deviné à travers un élément qu'on retrouve d’ailleurs dans ce chapitre, j'utilise également les Chronicles et m'appuie sur certains points présents dedans mais cette fic n'a pas pour but d'y être fidèle.
En bref, cette chronologie ne vise qu'à rendre la fic cohérente dans un ensemble qui ne l'est pas forcément Mr. Green A noter que pour être cohérent avec CLE et non CL, tous les événements « fixes » (Projet Carthage, départ d'Hopper sur Lyoko, etc...) seront décalés d'une dizaine d'années. A noter donc, si ça peut aider certains, que le chapitre 13 se termine le 25 octobre 2012. Le chapitre 14 (oui, oui, il arrive, j'ai bientôt fini) commence le même jour. En soi, ça n'a pas d'importance capitale.

Sur ce et pour ceux qui sont allés jusque là... Bonne lecture =)

Chapitre 14 : Alliances



- Philippe. Si j’avais cru te revoir un jour.
- Comme quoi tout arrive.

Malgré son ton hautain, Philippe Gauthier n’en menait pas large. Il avait réussi à être amené non menotté et surtout vivant jusqu’à Tyron, on pouvait dire que c’était un bon début. Mais il restait un long chemin à faire avant de retrouver la sérénité.

- Que me vaut le plaisir de ta visite, ancien collègue ?
- J’ai réalisé la portée de mon acte, je suis vieux et je n’ai plus l’âge de courir. Je veux retravailler avec vous.
- Et la vraie raison ?

Il fallait essayer mais Gauthier se doutait que Tyron ne serait pas dupe. Il allait donc devoir jouer franc-jeu.

- Sandra. Je ne pense pas passer pour un faible en disant qu’elle me fait peur. Si je reste seul, les Russes auront ma peau. En remettant mon cerveau à votre service, je peux leur échapper.
- Qui te dit que j’ai envie de te protéger ? Tu as considérablement ralenti nos recherches, tu nous as mis en relation délicate par rapport à nos homologues étrangers en faisant disparaître Laura et tu as le culot de revenir comme si de rien n’était. En voulant en plus que je m’oppose à des membres du G7 alors que je pourrais te livrer à eux en gage d’entente cordiale ?
- Vous oubliez un point contre moi.
- Je t’écoute.
- Je vous ai volé quelque chose.

Tyron leva un sourcil, signe que Gauthier avait touché sa curiosité.

- Développe.
- Je vous ai ramené mon larcin en guise de bonne foi. Il est dans la mallette que vos hommes m’ont confisquée. Allez-y, je vous en prie.

Tyron appuya sur un bouton de son téléphone.

- Anthéa.
- Oui ?
- La mallette a-t-elle été analysée ?
- Oui. Aucun mécanisme n’a été repéré. Elle ne semble contenir qu’une paire de gants.
- Amène-moi ça tout de suite.
- Votre épouse travaille toujours avec vous à ce que je vois.
- Alors, c’est toi qui as volé les gants ? Tu te rends compte j’espère que j’ai bien plus d’éléments qu’il ne m’en faut pour te tuer ? Mieux, je pourrais effectivement te livrer aux Russes, dès ce soir. Sandra saura s’y prendre mieux que moi pour te faire regretter tes actes.
- Nous avons passé l’âge de nous menacer comme des enfants. Si vous voulez me tuer, tuez-moi, mais n’oubliez pas que je peux vous être utile. J’ai élevé Laura, j’ai travaillé avec elle et…
- Et tu t’en es débarrassé dans un internat. J’avoue que ce point me laisse… perplexe.
- Elle arrive à un âge où ses souvenirs peuvent remonter. Elle commençait à poser des questions qu'elle n'était pas censée poser.
- Tu as utilisé les gants sur elle ? comprit Tyron non sans écarquiller les yeux.

Gauthier confirma d’un hochement de tête avant de préciser :

- Limiter sa présence avec moi me semblait la meilleure décision pour la maintenir dans un état satisfaisant. J'avais peur qu'utiliser à nouveau les gants puisse altérer ses capacités.
- Tu es un père admirable.

Gauthier ne réagit pas. Deux coups furent frappés à la porte et une femme aux cheveux roses entra. Elle aurait pu être belle si elle avait souri mais il se dégageait d’elle l’aura froide et concentrée des personnes dévouées à leur travail.

- Anthéa.
- Philippe.

De toute évidence, les deux se connaissaient mais Anthéa n'avait pas de temps à perdre avec des mondanités.

- Tiens, la mallette.

Tyron ne prit pas la peine de remercier sa femme qui quitta la pièce sans s’en offusquer. Une étincelle de victoire s’alluma dans les yeux du scientifique lorsqu’il récupéra les gants.

- C’est déjà une bonne chose que tu nous aies ramené ceci… Mais je ne suis pas certain que tu vailles la peine que je te prenne sous ma protection. S’opposer aux Russes et à Sandra n’a jamais été une option alléchante. Surtout maintenant que Sandra est venue récupérer la fille.
- Sans elle, je n’ai plus de valeur, c’est ça ? ricana malgré lui Gauthier.
- A première vue, exact. Mais malgré tout… Il se pourrait que j’aie un travail pour toi.
- Je vous écoute.
- Comme tu t’en doutes, nos tests sur Judas ont avancé. Nous avons développé ses systèmes de défense et nos virtualisations sont plus performantes que jamais. Nous arrivons désormais à envoyer plusieurs ninjas en même temps sans effets secondaires, ce qui n'a pas été sans mal.
- Où est le problème ?
- Il y a plusieurs semaines, nous avons mis au point un nouveau programme permettant à nos ninjas de se déplacer dans le Réseau. Nous avons envoyé une expédition l’explorer et nous n’avons pas tardé à découvrir un autre monde virtuel.
- Celui de Hopper ?
- Non, ça fait longtemps que nous connaissons celui-ci. Il ne nous intéressait pas jusqu’à présent parce que nous ne voulions pas être repérés.
- Par qui ? Hopper est porté disparu, il a toutes les chances d’être mort, nos agents devaient s’en charger. S’il refaisait surface, nous le saurions.
- Le monde virtuel sur lequel il travaillait est devenu une réalité. De l’extérieur, il est strictement identique à Judas. L’ennui, c’est que nous ne savons pas quand, ni même si c’est lui qui a terminé ses recherches ou si quelqu’un les a reprises. Nous n’avons pas voulu prendre le risque d’être repérés en lançant une expédition et nous l’avons donc laissé de côté pendant des années… jusqu’à maintenant.
- Pourquoi jusqu’à maintenant ?
- Plus tard. C’est de l’autre monde virtuel que je veux te parler. Au début, nous n’arrivions pas à y mettre les pieds. D’après nos hommes, le « tuyau » entre la Mer Numérique et le monde virtuel était barré par des serpents géants à leur approche. Nous avons cependant réussi à avancer en mettant au point un autre programme qui rend nos ninjas indétectables. Ils ont pu se rendre sur ce nouveau monde virtuel, composé principalement de glace et de neige mais c’est là que nous avons rencontré un problème. L’un de nos agents y a laissé sa peau.

Pas si indétectables que ça, songea Gauthier avant de demander :

- Comment est-ce possible ? J’étais là pour les premiers tests, j’ai vu qu’une personne qui mourait sur Judas revenait bien en vie sur Terre.
- C’est ce que nous pensions aussi mais visiblement, ce monde, que nous avons baptisé Hoth, n’est pas soumis aux mêmes règles. Les ninjas sont formels : ils se sont fait attaquer par une sorte de créature de fumée noire. L’un d’eux s’est presque fait décapiter. Il a saigné, alors que c’est virtuellement impossible, et il était mort, mais sans blessure physique, quand il est sorti du scanner. Nous n’avons toujours pas d’explications.
- Vous voulez que je bosse là-dessus ?
- Exactement. Je veux que tu te coordonnes avec l’équipe de recherche. Tu es un de nos rares agents à connaître l’existence du Supercalculateur, tu verras peut-être des choses qui nous ont échappées.
- Vous me cachez quelque chose.
- Brillant. Tu ne m’as pas posé la question que j’attendais.

Gauthier réfléchit à peine.

- Vous soupçonnez les Russes d’être à l’origine de Hoth ?
- Qui d’autre ? L’ennui, c’est que nous ne pouvons pas les accuser directement sans nous dévoiler. La situation est donc extrêmement délicate, d’autant plus que Sandra est sur le point de ramener Laura en Russie. Ils vont prendre un avantage considérable sur nous, avantage que nous ne pouvons pas nous permettre de leur laisser.
- Et les autres membres du G7 ? Ont-ils des soupçons ?
- Nous pensons qu’ils ont aussi accès à des Supercalculateurs mais nous n’avons pas de preuve. Celui de Hopper est le seul censé exister. La Chine considère que c’est un mythe et qu’aucun test concret n’a encore été fait sur des mondes virtuels. Nous nous gardons bien de démentir. Personne au sein du G7 ne connaît mes liens avec Hopper à part peut-être mon homologue russe. Mais comme tout le monde ignore ce que les autres savent, nous ne pouvons que supposer et profiter du fait qu’il ne fait rien jouer contre nous. Je passe pour l’idiot du G7 et je n’ai pas l’intention de compromettre cette couverture. Je suis bien plus efficace et menaçant tant qu’ils me sous-estiment.

Gauthier hocha la tête.

