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 Auteur Message
Dede7 MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet du message: La Disparition Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1346

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Laura venait d’arriver dans le laboratoire. Étrangement, il n’y avait personne. Elle avait vu Jérémie se précipiter vers l’internat, suivi de Jim. Mais aucune trace des autres à Kadic. S’approchant de quelques vers le pupitre du supercalculateur, elle finit par comprendre que les autres étaient virtualisés. Encore une fois, elle n’avait pas été prévenue. Sympa, les amis. Que fallait-il qu’elle fasse pour gagner leur confiance et leur reconnaissance ?

Elle s’assit sur le fauteuil et étudia la situation. Sur l’écran de gauche, les positions d’Ulrich, de Yumi, d’Odd, d’Aelita et de William étaient affichées sur le Cortex, en déplacement en direction du Skid. Sur l’écran de droite, une fenêtre de diagnostic lancé sur les systèmes du Skid indiquaient un plantage logiciel, avec des dégâts conséquents sur les systèmes du vaisseau. Enfin, au milieu, le Superscan indiquait une Tour activée. L’holomap, derrière l’écran, plaçait celle-ci quelque part dans les confins du territoire du Désert.

À priori, la petite bande tentait une exploration du monde virtuel de Tyron, quand Xana les a surpris en activant une tour et en piratant au passage le système d’exploitation du vaisseau numérique. Jérémie avait dû aller chercher des logiciels spécialisés stockés dans sa chambre, afin de pouvoir réparer le Skid. C’eut été plus simple de m’appeler ! Pensa Laura.

— Bon, qu’est-ce qu’il fait, il en met un temps Einstein ! fit soudain la voix d’Odd, sortie de l’oreillette de Jérémie abandonnée sur le clavier.
— Il lui est peut-être arrivé quelque chose ? s’inquiéta William.

Est-ce que Jim aurait pu lui tomber dessus ? Si oui, effectivement, ils risquaient d’attendre longtemps.

— Je vais aller le chercher, déclara alors Aelita. Odd, dévirtualise-moi.
— Tu es sûre, Princesse ?
— Oui. Vas-y.

L’avatar de la jeune fille disparut alors effectivement de la carte virtuelle, tandis que la fenêtre d’activité des Scanners s’activa automatiquement pour suivre le processus de re-matérialisation. Laura entendit ensuite le bruit du monte-charge appelé à l’étage du dessous, avant de repartir directement vers la surface.

Au moins, Jérémie était là dehors, pensa-t-elle. Il pourrait s’occuper d’Aelita s’il devait lui arriver quelque chose. Elle se concentra alors sur la situation du Skid. Il était effectivement en piteux état. Il lui fallut pas moins de deux minutes de pianotage sur cet horrible clavier mécanique pour stabiliser la situation, en rétablissant les niveaux d’énergie à la normale, réinitialisant les services défaillants et désactivant les protocoles d’auto-diagnostic du code en mémoire — ça, c’était sa petite astuce maison, assez contre-instinctive mais redoutablement efficace en situation d’urgence.

Cependant, le problème était que, si le Skid était maintenant redevenu capable de voler, il était désormais incapable de le faire tout seul. En effet, impossible de réparer totalement toutes les fonctionnalités de l’ordinateur de bord embarqué permettant le pilotage automatique sans redémarrer complètement le vaisseau. Et impossible de le faire sans d’abord le ramener à bon port, sur Lyoko, sans au minimum risquer la vie de ses passagers. Ou en tous cas, leur ticket de retour dans le monde réel. Et à priori, ce serait hors de question. Même pour elle.

Le seul moyen était donc de ramener le vaisseau en pilotage manuel, à l’ancienne. Mais pour cela, il fallait un pilote. Et comme cette greluche d’Aelita s’en était allée en laissant ses camarades dans les navskids, il allait falloir trouver quelqu’un d’autre de suffisamment aguerri aux systèmes de pilotage pour contrôler le Skid et à la fois de suffisamment compétente en programmation pour parer aux problèmes d’instabilité logicielle qui pouvaient encore subvenir à bord. Surtout quand certains d’entre eux utilisaient des codes de commande en base sénaire. Sérieusement, qui fait ça ?

C’est donc tout naturellement qu’elle lança une procédure de virtualisation différée, en visant directement le poste de pilotage du Skid. Elle descendit par la trappe dans la salle des Scanners, se plaça à l’intérieur de l’un d’entre eux, se tourna face à l’ouverture, se tint droite, inspira un grand coup et ferma les yeux.

Un flash lumineux et un bourdonnement plus tard, et elle était là, à bord du Skid, sur un monde virtuel, dans un supercalculateur quantique à l’autre bout du Réseau. Elle prit quelques secondes pour sourire et savourer le plaisir. Puis elle s’empara des commandes, démarra le vaisseau, et lui fit faire le grand plongeon.

L’écran de diagnostic principal du vaisseau s’afficha presque instantanément devant le pare-brise pour se plaindre de ses systèmes en panne, et de ses systèmes de pannes qui étaient aussi en panne. Diantre, quelle coquetterie pouvait habiter ce logiciel, qui avait bien pu programmer une machine aussi douillette ? Elle dégagea de sa vue les icônes correspondant aux composants qu’elle avait patché à la va-vite, ainsi que celles, de toutes façons grisées et donc inutiles, correspondant aux modules qu’elle avait carrément désactivés, comme les communications, le pilotage automatique, ou encore l’éclairage. Tout ce qui importait, c’était la propulsion et la navigation. Et ça, ça marchait pas trop mal.

Laura trouvait même le temps d’admirer la beauté du Réseau. Enfin, pendant quelques secondes, avant que celui-ci ne vire à son tour au rouge de l’alerte. Elle largua alors les Navskids, et regarda leurs pilotes faire leur travail d’escorte en chassant les monstres, faisant barrage pour défendre leur vaisseau mère. Au moins, ils étaient compétents pour cela. Et assez intelligents pour comprendre qu’il fallait défendre le Skid, même sans communications pour l’expliquer, puisqu’il aurait du mal à contre-attaquer dans sa situation.

Malgré tout, alors que les Kongres étaient efficacement tenus à distance, des Mantas réussirent à forcer le barrage grâce à un bombardement de mines, et foncèrent droit vers le Skid. Après un instant de frayeur, Laura eut le réflexe de déboîter le vaisseau, permettant une esquive osée derrière un récif en contre-bas, ce qui le sauva de la première salve d’attaques sans trop en demander aux boucliers. Mais il eut ensuite la deuxième vague. Les Mantas, regroupées, fonçaient à nouveau sur le Skid. Et deux d’entre elles s’accolèrent, ventre à ventre, pour lancer une attaque combinée directement sur Laura.

Elle mit quelques secondes avant de reprendre conscience. L’ordinateur de bord était purement et simplement éteint, et la ligne d’horizon commençait à dangereusement s’incliner. Il fallait vite reprendre le contrôle avant de finir complètement à la dérive. Heureusement, les Navskids réussirent à éliminer le dernier monstre rapidement, et à faire retrouver sa lueur bleutée à l’environnement. Cela donna à la pilote le répit nécessaire pour reprendre le contrôle, ré-arrimer les navettes et rentrer sur Lyoko.

Encore un peu sonnée par cette attaque étrange, Laura laissa les héros débarquer et foncer vers l’Arena, et lança le redémarrage complet du Skid tout en se dévirtualisant. Quelques minutes plus tard, les lyoko-guerriers revinrent sur Terre, non sans avoir désactivé la Tour avec succès, tandis que Jérémie et Aelita revenaient enfin à l’Usine.

Tout le monde se retrouva dans le labo, et fêta la réussite de la mission.

— Désolé les amis, s’excusa Jérémie, Jim m’a coincé dans un couloir, j’ai pas réussi à le feinter avant qu’Aelita ne vienne faire diversion !
— Pas de souci, répliqua Odd. J’espère juste que tes statistiques fonctionnaient encore ! Fallait voir ma performance aujourd’hui, six Kongres !
— L’esquive, ça compte aussi dans tes stats ? Demanda Laura. J’ai bien réussi à éviter de me faire passer à travers deux ou…
— D’ailleurs, demanda William, c’était quoi, ce tir étrange de Mantas ?
— Ah oui tiens, reprit Laura, j’aimerais bien…
— Aucune idée. La dernière fois, ça avait eu des conséquences sur la matérialisation. Mais là, à priori, tout le monde va bien, non ?
— Heu, pas vrai…
— En tous cas, on les a dégommées elles aussi. Je vous le dis, rien n’égale Odd le Magnifique !
— Et notre combo, coupa Yumi en s’adressant à William, lui aussi, il marche encore mieux que prévu en fin de compte !
— Bon allez, vous vous vanterez de vos exploits sur le chemin, il faut qu’on rentre ! annonça finalement Ulrich.

Tous les six se dirigèrent alors vers le monte-charge pour rentrer à Kadic. Dépitée, et désespérée, Laura se laissa alors passer à travers.

_________________
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VioletBottle MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet du message: Répondre en citant  
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Lundi 1er Juillet 2013
Cher journal,

Tu viens de m’être offert, par ma grande sœur, pour mon anniversaire. Le meilleur cadeau, cette année. Mais ça aurait été difficile d’être pire que mes (stupides) (idiots) parents. D’après eux, mes notes sont mauvaises cette année (sérieusement, 13/20, c’est suffisant, non ?! Mad ), alors ils ont décidé de m’envoyer en internat cet été. Dans un genre de lycée privé, avec des cours particuliers. Comme si j’en avais pas assez marre à l’année, de voir mes profs et ma classe… Tous des (crétins) (immatures) qui se croient plus intelligents que tout le monde, alors que leur vie consiste à rester enfermés entre quatre murs et à faire tout ce qu’on leur dit, même quand c’est absurde. C’est juste une blague, et ils voudraient la prolonger pendant les vacances ? Honnêtement, ils devraient s’estimer heureux que je me lève pour aller au lycée, et que je laisse pas tout tomber. Je vais leur faire regretter leur dépense, tiens. On est en Juillet, j’ai le droit de ne pas travailler. J’irais, mais je ne ferai rien de plus.



Lundi 8 Juillet 2013
Cher Journal,

Ça y est. Me voilà dans ma nouvelle chambre. J’ai été déposée ce matin. Seule ma grande sœur m’a vraiment dit au revoir ; mes parents se sont contentés d’un « travaille bien, on revient fin Août ». Je n’ai rien dit ; que dire de plus, après des adieux aussi déchirants, n’est-ce pas ? Laughing
Enfin, parlons de la chambre, ce sera sans doute plus intéressant. Elle est petite et blanc bizarre, avec un lit simple, une armoire et un bureau. Apparemment, je serai seule à l’occuper. C’est déjà ça. De la fenêtre, on voit la cour du collège : une allée gravillonnée, un terrain de sport, et un chemin qui mène vers une petite forêt. Pas exceptionnel, mais ce n’est pas comme si j’étais en vacances, pas vrai ? En tout cas, ça n’a pas perdu de temps avant de venir me parler. La fille du proviseur, le type des nanas de mon collège, m’est tombée dessus tout de suite. Elle s’appelle Mimi, ou Gigi… Elle a dit tellement de choses, je n’ai pas eu le temps de retenir ! Et puis, avec ce genre de nana, l’essentiel de la conversation tourne vite autour des fringues et du maquillage. Elle aurait pu tomber pire ; ç’aurait pu être ma grande sœur ! De nous deux, c’est moi qui touche aux affaires de maman. Ça ne veut pas dire que je vais agresser la première venue sur la question non plus. J’ai juste hoché la tête pendant que Lili, ou Vivi, me parlait, et elle a fini par se lasser.
Comme tu le vois, cher journal, rien de très palpitant. J’imagine que ma vie sera plus palpitante dans des années, quand j’aurai mon boulot, mon appart, un chien et une copine ! En attendant, va falloir faire avec.
A plus tard !



Mardi 16 Juillet 2013,
Cher Journal,

Ça fait une semaine, seulement ? J’ai l’impression que des années se sont passées. Le croirais-tu, si je te disais que les cours en été, c’est plus pénible que le reste de l’année ? J’aurais au moins appris quelque chose, dans cette école.
Mais, j’avoue, ça aurait pu être pire. J’ai rencontré cette fille, Yumi Embarassed Elle est une classe au-dessus de moi, tout le temps habillée en noir, et plutôt sympa si on se contente de parler des cours. Elle m’a dit qu’elle s’était portée volontaire cet été pour faire du soutien scolaire. Enfin, ça c’est la version officielle. Elle m’a confié que c’était en fait un bon plan pour avoir la maison à elle toute seule et passer l’été avec ses amis. Je crois que je l’aime bien. En tout cas, elle explique mieux que la plupart de mes profs ! Je ne prends pas encore goût aux langues, mais au moins j’ai envie d’écouter ce qu’elle dit. Et en échange, peut-être que je pourrais lui montrer quelques trucs en maths… Dommage que, dès qu’on sort de la salle, elle retourne tout de suite avec son groupe d’amis. Ils sont tous dans ma classe, mais je ne sais pas encore qu’en penser. Ils sont tout le temps collés ensemble, ils ne parlent à personne d’autre, et ils regardent toujours autour d’eux avant de discuter. Ils sont franchement bizarres. Je ne vois pas trop ce que Yumi fait avec eux, en fait. Neutral
Peut-être que je devrais me jeter à l’eau, et proposer de passer un après-midi avec Yumi. Pour réellement l’aider en maths. On dit que je suis très en avance, dans cette matière ; avec un peu de chances, elle est moyenne, et j’aurais de quoi la remercier pour ses cours. Peut-être demain.
À plus tard, et souhaite-moi bonne chance !



Jeudi 25 Juillet 2013,
Cher Journal,

Je sais, normalement on ne doit pas laisser son journal aussi longtemps sans nouvelles, mais je ne voulais pas revenir te parler sans être sûre de moi. Il se passe des choses bizarres, dans ce collège !
Comme je te l’avais dit, je suis allée parler à Yumi, après son cours d’anglais. J’avais mis les formes : jolie jupe, joli chemisier, messy bun… J’avais même ramené mon manuel de maths, au cas où elle aurait du temps ce soir-là ! Ça partait bien, l’après-midi se passait normalement, elle avait l’air de bonne humeur… Tout de suite après la sonnerie, je lui ai demandé. Elle a souri, avait l’air plutôt partante… Mais aussitôt après, elle a reçu un coup de fil. Ça a duré moins de deux minutes, et elle est partie ! Comme ça, en s’excusant à peine, et en me promettant qu’on verra ça plus tard ! Evil or Very Mad Je t’avoue, sur le coup ça m’a un peu vexée. Mais ça pouvait être une vraie urgence, un problème avec ses parents… Alors j’ai pris sur moi, et j’ai attendu le lendemain. Pour retenter ma chance.
Cette fois, pas de coup de fil, mais un refus tout de même. Apparemment, son groupe d’amis lui prend tout son temps libre. Ils bossent sur un projet pour l’année prochaine, un truc d’informatique ou quelque chose comme ça. J’ai bien tenté d’en savoir plus, en parlant de ma grande sœur qui est un petit génie des ordinateurs, mais rien à faire. Top secret. Je devais avoir l’air déçue, parce qu’elle m’a tout de même donné son numéro de téléphone. Un petit pas pour moi. Mais ce n’était pas suffisant ! Après tout, je suis plutôt pas mal en informatique, moi aussi, je pouvais peut-être participer… A peine lui ai-je proposé qu’elle recevait un appel ! Et évidemment, tu le devines, il a fallu qu’elle parte tout de suite, et désolée, et on se voit demain ! Quel genre de projet est si critique, qu’il faille partir dès qu’on t’appelle ? Neutral
Le lendemain, j’essayai une nouvelle stratégie. Avant de foncer tête baissée, je devais faire de la reconnaissance de terrain. Pendant les cours où Yumi n’était pas là, j’ai tendu l’oreille vers ses amis. Les profs n’ont pas l’air de s’en rendre compte, mais ils sont très bavards. Oh, bien sûr, ils ne parlaient peut-être pas de ce qui m’intéressait, mais ça valait le coup d’essayer, non ?
Eh bien, crois-le ou non, mais ça n’a pas servi à rien. Maintenant, je sais que leur projet s’appelle XANA, et qu’il est en rapport avec le réseau (mais qui appelle internet comme ça, sérieux ? Même ma sœur ne se la pète pas autant) et un virus qu’ils essaient de contrer. Ils en parlaient un peu confusément, mais en tout cas ça les passionne. Ils parlent même d’y « plonger » ! Je ne sais pas comment ils font pour bosser comme ça pendant les vacances. Surtout que leurs chefs, Jérémie et Aelita, n’a pas l’air d’avoir besoin de soutien scolaire, alors qu’Ulrich et Odd, au contraire, n’ont pas l’air d’avoir le niveau pour ce genre de projet. Plus j’y réfléchissais, plus c’était bizarre, comme histoire.
Je n’ai pas retenté ma chance auprès de Yumi depuis. Je veux en savoir plus sur ce projet d’abord. Et c’est pour ça que, la prochaine fois que Yumi sera appelée, je la suivrai. Pour voir ce qu’ils trafiquent tous.
A plus tard, j’espère que je ne me lance pas dans un truc trop louche !