- Rien n’exclut que chaque nation du G7 ait son propre monde alors ?
- Rien, effectivement. Nous jouons un jeu dangereux en cachant Judas aux autres mais nous devons rester maîtres de nos recherches.
- Et concernant… Lyoko, c’est ça ?
- C’était le nom qu’Hopper avait choisi, j’imagine que si c’est bien lui qui a fini ses travaux, il l’a baptisé ainsi.
- Concernant Lyoko, vous semblez ne plus le laisser de côté. Pourquoi ?
- Nous avons récemment eu des incursions sur Judas. Des avatars ont réussi à pénétrer dans le cœur du système et ont tenté de voler des informations à plusieurs reprises. Nos défenses ont été efficaces et nous avons même pu mener une contre-attaque aujourd’hui en nous introduisant à notre tour chez eux. Nous attendons que la balise posée à leur insu par notre ninja nous donne des renseignements. Cela ne devrait plus être long.
- Aux dernières nouvelles, Hopper avait fui en Allemagne et n'était pas resté en France comme nous le pensions. Si son Supercalculateur est là-bas, vous pensez avoir des chances de vous y rendre sans attirer l'attention du G7 ?
- Nous aviserons une fois les renseignements reçus. Il n'est pas à exclure que les dernières données qu'on ait sur Hopper soient erronées.

Le téléphone sonna avant que Gauthier ait pu demander des précisions. Il hésita un instant à sortir mais Tyron avait déjà décroché.

- Oui ?
- Elles sont arrivées.
- Parfait.

Tyron reposa le combiné avant de composer un autre numéro.

- Anthéa.
- Chérie, est-ce que tu peux me dire où tu es ?
- Au laboratoire de chimie.
- Sois gentille, attends-moi là-bas. N’en sors pas avant que je te rejoigne. C’est important.
- D’accord.

Tyron raccrocha.

- Viens avec moi, nous allons accueillir cette chère Laura ensemble.
- Je vous demande pardon ?
- Sandra vient de l’amener. Notre but est de réussir à la garder le plus longtemps possible avant qu’elles ne repartent en Russie.

Gauthier comprit soudain pourquoi Tyron ne voulait pas voir Anthéa arriver ou déambuler dans les couloirs. Il laissa toutefois ce détail de côté pour avertir :

- Sandra s’y opposera. Elle ne quittera pas Laura d’une semelle et si elle découvre que vous avez un Supercalculateur, nous sommes tous morts. Elle mettra hors-service ce campus, préviendra son boss qui en parlera au G7 et…
- Et nous aurons alors la possibilité de révéler à notre tour l’existence de Hoth. Le G7 décidera sûrement d’œuvrer à sa destruction, ce qui obligera les Russes à se démasquer s’ils veulent protéger leur bébé.
- Et si Hoth n’est pas le fruit de leur labeur ?
- Il l’est, nous en sommes quasi-certains.
- Dans tous les cas, comment comptez-vous utiliser Laura sans éveiller les soupçons de Sandra ? D’ailleurs, pendant que j’y pense, ne l’appelez pas Sandra mais Emma, sinon, Laura va se poser des questions.

Tyron hocha la tête avant de répondre :

- C’est l’adolescente qui nous intéresse, pas le cerveau. Sandra ne comprendra rien à ce que nous demanderons à Laura. Elle ne voudra peut-être même pas rester avec elle. Crois-moi, elle déteste cette gamine.
- Excusez-moi, insista Gauthier alors qu’ils quittaient la pièce, mais en quoi Laura en tant qu’adolescente peut être plus utile que son cerveau ?
- Oh, j’ai oublié ce détail ? s’étonna faussement Tyron avec un sourire carnassier. Disons que tu as bien choisi l’internat de ta fille. L’un des avatars qui a attaqué Judas était une gamine aux cheveux roses.

Gauthier écarquilla les yeux. Il ne pouvait pas avoir bien compris.

- La fille d’Hopper est vivante. Si son père l’est aussi, elle nous y conduira. Et j'ai bon espoir qu'elle suive ses cours dans le lycée où enseignait son père. Ce même lycée où étudie Laura. Qui sait... Peut-être qu’elles se connaissent.

***


Laura avait du mal à croire qu’elle était assise à l’arrière d’une limousine. Sandra, bien que plus habituée au phénomène, n’y croyait pas non plus. Tyron était encore plus stupide qu’il n’y paraissait s’il pensait pouvoir impressionner Laura avec une voiture. Il semblait avoir oublié qu’elle était un cerveau, pas un cobaye. Elle en tout cas n’était pas prête de l’oublier, il suffisait de voir cette pauvre gamine recroquevillée comme une souris sur les sièges en cuir trop grands pour elle et conservant pourtant un air hautain.

- Tu sembles connaître des gens hauts placés.
- Hum.

Sandra était trop contrariée pour faire la discussion. Si la limousine les attendait déjà lorsqu’elles étaient arrivées chez Gauthier, lui en revanche avait disparu. Pendant que Laura s’empressait de préparer ses bagages, Sandra avait parcouru chaque pièce de la maison, son agacement croissant à chaque pas. Ce lâche avait fui. Son gros cerveau ne lui avait pas permis de comprendre qu’elle n’en serait que plus minutieuse. Elle qui comptait le tuer vite allait finalement prendre son temps. Il allait payer pour chaque seconde d’inquiétude qu’il avait causée au boss.

Minute papillon, tu écoutes ce qu’Adrian a à te dire et tu retournes en Russie avec Laura. Tu régleras son compte à Gauthier plus tard.

Concentrée sur la priorisation de ses actions, Sandra perdit quelques secondes son masque neutre lorsqu’elle découvrit l’objet de sa haine debout à côté de Tyron, devant le portail de son domaine. Elle se reprit rapidement, le temps de se demander lequel elle détestait le plus. Déjà, le père de Laura s’avançait vers elles.

- Ma chérie ! Tu as aimé la voiture ?

Laura le regarda sans comprendre. Elle ne l’avait jamais vu aussi nerveux.

- Je te présente mon ami, le professeur Tyron.

Laura serra poliment la main dudit professeur en espérant que son visage restait aussi serein que possible.
Tyron.
Elle n’avait pas beaucoup entendu ce nom, Jérémie et les autres ne lui faisant jamais de grands discours explicatifs, mais elle savait qu’il s’agissait a priori du créateur du Cortex. Décidément, il y avait trop de coïncidences dans cette histoire.
Seule Sandra perçut le léger trouble de Laura mais elle mit cela sur un effet secondaire des gants. L’adolescente connaissait déjà Tyron, seulement, son cher père le lui avait fait oublier. Vérifier ce fait permettait à Sandra de s’assurer que Gauthier ne lui avait, en partie du moins, pas menti lors de leur premier entretien.

- Emma, ravi de vous revoir.

Laura retint un sourire. Même un idiot aurait compris que l’affirmation de Tyron était un pur mensonge. Il était tout, sauf ravi de voir sa mère.

- Également.
- Alors, Laura, ton père m’a dit que tu étais une jeune physicienne pleine de promesses ?

Laura haussa vaguement les épaules, occupée à regarder autour d’elle. Elle suivait Tyron sur une large allée pavée menant à un grand bâtiment avec plusieurs annexes. On aurait dit un campus universitaire, il y avait même un gymnase muni de larges baies vitrées où des jeunes d’une vingtaine d’années semblaient s’entraîner au combat avec des bâtons.

- Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?

Sandra leva les yeux au ciel et son agacement ne faisait que refléter celui de Laura qui répondit d’un ton hautain :

- Je ne sais pas, je pense être aussi douée en physique qu’en informatique et en maths, j’aime me laisser des possibilités variées.
- Sois plus agréable avec le professeur Tyron, la reprit son père. Comme tu peux le constater, il dirige un centre scientifique important où tu pourrais apprendre beaucoup.
- Je croyais que de toute façon, je partais en Russie après-demain ?

L’atmosphère sembla se rafraîchir tandis que Sandra et Tyron se fusillaient du regard.

Très crédibles, les vieux amis, songea Laura, déjà convaincue que ce Tyron avait joué un rôle dans la disparition de sa mère.

- Bien sûr, c’est le programme. Mais en deux jours qui sait, nous t’aurons peut-être donné envie de rester !

Sandra allait répondre lorsqu’ils entrèrent dans un laboratoire. Elle capta presque aussitôt le regard de l’espion, assis devant un ordinateur, et préféra tenir sa langue. Autant laisser Tyron dans l’illusion qu’il contrôlait quelque chose.
Elle grimaça sous la vivacité des néons pendant que le professeur expliquait :

- Nos recherches sont variées, nous travaillons sur des programmes informatiques pour des entreprises multinationales mais également sur des nanotechnologies ou encore des molécule organiques à visée pharmaceutiques. Qu’est-ce qui t’intéresserait le plus ?

Laura se tourna vers Sandra qui haussa à son tour les épaules.

- En Russie, nous aurons besoin de tes capacités informatiques, fais peut-être quelque chose de différent ici.

Gauthier eut l’impression de voir scintiller une lueur de victoire dans les yeux de Tyron. Laura sourit en réutilisant son mensonge désormais habituel :

- Je dois rendre un exposé sur la nanotechnologie au lycée, vous pourriez sans doute m’apprendre des choses.
- Mais bien sûr ! Fantastique ! Ton père ne m’a même pas précisé à quelle école tu allais.
- Lycée Kadic, à Paris.
- Il parait que c’est une très bonne institution. Tu t’y plais ?
- Beaucoup.
- Je meurs de soif, je vais chercher une bouteille en cuisine, intervint Sandra. Je te ramène quelque chose, ma chérie ?
- Une bouteille d’eau aussi.

Gauthier eut envie de soupirer. Sur ce coup, la légendaire agent russe ne faisait pas honneur à sa réputation. Elle laissait Laura seule avec Tyron sans se soucier une seule seconde des conséquences.
Mais alors que les deux hommes s’éloignaient avec l’adolescente, l’espion se leva et suivit Sandra jusqu’aux cuisines.

- Fais vite, je ne veux pas laisser Laura avec ces deux abrutis.
- Sage précaution, d’autant plus que j’ai la preuve de ce que le boss soupçonnait depuis longtemps sans trop y croire : les Français ont un Supercalculateur.
- La seule chose surprenante dans cette annonce, c’est que tu ne l’aies pas découvert plus tôt.
- Tyron est moins stupide qu’il n’y parait. Il fait des recherches dans plusieurs domaines poussés de l’informatique et de la physique. La plupart des scientifiques présents sur ce site font un travail fractionné, ils n’ont qu’une vue floue ou atrophiée du travail final et des dizaines de projets se développent tous les trimestres. D’après ce que j’ai compris, très peu ont connaissance de l’existence du Supercalculateur. Pour être franc, je n’aurais peut-être pas eu de certitude si je n’avais pas eu l’occasion moi-même de travailler près du sujet chez nous.
- Arrête, ne fais pas baisser le peu d’estime que j’ai de toi.
- Le boss t’avait-il donné des consignes en cas de découverte de ce type ?
- Elles dataient d’avant les problèmes sur Caldin. Je ne sais pas si elles sont encore d’actualité. J’espère que non.
- Pourquoi ?
- J’avais pour ordre de rester ici pour vérifier l’avancement d’un éventuel monde virtuel. L’idée ne m’enchante pas. J’aimerais rentrer et il y a fort à parier que le boss me voudra à la base.
- De toute façon, ma mission ici n’était pas liée à une découverte particulière, je suis sur le terrain pour une durée indéterminée. Nous n’avons pas besoin d’être deux sur le coup.
- Je vais contacter le boss. Dans tous les cas, ma mission principale reste d’emmener Laura en Russie. Je ne sais pas ce que lui veulent les deux crapauds mais je ne compte pas la laisser trop longtemps entre leurs mains.
- Je m’occupe de contacter le boss. Il te fera suivre ses instructions.
- Je n’en doute pas.

Sandra attrapa deux bouteilles d’eau et quitta la pièce. Alors qu’elle dépassait un couloir perpendiculaire, un éclat rose vif attira son attention et elle fit demi-tour. Elle eut juste le temps d'apercevoir brièvement une femme entrer dans une pièce. Elle eut l’impression qu’une décharge électrique lui traversait le crâne.

- Sandra ? demanda sans émotion l’espion lorsqu’elle plaqua les mains sur ses tempes.
- Rien.

La russe reprenait déjà ses esprits mais une image flotta quelques secondes devant ses yeux. Un visage lisse, au regard doux, illuminé par un sourire encourageant, encadré par des cheveux d’un rose éclatant. Un visage qu’elle ne se souvenait pas avoir déjà vu mais qui lui semblait familier.

- Ce n’est pas le moment d’être malade. Laura ne doit pas être utilisée par Tyron.
- Je sais. J’y veillerai.

***


Laura ne savait pas quel comportement adopter. Son père et Tyron lui présentaient les locaux avec chaleur et enthousiasme, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de conserver un air factice, un sourire poli et calme, loin de l’agitation qui bousculait son cerveau.
Que faisait-elle ici ? Qu’attendait-on d’elle ? Sa mère avait bien précisé que samedi, elles partaient en Russie. A quoi lui servait de découvrir tout ça puisqu’elle n’en profiterait au maximum que deux jours ? Pourquoi Tyron semblait si sûr de la faire rester ? Emma lui avait parlé d’un ordinateur quantique, qu’avait-il de mieux à lui offrir ?
Depuis plusieurs semaines, elle vivait dans la crainte que Jérémie mette sa menace à exécution. Elle avait très bien compris ses sous-entendus lorsqu’Aelita s’était inquiétée d’un possible retour vers le passé pour le nouveau Lyoko-Guerrier, au cas où celui-ci ne ferait pas l’affaire. Elle avait très bien compris qu’en amenant son père à l’usine, elle avait rendu vitale pour Jérémie la nécessité de remonter le temps d'une manière dont elle pourrait être impactée. Elle ne pouvait pas attendre les bras croisés qu’il trouve une solution. Aller en Russie était sa meilleure chance pour travailler sur un autre ordinateur quantique et développer un autre système de virtualisation. Une fois enregistrée dans cet ordinateur, elle n’aurait plus rien à craindre, du moins l’espérait-elle. Elle manquait encore cruellement de données sur ce problème.
Elle regarda à nouveau Tyron. S’il était bien à l’origine du Cortex, il devait également posséder un ordinateur quantique. À l’image d’Emma, voulait-il qu’elle travaille dessus ? Il ne pouvait quand même pas être si emballé par un exposé scolaire, il ne pouvait pas être aussi bête que ce qu’il laissait paraître. Comment pouvait-on s’exprimer autant comme un imbécile heureux et diriger des cerveaux aussi brillants ?

- Alors qu’en penses-tu, ma fille ?
- C’est fascinant, Papa.
- Et tu n’as encore rien vu, le professeur a décidé de te mettre dans la confidence d’un secret gigantesque.

Tyron venait de s’arrêter devant une porte barrée par une large pancarte « personnel autorisé de niveau 5, défense d’entrer ». Il avait perdu son air jovial et Laura perçut enfin en lui une forme d’intelligence froide qui lui fit presque peur.

- Laura, tu dois me promettre de ne rien dire à ta mère. Comme elle te l’a peut-être expliqué, elle travaille pour la Russie et nos travaux sont confidentiels. Nous ne tenons pas à ce qu’ils tombent entre de mauvaises mains.
- Je comprends.

Tyron la jaugea quelques secondes du regard avant de passer son badge dans une machine. Lorsque la porte s'ouvrit, Laura n’eut besoin que d'un regard pour sentir son cœur tomber dans sa poitrine.
Une tour de deux mètres de haut, noire et parcourue de flux dorés, trônait au centre de la pièce. Deux bureaux étaient disposés à sa gauche, occupés par deux ordinateurs sur lesquels travaillaient des hommes à lunettes. Et à droite, il y avait une réplique exacte de l’ordinateur quantique de Jérémie.
Laura avait trouvé l’origine du Cortex.
Un bref instant, elle se sentit jubiler et imagina la tête que ferait cette pimbêche d’Aelita si elle l’appelait pour le lui annoncer.

- Tu sais sans doute de quoi il s’agit ? demanda Tyron alors que la porte se refermait derrière eux.

Le cerveau de Laura tournait à pleine vitesse. Si elle était trop affirmative, elle risquait d’en dire trop. Si elle jouait trop l’ignorante, son père risquait de ne pas comprendre pourquoi, face à Emma, elle semblait maîtriser le sujet.

- C’est un ordinateur quantique ?
- Exactement. Nous l’utilisons pour développer un monde virtuel que nous avons appelé Judas.

Ça sonne mieux que Cortex, c’est clair.

- Dans quel but ?

C’était une question qu’elle n’avait jamais vraiment posée à Jérémie. Sur Lyoko, on désactivait les tours que XANA activait. Mais il y avait forcément plus de possibilités.

- Il est encore trop tôt pour t'en parler. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment de ça que je voulais que l'on discute mais c'est un moyen pour moi de m'assurer que je peux te faire confiance.

Laura comprit le piège. Si elle en parlait à sa mère, Tyron risquait de les malmener toutes les deux et elle ne voulait pas courir ce danger, d'autant plus que cela coupait toutes ses chances d'aller en Russie où elle avait la certitude de faire avancer ses propres recherches. Mais si elle n'en parlait pas à sa mère, elle risquait de perdre sa confiance et de ne jamais aller en Russie. Elle allait devoir jouer serré.
Tyron eut un léger sourire, comme s'il suivait le raisonnement de la jeune fille face à lui. Sentant qu'il avait l'avantage, il attrapa une tablette posée sur un bureau et pianota quelques secondes dessus.

- Par le plus curieux des hasards, connaîtrais-tu cette personne ?

Laura eut le bon sens de ne pas regarder tout de suite la tablette, feignant d'être captivée par le Supercalculateur. Cela lui laissa le temps de perfectionner son masque d'impassibilité. Quand ses yeux se posèrent sur le dessin affiché à l'écran, elle put donc répondre d'une voix très neutre, avec un petit sourire naïf :

- Désolée, ça ne me dit rien. Des cheveux roses comme ça, je m'en serais souvenue !

***


Laura était allongée sur un lit qu'elle n'arrivait pas à considérer comme le sien. Elle n'avait rien à faire ici.
À quel point sa venue avait-elle été préméditée ? Les vacances de la Toussaint commençaient dans deux jours. Même si le proviseur avait fait preuve d'une grande compréhension face aux arguments de sa mère pour lui faire manquer les derniers cours, Laura avait préféré être vague devant Jérémie et elle sentait qu'elle avait bien fait.
Il y avait peu de chances qu'elle soit de retour au lycée pour la rentrée. Mais pendant les deux prochaines semaines, personne ne s'inquiéterait de ne pas la voir.
C'était simple et brillant.
Laura resserra la couverture sur elle. Elle se sentait nue, privée de sa tablette et de son portable « pour des raisons évidentes de confidentialité et de sécurité ». Elle s'était bien gardé de préciser que sa mère avait conservé le sien mais elle allait avoir d'autant plus de mal à jouer sur les deux tableaux.
Elle avait beau ne pas être pleinement intégrée à la bande de Belpois, elle ne pouvait pas simplement les vendre dès maintenant sans état d'âme. Elle ignorait encore tout des véritables intentions de Tyron et elle avait fini par bien sentir qu'il était plus fin et plus dangereux qu'il n'en avait l'air. Plus qu'à ses camarades de classe, elle avait peur qu'il s'en prenne à leur Supercalculateur et elle y tenait trop pour le laisser faire.
Oui, mieux valait faire croire à Tyron qu'elle ne savait rien d'autre que ce qu'il lui apprendrait. Il serait toujours temps de voir ensuite à quel point elle devait prévenir les Lyoko-Guerriers de ses activités. Peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être que les deux groupes allaient suivre leur vie chacun de leur côté. Elle n'y croyait pas mais il était trop tôt pour se faire des films. Surtout que l'arrivée de sa mère, elle aussi dotée d'un ordinateur quantique, aurait sûrement un impact à un moment ou un autre.
Un sourire naquit sur les lèvres de Laura et elle dut le reconnaître : ce qui l'empêchait de dormir n'était pas la peur mais l'excitation.