Vendredi 2 Août 2013
Cher Journal,

Exclamation Mais où étais-tu passé ? Je t’ai cherché partout la semaine dernière ! Et pile quand j’avais des choses croustillantes à te raconter !
Où en étais-je… Ah oui, ma filature. Comme par miracle, Yumi a reçu un coup de fil après les cours. Enfin, vu la fréquence des appels, j’aurais surtout manqué de chance autrement… Enfin, j’ai pu la suivre. Première surprise : malgré l’urgence manifeste à chaque fois qu’elle me plantait, elle ne marchait pas particulièrement rapidement. Par contre, elle était prudente ! Elle passait son temps à regarder derrière elle et à prendre des chemins bizarres, comme si elle avait peur d’être suivie… Le projet était peut-être top secret, mais c’était qu’un devoir scolaire ! Ça ne servait à rien d’être aussi discrète pour si peu ! Définitivement, il y avait quelque chose d’étrange là-dedans. J’ai bien cru qu’elle allait me repérer plusieurs fois, mais finalement, elle a filé vers la forêt, et est entrée dans une sorte de bouche d’égout, ou une entrée de bunker. J’ai d’abord pensé à du trafic de drogue, ou un truc comme ça. Sérieux, qui irait passer ses soirées dans un truc pareil, sinon des gens louches ? Ça m’a rappelé l’été dernier, avec ma grande sœur, quand on se planquait derrière la maison de papi pour essayer son vin… Je me rappelle encore la tête de papa ! Laughing
Enfin, bref. J’ai attendu quelques instants, puis je suis entrée, moi aussi. Je n’allais tout de même pas m’arrêter en si bon chemin ! Il s’avère que c’était bien une bouche d’égout, mais ce que j’avais moins prévu, c’est que ce serait un véritable labyrinthe ! Yumi avait trop d’avance, je ne savais pas par où elle était partie, et il m’a fallu me rendre à l’évidence : il y avait trop d’embranchements. Les explorer au hasard, c’était risquer de se perdre. Je suis retournée à la surface. J’avais perdu cette partie, mais pas la guerre ! J’allais parler à Yumi de ce que j’avais vu. J’y ai repensé sur tout le chemin du retour, et une fois rentrée à l’internat, je ne te retrouve plus ! Tu avais disparu ! Je l’avoue, j’ai suspecté les amis de Yumi. Non, mais sérieusement : je pars à sa poursuite, et quand je reviens, tu n’es plus nulle part ! Peut-être me suis-je vraiment mêlée d’un truc grave… Finalement, c’est Yumi qui me la rendu, en expliquant qu’elle l’avait arraché à la chambre de Sissi (la fille du proviseur, elle s’appelle comme ça, en fait!). J’aimerais bien la croire, mais je parle à peine à cette fille-là ; je ne vois pas trop ce qu’elle me voudrait… Et puis, tes pages sentent bizarre ; comme le chien de papi… Shocked
Maintenant, tu ne me quittes plus. Tu seras toujours dans mon sac. Voyons le bon côté des choses, je te tiendrai à jour plus souvent ! Et ça tombe bien, ce soir je parle à Yumi. Tu seras aux premières loges !
Pas à plus tard, car tu es déjà avec moi !



Mardi 7 Août 2013
Cher journal,

Comme promis, je te préviens de mes avancées ! J’ai dit à Yumi que je l’avais vu aller dans la forêt. Je n’ai pas tout dit tout de suite ; il vaut mieux y aller prudemment, tant qu’on ne sait pas de quoi il retourne. J’essaie de réfléchir comme ma sœur ! Elle s’en est toujours si bien sortie, quand on s’attirait des ennuis…
Bref, j’en ai donc parlé à Yumi. Elle a pâli direct. Je n’ai même pas eu le temps d’insister, elle m’a immédiatement prise dans un coin pour me demander de ne rien dire à qui que ce soit. Qu’elle ne pouvait pas m’en dire plus, mais que je devais lui faire confiance. Tu me connais, tu te doutes que ça n’a pas suffi, n’est-ce pas ?
Alors qu’elle essayait encore de me convaincre, ses amis sont arrivés. Enfin, surtout Jérémie. Et là, c’est devenu vraiment bizarre. Si, si, plus qu’avant !
Jérémie a regardé Yumi, direct, et puis m’a proposé de les suivre. Là, comme ça ! Soi-disant qu’il ne dirait pas non à un peu d’aide, et que si j’étais si décidée que ça, alors pourquoi pas. Aelita avait l’air un peu moins d’accord, mais je n’allais pas laisser filer ma chance ! Il m’a proposé ce soir, après les

Cher Journal,

Désolée, j’ai dû m’interrompre au milieu d’une phrase, mais finalement, Yumi est venue me chercher plus tôt ! Une urgence, une vraie, cette fois ! Tu comprends, j’ai dû faire vite ! A peine le temps de te jeter dans mon sac, et hop, on partait dans la forêt ! Le trajet était le même qu’à ma première filature, mais cette fois-ci j’avais un guide pour la partie souterraine. En soi, ce n’était pas si compliqué, beaucoup de ligne droite et peu de virages. Il nous a fallu à peine quelques minutes, et on est ressortis sur un pont, en dehors de la ville. Devant moi se tenait un genre d’usine désaffectée, le bâtiment que toutes les villes n’ont « pas les moyens de détruire ». Je commençais vraiment à me demander dans quoi je m’étais fourrée. On est rentrées, on a pris un ascenseur, et là elle m’a menée vers une espèce de salle des machines, avec des ordis comme je n’en avais jamais vus, et une sorte d’hologramme au centre. Jérémie était déjà installé avec Aelita, il pianotait des choses bizarres, comme du code, mais à une vitesse folle. Mes maigres connaissances dans le domaine ne m’auraient servi à rien ! Mais quelque chose en moi doutait sérieusement que tout ceci soit un projet scolaire. Je fus rapidement fixée quand Jérémie m’a tout expliqué. Il s’agissait bien d’un virus, mais c’était lui qui s’appelait XANA, et pas leur projet ! Lui, c’était Lyoko, un monde virtuel où ils avaient trouvé Aelita, il y a deux ans et demi. Sa vie était étroitement liée au supercalculateur qui faisait tourner l’ensemble, et les empêchait de tout éteindre. Parce que, crois-le ou non, mais XANA est un virus pour le monde entier ! En gros, Yumi, avec ses amis Jérémie, Odd, Ulrich, Aelita et William (lui, il ne me disait rien par contre, mais apparemment il est dans la classe de Yumi et n’est pas resté pour les vacances) se virtualisent régulièrement sur Lyoko pour sauver le monde !
Pour tout te dire, je ne les ai pas crus tout de suite. Il a fallu qu’Aelita aille sur Lyoko pour que je commence à admettre que c’était vrai. Au moins pour cette partie. Mais Yumi a insisté : j’aurais une preuve bientôt, quand ils m’enverraient dans ce monde. Ulrich et Odd étaient indisponibles, et une attaque se préparait. Vu l’ampleur, ils préféraient avoir quelqu’un avec eux, au moins cette fois. J’ai hésité, et en même temps… Qu’est-ce qui pouvait m’arriver ? Si j’avais bien compris, mourir sur Lyoko équivalait à se re-matérialiser sur Terre… Et puis, ils faisaient ça depuis des années, il n’y avait pas de raisons que je sois moins bonne qu’eux, non ?
J’ai plongé. C’était… Incroyable. Je ne suis pas sûre de pouvoir un jour te le décrire. Mais tu aurais dû me voir, journal ! J’étais une sorte de… D’elfe, avec les grandes oreilles et l’arc qui tirait des lasers à la place des flèches ! Sur le coup, Aelita m’a regardée bizarrement, puis m’a expliqué qu’il fallait trouver un monstre en particulier, qui était apparu au début de l’été et dont il fallait se débarrasser. Elle a ajouté que je n’avais pas beaucoup d’expérience, mais qu’au moins je pourrais la couvrir au besoin. Non, mais franchement ! Je ne savais pas ce que je lui avais fait, mais elle me parlait comme si j’étais une gamine ! On aurait dit ma mère ! Mais je l’ai suivie, et nous y sommes allées. On a traversé un monde très bleu et lisse, que Jérémie appelait le « 5ème Territoire », et au bout duquel nous attendait un véritable vaisseau spatial ! Je te passe les détails, c’est un peu technique et toi, tu veux l’aventure, n’est-ce pas ?
Eh bien, tu ne vas pas être déçu ! On a navigué dans le Réseau ! On a combattu des sortes de piranhas, et j’en ai même explosé quelques-uns ! Si tu avais vu ça ! Même Aelita a bien dû admettre que je m’en sortais pas mal ! C’était incroyable. Et comme c’était virtuel, je ne tremblais même pas ! Pourtant, je n’en menais pas si large… On a beau savoir qu’on reviendra sur Terre en cas de mort, ça fait un petit quelque chose, de s’imaginer touchée…
Après la traversée, on est entrés dans une espèce de… Gros ovule (quand j’ai appelé ça comme ça, Jérémie a un peu ri, mais Aelita m’a grondée. Je l’imaginais plus drôle que ça !). On est entrées, et dedans il y avait une véritable banquise virtuelle ! Bon, visuellement c’était un peu vieilli, mais vu comme Aelita s’énervait dès que je faisais une remarque, j’ai préféré me taire. Et c’était quand même très beau ! Mais le meilleur reste à venir, si tu savais…
Là, notre vaisseau s’est connecté à une sorte de tour. Jérémie nous a annoncé qu’il allait nous  « translater ». J’ai à peine eu le temps de comprendre qu’un choc électrique m’a traversée, et j’avais retrouvé mon corps ! Enfin, j’étais toujours en costume d’elfe, mais je ne me voyais plus comme un personnage de jeu-vidéo… Je te l’ai dit, c’est dur à décrire ! On s’est retrouvées dans un genre d’atelier de pièces d’informatiques, mais il tournait sans personne ! Les bras mécaniques agissaient d’eux-mêmes, comme contrôlés par… Oui, bon, tu n’es pas surpris, c’est par XANA. En tout cas, Aelita s’est senti le besoin de me le dire. J’avais compris aussi, mais bon. Elle m’avait déjà dans le nez, je ne tenais pas à finir avec sa main dans le mien. On a filé à travers les couloirs, et là elle m’a montrée une salle gigantesque. Un lustre bleu et noir géant occupait tout l’espace. Il avait des yeux le long de la tige, scannant autour d’eux, et quatre espèces de grosses jambes craquelées. J’ai voulu m’approcher, mais Aelita m’a arrêtée. Elle m’a juste dit que c’était le monstre que Yumi et ses amis devaient combattre, et que nous ne venions qu’en repérage, pour que Jérémie puisse décider de qui envoyer pour le vaincre. Apparemment, foncer dans le tas ne les servait pas beaucoup, jusqu’à présent… Je voulais bien le croire. Ses yeux me fichaient la chair de poule. Et grand comme il était, il devait être puissant… Nous ne sommes pas restées plus longtemps. Jérémie nous à dé-translatées, et nous sommes revenues sur Terre par le même chemin.
La matérialisation a été… Particulière. A nouveau, une sensation que je n’oublierai jamais. Le genre de choses qu’on ne vit pas dans la vie normale !
Yumi m’attendait, les bras grands ouverts. Elle m’a souri. Elle m’a dit qu’elle était heureuse que j’ai fini mon essai. Aelita s’est un peu déridée, et a concédé que je m’en étais bien tirée ! Comme quoi, j’ai dû être sacrément douée !
Nous sommes remontées dans la salle des ordis. Là, Jérémie m’a confirmé que je les avais convaincus, et que vu mes capacités sur Lyoko, je serai de l’équipe qui ira s’occuper du lustre géant. Tu te rends compte, journal ? On me lance directement dans le grand bain ! J’ai promis de faire de mon mieux ! Ca a eu l’air de les satisfaire, en tout cas.
A la sortie, Yumi m’a encore félicitée. On a un peu discuté, je lui ai demandé plus de détails. Comment avaient-ils découvert cette usine, et à quoi elle ressemblait sur Lyoko… Elle m’a d’abord rappelé qu’il s’agissait de la sauvegarde du monde, mais elle a ri. Elle m’a dit que m’en parler, c’était comme enfin révéler à quelqu’un son secret ! Elle était terriblement craquante, avec sa façon de pencher la tête… Embarassed Puis elle m’a invitée chez elle ! Elle m’a proposé de l’accompagner pour le dîner, histoire de pouvoir faire vraiment connaissance tranquillement ! Tu penses bien que j’ai dit oui… Embarassed
Là, je suis encore chez elle. On a dîné (c’est une sacrée bonne cuisinière, même si elle a passé son temps à s’excuser pour la sauce soja qui datait un peu), mis de la musique (elle aussi, elle aime les Subdigitals ! <3), et on a mis un film (surtout pas Finson, elle déteste, comme moi ! <3). C’était… Wow. La première fois que je vivais de vraies vacances. Un peu comme ces romans où, sans le savoir, on trouve ce qu’on veut vraiment, ce qu’on est vraiment… J’aurais voulu que ça dure plus longtemps. Mais, comme elle me l’a fait remarquer, il fallait que je retourne à l’internat avant la ronde de Jim. Sinon, j’allais passer la nuit à entendre ses sermons !
On s’est dit au revoir sur le pas de sa porte. Il y avait encore un peu de jour dans le ciel. Ses yeux noirs avaient les mêmes reflets que le monde banquise. Le reste… Oh, journal, je t’en parlerai quand j’arriverai assez à me concentrer pour l’écrire !
En tout cas, demain je retourne à l’Usine avec elle. Elle veut m’entraîner ; Jérémie nous renvoie contre le lustre géant dans trois jours. J’ai hâte ! Ce sera comme une virée héroïque, elle et moi… <3
Je sais journal, je sais, tu veux connaître tous les détails de la fin de soirée avec elle, mais promis, un jour !
A plus tard, et j’espère bientôt, Journal !







Lundi 23 Septembre 2013
Chère Amélie,

Je n’en reviens pas. Que tu n’en ai pas parlé à nos parents, d’accord, mais à moi ? Je t’aurais dit de ne pas y aller. Surtout maintenant que je les ai rencontrés, et que je sais que tout ce que tu as écrit ici n’est pas que fiction.
Pardonne-moi, mais c’est d’abord ce que j’ai cru. Rien de ce que tu racontais ici n’avait de sens. Matérialisation, Lustre géant ? Mais de quoi parlais-tu ? Aujourd’hui encore, je n’en suis pas sûre. Et je ne suis pas encore proche de voir ce que tes yeux ont contemplé. Mais j’y travaille, je te le promets.
J’ignore ce qui s’est passé. J’ignore dans quoi ils ont embarqué mon unique sœur pour qu’elle ne revienne pas. Pourtant, quand tu le racontes, ça a l’air si beau ! Dangereux, mais irrésistible ! Je te savais un peu rebelle, mais pas au point de plonger dans la moindre échappatoire à papa et maman. Si tu as accepté de les suivre, c’est pour toi, et toi seule. Peut-être aussi cette Yumi. Encore quelque chose que je cacherai à nos parents, le plus longtemps possible. Mais quand je te lis, je me dis que tu t’es convaincue toute seule de plonger dans Lyoko. Pas pour elle. Pas pour papa et maman.
Ils sont inquiets. Ils ont parlé de poursuivre l’école en justice. Mais je les ai convaincus que tu avais fait une fugue et que j’ai encore des contacts réguliers avec toi. Je suis obligée d’imiter ton écriture, tu sais ? Pour qu’ils ne soupçonnent rien. Pardonne-moi, mais j’ai piraté tous tes comptes sur les réseaux sociaux, au cas où je doive t’inventer une vie. Promis, je n’ai pas regardé plus que nécessaire ! De toute façon, je n’ai rien appris que j’ignorais. Ça m’a rassurée, que tu me faisais au moins confiance avant ça.
Après ça, j’ai convaincu papa et maman de m’inscrire à Kadic. Dans le même internat que toi. Je voulais rencontrer ceux qui t’ont vus pour la dernière fois. Je voulais leur parler. Mais… J’ai retrouvé ton journal, dans les affaires renvoyées chez nous par Kadic. Il faisait partie des rares choses qui n’ont pas brûlé dans le fameux incendie de Kadic. Encore une chose demeurée sans explication, d’ailleurs. Mais entre les cendres et la poussières, c’était irréel d’avoir cette dernière trace de toi, intacte. Comme un signe. Je l’ai pris avant que nos parents ne le voient, et je l’ai lu. Là, j’ai compris que je ne devais leur faire aucun cadeau. Je ne sais ce qu’ils t’ont fait, mais ils sont impliqués. Ils ne t’ont peut-être pas forcée, mais si tu n’es pas encore revenue, c’est qu’ils ne font rien contre. Pourquoi n’ont-ils pas prévenu la police ?
Je me suis liée avec eux. J’ai pénétré leurs secrets. Aelita se méfie de moi, mais elle ne fera pas le poids face aux autres, si j’arrive à les convaincre. Encore quelques jours, encore quelques crises, et j’aurai accès aux commandes. Tu connais ta grande sœur ; elle ne cède face à rien.
Je te retrouverai. Mon unique sœur. Ma petite sœur. Je ne veux même pas leur faire payer ; je veux juste te retrouver.

A plus tard, moi aussi j’espère bientôt,
Laura.
_________________
"Au pire, on peut inventer le concept de Calendrier de l'Avent pour chaque fête religieuse, maintenant que le forum a le template pour faire un article de La Croix"


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Silius Italicus MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet du message: O come, all ye faithful Répondre en citant  
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« … Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu’il nous appartient de déchiffrer… »

Mauriac



_________________



La neige tombait. Il faisait bien froid dehors. Une vague de froid s’était abattue qui avait surpris tout le monde, à commencer par Météo France. L’hiver avait jusqu’alors été exceptionnellement doux, avec une température moyenne supérieure à dix degrés Celsius, quand les normales de saison étaient de 5 ou 6 !

Mais d’un coup, dans le temps d’une nuit sans vent, la température avait baissé de 5 degrés. Et rebelote la nuit suivante ! Terrible choc thermique qui avait mis le système d’approvisionnement français à genoux. L’ensemble du réseau avait commencé par tomber comme un château de carte… Très vite, EDF avait dû se résoudre à des délestages massifs afin de sauver ce qui pouvait l’être. Des départements entiers plongèrent dans l’obscurité et le gel. RTE put limiter la casse en arrêtant les exportations, ce qui en cascade amena des régions entières d’Allemagne et d’Italie dans le noir. Il fallut quelques jours pour redémarrer les centrales thermiques. Quelques jours de peurs et d’angoisses pour bon nombre de gens.