***


Elle était assise sur une chaise, dans une pièce sombre. Un homme lui tournait le dos, debout devant une fenêtre battue par une pluie torrentielle. Elle n'aimait pas cet homme mais ce n'était pas lui qui importait. Celui qui importait, c'était son ami, effondré dans un fauteuil à côté d'elle. Il gardait le visage enfoui dans ses mains et si elle avait passé un bras autour de ses épaules, elle n'osait pas parler. Aucune marque de soutien ne serait suffisante, elle le savait. Elle-même ne retenait pas ses larmes. Elle se sentait brisée à l'intérieur.
L'homme debout devant la fenêtre se retourna.
Tyron.

- Ils ne s'en sortiront pas comme ça, Hopper. Je vous le garantis.
- Anthéa...

Elle frémit. Son ami avait prononcé ce seul nom d'une voix rauque, désespérée. Il leva les yeux vers elle et derrière ses lunettes à verres épais, elle lut la même détresse que celle qui ravageait son cœur.

- Il faut la retrouver.

Sandra se réveilla en sursaut. Pendant quelques secondes, elle haleta sur son lit, incapable de bouger. Une angoisse terrible lui enserrait la gorge et lui rongeait le ventre. Réalisant que c'était son portable qui l'avait réveillée, elle s'en empara d'une main tremblante. Un coup d’œil à l'écran lui confirma qu'elle devait se reprendre sur-le-champ.
Sa voix frissonna à peine lorsqu'elle répondit.

- Bonsoir, boss.
- J'ai de nouvelles instructions pour toi. Adrian m'a mis au courant pour le Supercalculateur des Français. Profite d'être avec Laura pour recueillir un maximum de données dessus. Je te veux en Russie dans quatre semaines. Envoie-moi un rapport tous les soirs par la voie habituelle.
- Très bien.

Sandra resta un bon moment avec le téléphone collé à l'oreille, une nouvelle fois tétanisée. Depuis combien de temps n'avait-elle pas rêvé ? Depuis combien de temps autre chose qu'un serpent ne lui avait pas fait si peur ?
L'angoisse monta encore. Elle avait envie d'être sur Caldin. Elle ne pensait plus à la fumée noire, plus à Benji, plus au boss. Elle ne voyait que les grandes étendues enneigées où elle pouvait goûter à sa solitude, où elle se sentait chez elle.

Anthéa.

Le prénom résonnait dans sa tête, comme s'il rebondissait sur des murs en y cherchant une encoche où s'insérer. Elle avait beau fouiller ses souvenirs, elle ne connaissait personne de ce nom. Alors pourquoi lui était-il si familier ? Pourquoi lui donnait-il envie de sourire, de pleurer et de hurler ?
Elle se rallongea, le bras pendant en dehors du lit. Et ce Hopper aux cheveux hirsutes et à la barbe mal taillée ? Cet homme brisé qui avait tant l'air de compter sur elle. Qui était-il ?
Il ne lui fallut guère plus d'une dizaine de minutes pour retrouver ses esprits et écarter son cauchemar. Après tous, les gens rêvaient souvent de personnes qu'ils ne connaissaient pas. La seule vraie interrogation était pourquoi ne rêvait-elle pas de quelqu'un de plus agréable que Tyron ?
Au réveil, elle avait chassé ses questions.
Ne restait qu'une pointe de tristesse fichée dans son cœur, aussi brûlante qu'inexplicable.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Jeu 30 Avr 2020 18:31; édité 1 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Ven 08 Déc 2017 16:54   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Coucou ! J’ignore si la jour de publication de ton chapitre est voulu, mais je vais quand même le prendre pour moi, merci ! ♥

Avec le temps, je me suis habitué à toujours relire totalement ta fiction lorsque ça fait longtemps que je ne l’ai pas lue. Cette fois-ci, je m’en suis dispensé, j’ai confiance en ma mémoire. Bon, il s’est avéré que j’ai oublié pas mal de choses, mais disons que ça ne m’a pas empêché de bien kiffer ce chapitre.
Bon, cela dit, vu à quel point j’ai reconnu ma perception des choses dans celui-ci, mon objectivité n’est pas garantie par la commission.

D’ailleurs, c’est paradoxal : autant j’ai réellement adoré le chapitre et les situations plus personnages évoqués, autant je suis déçu que les Lyokô-guerriers soient absents (en regard de la fin du chapitre 13 bien sûr !). Je pense que c’est signe que je me suis attaché à ta tournure des choses.
En fait, sur ce seul chapitre, je crois que, plus que la mise en scène générale, c’est le fourmillement de détails soignés qui en fait sa valeur (la chronologie est par ailleurs dans cette lignée de travail fait avec sérieux, bravo pour ça d’ailleurs Smile).

Ton Tyron me rappelle beaucoup le mien, donc naturellement je l’aime pas mal. Le simple fait de lui donner une attitude de rigolo auprès d’autrui pour mieux masquer ses intentions et ses plans, c’est totalement en accord avec la vision que j’ai du personnage : quelqu’un de facilement sous-estimable, mais qu’il coûte de sous-estimer. Petit aparté : je pense que c’est le point que je regrette chez le Tyron d’Icer, qui est bon mais qui est sérieux tout du long, il lui manque ce côté « clown » qui fait qu’on ne le prend pas d’emblée pour un antagoniste crédible. Bref, j’aime beaucoup ce côté « sous-estimez moi, je vais vous la mettre à l’envers » de ton Tyron. Un peu dommage que cette couverture soit tombée face aux russes à ce stade de l’histoire, on sent que depuis le début, il est placé en-dessous d’eux, ce malgré la découverte de Caldin/Hoth.
Évidemment, ce dernier point est trop cool (même s’il est étrange pour le coup que Jérémie ne l’ait pas découvert non plus, vu que dans la série, il fait des recherches sur le réseau pour comprendre comment Xana a pu survivre…) et ouvre la perspective d’une lutte virtuelle tripartite, avec alliances modulables selon les besoins et objectifs du moment. J’en suis hypé d’avance, même si, une fois n’est pas coutume, j’anticipe toujours assez mal comment vont évoluer ce genre de situations.

Toujours sur Tyron, c’est également très enthousiasmant qu’il ne soit si désinformé/désarmé face à Lyokô et ses gérants. La reconnaissance d’Aelita et la connaissance des détails de vie de Franz Hopper datant de sa fuite à Paris, ce sont des choses qui coulent de source tels que tu les exposes. Pour le coup, je n’ai personnellement pas poussé le raisonnement aussi loin. Razz

Dernières remarques sur Tyron : c’est assez perturbant de le voir appeler ses hommes de main « ninjas » quand on sait que ce sont les Lyokô-guerriers qui les ont baptisés ainsi, tout comme le fait que son monde virtuel s’appelle Judas (mais tu n’es pas tombé dans le piège Pallium, moins évident qu’il n’y paraît). Pour ce dernier, je pense voir où tu veux en venir : CLE pose que Tyron a « trahi » le père d’Aelita, donc…

Le mystère que l’on sent s’épaissir autour du personnage d’Anthéa, extrêmement discret et passif dans le chapitre, mais source de pas mal de répliques et allusions à demi-mot, ça donne envie d’en savoir plus (et, toujours pour faire le parallèle – navré si je donne l’air de m’auto-promouvoir – tu donnes l’air de t’être largement plus creusé l’esprit que moi la concernant Mr. Green).
Dans la même veine, le personnage de Sandra subit petit à petit le même sort. Depuis le début de la fanfiction, son portrait s’effrite toujours plus : à ses débuts, elle apparaissait comme une personnage stable et posée, mais elle se déséquilibre (voire même se déconstruit, coucou Dyssery) de plus en plus, émotionnellement parlant. C’est une approche que je trouve intéressante, et je me surprends à commencer à l’apprécier toujours plus, par ce traitement qui lui est fait.
Par contre, concernant le rêve de fin de chapitre, même s’il préfigure de manière assez évidente un lien oublié entre Sandra et Anthéa, je prie pour que ce ne soit pas le coup du lien du sang (type sœur), ce serait comme le cas d’école, donc malheureux pour un texte pareil. =/

Je termine sur Laura : elle ne fait que subir depuis un moment, mais j’apprécie toujours autant sa mise en avant et le respect du caractère du personnage (au passage, très bien vu la récupération de la machine arrache-souvenirs pour justifier l’état mémoriel de la blondinette).

C’est vraiment du bon et du beau boulot, j’espère avec ferveur qu’il aboutira sur une balise [Terminée]. Comment ça, je parle pour moi, encore ?

A Noël donc ! Courage pour l’écriture de la suite de ce texte-là ! Razz
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Ellana MessagePosté le: Ven 10 Juil 2020 19:47   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

Cela fait des années que je réfléchis à quelque chose pour fêter le 10 juillet (a). Mais de flemme en démotivation, ce ne sera pas vraiment pour cette fois ci. Mais marquons un peu le coup quand même !
Le temps passe vite (2 ans et demi, seriously ?!? O.O), blablabla, boulot, blablabla, vie sociale à rattraper, blablabla, nouvelle ligue de Path of Exile, blablabla. Piochez dans mes excuses précédentes pour ce nouveau retard. Comme d’habitude, j’aimerais vous dire que le prochain chapitre sera plus rapide mais bon… Vacances, blablabla, flemme, blablabla, Vilhelm (inlove), blablabla ! En vrai, on va tâcher de faire moins long, c'est pas trop engageant, ça va ! Mr. Green

J’imagine que comme moi, vous aurez besoin de relire les chapitres (et désolée pour ça parce que je sais à quel point c’est énervant de lire 10 fois les mêmes passages…) mais pour ceux qui veulent juste se remémorer la trame principale, petit résumé (très schématique, hein, toujours peur de réellement spoiler) :

Spoiler


Bonne lecture !


Chapitre 15 : Pactes


- Ulrich, t’as pas fini ta valise ?

Le garçon haussa les épaules. Il cherchait encore un moyen de convaincre ses parents qu’il n’avait pas besoin de cours supplémentaires pendant les vacances mais son évaluation d’entrée en seconde ne les avait pas convaincus.
Debout près de la porte, son sac de voyage sur le dos, Odd observait son ami lâcher mollement livres et linge sale dans sa valise.

- Du coup, je t’attends pas, hein !
- Non, non, vas-y. Profite, Odd.
- Toi aussi.

Ulrich soupira. Ces vacances auraient pu être bonnes s’il était resté à Kadic.
Il avait vécu les deux derniers jours dans un état second. Les cours s’étaient enchaînés sans attaque de XANA, les récréations, la cantine, les amis, tout cela avait gardé la même teinte, à une exception près : chaque fois qu’il regardait Yumi, il savait qu’elle savait et que personne d’autre ne savait.
Sans en parler, ils avaient chacun adopter le même comportement : faire comme si de rien n’était. Elle lui faisait la bise en arrivant le matin, ils riaient ensemble en même temps que leurs amis et ils se séparaient le soir avec un signe de la main. Mais dans les minutes qui suivaient, l’un ou l’autre de leur portable vibrait et la vraie vie commençait. La vie où il n’y avait plus qu’eux sur Terre. Les dîners étaient devenus un calvaire, Ulrich trépignait en attendant de pouvoir rejoindre sa chambre. Il ne voulait pas de questions, aussi les messages avec Yumi étaient-ils suspendus le temps du repas. Puis, quand Odd s’affalait sur son lit avec sa console, la voie devenait libre. Ulrich pouvait rester accrocher à son portable entre deux cahiers sans attirer l’attention. Il avait toujours aimé les messages que lui envoyait Yumi, pour la simple idée que les mots n’étaient destinés qu’à lui. Les phrases les plus banales étaient des morceaux de temps qu’elle lui accordait à lui seul.

- Ulrich ?

Voilà que le simple fait de penser à elle lui faisait entendre sa voix maintenant !
Il se retourna. La bonne nouvelle, c’était qu’il ne devenait pas fou. Yumi se tenait debout dans l’encadrement de la porte.

- Tes parents ne sont pas encore arrivés ?
- Ils ne devraient pas tarder. Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je devais rendre un bouquin à William. Il reste à l’internat pendant les vacances mais je ne savais pas si j’aurais la motivation de le lui rendre un autre jour.

La réponse n’était pas celle qu’Ulrich attendait. Un air déconfit se peignit sur son visage et Yumi n’eut pas le courage de poursuivre son petit jeu.

- Idiot, c’est la version que j’ai donnée à mes parents. D’après toi, qu’est-ce que je fais là ?

Ulrich se contenta de sourire. Un sourire que Yumi lui rendit avant de venir l’embrasser.

- D’autres projets que le rattrapage scolaire ?
- Essayer de ne pas me prendre la tête avec mon père à chaque repas. Et bosser pour ne plus jamais avoir besoin de quitter l’internat pendant les vacances.
- Tu auras le temps de m’écrire avec tout ça ?
- Comme si on ne le trouvait pas.

Yumi sourit de plus belle. Après des années de doutes et de fatigante incertitude, elle aurait voulu rester indéfiniment blottie contre le torse d’Ulrich. Le timing n’avait pas été bon mais les deux semaines passeraient sûrement plus vite que leurs séparations précédentes puisqu’elle pourrait au moins lui dire cette fois à quel point il lui manquait.

- Et toi, tu as prévu quoi ?
- Je dois aider Hiroki avec son déguisement pour Halloween. Et j’ai un exposé à finir avec William. Rien de très intéressant, je vais surtout en profiter pour dormir pendant des heures ! Si je ne te réponds pas avant midi, c’est que je suis encore dans mon lit.
- Super, cette idée va beaucoup me motiver pendant mes exercices de maths, merci du soutien…
- Mais y a pas de quoi, beau brun ! C’est sûrement ce qui me manquera le moins dans la lutte contre XANA : les réveils nocturnes ! Mathilde ne sait pas ce qui l’attend.
- En parlant de Mathilde, il faut que je te dise quelque chose.

Le sang de Yumi se glaça. Elle était dans les bras d’Ulrich, il jouait avec ses cheveux du bout du nez, lui caressait les hanches et pourtant, le simple prénom d’une autre lui donnait froid.

- Quoi ?
- Pour l’instant, on n’a pas dit aux autres qu’on était ensemble.
- De toute façon, ils ne verront sûrement pas la différence.
- J’aimerais bien pouvoir t’embrasser sans avoir à me poser de question.
- Ulrich, je viens de leur annoncer que je ne voulais plus aller sur Lyoko… Odd me fait quasiment la gueule et Aelita ne me croit pas. Willian a déjà tendance à s’isoler… Ce n’est pas le bon moment pour ajouter ça.
- Mais tout le monde s’en fout de ce qu’on fait, Yumi.
- Laissons passer les vacances, OK, on verra comment on se sent à la rentrée. En tout cas, quel est le rapport avec Mathilde ?
- Bah… Euh… Elle… Elle est au courant.
- Quoi ?
- Ne crie pas, c’est pas grave.
- Pourquoi tu as été lui en parler à elle ?
- Je l’ai appelée pendant votre dernière virée sur Lyoko, avant que tu ne viennes me rejoindre. J’étais un peu paumé, je savais pas quoi penser, j’avais envie de parler avec quelqu’un.
- Et tu ne pouvais pas simplement rejoindre l’usine pour en discuter avec Jérémie ou pour nous retrouver sur le Cortex ?
- Attends, tu es jalouse ? Pour la première fois depuis qu’on se connaît, tu peux être sûre et certaine que c’est toi que je veux et tu es jalouse quand même ?

Yumi ne répondit pas mais Ulrich connaissait cet air de princesse offensée. À une époque encore très récente, il se serait énervé à son tour mais là, il éclata de rire.

- Ces moments ne me manquent pas.
- Désolée. Ce n’est pas parce qu’on est ensemble que je vais réussir à être aimable avec elle du jour au lendemain.
- Je pense qu’elle en serait la première surprise. Et de toute façon, on s’en fout. Soit comme tu veux avec qui tu veux mais tu dois savoir deux choses. La première, c’est que moi, j’apprécie cette fille, elle est cool et ça fait du bien de parler avec de nouvelles personnes. La deuxième, c’est qu’aucune fille ne peut m’apporter ce que tu m’apportes. Je pensais ce que je t’ai dit, Yumi : tu es la personne qui compte le plus pour moi.
- Je sais. Désolée.
- STERN ! Tes parents sont en bas, ça fait cinq minutes qu’ils atten… YUMI ! J’espère que ça ne va pas devenir une manie, hein ! Tu es externe, jeune fille, tu n’as rien à faire là !
- Désolée, Monsieur Morales.
- Bon allez, je ferme les yeux pour cette fois parce que c’est les vacances mais que je ne t’y reprenne plus !
- Merci.

Fermant sa valise en étant conscient d’avoir oublié des choses, Ulrich quitta la chambre, main dans la main avec Yumi, insensible aux marmonnements de Jim. Avant de sortir du bâtiment, elle le tira par le bras pour l’attirer contre elle.

- Bonnes vacances, Ulrich.

Jamais son prénom ne lui avait semblé si beau.

***


- Messieurs, vous vous souvenez sans doute de Laura ?
- Tu nous l’as présentée il y a deux jours et c’est rare de voir une ado se balader ici, râla un vieil homme à lunettes.

Installé sur le bureau le plus proche de l’entrée, il regardait Laura avec une franche animosité qui n’inquiéta pas Tyron.

- Voici Pierre. Derrière lui, c’est Georges et l’homme debout au fond s’appelle Lucas. Si tu pouvais leur éviter une blague sur Star Wars, ils ont l’habitude.
- Je ne suis pas du genre à faire des blagues.
- Tant mieux, marmonna le dénommé Pierre.
- Ils sont le cœur de tout le travail fourni pour le développement de Judas. Bien sûr, l’équipe est plus large que cela mais ils constituent les plus gros cerveaux.
- Vous nous flattez, Monsieur.
- Visiblement, nos gros cerveaux ne valent pas autant que les langues du service juridique…
- Pierre, s’il te plaît. Laura, voici ton espace de travail. Ta mission ici est assez simple. Judas comporte un espace central, un dôme à l’intérieur duquel se trouve le cœur. Des protections ont été mises en place autour de ce cœur mais il semblerait qu’un virus arrive néanmoins à passer au travers. Nous voudrions que tu cherches une nouvelle défense qui contrecarrerait directement ce problème.
- Vous avez des précisions sur l’origine de ce virus ?
- Il s’agit d’un élément virtuel dont l’empreinte comporte des similitudes assez marquantes avec le cœur pour que le système de défense ne le considère pas comme un intrus.