Les enfants cependant trouvèrent à se réjouir. Tombait la neige, rendant ainsi possible bien des jeux. Mais alors même que la température se maintenait juste au-dessus de zéro, on entendit s’élevait des cris de joie et de plaisir dans les jardins.

Mais pas dans les jardins de Kadic. En effet, l’établissement disposait — pour des raisons historiques mal éclaircies — de son propre groupe électrogène. Aussi, l’équipe pédagogique maniant la carotte autant que le bâton avait réussi à maintenir ses élèves au dedans. Au chaud, au sec, et en cours.

Le premier trimestre avait beau s’être fini de manière dramatique, il fallait maintenant passer au second. Et sans perdre de temps. Il y avait déjà trop peu d’heures pour transmettre l’intégralité du programme scolaire.

Il neigeait. Mme Hertz observait la neige qui tombait derrière la fenêtre de son bureau. Pensive, elle se saisit de sa tasse de thé. Il était encore trop chaud pour être agréable en gorge, mais elle en avait besoin. Rien que de voir les flocons tomber, elle frissonnait.

Très vite, elle se rassit. Elle n’avait passé que quelques minutes debout, mais elle était déjà éreintée. « Presque, c’est bientôt fini », pensa-t-elle. Enfin, ce qui viendrait après serait tout aussi épuisant, mais au moins, elle bougerait plus facilement. Elle soupira profondément. Elle se sentait exténuée, et grande était son envie de retourner sous ses draps, avec une bouillotte pour tenir ses pieds au chaud. Pour autant, elle en avait assez de tout ce temps passé couchée. Elle avait envie de se rendre utile, et de partager avec les autres en cette période. C’était — elle le savait — idiot, mais elle se sentait mise à l’écart. Elle restait là, dans son lit ou assise à son bureau pendant que d’autres étaient en cuisine, préparaient la soirée… Normalement, c’était un jour passé en préparation. Surtout en cuisine. Une occasion de partager de bons moments avec les autres. Mais, cette année, pour elle, se serait… spécial. Unique.
Il était 10h30, et la récréation venait de sonner. Elle entendait les cris dans la cour. D’habitude, c’était une distraction bienvenue. Ou elle n’était plus en cours et savourait le repos en salle des professeurs, ou elle laissait son esprit faire une pause dans ses corrections.

Une douleur la fit tressaillir. Ce n’était pas la première. D’autres allaient suivre. Elles étaient de plus en plus fréquentes et rapprochées. Elle le savait. D’ailleurs, elle s’attendait à recevoir sous peu la visite de sa collègue, Yolande. Bon, Yolande était infirmière et non professeure. Mais c’était une bonne amie, celle dont elle était la plus proche au sein de l’équipe pédagogique. Et puis, elles habitaient à côté l’une de l’autre. C’est qu’il y avait des avantages à vivre sur votre lieu de travail. Elle avait été sceptique au début. Mais, elle devait reconnaître qu’elle aurait difficilement trouvé mieux que Kadic, du moins pas avec son salaire de professeurs : les appartements étaient grands, les loyers modérés, il y avait un grand parc à proximité, et pour le coup, aucun problème pour aller au travail. Elle avait de la chance, lui avait-dit sa mère. Les appartements avaient été refaits et remis aux normes il y a peu. Avant, ils étaient froids et humides.

« Elle devrait bientôt rentrer d’ailleurs », d’ailleurs, il y avait intérêt. Car elle n’avait aucune confiance en Brigitte et Michel pour la cuisine. Pas plus qu’en Sissi d’ailleurs. Mais, Mme Hertz n’était pas en état d’aller aider en cuisine. D’un autre côté, il était peu probable qu’elle ait faim ce soir…

«Ah !», Mme Hertz vit la silhouette de sa mère traverser la cour de récréation. Elle était de retour de… de l’enterrement. Elle-même n’avait pu y aller, et sa mère le lui avait déconseillé. Ce n’était pas la meilleure occasion de découvrir sa famille. Et ce à plus d’un titre…

Un quintuple enterrement…

Une vague de chagrin s’éleva. C’était horrible, elle n’arrivait pas à se faire à cette idée… Ses petites nièces… Et surtout Lui… Si elle avait su…

Un nouvel série d’accès de douleur la saisit. Elle le savait, c’était pour bientôt.


— Ah ! Tu es là ! Comment vas-tu ce matin ? Demanda Suzanne.
— Je pense que c’est pour bientôt, répondit Mme Hertz d’une voix assurée.
— Comme prévu  ?
— Oui. 
— Parfait ! Je vais aller les empêcher de faire des catastrophes en cuisine. As-tu besoin de quelque chose  ?
— Non, je crois que cela ira. Mais toi, comment… comment cela s’est-il passé  ?
— Comme prévu. Mal. « Malheur au parent qui survit à ses enfants ». Et là… cinq d’un coup. Mon beau-fils était furieux. Après tout, il avait continué à me le confier, pour que je puisse veiller sur lui.
— Ce n’est pas de ta faute… je veux dire… Mourir à cause d’une patte de tarentule…


Rien que de dire cela, Mme Hertz se sentait doublement hypocrite. Des platitudes comme cela alors que sa mère avait perdu et son arrière-petit-neveu, et sa seule chance de renouer la famille. D’autant que… eh bien, c’était Éduardo Della Robbia qui avait insisté auprès d’Allesandro et de sa femme pour qu’Odd vienne à kadic.

«Il ne peut plus rester avec ses sœurs vu la situation, avait-il dit. Mettez-le à Kadic. Il y sera bien, et je connais quelqu’un là-bas qui pourra veiller à ce qu’il ne lui arrive rien».

Le patriarche Della Robbia était mort quelques mois après l’entrée d’Odd à l’internat de Kadic. C’était à cette occasion qu’Alessandro avait appris qui son grand-père connaissait là-bas.

Suzanne se remémorait la scène. Elle était arrivée en avance chez le notaire andorrien. Ils avaient échangé les banalités d’usage en attendant l’arrivée des autres. Le testament ne pouvait être ouvert qu’en présence de tout les membres de la famille. La fille de Suzanne était malade ce jour-là, et donc excusée. Le notaire transpirait beaucoup. C’était compréhensible. Il y avait beaucoup d’argent dans la succession — deux SCI parisiennes notamment —, et surtout, beaucoup de tensions familiales. Alessandro, le petit-fils et unique descendant reconnu d’Éduardo, et sa femme étaient arrivés. Ils étaient très décontractés. Indolent. Ils n’avaient que deux heures de retard après tout, ce que leur fit remarquer Suzanne d’un ton acide.

Ce n’était pas là le meilleur début de relation au sein de la famille. Alessandro avait balayé d’un revers de main la critique de Suzanne, avant de demander au notaire, d’un ton enjoué, qui elle était, et ce qu’elle faisait là… La suite avait été houleuse. Pour le moins. Apprendre que votre grand-père avait été infidèle, c’était un choc. Apprendre qu’il avait eu une fille, Marie, de ses infidélités, qu’il la reconnaissait, c’était un autre choc. Qui diminuait l’héritage disponible d’ailleurs. Les hurlements avaient commencé lorsque le notaire avait sorti le contrat de mariage entre Éduardo et Suzanne, rédigé il y a deux mois à peine, soit trois semaine après la mort de la mère d’Alessandro.

Communauté universelle des biens. Avec clause d’attribution intégrale.

Ultime coup du sort. Éduardo reconnaissait la fille de Suzanne. Ce qui lui ouvrait des droits à la succession.

On était pas passé loin d’en venir aux poings. D’un coup, c’était les rêves, les espoirs du couple Della Robbia qui fondaient. Leur carrière artistique ne leur rapportait guère. Et pour subvenir au besoin de leurs cinq enfants… Eh bien, cela faisait des années qu’ils dépendaient du patriarche de la famille… Et voilà que celui-ci leur coupait radicalement les vivres. Et plus ou moins définitivement. Car, bon, Suzanne avait encore quelques décennies devant elle, avec un peu de chance.

Bref, Suzanne était partie d’un très mauvais pied avec son petit-fils. Elle avait bien tenté de le contacter par la suite, et d’essayer de nouer des relations cordiales avec lui, mais c’était peine perdue. Il s’estimait floué, or c’était un homme fier. À quoi s’ajoutait que son caractère fantasque était radicalement opposé à la rigidité de Suzanne. Même sans cette histoire familiale, ils auraient sans doute été de ces gens qui se haïssent cordialement au premier regard.

— De mygale, Marie, de mygale, corrigea Suzanne. Les piqûres de tarentules ne sont pas empoisonnées. C’est d’ailleurs assez étrange cette histoire. Odd ? Tué par une tarentule, enfin une mygale ?
— Ça suffit, Maman. N’en parlons plus.


De nouveau Marie se sentait attristée. Elle ne voulait pas penser à Odd et à ses sœurs.

— Tu sais, repris Suzanne, j’ai failli les inviter à passer les fêtes avec nous.
— C’était une mauvaise idée. Comment tu voudrais leur expliquer ça, repondit Marie en pointant son ventre bombé.
— Je sais, je sais. Mais les laisser seuls dans cette… épreuve…»

Suzanne soupira. Elle était sûre que c’était la dernière occasion de se réconcilier avec la famille de son homme qui venait de se refermer. Mais sa fille avait raison. Il y aurait eu trop de tensions. Et trop à expliquer. Non, passer Noël ici, entouré de leurs amis était à tout prendre une bien meilleure perspective.


Toc. Toc. Toc


Quelqu’un avait toqué à la porte.

— Pardon, je suis entrée, mais c’était ouvert… Ah ! Suzanne, tu es de retour ! Je crois qu’il faudrait que tu ailles en cuisine, avant que Michel n’étrangle Sissi, et que Brigitte ne mette le feu aux truffes au chocolat.
— Comment peut-on mettre le feu à des truffes au chocolat, demanda Marie ?
— Je ne sais pas, mais on peut, répondit Yolande Perraudin, je t’assure que j’ai déjà vu Brigitte le faire. Malgré tout, elle s’obstine à essayer d’en faire à chaque Noël.

La professeure de Sciences du collège Kadic fila en direction de l’atelier culinaire imposé. Il fallait qu’elle fasse vite, sinon, ils seraient tous condamnés à manger les restes de la cuisine de Rosa. Un 24 décembre ! C’était impensable !

Marie Hertz, professeure de mathématique en seconde au lycée Kadic resta seule avec son infirmière attitrée.

— Comment vas-tu, commença cette dernière ?
— Les douleurs se rapprochent, répondit Marie.
De sa mère, elle avait repris l’art de la concision sarcastique.
— Tout va bien donc. De mon côté tout est prêt. Tu va voir, cela va bien se passer.
— Je sais, mais…
— Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas ma première fois, d’accord ? Et nous avons tout préparé ensemble, non ?
— Oui, je sais, mais…
Une nouvelle contraction la saisit. Cette fois-ci, elle avait crié.
— Bon, je crois qu’il faut qu’on y aille.


Yolande offrit son épaule à son amie, pour l’aider à se rendre dans la salle de bain.

Bientôt. Bientôt.


_________________



Suzanne se rendait en cuisine. Il était hors de question que son Noël soit gâché par des incapables en cuisine. Des incapables elle en fréquentait déjà toute la journée. Ces diablotins hantaient jusqu’à ses rêves  ! Quant au pire d’entre eux ! Rahhh ! S’il n’avait pas été enterré aujourd’hui, elle l’aurait transformé en squelette et l’aurait pendu dans sa salle de classe, à titre d’avertissement ! Marie avait eu bien raison de ne rien lui dire avant qu’il ne soit trop tard, et Jean-Pierre avait réussi à lui expliquer qu’aller profaner une tombe n’était pas le mieux qu’elle puisse faire. Il faut dire qu’il avait déjà assez de problème comme cela… C’était le deuxième mort de l’année… puisque tout le monde était sûr que Jérémie Belpois ne passerait pas Noël. Suzanne se demandait d’ailleurs comment un garçon aussi sage avait pu choper ces maladies-là.

Elle avait d’autres choses à penser.

Le chapon et la bûche d’abord. Ah, non, empêcher la cuisine de prendre feu. Pensez donc, elle avait été refaite il y a une année à peine.

— Bon, ça suffit les bêtises. Sortez tous de là, ou je vous colle !

Oups. Réflexe professionnel. Qui n’allait pas prendre avec ses collègues professeurs. Ni avec Sissi, pour qui elle était comme une vieille tante ou une grand-mère.

Un grand éclat de rire avait accueilli sa remarque. Pour autant la pièce se vida, et bientôt il ne resta plus qu’elle et Michel.

— Michel, je me charge du chapon, toi tu nous fais le biscuit roulé.
— Comme tous les ans Suzanne, répondit le jardinier tout sourire. Au fait, ta fille, cela ira ?
— Yolande est avec elle alors…

Un grand cri les interrompit. Les appartements du personnel de Kadic avait été refait, mais l’isolation sonore au sein de chaque appartement restait limité.

— On dirait que cela commence, commenta Michel.
— oui, la journée va être longue.
— Suzanne, tu devrais être auprès d’elle. Moi, je vais me déplacer dans une autre cuisine, comme cela je travaillerais en paix. Jean-Pierre va m’aider. Avec lui, cela devrait aller.
— peuh ! Tu sais qu’il se débrouille comme un manche en cuisine. Il se faisait trop gâter par sa femme. Non, je vais rester ici. Elle n’a pas besoin de moi. J’en ais déjà discuté avec elle.
— Comme tu veux.

Suzanne se mit à fouiller dans le frigo, tandis que Michel Rouiller alluma la radio dans l’espoir de capter des champs de Noël.

O Come, All Ye Faithful, joyful and triumphant


Le son des chants envahit la cuisine, se mêlant, sans les étouffer, aux cris de Marie.


_________________



— Suzanne, vas-y. Sissi peut rester pour surveiller la cuisson.
— Non Jean-Pierre, je t’assure…
— Suzanne, tu devrais, il n’y a plus rien à faire ici pour toit, et tu ne va pas attendre sans rien faire.
— Mais Brigitte…
— oh ! Écoute-nous un peu à la fin ! Tu va y aller. Yolande et Marie t’ont déjà dit qu’elles n’ont pas besoin de toi. L’accouchement se passe très bien.
— Bon, d’accord Gustave, grommela Suzanne. Mais tu me le paiera, tu peux en être sûr.
— je suis toujours volontaire pour te prendre au baby-foot tu le sais. Que dirais-tu de Toi et Jean-Pierre contre moi et Marie la prochaine fois ?
— À d’autre. On sait tous que Marie est bien plus forte que Jean-Pierre, quel que soit le jeu.
— et tu es plus forte que moi… Allez, laisse-nous nous bâfrer de petit gâteaux en ton absence.


Les deux professeurs continuèrent à se chamailler jusqu’à ce que Suzanne ait enfilé son manteau et sois sur le palier de la porte. Jean-Pierre était déjà parti réserver des places.

Suzanne regarda sa montre. Vingt heures cinquante. Elle allait devoir marcher un peu vite pour rattraper les autres. Mais en coupant à travers le parc, cela devrait aller. Et puis bon, pour la messe de Noël le père Grégoire ne commencerait pas en avance.

Suzanne s’enfonça dans la nuit, laissant derrière elle les lumières comme autant de soucis. À mesure qu’elle avançait, elle laissait les soucis derrière elle. Elle abandonnait la tension des préparatifs, et se laissait gagner par d’autres sentiments. Par une autre tension. Une forme d’impatience. Chemin faisant, elle commençait à fredonner :

Douce nuit, sainte nuit,
Dans les cieux, l’astre luit.


Oui, elle se laissait gagner par cette nuit fraîche et pourtant si pleine de chaleur. Elle était là avec ses amis : ses collègues et leurs enfants… sa famille depuis des années. Elle n’avait jamais partagé cette nuit si précieuse avec son défunt mari. Il ne pouvait pas. Mais, auprès des gens de Kadic, Suzanne avait trouvé des gens avec qui partager la joie de ce moment. Bientôt, elle serait dans l’Église, et unirait sa voix aux autres pour célébrer la nouvelle année qui s’ouvrait. Avec l’assemblée, elle partagerait quelque chose de… magique. Cela pouvait sembler cliché ou bateau, mais pour elle, oui, vraiment, la nuit de Noël n’était pas une nuit comme les autres.
Autour d’elle, le vent sifflait dans les arbres, composant une mélodie. Elle s’arrêta un instant. Ses joues avaient rosi sous l’effet du froid. Et de la buée sortait de sa bouche. Un écho lui parvenait comme rendu par ces montagnes urbaines, les immeubles.

Un transport joyeux la saisit. Et Suzanne Hertz, noble et digne professeur de l’auguste collège Kadic eût soudain envie de sautiller comme une gamine, et c’est en gambadant qu’elle s’en fut, portée par les chants, à la recherche de l’heureux endroit qui répandait joie sur le monde.

C’est tout essoufflée qu’elle arriva dans l’église chaude et bondée. Mais qu’importait. Elle était là. À l’heure, et surtout, elle était vraiment là.

Pour célébrer une naissance.



_________________



Le sauveur que le monde attend
Est clarté pour tous les vivants
IL EST NÉ, IL EST NÉ, LE DIVIN ENFANT


Suzanne, Jean-Pierre, et leurs amis sortirent de l’église Saint-Jean Baptiste de Sceaux au son des cloches et de la fière mélodie.

Ils étaient restés le temps de reprendre en chœur avec les autres les quatre couplets. Mais, quoique l’envie fut très grande, ils ne pouvaient rester plus longtemps.

Ils étaient attendus.

Le son des cloches les précéda à travers le parc. La neige crissait sous leur pas, et les flocons tombaient drus. Mais cela ne pouvait suffire à triompher de leur ardeur. Ils allaient le pas vif, mais en silence. Chacun recueillait encore en son cœur cette joie spéciale qui consacrait la nuit de Noël.