Laura s’assit à son bureau et alluma le PC portable qui s’y trouvait, non sans s’empêcher de sourire. Elle ne pouvait pas encore en être certaine mais il y avait fort à parier que le virus en question n’était autre qu’Aelita. Après tout, elle était bien un élément virtuel capable de s’introduire dans le cœur du Cortex.

- Vous ne pouvez pas agir directement sur le virus ? demanda-t-elle avec une naïveté feinte.
- C’est une piste que nous explorons. Nous essayons actuellement de récolter des données pour nous débarrasser de ce problème.

Le sourire carnassier de Tyron n’augurait rien de bon. Décidée à ne pas compromettre sa situation, Laura resta impassible.

- Georges a commencé à effectuer des recherches. Notre obstacle principal se pose sur un élément que tu découvriras très vite : nous ne sommes pas totalement à l’origine de la création de Judas. Nous avons repris des travaux existants et il nous est donc parfois compliqué d’identifier toutes les subtilités de certains points. Nous n’avons notamment pas encore mis le doigt sur tous les moyens de contourner nos propres défenses.
- Je vais voir ce que je peux faire.
- Merci, Laura.

Tyron s’éloigna. Avant de quitter la pièce, il se retourna pour la regarder une dernière fois.

- La confidentialité n’est pas une clause dans un contrat ici. J’imagine que vu ton jeune âge et tes parents, tu ne me prendras pas au sérieux mais si tu parles de tes recherches en dehors du centre, ce n’est pas ton argent que nous attaquerons mais bien ta vie.

Laura en resta bouche bée. Elle ne s’attendait pas à ce que Tyron se montre si direct.

- Vous ne me faites pas peur. De toute façon, personne ne me croirait, à qui voulez-vous que j’en parle ?
- Pas à ta mère surtout.
- Pour l’instant, vous m’offrez de meilleurs moyens que la Russie. Vous pouvez compter sur ma loyauté.
- Décidément, les chats ne font pas des chiens. Tu parles comme ton père. « Je vous dis que vous pouvez compter sur moi mais si je trouve mieux ailleurs, on en rediscutera ».

Laura ne baissa pas les yeux. Elle n’en menait pas large mais elle avait tout de suite compris qu’elle ne devait surtout pas le montrer.

- Bonne journée, Laura. N’hésite pas à solliciter tes collègues en cas de besoin. Toutes les données déjà récoltées sont sur ton ordinateur.
- Ne sois pas inquiète, la rassura Lucas lorsque la porte se fut refermée. Il est tout le temps sur les dents. Beaucoup de travaux ici ont nécessité des fonds et un investissement personnel importants. Et nous sommes dans un domaine où les fuites vers les concurrents sont aussi catastrophiques que nombreuses. Sans vouloir porter atteinte à qui que ce soit, ton héritage familial ne joue pas en ta faveur.
- Son père est un sacré trou du cul, oui.
- Pierre !
- C’est pas vrai peut-être ?
- Ce n’est pas le sujet, coupa Laura. Essayons de rester professionnels.

Elle avait l’habitude de voir son aplomb et sa maturité désarçonner ses interlocuteurs. Le vieux grincheux ne fit pas exception.
Elle parcourut du regard les documents enregistrés sur son PC. Des données complexes, à n’en pas douter. Donc un sujet passionnant. Mais elle constata rapidement qu’elle était incapable de se concentrer. Une pensée l’obsédait. Une pensée qu’elle allait devoir exprimer avec finesse et prudence.

- Si je peux me permettre d’insister, il semblerait beaucoup plus facile de s’attaquer au virus directement plutôt que de revoir tout le système de protection, non ? En corrigeant un point, on risque d’en affecter un autre.
- Le virus en question est complexe, doté d’une grande intelligence sur laquelle nous n’avons pas beaucoup de données.
- Le professeur a dit que la récolte de ces données était en cours ?
- Oui, Lucas et moi travaillons sur le sujet.
- Et comment ça se passe exactement ?
- C’est confidentiel, intervient Pierre de son ton sec.

Laura sourit. Elle savait comment gérer ce genre d’égo.

- Ah, donc toi non plus, tu n’as aucune idée de comment ils font ?

Pierre lui jeta un regard méprisant.

- Bien sûr que si ! Le virus semble avoir pour origine un autre monde virtuel, on y a placé une balise. Elle va rechercher les traces des dernières activités et utiliser un algorithme ultra performant pour localiser la source desdites activités, on a déjà un tas de données à exploiter !
- La localiser… dans le monde réel ?
- Bah oui, qu’est-ce que tu crois ? On sait où est le monde virtuel maintenant mais il doit être lié à un ordinateur quantique du même style que le nôtre. Et crois-moi, ce genre de matos, ça ne se trouve pas dans une usine abandonnée !

Laura eut du mal à retenir son sourire. Mais cette pointe de joie ne dura pas. Il était peut-être déjà trop tard pour aider les autres. Peut-être que Pierre ironisait sur « une usine abandonnée » pour lui faire comprendre qu’ils avaient déjà trouvé le Supercalculateur. Elle voyait difficilement Tyron travailler main dans la main avec Jérémie. Il avait l’air d’être du genre à détruire ce qu’il ne pouvait contrôler.

- J’espère que vous allez y arriver. Cela faciliterait beaucoup les recherches si on avait le virus sous la main, on pourrait accroître le…
- Oui, bah fais déjà avec ce que tu as !

Décidément, il ne m’aime pas…

Laura passa la matinée à étudier les données à sa disposition. Jérémie aurait sans doute embrassé Hervé pour récupérer ce qu’elle avait sous les yeux. Avec ce genre d’informations, envoyer les autres sur Lyoko ne devenait même plus nécessaire, elle avait la main pour laisser la porte du cœur ouverte et pour bloquer la virtualisation des ninjas ! Du moins le pensait-elle. Elle s’emballait peut-être en mettant à profit ce qu’elle avait observé en travaillant avec les autres. Ses réflexions n’étaient peut-être que d’heureuses coïncidences qui s’avéreraient complètement erronées quand elle aurait creusé un peu. Des heures de travail s’annonçaient.
Mais elle avait quelque chose d’urgent à faire avant.
Deux coups secs furent frappés à la porte à midi pile. Pierre leva la tête vers l’écran situé devant lui et grimaça :

- J’aime pas bien la voir toute seule celle-là…

Laura suivit son regard et sentit une vague de soulagement l’envahir. Sa mère était là. On ne les séparait pas l’une de l’autre, pas encore.

- Bonjour. Laura, tu veux déjeuner ?

La jeune fille n’avait pas faim mais elle quitta quand même la pièce. Sur le chemin qui les séparait de la cantine, elle fut soulagée que sa mère ne lui pose pas de question. Cela lui permettait de réfléchir à sa marge de manœuvre. Être honnête risquait de mettre en danger le Supercalculateur. Elle avait confiance en sa mère mais elle préférait rester prudente. Moins elle en saurait, plus elle serait protégée.

- Alors, cette première matinée ? demanda Sandra lorsqu’elles furent assises devant leurs assiettes.
- Passionnante. Je pense que mon séjour ici va être très enrichissant. Et sûrement plus long que prévu…

Laura laissa volontairement sa phrase en suspens. Sandra s’engouffra dans la faille.

- Nous irons en Russie bientôt, dans un mois maximum, je te l’assure.
- Ce n’est pas pour la Russie que je m’inquiète. En fait, c’est pour…

Toute espionne qu’elle était, Sandra ne perçut pas que la gêne de Laura était factice.

- Que t’arrive-t-il ?
- En fait… je ne t’en ai pas parlé plus tôt parce que je ne voulais pas que tu le dises à Papa et parce que j’aurais voulu que tu le rencontres mais ça semble très compromis. J’ai un petit ami. Il s’appelle Frédéric. Et je n’ai pas pu le prévenir que j’étais ici. Cela doit faire deux jours qu’il est mort d’inquiétude. Avec un peu de chance, il aura été voir le principal qui lui aura appris que je suis partie mais j’aimerais lui dire où je suis, qu’il ne s’inquiète pas. Je me disais que tu pourrais peut-être me prêter ton portable, histoire que je puisse l’appeler. Si je pouvais le voir, ce serait même super.

Laura regretta immédiatement sa dernière phrase. Si Tyron avait des images de l’avatar d’Aelita, il pouvait tout aussi bien connaître celui de William. Elle se força à rester calme : William avait un physique plus commun, il était peu probable qu’un rapprochement soit fait.
Sandra de son côté hésitait entre dégoût et curiosité. Ses rapports avec les hommes étaient très loin de ceux d’une adolescente.