Bientôt, ils franchirent les grilles de Kadic. À peine étaient-ils à la porte des appartements que Sissi leur ouvrit. Sans plus attendre, Jean-Pierre se précipita et la serra dans ses bras… répandant de la neige partout sur elle. Sissi se mit à crier en se dégageant du contact glacial.

Suzanne n’en pouvait plus de ne pas savoir. Elle abandonna son manteau sur un meuble, ôta ses chaussures, et c’est en chaussette qu’elle se précipita à l’étage.

— Suzanne ! L’intercepta, Yolande. Dans le salon.
— Quoi ? Dé…
— Oui. Elle t’attends.

Ni une ni deux, Suzanne courut dans le salon.

— Marie !
— Chut ! Répondit doucement sa fille. Tu va la réveiller.
— La ?
— Oui, c’est une fille.
— Que… Comment ?
— comment s’appelle-t-elle  ? Odayiss. En souvenir de son père. Veux-tu la tenir entre tes bras, Maman ?

Suzanne ne se le fit pas dire deux fois.

Elle prit sa petite-fille entre ses bras. Délicatement. Elle ne voulait pas la réveiller.

Suzanne admira le bébé qui lui rappelait tant le jour où elle-même avait accouché de Marie.

Derrière Gustave avait commencé à mitrailler la scène de photos. Comme à son habitude, il voulait tout immortaliser. Surtout la joie et les sourires. Il avait des albums entiers de photos. Plusieurs pour chaque Noël, car il était aussi incapable de faire le tris.

— Tu es sûre, Marie. Ce prénom… Cela rappelle celui de…
— Je suis sûre, Maman. Je ne l’ai connu qu’une fois, mais je ne regrette rien, si ce n’est de ne pas avoir pu le lui dire.
— Cela aurait été…
— Je sais, interrompit doucement la jeune mère. Mais il aurait dû savoir, et maintenant ne le saura jamais. Je veux qu’il reste cette trace de lui. Odayiss.
— D’accord, accorda Suzanne Hertz.

Elle ne pouvait cesser de sourire comme une idiote.

Bientôt tous étaient au chaud et au sec, un verre de jus de raisin chaud à la main.
Un feu avait été allumé dans la cheminée, et le sapin orné de décoration trônait par-dessus une pile de cadeaux enrubannés aux couleurs et formats les plus divers.
Cliché ? Image d’Épinal ? Sans aucun doute.

Mais Suzanne n’en avait cure. C’était ainsi.

En cette nuit sainte.

Elle était avec sa famille. Heureuse.

Pour cette veille de Noël et pour tout les Noël à venir.


Accourez, fidèles, joyeux, triomphants :[…]
Embrassons pieusement ce Dieu devenu pauvre pour nous
et couché sur la paille;
Quand il nous aime ainsi,
Comment ne pas l’aimer à notre tour ?




_________________


« Ô Mort, où est ta Victoire ? »
1Co, 15, 55


« Nos actes nous suivent. »
Paul Bourget

_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.


Dernière édition par Silius Italicus le Jeu 11 Fév 2021 15:50; édité 6 fois
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Dede7 MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet du message: For honor you monster Répondre en citant  
[Kongre]


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Un matin de décembre dans un recoin de forêt, bien qu'en partie étouffés par une neige fraîchement tombée, plaintes et rugissements se distinguaient.

— Allez, plus vite, du nerf Stern ! L'ennemi n'attendra pas que tu aies fini de ravaler ta sueur ! — On se magne le cul, Belpois ! L'objectif est droit devant, pas besoin de cabocher plus que ça ! — Stones ! Tu es une limace ! Et une limace, ça rampe, ça ne se redresse pas ! Surtout pas pour se plaindre ! — Tomber, c'est pour les morts ! Et on ne meurt pas sous mon commandement, est-ce que c'est clair, Ishiyama ? — Dunbar, si t'es pas foutu de te cacher mieux que ça, autant avancer tout droit en agitant les bras en l'air ! — Tu appelles vraiment ça "courir", Della Robbia ? Tu es si lent qu'on pourrait te prescrire comme somnifère ! — C'est une corde d'attache solide que je t'ai demandé de fabriquer, Gauthier, pas une piñata !

Jim était sur tous les fronts, s'époumonant à appliquer implacablement son instruction. Ses recrues, elles, s'époumonaient tout autant à tenter d'y survivre.

— Monsieur... Vous êtes sûr... tenta un Odd découragé.
— Oui je suis sûr ! Un exercice d’entraînement n'est pas une récréation. C'est une préparation aux situations bien pires que vous pourrez connaître dans la réalité !
— Mais il fait super froid... releva Yumi, profitant d'un instant d'équilibre sur un pilotis plus large que les autres.
— Si les bleus que vous êtes ne veulent pas finir bleus, ou couverts de bleus, je vous suggère d'économiser votre oxygène et de vous concentrer ! Il vous reste 45 secondes !

Remotivés, à la fois par la proximité de l'échéance que par la véritable puissance infusée dans le haro de leur chef, tous rassemblèrent une derrière fois leurs forces pour tenter d'achever leurs missions respectives, malgré la fatigue due à un réveil à 8 heures d'un samedi matin, le froid mordant d'un hiver bien installé et l'humidité ambiante causée par l'épaisse couche de neige. Ils prirent sur eux d'ignorer la morsure du froid à chaque fois qu'il fallait saisir le mousqueton et le faire avancer sur le câble rouge qui leur servait d'itinéraire et de ligne de vie.

Pour Ulrich, ce câble allait bêtement d'un côté à l'autre d'un arbre, sans le contourner. Il lui fallait donc l'escalader en luttant contre son vertige autant que contre le froid. Jérémie devait trouver son chemin à travers un amas désordonné de buissons et de ronces. Aelita était contrainte de suivre un passage couvert de boue gelée, passant sous des barreaux d’entraînement. Ishiyama devait suivre un petit parcours suspendu, sautant de pilotis en pilotis jusqu'à un passage perché en hauteur. William faisait façe à un parcours d'obstacles couverts de pièges conçus pour sanctionner les positions trop à découvert. Quant à Odd, il lui fallaît bêtement faire quelques tours autour de la clairière, en remontant les quelques centaines de mètres de câbles restants que Jim avait déployés en cercle. Enfin, Laura n'avait qu'à passer par dessus une branche à trois mètres de hauteur, mais avec des morceaux de corde qu'il lui fallait nouer efficacement elle-même.

— Eeeet ! Top ! C'est fini !

Un grand soupir général emplit soudain la clairière. Les adolescents s'effondrèrent tous sur place, de façon plus ou moins contrôlée, sous le regard évaluateur de leur instructeur.

— Bon. C'est pas si mal. En situation réelle, vous auriez peut-être pu survivre avec un peu de chance. Allez, amenez-vous !

Les autres étaient si exténués qu'ils n'avaient pas remarqué le feu de camp que leur professeur venait d'initier. Ils se libérèrent rapidement des mousquetons les retenant à leurs lignes de vie respectives pour venir s’asseoir et se réchauffer au près du feu, trop éreintés pour prêter attention aux anecdotes de Jim sur ses vies d’antan et sur le comment du pourquoi sa carrière de plongeur de combat assignés aux tests de technologies de pointe spécialisés dans l'aérospatiale et la bio-ingénierie appliquée l'avait naturellement conduit à devenir membre de l'équipe d'intervention Enton-2 sur les événements paranormaux sous le commandement décalé mais éclairé du colonel Grégoire dit "Premier"...

Concluant dix minutes de pause, Jim finit par se lever, et ordonner, "pour finir", une course à bonne foulée à travers la forêt, en direction de Kadic. Ulrich, Yumi et William réussirent tant bien que mal à maintenir la cadence, tandis qu'Odd, Jérémie et Laura fermèrent péniblement la marche, laissant Aelita à quelques foulées devant eux. Mais tous finirent par atteindre les grilles du collège-lycée, où un Jim toujours rayonnant et en pleine forme les attendaient fièrement.

— Bravo, les enfants ! C'était difficile, mais vous avez su faire preuve de courage et d'abnégation. Allez tous prendre une bonne douche, vous l'avez mérité. Et on se retrouve lundi pour le cours de gym !





Laura attendait les yeux fermés, confortablement installé dans un canapé du foyer, un verre de jus d'orange dans la main, une reposante mélodie à la guitare venant de la scène devant elle à ses oreilles. Avant d'aller prendre sa douche, elle avait invité les autres à passer au foyer dans l'après-midi. Elle espérait que les autres ne seraient pas plus épuisés qu'elle par cette épreuve, ni trop fâchés d'avoir dû y participer.

— Bouh !

Elle ouvrit les yeux. C'était William. Et derrière arrivaient aussi Jérémie, Odd et Ulrich, le temps de prendre une boisson.

— Comment ça va ?
— Épuisée. J'ai failli m'endormir sous la douche.
— Haha ! Tu n'es pas la seule à avoir fait cette erreur ! répliqua Odd en arrivant avec un gobelet de soda.
— Ah ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— L'an dernier, Jérémie aussi avait eu l'idée de demander à GI-Jim un coup de main pour faire, disons, un peu de renforcement sportif. Mais quand il s'y met, c'est pas à moitié !
— En effet, répondit-elle. Je n'aurais jamais cru qu'il prenait son délire de stage commando autant au sérieux. Désolée pour ça !

Ulrich prit place à côté de Laura sur la canapé, ou plutôt s'y affala, la tête en arrière.

— Ce qui m'impressionne le plus, dans sa motivation, c'est le fait qu'il ait installé le terrain d'entraînement pour nous sept, tout seul entre hier soir et ce matin !
— Où est-ce qu'il trouve tout ce matos ! C'est dingue !
— À propos de matos ! reprit Jérémie en arrivant à son tour. Ça tombe bien, parce que j'ai du nouveau à vous présenter !
— Ah oui ? Ça y est, tu as pu le finir ? s'enthousiasma Laura.

Les autres garçons firent les gros yeux, intrigués par la nouvelle annonce des deux petits génies.

— Oui, confirma Jérémie. On a qu'à aller à l'Usine, on va vous montrer ça !

La petite bande quitta donc le foyer et se mit en route vers leur base. Quelques minutes plus tard, ils étaient arrivés dans la salle cathédrale de l'Usine. Jérémie avait dissimulé sa nouvelle invention dans une caisse, à proximité du monte-charges. Il en sortit un objet, ressemblant vaguement à une fourche, qu'il tendit à ses camarades.

— Je vous présente la Torche de lancement électromagnétique autonome à cadence renforcée !

Ulrich prit l'initiative de s'en saisir en premier, ayant l'intuition de porter l'engin comme un fusil. Odd restait sceptique, et demanda :

— Qu'est-ce que c'est ?
— C'est une arme anti-spectres, résuma Laura. Elle est équipée d'une batterie et d'un canon capable d'envoyer des décharges électromagnétiques. Une décharge devrait suffire à neutraliser un spectre.
— Cool !
— Et c'est quoi les limites de l'appareil ? demanda prudemment William.

Jérémie reprit l'appareil en main pour en faire un exposé un peu plus détaillé.

— La Torche dispose de deux modes de fonctionnement, expliqua-t-il en désignant un commutateur de son index droit. En tir semi-automatique, elle peut lancer jusqu'à une décharge par seconde. Mais elle ne peut tirer qu'une demi-douzaine de coups avant de surchauffer. Il y a un limitateur qui bloque la détente en cas de danger et qui reste engagé pendant quelques secondes, le temps que la machine refroidisse et que les condensateurs se rechargent. En tir coup par coup, la cadence est plus faible, de l'ordre d'un lancement toutes les trois secondes environ, mais la température et la charge restent stables tout du long. Enfin, votre autonomie n'est pas illimitée : une batterie ne permet de tirer qu'une trentaine de décharges. Vous pouvez néanmoins facilement échanger la batterie pour recharger l'arme, ou la brancher directement sur une prise secteur pour une alimentation continue.
— C'est génial ! Chapeau Einstein !
— Remercie plutôt Laura ! Pour le coup, elle m'a beaucoup aidé à mettre au point ce modèle, et passer au delà du stade de prototype expérimental instable. Maintenant, on a quelques modèles comme ceux-ci d'opérationnels.
— Bravo à vous deux alors, résuma William. Ça devrait beaucoup nous aider à lutter contre les spectres de Xana quand on est piégés en dehors de l'Usine. D'ailleurs, je pense que l'idéal serait de garder cette arme avec nous à...

Il fut interrompu par la sonnerie d'un téléphone portable. Jérémie décrocha.

— Allô ? Oui ? Quoi ? Attends... parle plus lentement... Où ça ? Yumi est avec toi ?

Ses camarades comprirent que Xana avait du profiter de la démonstration pour lancer une attaque, et prendre Aelita et Yumi par surprise. Ulrich reprit la Torche, et se la sangla, prêt à aller au feu.

— D'accord. Restez cachés. On vient vous chercher !

Jérémie raccrocha.

— Je file au labo avec Laura pour voir quelle est la situation sur Lyoko. Vous, retournez à Kadic. Les filles ont été prises pour cibles par plusieurs personnes complètement hystériques. J'entendais de nombreux cris. Elles se trouvaient au réfectoire. Ce sont les seules du groupe à encore avoir des codes, il faut donc impérativement les retrouver et les ramener ici, aussi vite que possible. Allez-y !




— Tu vois quelque chose ? demanda Odd.

Ulrich secoua la tête. Il scrutait la cour grâce à la lunette intégrée à son nouveau fusil. Mais le réfectoire semblait vide. Il y avait du mouvement dans les bâtiments, mais difficile d'en dire davantage. William émergea alors d'un buisson, rejoignant ses amis.

— Du neuf ?
— J'ai fait une reconnaissance dans le bâtiment des sciences. Il y a plusieurs groupes d'élèves effrayés cachés dans certaines salles de cours. Ceux que j'ai vu m'ont expliqué que des créatures zonaient dans la zone, et que plusieurs élèves et professeurs étaient devenus comme fous, en fouillant des endroits et criant des phrases incompréhensibles.
— Bordel, comment on va faire ? On sait même pas où elles ont pu aller. Tu n'arrives toujours pas à les joindre ?
— Non, ça sonne dans le vide. Elles n'ont peut-être plus leurs téléphones...
— Auriez vous un instant pour parler du Père du Père ?

Les trois garçons firent brutalement volte-face. Derrière eux venait de surgir par surprise Chardin, leur prof d'arts plastiques.

— Vous Le connaissiez, n'est-ce pas ? Car vous connaissez le Traître. Car vous connaissez sa Fille...
— Qu'est-ce que vous racontez, monsieur...
— Reculez, s'il vous plaît !

Le professeur avançait dangereusement vers eux, brandissant une pioche à la main.

— S'il vous plaît, monsieur, vous me faites peur... Qu'est-ce que vous faites avec cette pioche ?
— Je viens pour enterrer le Traître ! Livrez moi sa Fille !

Ulrich braqua son arme vers lui, et appuya sur la détente. Le professeur vacilla alors, et posa un genou à terre tout en lâchant sa pioche, que William s'empressa d'aller récupérer.

— Mais qu'est-ce qu'il a ? C'est un spectre, vous croyez ?
— Non, on dirait plutôt que c'est vraiment Chardin, mais sous l'influence de Xana...
— Bordel, ça nous manquait pas, les xanatifications !

Les garçons sortirent de leur planque végétale, et avancèrent vers les bâtiments, abandonnant le professeur d'arts sur place. Mais rapidement, ils tombèrent sur deux autres professeurs : messieurs Fumet et Caggia. Une nouvelle fois, Ulrich les braqua avec son arme, ce qui sembla guère les impressionner. Il tira alors une rafale sur les deux, les assommant légèrement, mais ces derniers reprirent rapidement leurs postures menaçantes.

— Bordel, on fait quoi ? demanda William.
— À terre !

À peine eurent-ils le temps d'interpréter cet hurlement et de se jeter au sol qu'ils virent un filet de handball, lancé par dessus eux depuis l'arrière, atterrir sur les deux xanatifiés. Jim fit irruption l'instant d'après, s'interposant entre les élèves et les professeurs d'un bond, un javelot brandi devant lui.

— Wow... merci, m'sieur Moralès ! bredouilla Odd, encore surpris par le retournement de situation.
— Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe, au juste ?

D'autres adultes émergeaient au loin, sortant des bâtiments. Aucun d'entre eux n'avait l'air particulièrement menaçant. Certains observaient les garçons de loin, d'autres leur adressaient des gestes incompréhensibles, voire obscènes, d'autres encore avaient des comportement totalement erratiques, couraient en beuglant au hasard dans la cour.

— C'est difficile à expliquer... répondit William. Mais il y a un spectre électrique qui rôde dans Kadic, et qui semble être capable de rendre fous les gens qu'il croise. Pour l'arrêter, on a absolument besoin de retrouver Aelita et Yumi, mais on ne sait pas où elles se trouvent. Elles ont eu une altercation avec des personnes affolées il y a quelques minutes, au réfectoire. Et nous, tout ce qu'on a, c'est ce truc qui permet de les ralentir, et de tuer le spectre si on le trouve.
— Jérémie sera capable de nous dire à quoi ressemble le spectre d'ici quelques minutes.
— Mais comment on va faire ? interrompit Odd. Ils sont super nombreux, et nous on est que 4 ! il nous faudrait toute une armée cette fois-ci !
— Les hommes, ce n'est pas le problème, affirma alors Jim. Ce qu'il faut vraiment, pour mener une bataille, ce sont des armes !
— Hé bien, à ce sujet... Jérémie disait avoir d'autres exemplaires...
— Ok. Alors vous allez cherchez ces armes. Prenez la voiture de monsieur le proviseur, elle est garée derrière le bâtiment administratif. Il ne devrait y avoir personne à cette heure. Ramenez tout ce que vous pouvez sur le terrain d'athlé, dans quinze minutes. Je vous y attends.
— Mais, vous êtes sûrs, monsieur Moralès ? Vous nous faites confiance aussi facilement ?
— Écoutez, tout ce que je vois, c'est qu'il y a là dehors un ennemi capable de détraquer l'esprit des gens plus facilement qu'un cintre planté entre les deux yeux, et d'en faire une horde de monstres qui menacent mes élèves. Et que vous, vous avez les moyens d'arrêter ces choses. Y'a rien de plus à comprendre, en tous cas pour l'instant.
— Ah... et du coup, vous allez faire quoi monsieur ?
— Je vais préparer le terrain. Et au fait, appelez-moi Jim.