- Un petit ami ?
- Oui. Il est vraiment adorable, ça m’inquiète de le laisser sans nouvelle. Et vu comme c’est parti, le professeur Tyron risque d’être de moins en moins enclin à me laisser lui parler, il a l’air très à cheval sur la sécurité. J’imagine que tant que je n’ai pas trop avancé dans mon travail, il me laissera bien un peu de temps avec Frédéric, je ne risque pas de compromettre ses recherches.
- Il faut voir cela avec lui ma chérie, je n’ai aucun pouvoir ici.
- Je ne sais même pas où est son bureau.
- Je t’y conduirai après le déjeuner. J’imagine qu’il t’a interdit de parler avec moi de ce que tu fais ?
- Oui. Désolée.
- Ce n’est rien. On ne va pas avoir grand-chose à se dire sur le travail, alors si tu me parlais de ce Frédéric ?

Laura passa les vingt minutes les plus longues de sa vie, veillant à retenir précisément le mensonge qu’elle déroulait pour ne pas se compromettre plus tard. Heureusement, Sandra n’étant pas familière avec les relations amoureuses, elle ne nota pas à quel point la description de « Frédéric » manquait de passion.

***


- J’imagine que vous avez déjà un espion chez les russes ?
- Évidemment mais il n’est pas encore assez malin pour avoir été mis près de leur ordinateur quantique. Nous avons très peu d’informations sur Hoth. Et comme la principale certitude que nous avons est qu’on peut y mourir, tu te doutes que les volontaires ne se bousculent pas pour partir en exploration. Sans compter qu’avec les incursions sur Judas, il est difficile de dégager des effectifs.
- Ce qui n’est pas plus mal : plus l’équipe sera nombreuse, plus elle risque de se faire repérer par les russes, en plus d’attirer l’attention du virus. Le mieux serait de détacher une personne seule.
- À notre connaissance, la seule personne assez folle pour s’aventurer sur un monde virtuel sans renfort est cette chère Sandra. Il semblerait qu’elle soit leur agent de terrain principal là-bas. D’où l’intérêt de la conserver chez nous le plus longtemps possible.
- Quelle tâche accomplit-elle pour vous ? Vous ne pouvez pas la laisser fouiner de trop près, elle risquerait de découvrir l’existence de Judas.
- Tout le problème se trouve ici. Elle n’est pas sous notre autorité mais bien sous celle du G7 et plus globalement de son boss. Alors pour être tout à fait honnête, je ne sais pas exactement ce qu’elle va faire de ses journées. Il faut juste veiller à la tenir éloigner de nos recherches et d’Anthéa. Je vais sans doute flatter son ego en lui demandant d’entraîner nos ninjas au corps à corps. Quand je pense qu’ils se font encore rouler dessus par des gamins.

Gauthier n’osa pas réagir. Le sujet paraissait agacé profondément Tyron.
Des coups frappés à la porte firent diversion. D’un regard, Tyron fit comprendre qu’il ne se lèverait pas et Gauthier ravala sa fierté pour aller ouvrir.

- Laura ! Comment s’est passée ta matinée ?
- Excellente, le travail ici est passionnant mais j’ai une requête à formuler à Monsieur Tyron.
- Je t'écoute.

Laura fit semblant d’être gênée.

- C’est une demande assez personnelle.
- Mais bien entendu. Gauthier, sors.

Philippe serra les poings. Il commençait à en avoir assez de se faire malmener mais il savait que Tyron était son seul protecteur contre les russes. Mieux valait pencher la tête plutôt que de se la faire trancher.
Une fois la porte refermée, Tyron croisa les mains, ses yeux perçants rivés sur Laura.

- Je t’écoute.
- J’ai bien compris l’importance de la confidentialité de mes recherches et je préfère vous demander cette faveur avant de trop avancer, afin que vous n’ayez pas de raisons de douter de moi. J’aurais voulu votre autorisation pour passer un appel téléphonique vers l’extérieur. C'est vraiment important pour moi.
- Laisse-moi deviner : tu as un petit ami que ton père ne connaît pas ?
- D’où le caractère personnel de ma demande.
- Je vois… Je ne sais pas à quel point tu es aussi brillante que tes parents le disent mais même si tu n’as qu’un dixième du génie qu’ils prétendent, tu pourrais déjà révéler des choses capitales. Tu ne verras donc aucun inconvénient à ce qu’un de mes hommes écoute ta conversation ?

Laura avait craint cette condition mais elle n’avait pas le choix. Aussi hocha-t-elle la tête, réfléchissant déjà à la manière dont elle pourrait faire passer son message à William. L’espace d’un instant, elle se dit qu’il valait mieux qu’elle contacte Jérémie. Après tout, il n’était jamais allé sur le Cortex et il serait sans doute plus vif d’esprit. Mais c'était pour cela qu'elle ne pouvait pas lui parler. Elle devait rester maîtresse de la conversation et Jérémie risquait de poser des questions pour lesquelles elle ne trouverait pas de réponse qui ne paraîtrait pas suspecte.

- Parfait. Gauthier, tu peux revenir ! Aurais-tu l’amabilité d’accompagner Laura jusqu’à la salle de vidéo surveillance ? Peter est de permanence, ce sera son chaperon. Il a un téléphone professionnel avec lui que tu pourras utiliser, petite.

Gauthier crut qu’il avait mal entendu. Laura allait avoir le droit de communiquer avec l’extérieur ? Tyron était prêt à mettre de côté sa paranoïa sur la confidentialité ? Mais un détail lui revient : le cerveau n’était pas tout. L’adolescente aussi intéressait Tyron. Nul doute qu’avec son absence de famille, c’était un ami qu’elle allait contacter.
Un ami qui pourrait apprendre à Tyron des informations qu’aucun chercheur ne trouverait.

***


William, plongé dans un article d’Alternatives Economiques qu’il relisait pour la troisième fois, faillit ne pas répondre lorsque son portable vibra. Il décrocha presque à la dernière seconde, ayant à peine le temps de pester intérieurement contre les gens qui appelaient encore en inconnu.

- Oui ?
- Salut, Fred. Dis donc, je pensais que tu serais prêt à décrocher tout de suite, mon absence n’a pas l’air de trop t’inquiéter !
- Vous devez faire erreur sur la personne.
- Comment ça va bébé ? Ton exposé sur la nanotechnologie, tu t’en sors sans moi ?
- Laura ? Tu as fumé ? On t’a fait un lavage de cerveau ?
- Oh, tant mieux ! Écoute, moi ça va, c’est super ici. Je ne peux pas te dire où je suis et ce que je fais mais je vais très bien, j’apprends plein de choses ! Le professeur Tyron est super disponible, j’espère vraiment réussir à l’aider.
- Attends, tu as dit Tyron ?
- Oui, c’est dingue, hein ? C’est sûr que ça flatte mon ego, hein, c’est Jéjé qui serait fou ! D’ailleurs, tu pourras lui dire que je n’ai toujours pas retrouvé mon collier ? Il faudrait vraiment qu’il vérifie si je ne l’ai pas oublié chez lui ! Comme ça, je pourrai revenir le chercher et te voir un peu, ça me ferait plaisir. Mais à la réflexion, vue la sécurité ici, on enverra sûrement quelqu’un le récupérer pour moi !
- Ton collier chez Jéjé ? Tu parles de Jérémie ? Tu as oublié quelque chose dans sa chambre ?
- Oui, c'est ça, sans doute dans sa chambre mais vérifie chez sa copine aussi. Non, aucune idée de quand je rentre. Pas avant un moment, j’imagine. Et je vais déjà devoir retourner travailler. Pense à bien demander pour mon collier surtout, s'il te plaît ! Je t’aime, Fred. À bientôt, j’espère. Tu me manques déjà tellement !
- Euh… à bientôt.

William resta plusieurs secondes le portable collé contre l'oreille. Il imaginait mal Laura toucher à des substances illicites, un tel appel ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait voulu lui faire passer un message. Et il n'était pas fou, elle avait clairement mentionné le nom de Tyron.
Dans quoi s'était-elle embarquée ?
Ou plus inquiétant encore, dans quoi l'avait-on embarquée ?
Comme il s'y attendait, Jérémie ne s'offusqua pas lorsqu'il entra dans sa chambre sans frapper, pas plus qu'il ne releva la tête. En revanche, un soupir d'exaspération échappa à Aelita lorsque la porte s'ouvrit.

- Jim, on trav... Ah c'est toi William ? Désolée, Jim est déjà passé trois fois nous décocher des regards suspects !
- On a déjà de la chance qu'il ne nous ait pas demandé d'aller en salle d'étude pour qu'il puisse mieux nous surveiller, répondit machinalement Jérémie.
- Je crois que Laura a des ennuis.

Assise sur le lit, dos au mur, Aelita fronça les sourcils. L'annonce était assez inattendue pour que même Jérémie fasse tourner sa chaise vers William.

- Elle vient de m'appeler et soit on lui a lavé le cerveau, soit elle a des informations à nous faire passer.
- Raconte.

William essaya de répéter au mot près sa conversation avec Laura.

- Elle est chez Tyron ?
- On dirait bien.
- Mais... Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
- Ce n'est pas le plus important dans l'immédiat, Jérémie. Elle a pu nous contacter et son appel ne ressemble pas à un SOS. Donc elle ne semble pas menacée. Si elle a quand même tenu à nous appeler, c'est sans doute que...
- C'est nous qui sommes menacés.
- Plutôt Lyoko à mon avis. Je ne sais pas ce qu'elle entendait par collier mais elle a clairement dit qu'il fallait que tu vérifies dans ta chambre et « chez ta copine ». Chez moi, c'est Lyoko.
- Tu penses vraiment qu'elle en a conscience ?
- Elle est tout sauf stupide. Elle était là quand tu as résumé la situation à Mathilde, elle sait que tu m'as trouvée sur Lyoko en rallumant le Supercalculateur et elle m'entend en parler.
- Donc il y aurait quelque chose sur Lyoko ?
- Le ninja, conclurent Jérémie et Aelita au même moment.
- Il a dû amener quelque chose avec lui.
- Impossible, on s'en serait rendu compte !
- Les choses se sont passées vite. Et de toute évidence, Tyron est plus malin qu'on le pensait. Je ne sais pas comment Laura s'est retrouvée chez lui mais il a peut-être une longueur d'avance sur nous. Il n'y a rien d'incroyable à ce que son homme de main ait placé sur Lyoko quelque chose. Pour détruire Lyoko lui-même si ça se trouve.
- Laura a parlé d'un collier. Tu crois que c'est une allusion au collier explosif de Battle Royal ? s'inquiéta William.
- Pas certaine que Laura perde son temps devant ce genre de films.
- Je parlais surtout du manga...
- Bref, je serais surpris que ce soit ce qu'elle ait voulu dire mais je vais dans tous les cas vérifier si je trouve quelque chose sur Lyoko. C'est faisable d'ici, je lance un scan.

***


Sandra toisait un par un les jeunes hommes alignés face à elle. Elle commençait sérieusement à revoir son opinion sur Tyron.
Aucune de ses recrues n'avait lâché un petit sifflement lorsqu'elle était entrée dans le gymnase. Aucune blague grivoise n'avait interrompu sa présentation. Aucun sourire narquois, aucun ricanement, aucun coup de coude qui signifiait clairement « - Deux jours et elle est dans mon lit ! - Tenu ! ». Ils restaient bien droits dans leurs survêtements noirs. Aucun n'était par terre à se tenir douloureusement les parties. Aucun ne lui avait laissé l'occasion de montrer qu'elle n'était pas là pour leur plaisir.
Ils étaient sept, sept combattant concentrés. Sept hommes suffisamment dévoués à leur mission pour ne pas la voir comme une femme désirable mais comme une instructrice.
Visiblement, le petit français qu'elle méprisait de tout son être avait plus de ressources qu'il y paraissait.

- Vous voulez tirer à la courte paille celui qui fera équipe avec moi ou vous avez un leader ?

Personne ne répondit mais six d'entre eux firent un pas en arrière, laissant en avant le plus petit du groupe.

- Très bien. Vous vous mettez par deux et vous me montrez ce que vous valez. Je vous explique après avec votre copain ce que vous devez améliorer.

Sandra aurait préféré porter sa toque virtuelle tous les jours plutôt que de l'avouer mais ce qu'elle vit retint son attention. Ils savaient se battre.

- Notre groupe tourne beaucoup. La moindre faiblesse se paye au prix fort. C'est stimulant, ça nous permet de donner le meilleur de nous-même.

Sandra ne répondit pas au garçon resté debout à ses côtés. Elle hésitait sur la marche à suivre. Tyron lui avait demandé d'entraîner ce qu'il appelait « ses ninjas ». Elle n'avait pas intérêt à le contrarier, cela pourrait revenir aux oreilles du G7 et causer du tort au boss, voire annuler sa mission. D'un autre côté, elle n'avait pas l'intention d'aider le français à créer des armes qu'il pourrait un jour retourner contre elle. Même si les bâtons qu'ils utilisaient et qui justifiaient visiblement leur nom ne tiendraient pas longtemps face à ses balles, elle n'avait pas envie de se créer des ennemis. Elle n'avait pas le temps pour cela. Elle devait surveiller Laura ou plutôt surveiller la manière dont Tyron comptait l'utiliser.
Et ce n'était pas dans ce gymnase qu'elle allait y arriver.

- Bien, changement de plan, on va s'arrêter là pour aujourd'hui.
- Pardon ?
- C'est à peine un échauffement !

Sandra haussa les épaules, preuve que cela ne l'intéressait pas. Sa mission était de ramener Laura en Russie, elle avait l'aval du G7 pour cela. Le boss réussirait à les faire patienter, elle n'en doutait pas, mais Tyron ne pourrait pas se plaindre qu'elle refusait de travailler pour lui. Laura passait avant.
Sans se soucier davantage des protestations, elle tourna le dos aux ninjas et se dirigea vers la sortie. Ce fut à cet instant qu'une main se posa sur son épaule.
Le temps sembla se figer dans le gymnase. Les souffles étaient suspendus à celui de Sandra qui s'était arrêté. Elle détestait qu'on la touche. Lentement, elle posa ses doigts sur ceux qui osaient la retenir. Sans les relâcher, elle se retourna. Ses yeux plongèrent dans le regard émeraude de celui que les autres avaient désigné comme leur chef. A moins qu'ils ne l'aient sciemment offert en pâture à sa colère.

- Ton nom ?
- Qu'est-ce que ça change ? Tu te vois déjà l'écrire sur ma tombe ?

La pointe d'humour dans la voix du garçon déstabilisa Sandra une fraction de seconde. Le temps dont il eut besoin pour ramasser un bâton et bloquer le genou qui aurait dû le priver de descendance. Puis, sans chercher à pousser le combat, il recula d’un pas et s’inclina brièvement.
Tous les sens de Sandra se mirent en alerte. Visiblement, ce garçon n’était pas une offrande à sa colère. D’un regard, elle nota sa garde, simple et efficace. Campé solidement sur ses pieds, la tension presque imperceptible dans ses jambes montrait qu’il était prêt à se déplacer et vite. Il tenait son bâton d’une main ferme et souple à la fois, signe qu’il n’hésiterait pas à le lâcher si cela lui promettait un meilleur angle d’attaque. Son visage affichait une attitude narquoise que Sandra ne trouvait pas professionnelle mais elle comprit que là résidait le danger. Elle n’avait pas affaire à un duelliste bête et concentré qui, aussi mortel qu’il puisse se révéler, garderait une part de prévisibilité. Ce gamin ne comptait pas la tuer. Mais que voulait-il ? L’impressionner ? Impressionner ses amis ? Se prouver quelque chose ?
Elle allait devoir lui faire ravaler son orgueil.
Elle s’inclina à son tour, prenant soin de se pencher bien bas. Il y avait deux options. Soit elle s’était trompé et il attendrait bêtement qu’elle se redresse pour engager le combat. Soit elle avait vu juste et elle se tenait face à un vrai guerrier.
Le sifflement du bâton lui arracha un sourire. C’était bon d’avoir raison.
L’attaque était rapide mais sa main le fut davantage. Au moment où ses doigts se fermaient sur l’arme, elle redressa la tête.
Et reçut un coup de talon directement sur la joue.
Elle ne s’en voulut pas. Le but n’était pas d’esquiver ou de parer. Elle ne perdait pas des points si on réussissait à la toucher. Le but, c’était de laisser l’autre par terre. Ou, étant donné le contexte moins radical, le forcer à reconnaître sa défaite.
Elle accepta donc la douleur dans sa mâchoire et utilisa le bâton pour faucher les jambes de son adversaire, qui esquiva d’un saut. Ce faisant, il se retrouva à la hauteur idéale pour que le poing libre de Sandra lui écrase l’abdomen.
S’il chuta violemment en arrière, le garçon ne se laissa pas abattre. Il roula sur le côté pour éviter un autre coup de bâton et, privilégiant la force à la dignité, il glissa à plat ventre vers Sandra pour lui attraper les deux chevilles. D’un coup sec, il la fit tomber à son tour mais avant qu’il ait pu récupérer son bâton, elle lui attrapa le t-shirt et le tira vers elle, jusqu’à se retrouver sous lui. Elle ne savait pas s’il serait sensible à cette technique qui lui avait plusieurs fois permis de l’emporter. Mais il y avait de fortes chances qu’il se laisse déconcentrer par le contact de leurs deux corps.
Un violent coup de tête sur son front lui fit comprendre qu’il n’était pas si bête. C’était douloureux d’avoir tort.

OK, puisque tu ne me laisses pas le choix…

Du sang coulait dans son œil droit. Il avait dû lui ouvrir l’arcade sourcilière mais elle avait littéralement déjà vu pire. Alors que sa main droite glissait contre sa cuisse, son coude gauche fusa vers le menton du gamin qui essayait de récupérer son bâton. Il sentit alors un contact froid sur sa tempe et ne bougea plus.

- C’est déloyal.
- C’était la leçon du jour : l’honneur ne mène à rien, railla Sandra en appuyant un peu plus fort le Beretta contre la peau. Je ne sais pas ce que Tyron vous demande et je ne sais pas dans quel but on vous entraîne. Mais retenez ceci : si vous ne vous battez pas chaque jour comme si votre vie était menacée, vous finirez par la perdre. Vous devez voir les choses comme dans un jeu vidéo (le regard plongé dans celui du gamin, Sandra ne vit pas le sourire des autres) : si votre adversaire est déjà armé et que vous arrivez les mains vides, il n’attendra pas que vous trouviez un flingue pour vous battre « à la loyale ». Il tirera. Game over.
- Charmante leçon. Merci beaucoup.

Sandra releva la tête. Un groupe de sept filles avait rejoint le gymnase et la meneuse, très grande, avec une longue natte noire, lui souriait.

- Nous aurions adoré profiter de votre enseignement nous aussi mais vous êtes attendue par le professeur.

Le garçon au-dessus de Sandra s’éloigna lentement du revolver qu’elle rangea sans sourciller. Ils se relevèrent et à nouveau, elle lui demanda :

- Ton nom ?
- Qu’est-ce que ça change ? Tu veux m’envoyer une invitation ?

Elle sourit malgré elle.

- La prochaine fois, je serai désarmée. Tu mérites un combat « à la loyale ».
- Si c’est ça que tu veux, tu ferais mieux de garder ton arme.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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