Odd, Ulrich et William repartirent alors en courant vers la forêt, laissant leur arme à leur instructeur.





Le groupe emboîta le pas de Laura, venue à leur rencontre sur le pont de l'Usine, et la suivit alors qu'elle se rendait dans un un recoin un peu plus à l'écart de l'Usine. Arrivées à une double porte en fer, elle dégaina son porte-clés, déverrouilla l'accès, et ouvrit en grand, puis pris un pas d'avance pour allumer les lumières.

Devant eux apparut, sous la lumière froide d'une grille de néons tapissant le plafond, une grande salle compartimentée de façon chaotique en blocs et couloirs aux dispositions aléatoires, séparés par des planches de bois et des cloisons de plâtre.

— Qu'est-ce que c'est que ce fatras ? demanda Wiliam.
— Hé bien... répondit Laura, on avait pour idée, Jérémie et moi, d'aménager un terrain d'entraînement, du genre combat armé.
— Attends... C'est donc à ça, que vous consacriez toutes vos soirées ?
— Bah, oui... C'est une passion comme une autre... Et puis comme il n'a pas encore de lasergame près de Kadic...
— Bref, on a pas le temps de jouer, coupa Jérémie, au moyen des hauts parleurs présents dans la salle. On discutera de ça plus tard.

Laura ouvrit les portes d'une grande armoire, sur le mur. Elle était remplie d'engins divers et variés.

— C'est l'ensemble des engins qui ne risquent pas de vous exploser à la tronche à la première utilisation. Embarquez tout ça.

Odd et Ulrich saisirent autant d'armes qu'ils pouvaient dans leurs bras, tandis que Laura noua ensemble des vieux câbles électriques à une plaque en fer pour improviser un panier à anses. Ainsi, les garçons pourraient emporter facilement toutes les armes d'un coup à l'étage de la salle cathédrale, et rejoindre rapidement la voiture. Aidant à la manœuvre, William en profita pour demander :

— Jérémie, du coup, du nouveau sur la situation ?
— Oui. La Tour activée est dans le territoire Désert. Un grand nombre de Bloks présents, mais sans plus. Quant au spectre, je viens d'avoir une identification. C'est monsieur Klotz, le psy.
— Heh. Tu m'étonnes qu'il arrive à rendre les gens tout chose aussi facilement. On retourne à Kadic avec les flingues pour retrouver les filles avec l'aide de Jim. On te tient au courant !
— Ok. Bonne chance !





William manqua de déraper en arrivant au milieu du terrain de football. Le sol en terre enneigée et la voiture elle-même alourdie de sa cargaison d'armes ne l'aidaient pas à avoir un parfait contrôle de son véhicule, mais il put arriver sans casse au point de rendez-vous. Jim était bien là, comme prévu.

— On a les flingues, Jim ! annonça Odd en ouvrant le coffre, rempli effectivement à ras-bord de matériel.
— Parfait ! Alors nous y sommes !

Jim émit un long et puissant sifflement, tout en dégainant une paire de jumelles pour surveiller le mouvement des ennemis au loin, qui semblaient se rassembler au delà de la clôture séparant le terrain de sport de la cour du lycée. En même temps, de nombreux élèves sortaient du bâtiment des sciences.

— Les garçons, écoutez-moi.

Les trois lyokoguerriers se rapprochèrent de Jim.

— Nous, on va faire diversion, pendant que vous fouillez discrètement tous les bâtiments jusqu’à retrouver Yumi et Aelita. Ensuite, on vous couvrira jusqu'à que vous remplissiez votre mission.
— D'accord. Merci beaucoup, Jim.
— Ne me remerciez pas. Faites simplement votre devoir.

Ulrich et William prirent chacun un fusil de type Torche. Odd, quant à lui, jeta son dévolu sur un modèle plus petit, au format d'arme de poing. Il se doutait que cette arme là serait moins efficace, mais estima qu'elle serait plus pratique et facile d'utilisation pour lui qui était déjà habitué aux flèches laser sur Lyoko. En se retournant, il tomba sur Sam, venue elle aussi, avec d'autres élèves, se répartir le stock d'armes.

— Sam...
— File, chaton, conclut simplement son amie tout en scotchant un pointeur laser sur le dessous de son arme.

Sans un mot de plus, Odd embrassa sa promise, et se mit en route avec son équipe en direction du bâtiment principal. Elle resta à le regarder quelques instants avant de s'en aller à sa mission.





Pendant que tous les élèves volontaires choisissaient une arme parmi celles disponibles dans la voiture, Jim disposait des plots en plastique tout autour de celle-ci, formant un cercle d'une dizaine de mètres de diamètres. Et quand tous les élèves furent prêts, il grimpa sur le toit de la voiture, pour s'adresser à ses troupes.

— Soldats ! hurla-t-il.

Les jeunes recrues le regardaient, encore circonspects.

— Ce soir... Nous devrons nous défendre contre un terrible ennemi.

Jim brandissait son fusil de sa main droite. Quelques uns lui répondirent en faisant de même.

— Ce soir... Nous prenons les armes, et nous nous dressons face à l'envahisseur !

L'excitation montait. La plupart brandirent leurs armes.

— Ce soir... Nous allons nous battre pour notre lycée, pour notre parc, pour nos professeurs, pour nos camarades !

Les réponses timides se muaient en rugissements guerriers. Tous agitaient leur arsenal désormais.

— Et ce soir, Kadiciens...

Jim plongea son regard flamboyant de volonté dans les yeux de chacune de ses recrues. Celles-ci souriaient. Elles étaient prêtes.

— Ce soir... Nous allons vaincre !

La torpeur de terreur froide qui engourdissait encore la plupart des élèves il y a à peine un quart d'heure avait maintenant totalement disparu, remplacé par une énergie va-t-en-guerre sans borne, galvanisée par la volonté absolue de leur commandant. Tous reprenaient déjà leur nouveau cri de guerre.

— POUR KADIC ! POUR L'HONNEUR !





L'entrée du bâtiment de l'internat avait été barricadée. La manière la plus rapide d'entrer consistait à escalader le mur, en grimpant le long d'une gouttière, et de s'introduire par une fenêtre au premier étage. Odd était passé en premier et encourageait Ulrich, tandis que William restait derrière pour rattraper une éventuelle chute, mais aussi pour couvrir leurs arrières. Heureusement, Ulrich parvint à atteindre la fenêtre, et William put les rejoindre avant qu'un ennemi ne les repère.

— Fiu. Heureusement qu'il n'a fallu grimper qu'un seul étage, expira Ulrich, soulagé.

L'escouade se mit en route, patrouillant dans les couloirs, inspectant une à une chaque pièce sur leur passage en espérant tomber sur la planque de Yumi et d'Aelita.





— Knight, Suarez, et toi la rouquine, vous êtes nos meilleures tireuses d'élite. Allez vous poster sur le toit avec Ishiyama et Vigouroux. De là, repérez et abattez tous les ennemis qui approcheraient de nous par un angle mort. Et aussi, si vous repérez le psy, vous tirez à vue. Gauthier et Pichon, vous allez dans le local électrique du sous-sol du bâtiment des sciences. Dès que vous y êtes, vous rebranchez le disjoncteur principal, puis vous revenez ici en tirant une rallonge. François, Jolivet et Poliakoff, vous êtes les meilleurs au lancer de disque, alors vous vous serez nos canonniers artilleurs. Vous prenez ces grenades, vous les activez, et vous les balancez en visant les gros groupes d'ennemis. Ça ressemble plus au lancer de marteau que de disque, mais vous devriez vous en sortir. Tous les autres, vous vous disposez en cercle autour de la voiture. Tout ce qui est au delà de la démarcation au sol est la zone de feu.

Il fallut à peine deux minutes aux désignés pour les postes d'opérateurs spéciaux pour se mettre en place. Samantha fit signe à Jim depuis le toit une fois que son équipe fut prête à couvrir le groupe principal dans toutes les direction. L'instant d'après, une explosion se fit entendre, et des arcs électriques parcoururent le grillage, faisant le tour du terrain de sport. Hervé et Théo revinrent du bâtiment des sciences peu après.

— Bien. Maintenant, la clôture est électrifiée. Ils ne pourront pas nous encercler aussi facilement. Préparez-vous !





— Yumi ! Aelita ! Vous êtes là ?
— Ulrich ? C'est toi ?

— Oui, on est là !

Les garçons avaient fini par retrouver les deux lyokoguerrières, cachées dans la chaufferie.

— Allez venez, on a plus le temps !





La bataille faisait rage sur le terrain de sport. Les tirs fusaient dans toutes les directions. La chaleur émise par l'ensemble de l'arsenal employé à plein régime faisait disparaître la neige à l'intérieur du cercle défensif. Les corps inconscients s'empilaient de plus en plus, mais encore plus d'adversaires semblaient arriver. Il y avait maintenant des civils venus de la ville pour grossir les rangs des assaillants. Quand Jim aperçut l'équipe d'extraction ressortir du bâtiment de l'internat avec Yumi et Aelita, il les pointa immédiatement du doigt en ordonnant :

— Tir de couverture sur leur position !

Le vacarme était généralisé, seulement ponctué par les détonations régulières émises par les armes lourdes utilisées par les snipers sur les toits, et les charges à impulsions lancées par l'artillerie. Rapidement, les lyokoguerriers parvinrent à rejoindre l'armée de Jim.

— Vous allez bien les enfants ?!
— Oui ! Maintenant, il faut qu'on aille à l'Usine !
— Celle du fleuve ?
— Oui !
— Ok, c'est parti. On vous couvre.

Il ordonna à ses hommes de se déplacer en direction de la forêt, et fit signe à ses snipers de les rejoindre. Il tint bon, affrontant quasiment tout seul la horde grâce à un fusil dans chaque main, un javelot dans l'autre. Quand l'équipe de tir d'élite put rejoindre le gros de la troupe, il abandonna enfin sa position et s'enfonca à son tour dans la forêt.





En arrivant dans la clairière où ils s’entraînaient ce matin même, les lyokoguerriers crurent avoir gagné un répit. Hélas, l'armée xanatifiée les prirent de court, affluant par plusieurs côtés, les prenant en embuscade.

— Jim ! On va se faire encercler !
— Certainement pas tant que j'aurai mon mot à dire ! Personne ne perdra avec moi, parole de Jim Moralès !

Celui-ci démonta une partie de son arme, et la connecta à une partie dénudée d'un des câbles qui avaient servi de ligne de vie. Le champ électromagnétique s'étendit alors sur l'ensemble de la clairière, profitant de l'effet de bobine. Les assaillants étaient immobilisés, coincés à l'extérieur du cercle.

— Ça ne tiendra sûrement pas plus de quelques dizaines de secondes, mais profitez-en, tirez-vous discrètement vers l'Usine.

Aelita quitta alors la zone en passant sous des branchages, profitant de la neige pour se dissimuler, tandis que Yumi sauta sans réfléchir de pilotis en pilotis, jusqu'à réussir à atteindre des branches suffisamment en hauteur pour passer au dessus des troupes ennemies. Les garçons, quant à eux, coururent sans se cacher, faisant ainsi diversion.

Ils croisèrent Jérémie, qui fonçait tout droit à travers la végétation, utilisant son sac à dos comme bouclier de charge.

— Tu fais quoi Einstein ?
— Je vais aider Jim ! Désactivez la Tour !





Yumi et Aelita se ruèrent dans les scanners. Plus vite elles arriveraient sur Lyoko, plus vite elles se débarrasseraient de la sensation de brasier dans leurs jambes et leurs poumons. Laura les virtualisa sans attendre, et expédia aussitôt après le reste des lyokoguerriers. Mais il restait un dernier obstacle à surmonter, et de taille : devant eux, un nouveau mur de Bloks bloquait le passage vers la Tour. D'instinct, William prit la tête des opérations :

— On se sépare ! Il ne peut viser qu'un seul d'entre nous ! Qu'au moins l'une d'entre vous deux atteigne la Tour !





Jim rechargeait son arme grâce aux batteries de rechange que venait d'apporter Jérémie.

— Merci blondinet ! Il faut dire que tu n'as pas froid aux yeux, toi.
— Oui. Mais c'est pas fini. Mes amis peuvent régler le problème, mais il faut s'assurer que personne n'atteigne l'Usine et ne tente de tout faire capoter.
— Allons-y !

Revenus devant l'Usine, le peloton prit position sur le pont, tous canons pointés vers l'entrée de celui-ci.

— Attendez qu'ils soient sur le pont pour tirer, indiqua Jim, de sorte à maximiser l'efficacité de vos tirs. Jérémie, il t'en reste, de ces grenades IEM ? Des mortiers nous seraient bien utiles.
— Non, désolé Jim, tout était dans la première livraison. Tout ce que j'ai, c'est ça, répondit-il en lui tendant une télécommande.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Un détonateur. Ça fera sauter le pont, si on a plus le choix.

Jim prit l'objet, et le rangea dans une poche.

— Ok. On fera avec. Enfin, sans, dans la mesure du possible.

Jérémie sourit. Les xanatifiés approchaient.





La tactique de William semblait fonctionner. En adoptant des trajectoires séparées, le mur ne pouvait tous les cibler. En plus, comme chacun en profitait pour se déplacer à des vitesses élevées, les tirs, aussi puissants soient-ils, ne touchaient même pas leur cible. Mais rapidement, les Bloks changèrent de stratégie. Et au lieu de concentrer leur puissance de feu dans un unique rayon, ils ouvrirent le feu, tous indépendamment.

Soudain, une nuée aveuglante de tirs lasers s'abattit sur les lyokoguerriers. La première vague fut encaissée non sans mal, les repoussant en arrière et provoquant d'importantes pertes de points de vie, principalement chez Ulrich et Yumi, moins aptes à esquiver ou encaisser les tirs groupés.

— Laura, tu as une idée ?
— Je vous envoie vos véhicules ! Le mur a des angles morts sur ses côtés mais surtout au dessus. Survolez-le !

Les héros grimpèrent alors sur leurs véhicules et prirent du recul, le temps de gagner suffisamment en altitude.





— Ils sont trop nombreux ! criait une jeune fille effrayée. On ne s'en sortira pas !
— Ne vous découragez pas ! tonna Jim, tentant le tout pour le tout. Ne vous laissez pas submerger ! Reculez petit à petit, mais défendez le pont coûte que coûte !

La situation devenait de plus en plus confuse. Les tirs se croisaient dans tous les sens. Les cris de guerre se déformaient en hurlement de terreur. Des enfants, effrayés, lâchaient leurs armes et s'enfuyaient. D'autres, paniqués, tentaient de se battre au corps à corps bien qu'ils étaient repoussés en arrière. Le sol, couvert de tas de neiges rougie par la lumière du crépuscule, témoignait à sa façon de la violence du combat. Bientôt, l'entrée du pont était submergé d'ennemis, pour moitié seulement inconscients. Au final, le pont avait été déserté par les combattants, la plupart s'étant réfugiés derrière dans l'enceinte de l'Usine pour faire feu de loin. Seul Jim demeurait au front.

C'est à ce moment qu'apparut Hans Klotz. Jim braqua son fusil directement sur sa tête et fit feu sans attendre, mais rien ne se produisit. Sa batterie était à plat. Et alors qu'il était assailli de toutes parts par l'armée de xanatifiés hystériques, qu'il voyait son destin se nouer devant ses yeux à mesure que le spectre approchait, il se résolut à accomplir son ultime devoir de soldat.

Il sortit le détonateur de sa poche.

— POUR KADIC !

Il l'arma.

— POUR L'HONNEUR !

Et l'enclencha.

— Espèce de monstre.





Les Bloks tentaient le tout pour le tout. Certains se déplaçaient pour pouvoir tirer verticalement. D'autres allumaient leurs canons de glace ainsi que leurs lance-flammes. Les lyokoguerriers faisaient face à un véritable déluge de feu et de gel. Mais il n'y avait pas le choix, il fallait absolument entrer dans la Tour. Aussi, Odd, Ulrich et William décrochèrent pour attaquer frontalement les Bloks qui menaçaient le plus directement la trajectoire d'Aelita et Yumi. N'hésitant pas à se sacrifier tous les trois dans cette manoeuvre. Yumi et Aelita, concentrées comme jamais, foncèrent droit vers la Tour.

Les Bloks tentèrent un assaut final. Ils bombardèrent directement la base de la Tour de toute leur puissance de feu. Finalement, l'Ange de Lyoko freina et se retourna, se plaçant tout juste entre les tirs et son amie Yumi, afin d'intercepter la mort pour elle, et permettre de sauver la vie de tous les autres.

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VioletBottle MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet du message: Répondre en citant  
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Quand Aelita ouvrit les yeux, elle était déjà en train de tomber du ciel.

Elle était partie il y a près de dix heures, et pourtant il ne semblait s’en être écoulées que deux. Le ciel au-dehors brillait toujours d’un après-midi magnifique. Comme si les saisons s’étaient suspendues en attendant que l’Ange de Lyoko repose les pieds sur Terre. C’était toujours le même bleu, le même soleil, les mêmes fins nuages. A croire qu’en fait, Aelita n’était jamais partie de chez elle.

Sur le siège d’à côté, Yumi remuait doucement. Elle commençait à émerger, elle aussi. A la différence de son amie, elle avait dormi dès le décollage. Deux semaines sans dormir, c’était trop pour elle. Chanceuse. Aelita, elle, avait appris du meilleur : quand elle était encore collégienne à Kadic, elle passait ses nuits à aider Jérémie dans ses projets pour Lyoko, alors petit à petit, elle avait partagé son incapacité à dormir tant qu’il restait quelque chose à faire. Même son mauvais sommeil récent n’y pouvait rien : son cerveau était en constant kernel panic, à moins de débrancher tout vous n’en ferez rien. Et, justement, Aelita partait à la recherche de la prise.

L’endroit d’où tout avait commencé. Avant même sa propre genèse. Un lieu qu’elle et ses amis avaient cherché pendant des années, bien après avoir vaincu XANA. Ils n’avaient tenu que trois mois avant de rallumer le Supercalculateur, le temps pour Jérémie de préparer une batterie de sécurités contre le virus. Ils n’allaient tout de même pas envoyer en l’air des années de bataille acharnée et de victoires chèrement acquises pour une quête bonus, aussi intéressante soit-elle ! De là, ils avaient retourné le monde virtuel, chaque iceberg, chaque rocher, chaque feuille, dans l’espoir d’y trouver une trace de Franz Hopper. Voire d’Anthéa, comme l’avait suggéré Ulrich un soir. Son travail en tant qu’enquêteur de police lui faisait certes voir des choses louches partout, mais il avait marqué un point, quand il avait soulevé que le manque manifeste de preuves sur la disparition d’Anthéa ouvrait le champ des possibles. Et d’un mystère, ils passèrent à deux. Leur seul avantage, c’est qu’ils pointaient tous les deux vers un seul : le projet Carthage. Celui qu’avait fui Franz, et qui lui avait coûté sa femme. Et coûté une famille à sa fille. Puisqu’ils n’avaient rien d’autre, mais qu’il fallait bien commencer quelque part, ils s’étaient concentrés là-dessus.

— Aelita ? On sort ?

La jeune femme leva les yeux. Elle ne se souvenait pas d’avoir mis sa ceinture. Conséquence probable de ses insomnies. Sa mémoire à très court terme dysfonctionnait de plus en plus.

Qu’importe. Elle se détacha, et suivit Yumi vers la sortie. L’air dehors était terriblement pesant. Loin du froid qu’elle s’imaginait pour le Canada, même en été. Enfin, c’était Odd qui lui avait dit ça. Ses incessants voyages en tant que mannequin lui avaient fait voir du monde, et le monde tout court. Décidément, le feu du soleil suivrait Aelita jusqu’en enfer.

Les minutes passèrent dans un étrange flottement. Était-ce la fatigue, ou l’été brûlant, ou les deux à la fois, mais Aelita ne pouvait que se laisser porter par ses propres jambes, comme accrochées à Yumi par un fil invisible. Heureusement que son amie l’avait accompagnée. Sans elle, elle se serait sans doute perdue sur le tarmac. Sa guide était meilleure quand il s’agissait de garder la tête froide et de suivre les plans à la lettre. Logique, quand on est chargée évènementiel. Aelita l’enviait : si la recherche de ses origines n’avait pas brûlé ses dernières années, elle aurait suivi Yumi dans ce domaine. A la place, elle avait préféré Jérémie. Pour pouvoir continuer à l’assister dans ses travaux. Maintenant, elle lui en voulait un peu. Il voulait tellement comprendre les origines de leur fiasco qu’il avait refusé de suivre les filles à Calgary. « Il faut qu’on se divise le travail, et je suis meilleur avec un ordinateur », avait-il dit. Sans doute… Mais est-ce que ça l’avait dispensé de venir lui dire au revoir, à l’aéroport ?

Yumi fit passer les dernières procédures à Aelita avec une patience d’ange. Depuis quand s’occupait-elle des autres comme ça ? A bien y réfléchir, la mort de William avait sans doute été un déclencheur. Il n’avait pas supporté de replonger sur Lyoko, après avoir été l’esclave de XANA pendant des mois. A peine revenu en terres virtuelles que la Méduse lui avait foncé dessus. Elle l’avait torturé quelques instants, avant de finalement le relâcher. Un Krabe, qui avait échappé à l’œil de Yumi et aux fléchettes d’Odd, avait foncé sur William pour le propulser hors du plateau. Il avait été dévirtualisé juste à temps, alors que la Mer Numérique lui léchait le dos. C’était leur première plongée depuis le rallumage du Supercalculateur, et Jérémie ne s’était pas attendu à ce que des monstres aient pu subsister. Là où il avait vu une piste d’étude intéressante, William avait surtout l’impression de s’être pris un building en pleine face. Trois jours après, il était porté disparu. Encore trois jours, et on retrouvait son corps, sous le pont de l’Usine. Jérémie maintenait encore à ce jour qu’on ne pouvait exclure la thèse de l’accident. William serait sorti trop vite, il aurait glissé… Personne n’était allé contre cette théorie. Et comme la police ne savait rien de Lyoko, elle avait tiré la même conclusion. Affaire classée, page tournée. Mais un peu écornée. Depuis, Yumi était plus attentive aux autres, c’est vrai. Et Jérémie plus enfoncé dans ses recherches.

— Bon, on va chercher à manger, et déposer nos affaires à l’hôtel ? Laisse-moi juste retrouver le SMS où Odd nous conseille des adresses…

Aelita jeta son sac sur son épaule et prit sa valise. La foule filait en courants d’air dans le grand hall, mais l’air grave de Yumi la fendit jusqu’à la sortie. Pendant quelques instants, la jeune femme regarda autour d’elle. C’était son premier voyage à l’étranger (enfin, officiellement, Aelita Stones était de retour sur ses terres natales), mais elle ne s’imaginait pas retrouver les mêmes bâtiments et les mêmes passants affairés qu’en France. Seul le drapeau flottant à l’entrée de l’aéroport différait. Ah, et la chaîne de montagne, tel de massifs morceaux de papiers bleu minéral collés à même l’horizon. Et les gros titres des journaux locaux, aussi. En France, la récente éruption du mont Baker faisait certes parler, mais pas au point de détrôner le dernier scandale sexuel en date d’un ministre. Enfin, ce n’était qu’une question de temps. Car seuls les Lyoko-Guerrier savaient que l’éruption n’avait rien de naturel, et que bientôt, ce serait toute la Ceinture de feu du Pacifique qui s’embraserait. Jérémie avait repéré le pattern, mais devait encore travailler à l’arrêter avec les garçons. Dès qu’ils passaient le délai de prudence entre deux virtualisations, ils retournaient sur Lyoko. Il fallait comprendre comme XANA avait réussi à saboter le Retour vers le Passé, ou comment il avait assez d’énergie pour enchaîner les activations de tour, ou comment il pouvait retenter la même attaque, en boucle, alors que jamais il n’avait fait ça. Et, accessoirement, comment il pouvait encore leur poser problème, alors qu’ils étaient censés l’avoir vaincu il y a dix ans. Enfin, au moins il y avait une question à laquelle ils avaient déjà répondu. Pourquoi le Canada ?

Là aussi, la réponse remontait à loin. Vous avez beau tenir l’avenir du monde entre vos mains, le temps qui passe normalise beaucoup de choses. Ça y compris. Vous ne pouvez pas passer votre vie en état d’alerte constant. Aucun esprit ne resterait sain si on le compressait en continu. Alors vous vous habituez. Ça devient un peu moins stressant, un peu moins inconnu. Ça devient votre ordinaire. Et quand à ça s’ajoute que votre compteur de victoire est brillamment haut – après tout, si le monde est encore debout, c’est que vous vous débrouillez bien -, vous devenez confiants. Et si, vraiment, vous voulez aller au bout des choses, et que ce n’est jamais que la seconde fois que vous acceptez cette mission après avoir étudié à fond le sujet, et qu’il n’est cette fois pas question de se battre, vous vous dites que vous savez contrôler l’incendie, voire que vous n’aurez pas à rallumer le feu. Et puis, ce n’est pas pour rien, n’est-ce pas ? Le passé d’Aelita est lié à ce projet Carthage. Un homme aussi ambitieux et brillant que Franz Hopper n’aurait pas tout abandonné si ce qui se tramait dans cette équipe de recherches n’était pas dangereux… XANA n’était peut-être plus, mais ça ne voulait pas dire que la guerre était finie… Et s’ils n’avaient eu que le Cerbère ? Bref, des arguments pour replonger, ils en avaient trouvé beaucoup. Et peu de contre-arguments. Peut-être qu’ils n’en avaient pas vraiment cherché, quelque part. Ça remontait à trop loin pour en être sûre. Et puis, leur acharnement avait fini par payer : ils avaient trouvé la trace du projet Carthage. Une partie du groupe de chercheurs n’était plus, mais entre les survivants et les remplaçants, il avait pu survivre. Certes, il manœuvrait mezzo-voce, mais c’était pareil au chant des sirènes pour les Lyoko-Guerriers. Ils les avaient pistés, traqués jusque dans leur repaire, au Canada. La suite du plan, c’était de les infiltrer. Pour ça, il faudrait de la préparation. Le projet Carthage devait être très bien gardé. Il ne s’agirait pas de cracker une banque ; le jeu serait plus serré et exigeant, l’erreur moins pardonnante.

Alors ils avaient continué leur mission comme si c’était l’entreprise d’une vie. Mais il n’y avait eu aucun MOOC, aucun tuto YouTube, aucune présentation Powerpoint pour les préparer à un massacre aussi méthodique. Il leur avait suffi de s’enfoncer dans leur routine, telle la balle qu’ils se tiraient dans le pied. Infiltration après infiltration, la victoire leur avait paru garantie. Pire : elle leur était due. Après tout, ils sauvaient le monde, qui pourrait s’opposer à ça ?

Le fait est que pour Aelita, tout ceci avait un autre sens. En deux ans, elle était passée de la cristallisation des rêves et de l’ennui de quatre adolescents, au diamant brut qu’il fallait polir à la meule des souvenirs. Courir après le passé que Lyoko lui avait confisqué, comprendre ses origines comme Jérémie cherchait à comprendre celles du pire ennemi de la Terre. Les deux entreprises étaient liées si intimement qu’Aelita pouvait faire passer son besoin viscéral de retrouver sa mémoire pour un ultime altruisme.,.

— Yumi… Après l’hôtel, peut-on y aller, directement ? Je ne veux pas perdre de temps.

La Lyoko-Guerrière ralentit subrepticement, se mordit la lèvre inférieure. De toute évidence, elle préférait reculer le moment fatidique. Pour Yumi, aller sur les lieux, c’était rajouter des néons sur sa propre tombe, histoire qu’elle soit vraiment remarquable. Pour Aelita, c’était la tombe des autres qu’elle allait fleurir.

— Hm… Bon, comme tu préfères. Et puis, c’est vrai qu’on devra faire un peu de route.

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Yumi pesta pour la dixième fois sur la boîte de vitesse. Heureusement que là où elles allaient, les routes étaient peu empruntées, sinon il aurait fallu faire une croix sur leur entrée discrète. Depuis l’éruption, les presque mille kilomètres qui séparaient Calgary du Mont Baker se garnissaient progressivement de chercheurs ou pompiers. Encore quelques minutes, et les filles allaient devoir s’arrêter sur le bas-côté et continuer à pied. Aelita profita d’une accalmie de son amie pour tenter d’appeler Jérémie. Il avait déjà raté deux appels jusqu’à présent, mais vu le décalage horaire, il était peut-être seul à l’Usine. Quand il n’y avait personne à côté de lui pour lui rappeler que le monde réel existe et peut lui vouloir quelque chose, il pouvait parfois décrocher de la réalité à défaut de décrocher le téléphone.

A sa grande surprise, elle ne fut pas renvoyée sur répondeur. Par contre, ce n’était pas Jérémie.

— Hey, princesse… Comment ça se passe ?
— Odd ? Jérémie n’est pas là ?
— Ulrich le raccompagne chez lui. Il a besoin de dormir. Il a failli casser son clavier en s’effondrant dessus, le pauvre chaton. Je lui passerai le message, si tu veux…
— Non… Non, toi aussi, c’est très bien. De toute façon, toi et Ulrich aussi, vous devez vouloir être tenus au courant.

Un petit silence lui répondit. Vu son manque de répondant, le minibar de l’Usine devait être vide… Aelita tiqua.

— Odd, est-ce que tout va bien ?
— On fait avec, princesse. Te soucie pas de nous, va, on s’occupe du chef, et après on se fait une virée avec Ulrich. Il a bouclé une grosse enquête hier, du coup on pourra fêter quelque chose et pas juste… Tu vois.

Aelita voyait. La dernière cure d’Odd et Aelita ne se passait pas si mal, mais vu le contexte, elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas y arriver. Et, au moins, il ne serait pas seul. Ulrich était intraitable, quand il le fallait. Enfin, surtout depuis cette soirée trop arrosée, où Aelita était DJ et Odd danseur, et où il avait dû sortir son badge pour récupérer ses deux amis, sur le fil du rasoir.

— Bon, et vous, les filles ? Vous ne vous êtes pas perdues dans les montagnes ?
— Yumi a eu du mal avec le GPS, mais on a encore du réseau. On va survivre. On devrait y être dans vingt minutes.
— Vous arriverez à passer la sécurité ?
— C’est un peu comme nos missions de translation, tu sais, rien de bien méchant .
— Et… Rien de bizarre ? Pas de signe d’activité de XANA ?
— Ca, c’est à vous de nous dire. On ne voit pas tous les volcans d’ici, tu sais.
— Jérémie a laissé le scan de Lyoko actif, plus quelques machins de surveillances, et des bidules d’alerte. Ca vous sonnera si XANA nous sonne les cloches.
— Je vois… Bon, on va s’arrêter. Tu passeras le message aux garçons, hein ?
— Oui. Mais… Aelita ? Vous faites attention à vous, hein ?

Cette fois, ce fut Aelita qui resta silencieuse un moment. N’était-ce pas un peu égoïste, de s’accrocher à sa propre sécurité, quand elle avait failli à garantir celle des autres ?

— Aelita ?
— … Oui. Je reviendrai, tu le sais.

Elle avait dû le dire bizarrement, car Yumi leva un sourcil circonspect vers elle. Heureusement, la voiture cala au milieu de la route, à nouveau, mais pour la dernière fois.

— Bon, ça y est, j’en ai marre. De toute façon, il n’y a personne sur cette route, et au moins on aura pas de mal à la retrouver.
— J’espère que ça ne gênera pas les secours, au besoin…
— Ils contourneront.

Bon. Yumi était de mauvaise humeur. Était-ce le peu de coopération de la voiture, ou l’odeur de cendre qui persistait dans l’air, mais à peine sortie du véhicule qu’elle soupira pesamment. La route allait être courte mais longue. Aelita l’emprunta, le cœur au bord des lèvres. À l’horizon, le mont Baker pointait déjà. Le sol crissait. Un peu plus loin, à l’ouest, on apercevait les toits embrumés de Vancouver. C’était par là qu’elles iraient. A cause d’elles, la ville était une nouvelle Pompéi. A cause d’elles Carthage était enterrée par deux fois.

La marche fut silencieuse, timidement troublée par le bruit des pas et des respirations. Yumi avançait de moins en moins vite. Elle fixait la ville, de plus en plus découverte, comme si elle craignait que les bâtiments ne sortent du sol pour réclamer vengeance sur son corps. C’était compréhensible ; Aelita aussi avait l’impression que le silence de mort qui persistait lui adressait mille reproches et condamnations. Elle accéléra, comme happée par l’aura de cendres autour d’elle. Comme si l’ombre du Mont Baker, pourtant loin d’elle, abattait tout de même sa chape.

Aelita ne sentait presque plus ses jambes quand, enfin, il fallut s’arrêter pour réfléchir. Les services de secours étaient partout. La police avait quadrillé le secteur, empêchant d’autres curieux ou exilés de s’approcher de la ville. Rapidement, Yumi suggéra une diversion. Provoquer un esclandre, et profiter de ce que les autorités seraient submergées pour passer. Mouais, ça aurait pu marcher s’il s’agissait de détruire un Supercalculateur dans un Réplika. Là, il y avait tout de même l’armée… Et derrière les barrages, il y avait une zone importante à découvert. Même si elles passaient de l’autre côté du cordon, il faudrait ensuite se cacher rapidement, pour ne pas être retrouvées. La diversion devrait être longue, et l’armée n’était pas genre à laisser une tension grossir.

Aelita sortit à nouveau son téléphone et appela l’Usine. Par chance, Odd était toujours là.

— Qu’est-ce que je peux faire pour toi, princesse ?
— J’aurais besoin que tu pirates les communications des autorités, par ici. Si je te guide, tu y arriverais ?
— Tout ce que tu veux. Vous vous êtes fait arrêter ?
— On aimerait l’éviter, surtout. Bon, cherche dans les fichiers persos de Jérémie. Tu devrais pouvoir trouver une application qui s’appelle, euh… Ah, oui, Eagle’s Eye. Tu le trouves ?
— Hmm… Oui…
— Le mot de passe est sous la touche « Echap » du clavier de secours, dans le tiroir à côté du minibar. Tu peux la démonter à la main, ne t’en fais pas.
— Hmmm… Ah, euh… Okay, c’est fait… J’ai plein d’options maintenant, je fais quoi ?
— Lance le programme « Siren Head ». Le mot de passe pour Vancouver est dans l’annuaire jaune, caché dans le dossier du siège de Jérémie. Va à Vancouver, c’est le numéro de téléphone de la première occurrence. Ah, et à l’envers, le numéro.
— J’adore Jérémie, mais parfois, il se complique franchement la vie… Ah, ça y est, j’ai ! Je te lance ça.

Quelques secondes plus tard, un crissement atroce jaillit des téléphones et talkie-walkies. Les appareils hurlaient à en fendre les tympans, sous les cris des forces de l’ordre et des curieux. Profitant de la panique, Yumi et Aelita se bouchèrent les oreilles et foncèrent droit devant, à pleine vitesse. L’air, encore pris dans des restes de cendres, agressa immédiatement les gorges et les poumons des filles, comme pour les repousser. Mais Aelita tint bon, et passa le premier bâtiment de Vancouver.

La ville était déserte, sous ses couleurs polaires et son silence de feu. Le vent crépitait entre les immeubles, recouverts d’un panache de cendre. Yumi retint un cri.

— Bon sang… Aelita, qu’est-ce qu’on a fait ?

Elle était la première à leur rejeter la faute aussi ouvertement. Cela soulagea Aelita. Elle en avait marre de se contenter de le rabâcher au fond d’elle, comme si ce n’était qu’une prière et pas une vérité. Comme si elle et ses amis n’avaient pas livré Vancouver sur un plateau d’argent à XANA.

Ils auraient dû s’en douter, dès que la Méduse était apparue sur William. Ils auraient dû comprendre, qu’il n’y avait en fait aucun mystère derrière sa présence. Que XANA n’était pas anéanti. Qu’il avait subsisté, en chacun des Lyoko-Guerriers, en leur cédant un peu de lui, quelques lignes de code qui, dès qu’ils retourneraient dans un scanner, seraient analysées et redonnerait un fantôme au virus. Ca n’était peut-être pas impressionnant dit comme ça, mais un fantôme, c’est un mort revenu parmi les vivants. Et, comme eux, il peut agir. Des années de mythologies autour des Poltergeist auraient dû les alerter. Mais ils avaient préféré penser qu’ils avaient vraiment gagné, la première fois.

Ils avaient tout compris de travers. XANA en vie, XANA faible mais XANA qui les écoute… Qui n’avait jamais fait autre chose que ça. Même au début. Il écoute l’humanité, patiemment, apprend d’elle, et apprend du monde. Quand Jérémie avait découvert le journal de Franz Hopper, XANA l’avait lu avec lui. Quand Jérémie avait révélé les origines du virus, ce dernier était dans l’assistance. Et quand les Lyoko-Guerriers avaient voulu retrouver le projet Carthage, XANA s’était mis sur leurs épaules et avait attendu. Toujours en silence. Comme une présence fantomatique que l’on chasse parce que ça peut être un courant d’air, ou de la fatigue, ou quelqu’un qui passe en arrière-plan…

Ils voulaient juste retrouver ceux qui avaient détruit la vie de Franz Hopper. Ils ne savaient pas encore s’ils allaient les détruire. Mais maintenant… Aelita était sûre qu’elle aurait regretté, de toute façon.

— C’est là, Aelita… C’est l’adresse que Jérémie nous a donnée. C’est là.

Devant les filles, un building gris se dressait, immense dans la ville, barrant la silhouette du Mont Baker en son centre. Yumi passa sa main sur le panneau de l’entrée. « Security Communication Program ». Un nom passe-partout, mais qui d’après les infos du génie cachait le projet Carthage. Mais ce n’était pas tout… Un autocollant avait été ajouté, sous le panneau. Aelita l’épousseta. « Moved in Tower 4, down the street ».

Ca y était. La confirmation. Celle que Jérémie avait longtemps refusé de confirmer. Celle que l’évidence avait imposé à Aelita.

XANA les a laissés chercher des sources. Ce ne voulait pas dire qu’il ne les creuserait pas. Qu’il ne les devancerait pas.

Les Lyoko-Guerriers n’avaient appris qu’après la catastrophe que le groupe Carthage avait déménagé dans le bâtiment d’à côté. Que leur soulagement, en voyant que l’immeuble qu’ils prenaient toujours pour le QG de leurs ennemis était encore debout, n’était qu’un leurre. Une mauvaise blague de XANA. Ou une sécurité, pour s’assurer que jusqu’au bout, les Lyoko-Guerriers ne pourraient pas les sauver.

Car au bout de la rue, il n’y avait que les restes d’un immeuble, brûlé alors que les cendres du mont Baker s’abattaient sur Vancouver, empêchant l’intervention des secours alors trop surchargés.

XANA avait réduits en poussière de nombreuses choses dans cette ville, en guise d’écran de fumée. Pour que les Lyoko-Guerriers perdent du temps à savoir si la cible de leur ennemi était bien le projet Carthage.

Aelita s’avança vers la carcasse de l’immeuble. Il ne restait que la façade, noircie. Mais d’après les informations volées aux pompiers par Jérémie, tous ceux qui y travaillaient étaient portés disparus. Probablement morts. Dont l’intégralité de l’équipe Carthage.

Plus des dizaines d’autres.

Aelita laissa le sol craquer douloureusement sous ses pieds. Ces gens qui lui avaient fait perdre son père, étaient aujourd’hui les pères et mères perdus d’autres enfants. Aelita s’enlisa dans cette idée.
Elle tomba à genoux au milieu des cendres du Projet Carthage.
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"Au pire, on peut inventer le concept de Calendrier de l'Avent pour chaque fête religieuse, maintenant que le forum a le template pour faire un article de La Croix"


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Silius Italicus MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:07   Sujet du message: Pour la gloire ! Répondre en citant  
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La fête battait son plein. Patrick était arrivé assez tardivement. Il faut dire qu’Odd et Ulrich l’avaient invité sur le fil de la lame. Toujours est-il qu’il y avait de l’ambiance. Et un certain cachet : une fête dans une vieille maison, visiblement abandonnée, ou à tout le moins pas entretenue depuis des années, et située en plein cœur de la forêt. Bref, l’endroit idéal pour attirer des ados, et faire bien des choses à l’abri des regards. L’alcool coulait à flot : de la kro’, de la 16’, par pack de vingt-quatre, et puis ces grands classiques qu’étaient la vodka-orange et le whisky-pomme. Il était déjà minuit, et tout le monde était passablement alcoolisé.

— Allez ! Ça va être cool ! Et t’en fais pas pour le retour, il y aura de quoi coucher sur place ! Lui avait dit Odd.

En effet, il y avait.

Des couches avaient été disposées à l’étage… et servaient présentement à coucher, avec plutôt moins que plus d’intimité. Patrick n’était pas resté longtemps à Kadic, mais il avait toujours été bon physionomiste et très fort pour se rappeler des gens. Il en reconnaissait beaucoup, s’adonnant à toutes sortes d’activité par-ci, par-là.

— Quelle gueule de chien battu ! Tiens ! Bois, ça ira mieux.

Quelqu’un qui n’était visiblement pas de Kadic venait de lui fourrer de force un verre entre les mains. À l’odeur, la pomme devait y être plus nominale qu’autre chose. Mais, cela ne ressemblait pas à du whisky pour autant… Allons bon, ils avaient déjà siphonné tout le normal et devaient se rabattre sur le bizarre ? Mouais, il valait mieux aller voir en cuisine. Il y trouverait peut-être des toasts en prime.

Patrick fendit la foule avec difficulté. Trop de monde. Trop d’alcool. Cela créait des paquets de gens se soutenant mutuellement, paquets à l’allure chaloupée et au rythme irrégulier. Patrick se fit accoster pas moins de quatre fois avec des propositions de boire quelque chose. Et une fois, d’aller à l’étage.

Enfin, il arriva dans la cuisine. Odd et Ulrich s’y trouvaient… occupés à tartiner des toasts. Ou à s’enfiler un truc bizarre… allez savoir. Ce qui semblait sûr, c’est qu’il y avait de la pomme dedans. Mais ce que venait faire la polonaise et la nantaise dans cette histoire…

Bref, Patrick se retrouva chargé de cuisiner, et surtout de protéger les toasts ainsi préparés contre la rapacité des fêtards qui voulaient se les approprier. Il ne savait pas très bien comment on en était arrivé là.

Mais était-ce important ? Il était juste préoccupé par le fait que la fête semblait avoir complètement dérapé. Il avait eu du mal à convaincre ses camarades de cuisine que l’ajout de petites herbes de l’espace sur les toasts n’était pas une bonne idée.

Peine perdue. Ceux qui avaient eu cette idée avaient décidé que puisqu’en cuisine on ne faisait pas les choses bien, alors il fallait faire une contre-cuisine.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Un atelier préparation de gâteaux de l’espace avait été improvisé devant la porte des toilettes de l’Hermitage. Assurément le meilleur endroit pour ça.

Faute d’alimentation électrique, la musique s’était tue : les batteries s’étaient vite épuisées à cracher à plein volume. Mais, quelqu’un avait avisé la présence du piano et commencé à jouer d’un répertoire assez… éclectique. À la marche funèbre de Chopin succédait L’apprenti sorcier. Ça manquait clairement de Requiem for a dream.

Patrick continua malgré tout à parler de jeu vidéo et à commenter les résultats du foot avec Ulrich et William. Cela l’occupait pendant qu’il tartinait ses biscuits. Il sirota tranquillement une kro’ qu’il avait réussi à choper quelque part. À un moment, ses deux amis s’éclipsèrent. Ils avaient commencé à parler d’un match contre une équipe au nom zarbi… Franchement, qui appellerait son équipe Xanax ?

— T’en… hic… fais pas, c’est complètement du made in Franz !

Sur ce, Odd explosa de rire. Très content de la blague qu’il venait de faire. Plaisanterie qui resta nébuleuse.

— Tu devrais, tu sais, quoi, tu devrais boire un coup d’eau pour faire passer la pilule. Le gin ça assomme, continuait Ulrich d’une voix pâteuse.
— Mais de quoi tu me causes ? Vous délirez ou quoi ?

Odd, lui, continua sur son histoire de foot  :

— Mais là, tu vois, Tarentula ! Entre moi et le but. Il fallait que je fasse passer l’objectif… hic. Alors, bon, on a joué un peu avec elle… j’ai fait une jolie glissade pour lui passer entre les jambes… T’aurais vu ça ! Odd le Magnifique en personne ! La Merveille Violette ! Avec ça, on a pu mettre Aelita dans le but, mais genre, la tête la première…
— Bon, les gars… je crois qu’il va falloir arrêter de boire, hein ?

Profitant du trou dans la conversation qu’avait créé l’anecdote d’Odd, Patrick décida qu’il était temps de se rendre aux toilettes. Évidemment, la pièce servant d’ordinaire à ça n’était pas disponible… il y avait embouteillage et bouchon. Aussi, il faudrait se rendre dehors. Ce qui permettrait au moins de se rafraîchir les idées.

Patrick se mit donc en quête d’un coin tranquille pour fertiliser les arbres. Il fit attention à ne pas trop s’éloigner pour autant. Il n’avait pas de téléphone, et l’obscurité du sous-bois avait vite fait de dévorer les lumières de la ville.

Toujours est-il qu’il eût du mal à trouver… Il croyait que le baisodrome, c’était à l’étage de l’Hermitage ! Pas sous les feuillages !

Il était passablement agacé, et n’avait pas vraiment envie de vider sa vessie en public. Mais enfin, il finit par trouver un coin à peu près tranquille à défaut d’être silencieux.

Lorsqu’il eut fini son affaire, il repartit en évitant le plus possible de déranger les autres occupants de la forêt. Sur le chemin du retour, il croisa plusieurs fumeurs rassemblés dans un coin, et qui s’échangeait de gros sous…

« Pas des cigarettes qu’ils se font là » Pensa Patrick.

Il trouvait déjà que cette soirée avait largement vrillé. Y mettre du shit par-dessus…

Il rentra dans la maison et à nouveau se battit à contre-courant pour revenir dans la cuisine. Rentrant dans la pièce, il éternua. Il avait les narines chatouilleuses, et il flottait dans l’air une odeur qu’il ne reconnut pas au premier abord. De la cannelle. Quelqu’un avait versé de la cannelle sur les toasts.

« Quel abruti a pu faire ça ? »

Ulrich et Odd étaient complètement faits. Ils passaient leur temps à rigoler dans le vide pour un rien.

Patrick trouvait ça bizarre. Alors, il souleva un des toasts.

— Touche pas au grisbi !
— Qu’est-ce que tu fais là gueux dans tes habits de bouffon !

Odd et Ulrich s’étaient levés en même temps et dans un même hurlement, bousculant Patrick et se saisissant du gâteau qu’il inspectait.

— Manant ! Tu oses t’asseoir à la table de tes seigneurs !
— Sale chien ! Nous allons t’apprendre ! À la garde ! À la garde !

Attirés par le bruit, plusieurs personnes rentrèrent dans la pièce, et aux ordres d’Ulrich et Odd se saisirent de Patrick.

— Allez, mettez-le dans un cul-bas-de fosse !

Ni une ni deux, Patrick empoigné par ses geôliers fut expulsé hors de la cuisine, et bientôt hors de la maison.

— Mais ? Que se passe-t-il ici ?
— Ce n’est rien, Ma Dame Enchanteresse, les seigneurs de céans nous ont demandés de jeter ce gueux dans les oubliettes.
— Mais, ce n’est pas un gueux, voyons. C’est le cousin de l’Archimage de Toursousleau. Voyons. Relâchez-le ?
— C’est que, Ma Dame…
— Suffit ! Vous tenez à danser avec mes éclairs, peut-être ?

Les deux gardes durent se dire que cela n’en valait pas le coup, car ils abandonnèrent Patrick à Aelita.

— Merci Aelita, mais, il se passe quoi là au juste ?
— Que vous soyez cousin de mon promis ne suffit pas à nous mettre en de telles familiarités seigneur Belpois. Je reste l’Enchanteresse de la cour, Gardienne des Chemins et Dame des Clés ! Vous ferez montre du respect qui m’est dû ou il vous en coûtera !
— Mais ? Qu’est-ce que... ?

Aelita s’était détourné de lui. Elle se rendit dans le salon et monta sur la table et commença à discourir :

— Braves chevaliers ! Gente Dame ! L’heure est grave ! Le mal assombri nos terres à nouveau ! Des dragons bleus, blancs et rouges ont été repérés près d’ici ! Il se dirige vers nous en ce moment même ! Notre quête, que vous acceptez tous, j’en suis sûr, avec le cœur le plus hardi , est de les empêcher d’atteindre ce château et de s’en prendre aux seigneurs régents, messires Rigide et Magistrats ! Aux armes ! Aux armes  ! Affûtez vos lames ! Et préparez vos sorts ! Allons ! Et que le ciel qui voit tout à travers son grand œil nous vienne en aide et fasse tomber les feux du ciel sur ses mécréants !
— Hourra ! Montjoie ! Saint-Denis !

Autour d’Aelita, la foule était en délire !

Ils se saisirent de tout ce qui leur passait sous la main : chaises, peignes, battes de base-ball, coussin de canapés, couteaux à sashimi… Certains commencèrent à fabriquer des torches. Et la foule sortit de la maison telle la vague déferlant le long de la grève. Tous hurlaient en chœur encouragements et insultes haineuses.

Inquiet, Patrick les suivit, mais avec un peu de retard. Lorsqu’il sortit, la troupe désordonnée était guidée par Ulrich et Odd, visiblement bombardés capitaines en même temps que seigneurs locaux… Des gens avaient été assommés, et quelqu’un s’était amusé à dessiner sur leur visage au feutre indélébile divers motifs. L’un était récurrent, présent sur chaque malheureux : une espèce de point entouré de deux cercles concentriques, dont l’épaisseur du trait était égale au rayon du point intérieur, avec quatre traits rattachés au cercle extérieur, répartis asymétriquement : deux de grande taille en haut et en bas, et deux de taille plus petite sur les côtés du trait du bas, à des angles d’environ 30°. Une sorte d’œil bizarre quoi.

Patrick vit du coin de l’œil le dealer et ses clients fumeurs de shit se rapprocher, intrigués par tout ce barouf. D’autres gens sortaient de la forêt, dérangés dans leurs activités diverses.


— Ténèbres plus noirs que le noir et plus sombres qu’une ombre ! Libérez votre puissance ! L’heure du déchaînement a sonnée ! Guidée par une justice aux infaillibles principes ! Qu’une intangible distorsion vous révèle ! Dansez ! Dansez ! Dansez et révélez ma puissance : Que se déverse une force destructrice ! Une force sans égal ! Réduis tout en cendre et ramène tout aux abysses ! Voici la plus puissante attaque connue de l’homme ! Celle qui brise les limites et offense Dieux et Déesses ! Voici le fléau de la rédemption et le rachat des opprimés ! Que dévaste la tempête ! Règne : Explosion d’éclairs !

Qu’est-ce que ? Aelita faisait des incantations à la noix maintenant ?

BANG !

À la noix, peut-être, mais il n’empêche que Patrick avait senti le souffle chaud d’une explosion sur son visage.

Au loin, il entendait des sirènes. Il se précipita dans cette direction. Hors de question qu’il reste plus longtemps avec ces fous !

Il courut comme un dératé, et enfin aperçut les gyrophares des voitures de police. Tiens, les ambulances et les pompiers sont déjà là aussi

— Saisissez le traître ! Il connaîtra les tourments éternels !
— Pour le seigneur Magistrat !

La foule avait réagi avec enthousiasme à l’appel d’un de ses chefs qui désignait Patrick. Ce dernier n’en menait pas large. Devant lui, la police qui avait visiblement décidé qu’elle avait à faire à une émeute de jeunes, et voyait en lui la principale tête brûlée à mâter. Derrière lui la foule assoiffée de sang, présentement du sien. Au fond, Aelita qui continuait à hurler des incantations et à déchaîner les puissances infernales et telluriques. Patrick ne savait plus très bien ce qui se passait. Il y avait des flammes, de la fumée… de la terre qui volait autour de lui.

Le chaos.

— Sus ! Sus aux monstres ! Égorgez-les !
— Attentions ! Des trolls ! Des trolls arrivent !

En effet, attirés par le bruit, des journalistes télé étaient là avec tout leur matériel. Le siège social d’une grande chaîne se trouvait tout près. Dire qu’elle se vantait d’être toujours la première là où il se passait quelque chose… Pour une fois, les autres ne pourraient pas râler sur leur vitesse de réaction exagérée.

Patrick en tout cas paniquait sévère et ne voulait plus qu’une chose : fuir le plus loin possible de ces fous. Ce qu’il était tout occupé à faire lorsqu’il fut heurté par quelqu’un. Il tomba par terre sur les fesses. Un bout de bois jaillit devant lui. Il eut le réflexe de mettre son droit devant et hurla de douleur lorsque bois et os s’affrontèrent en un bref et violent mach nul. Patrick roula sur le côté et envoya de toutes ses forces l’une de ses jambes dans les genoux de son adversaire. Un coup qu’il avait appris en pratiquant le sambo, même s’il n’était pas un élève très assidu. En tout cas, son ennemi avait été pris de court et chancelait. Patrick en profita pour se relever et se jeter sur la silhouette en noir. Un furieux corps-à-corps s’engagea. Patrick avait l’avantage de la masse et de la force brute, son adversaire avait visiblement de l’expérience et de la technique.

Pendant ce temps, la mêlée générale s’était déplacé loin d’eux. En effet, la police avait reflué : une petite dizaine de policiers ne faisait pas le poids face à trente ou quarante adolescents fermement décidés à castagner. Patrick et son adversaire se retrouvèrent dans l’obscurité.

À la fin des fins, Patrick finit par faire un croc en jambe qui étala son adversaire. Sans demander son reste, il s’enfuit aussi sec, cherchant à profiter des ténèbres pour se cacher. Une fois qu’il se pensa en sécurité, il s’arrêta pour reprendre son souffle et tenter de faire le point sur la situation. La foule se dirigeait visiblement vers Kadic.

Jérémie !

Patrick sortit son téléphone. Heureusement, et par miracle, il ne l’avait ni perdu ni cassé durant les échauffourées. Il composa le numéro de Jérémie.

— Patrick ? Qu’est-ce que tu me veux ?

Toujours aussi agréable, le cousin.

— Écoute, il se passe des trucs super-bizarre là. T’es en danger !
— Qu’est-que tu racontes ?
— Tu vois, j’étais à une petite fête dans une vieille maison, l’Hermitage, tout près de Kadic, quand Ulrich, Odd et les autres se sont mis à déconner sec. Je crois qu’ils ont abusé de gâteaux de l’espace. Ils sont persuadés d’être des chevaliers, des magiciens ou des trucs du genre… Et là ils ont commencé à dire qu’il fallait aller tabasser des gens. Ils vont vers Kadic. T’es en danger, je te dis.
— C’est bon, je te crois, je ne suis pas au collège de toute façon... Mouais, cela ressemble à du Xana, mais je n’ai rien sur mer écrans. Je vais lancer un superscan.

Jérémie avait commencé à marmonner pour lui-même plus qu’à l’attention de son cousin.

— Écoute, Patrick. Je ne suis pas en danger pour le moment, mais j’aurais besoin que tu m’amènes Ulrich, Odd et Aelita. Tu vois la vieille usine sur le fleuve ? Je suis là-bas. On y sera en sécurité, et j’ai les moyens de les faire décuver. D’accord ?
— T’es dingue ? Qu’est-ce que tu fais là-bas ? Et puis, ils veulent me faire la peau. Il paraît que je suis un mécréant et qu’il faut aller tuer les dragons qui ont envahi le pays.
— Je ne sais pas moi, invente une histoire, dis-leur qu’ils doivent aller à l’usine. Mais s’il te plaît, ramène-moi au moins Aelita.
— T’en as de belles, toi ! Enfin, je vais voir ce que je peux faire.

Patrick ne voyait pas bien ce que pourrait faire son cousin. En tout cas, cette histoire devenait encore plus bizarre. Ce qu’il n’aurait pas cru possible. Mais bon, ce n’est pas comme s’il avait une meilleure idée... Donc le but, c’était de retrouver Aelita.

Simple, se dit-il, il me suffit de suivre les bruits d’explosions..

Il se mit donc en quête de la princesse à libérer.

La traque ne fut pas longue, car la foule avait fini par se heurter à un vrai barrage policier. Mais visiblement, la haine de ceux qu’ils appelaient « des gobelins » poussaient les fêtards à se dépasser, et ce n’était pas quelques coups de matraques qui arrêteraient ces braves dans la défense de leur pays, de leurs terres, et de leurs seigneurs !

Par chance pour Patrick, Aelita restait en arrière à débiter incantation sur incantation.

Il décida de s’approcher, mais plutôt que de risquer de mourir brûler pour avoir tenté de la prendre par-derrière, il signala sa présence et se lança dans le numéro de bluff de sa vie : les dés étaient jetés !

— Oyez Gente Dame ! Ô puissante enchanteresse, daignerez-vous m’accorder audience, à moi, le Seigneur Belpois, qui vient de bien loin et brava moult dangers pour partager grandes nouvelles avec vous !
— Eh bien ! Parlez, mon cousin, quelles sont donc ces grandes nouvelles !
— Noble Dame, il s’agit d’une quête confiée par votre promis, le Grand Archimage !
— Je vous écoute, noble jouvenceau !
— Le seigneur des éléments, oncques ne vis meilleur magicien, m’a informé qu’un grave danger nous menaçait tous. Les dragons ne sont que piétailles comparées aux Ténèbres qui se lèvent. En effet, une grande lueur s’est levé à l’Est, et pour la combattre, mon cousin, votre promis, fait appel aux plus grands héros du Royaume. Un Roi Démon a fait son apparition et répand mort et désolation autour de lui. Pour le vaincre, votre promis a besoin de votre assistance. Votre présence m’a-t-il dit, est cruciale. Car un certain rituel doit être pratiqué en un lieu précis pour vaincre le Démon. Il demande en outre à ce que les Seigneurs Magistrat et Rigide soient vos sigisbées et vous escortent. En effet, il me sait indigne de figurer en si noble et insigne compagnie, moi dont les prouesses ne sont qu’insignifiances. C’est qu’oncques ne vit chevaliers plus adroits et hardis qu’eux, dont les moult exploits inspirent déjà les plus grandes chansons.

À peine Patrick eût-il fini qu’il se dit que là, vraiment, il en avait fait trop. Cela ne marcherait jamais. Bien sûr, sur un malentendu, tout passe, enfin quand même, ce n’était pas une couleuvre qu’il voulait faire avaler, mais un python.

— Fort bien, mon cousin. Ouvrez-nous donc la voie. Nous aurons besoin de vous pour nous guider, en ces contrées hostiles, jusqu’au lieu du rituel.

Que ? Quoi, genre, comme ça ? Mais elle est devenue complètement idiote ? C’est quoi c’te réussite de ouf!

Patrick était soulagé. Il s’attendait vraiment à ce qu’elle refusât tout net de le croire avant de l’éparpiller aux quatre coins de Paris façon puzzle.

— Eh bien ? Ouvrez la voie, mon cousin !
— Fort bien, Gardienne des clés !

C’est ainsi que Patrick Belpois, suivi d’Aelita Stones, se mit en quête d’Odd Della Robbia et d’Ulrich Stern. Car tel était le pré-requis nécessaire pour que la jeune fille acceptât de se rendre à l’usine.

Ils les trouvèrent bien vite, et fort heureusement, ce fut Aelita qui parla et convainquit ses deux gardes du corps. Ce qui alla très bien à Patrick, loin d’être convaincu qu’il pourrait réussir une deuxième fois son mensonge.

Tout ensemble, ils se mirent en chemin. L’usine était leur destination. Ils devaient éviter les forces de l’ennemi. Ne pas emprunter les larges plaines et routes découvertes, mais passer par-derrière, chercher les chemins et portes cachés dans l’ombre, afin d’attendre au plus vite le repaire du Roi et Empereur des Démons. Tous craignaient pour Jérémie et son rituel. Mais enfin, ils parvinrent à destination, alors que le téléphone de Patrick sonnait. Jérémie, pile à temps.

— Patrick, où en es-tu ? Tu les as trouvés ?
— Noble cousin, seigneur Archimage, ainsi que vous me l’avez mandé, j’ai trouvé la Gardienne des Clés, votre promise, et c’est escorté de ses preux chevaliers que nous nous rendons sur le lieu du rituel afin d’affronter le Roi Démon et accomplir votre rituel, répondit Patrick en jetant des coups d’œil vers son escorte.
— Patrick ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu as perdu la tête, toi aussi ?
— Que nenni, cousin, tout se fait suivant votre volonté. Bientôt nous serons auprès de vous pour vous aider à défaire le mal.

Sur ce, Patrick raccrocha. Il ne voulait pas que les autres se doutassent de quelque chose. Néanmoins, il profita d’un moment de distraction de leur part — l’apparition d’un troll rouge — pour écrire un bref sms à Jérémie et lui demander la suite des instructions. La réponse vint vite. Il fallait emprunter un monte-charge situé dans la grande salle de l’usine, descendre au deuxième niveau et faire entrer Aelita, Odd et Ulrich dans de grands tubes métalliques. Après, tout irait bien.

Alors qu’ils se rapprochaient de l’usine, le maillage policier devenait plus étroit, et la masse des fêtards avait fini par être dispersée en plusieurs petits groupes de quelques individus. Malgré tout, Patrick et ses comparses passèrent sans trop de casse. Juste un combat avec un trio de collégiens de Kadic, que vinrent interrompre les pompiers.

Ayant gagné la confiance des trois autres, Patrick n’eût pas de mal à les faire descendre dans le monte-charge et les mettre dans les tubes métalliques : c’était essentiel pour la tenue du rituel, leur dit-il en essayant d’avoir l’air de savoir pourquoi. Heureusement, Jérémie confirma ses dires par haut-parleur interposé. Après quoi, il renvoya Patrick, sans plus d’explication, dans la grande salle de l’usine. Il fallait empêcher des rôdeurs de s’approcher du monte-charge.

Dépassé par les événements, Patrick accepta.

Une échauffourée s’engagea. Patrick faisait face à deux solides gaillards, quand soudain, il ressentit un grand choc sur le crâne.

Tout devint noir.


_________________



La fête battait son plein. Patrick était arrivé assez tardivement. Il faut dire qu’Odd et Ulrich l’avaient invité sur le fil de la lame.

Patrick se sentait bizarre. Il avait un léger mal de crâne. Comme s’il avait la gueule de bois avant même d’avoir bu. C’était étrange, mais il se dit que savourer la fête atténuerait ce sentiment. Il se rendit en cuisine, à la recherche de quelque chose à manger.
_________________
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Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.


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Dede7 MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:07   Sujet du message: Récursion Répondre en citant  
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— Vite ! S'exclamait une jeune adolescente brune en tenue de samouraï aux motifs vers. Il faut absolument arrêter Xatan avant que son attaque ne tue des gens !
— Attention ! interpella un second personnage, un grand garçon blond ressemblant à un lutteur. Il nous envoie des sbires !

Derrière les trois héros ainsi que sur leurs flancs se dressaient soudain trois monstrueuses créatures grisâtres à la coque craquelée, ressemblant à d’immenses caméras de surveillance montées sur deux imposantes pattes.

— Oh non, des Vulcanesques ! fit la troisième, une jeune fille aux cheveux bleu vif et à la tenue relativement légère. Nous sommes encerclés !

Cette dernière se laissa alors tomber brutalement au sol, en position agenouillée, et joignit ses mains face à elle en initiant une prière.

— Oh, Odin, Dieu solaire, protecteur des hommes, viens nous en aide et permets-nous d'accomplir notre sainte mission !

Un halo de lumière s'illumina autour des trois héros, puis le sol se fissura autour d'eux, et s'effondra en partie dans leur dos, emportant dans les abysses les horribles créatures les menaçant.

— Merci à toi, oh grand Odin ! conclu la jeune fille avant de se relever et reprendre sa course avec ses amis.

Les trois durent courir pendant encore quelques secondes avant d'atteindre la grande torche enflammée et y apposer leurs mains, ce qui chassa la menaçante lueur rouge du brasier pour le laisser d'un blanc pur et quasi irréel.

Les trois personnages éclatèrent de joie, sautillant et s'embrassant, tandis que le générique de fin. Jérémie coupa le son de la télévision avant que les publicités ne se lancent.

— N'importe quoi, déclara-t-il.
— Ah, en quoi ? demanda Aelita.
— Bah ça ? Ces histoires de dieu maléfique et de dieu protecteur. Si ce sont vraiment des dieux, à quoi servent les protagonistes ? Et puis c'est drôlement facile, une prière et pouf, un miracle. Si c'était comme ça, la vraie vie, ce serait drôlement simple...

Il se leva, termina d'une gorgée sa tasse de chocolat chaud, et la déposa sur la table avant de sortir du foyer.

— Bon, sur ce je vous laisse, je dois encore bosser un peu !

Ses amis restèrent sur le canapé. Ulrich reprit la parole :

— Après, j'aime bien le design des personnages.
— J'suis d'accord ! confirma Odd.

Les deux garçons s’entraînèrent dans une discussion passionnée sur la réalisation de cette nouvelle série qu’ils venaient de découvrir. Aelita, quant à elle, restait silencieusement pensive. Était-ce vraiment n’importe quoi ? Est-ce que ça n’avait pas un peu de sens ?







Aelita avait passé toute la soirée à faire des recherches sur internet, pour essayer de mieux saisir cette notion de Dieu. Elle n’en avait jamais vraiment discuté avec Jérémie, elle le savait résolument athée. Pour lui, l’univers était né d’un événement sinon parfaitement connu, au moins largement descriptible d’un point de vue scientifique. La faune et la flore sur Terre s’est développée au gré du hasard et l’évolution des formes de vie. Après tout, tout cela était parfaitement logique et semblait sensé, elle n’en doutait pas.

Mais pourtant, pourtant, les questions et le doute l’assaillaient toujours. Les humains étaient-ils vraiment libres de vivre et de disparaître ? Elle pensa à Jérémie. Cet être qui l’avait découverte, éveillée, qui lui avait façonné un corps et lui avait offert l’ascension vers son monde. Cet être sans qui elle serait certainement encore endormie pour l’éternité dans son jardin aux quarante tours.

Et puis, elle ne pouvait s’empêcher de réaliser qu’elle-même était une enfant voulue – si ce n’est même créée – par son père.

Son père, celui-là même qui avait créé tout un monde pour elle.

Son père, celui-là même qui avait créé de ses mains cet artefact qu’on appelait supercalculateur.

Son père, celui-là même qui avait créé la possibilité de manipuler le temps lui-même.

Son père, celui-là même à qui Jérémie – oui, même lui – avait déjà adressé ses prières.

N’était-elle pas elle-même un ange, un véritable ange, veillant sur le monde parfait créé par son père, et veillant à ce que le terrible être maléfique qui y était enfermé reste sage et docile ?

Et qu’étaient-ce, sinon des miracles, chacune des fois où elle tombait à terre, appelant à l’aide, et que soudain le danger s’en trouvait écarté ?

Qui était son père, sinon son créateur et son sauveur ? Sa lumière ?

Jérémie dirait qu’il n’est qu’un homme. Sa lumière, qu’un avatar. Sa création, qu’une idée reprise d’un autre, développé et amélioré par les nouvelles idées qu’il aura eues au gré du hasard des connexions cérébrales.

Mais quand bien même. Il fallait l’avoir eu. L’Idée.

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VioletBottle MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:07   Sujet du message: Répondre en citant  
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Okay. Bon. Normalement, tout était prêt, cette fois.

Yumi respira un grand coup. Elle réajusta les draps pour la troisième fois, se retint de les changer pour la quatrième, contint l’envie de tout annuler pour la cinquième. Elle n’appela pas non plus Aelita. Elle lui dirait seulement que tout allait bien se passer, que Yumi était une reine et qu’il ne lui résisterait pas. Enfin, elle le lui répéterait. Pour la sixième fois.

Mais son amie avait raison. Elle avait choisi cette chemise noire parce qu’elle complimentait ses hanches, et parce que le bleu de sodalite des boutons allait bien avec les reflets dans ses cheveux et le jean slim qu’elle avait déjà dans son placard (et qui lui faisait les meilleures cuisses). La ceinture en perles, c’était un ajout d’Aelita et Odd. « Ton thème couleur, c’est de n’en avoir aucun », avait souligné Odd, au moment où Yumi s’était demandé ce qu’il venait faire dans cette histoire, « D’accord, on ne bouscule pas trop vite les habitudes, mais tout de même ». Au moins, il fallait reconnaître à ses deux stylistes d’un soir un certain œil. L’ensemble était cohérent, et plutôt désigné pour une soirée à deux.

Ses parents ne rentreraient pas avant le lendemain. Après-midi. La marge parfaite, au cas où tout se passerait bien. Et si tout se passait mal, ça lui laisserait tout le temps de rappeler Aelita et de s’épancher. Elle avait déjà lancé la préparation de ce qui devait déjà l’être, l’odeur qui émanait de la cuisine était plutôt rassurante, et elle n’avait rien choisi qui ne sente plus fort qu’un délicat parfum de rose qu’elle s’était choisie. Rien non plus qui s’accrocherait aux vêtements, aux cheveux, ou à l’haleine. Et grâce à l’aide ses amis internes, elle avait pu vérifier que le menu lui plairait. Pour la musique, elle avait préféré miser sur un large éventail de choix. Impliquer un invité dans la soirée était une bonne façon de démarrer une conversation. Si on préparait tout à l’extrême, on était plus un hôte mais un serveur ou une mère de famille en période de fêtes. Et personne n’adresse jamais la parole à l’un ou l’autre pendant le repas, dans la mesure où ils ne s’assoient jamais. De toute façon, pas question de renvoyer l’image de l’un ou de…

Oh bon sang, mais de quoi elle parlait ?

DING DONG !

Oh bon sang. OH BON SANG.

Respire. S’il y a un moment pour respirer, c’est maintenant. Oh bon sang, c’était la première fois qu’elle faisait un truc pareil, est-ce qu’elle avait oublié quelque chose, et pourquoi est-ce qu’elle a cru que ça pourrait bien se passer, les films à l’eau de rose de sa mère lui avaient menti, c’est sûr, elle aurait dû écouter les films catastrophe d’Hiroki…

Bon. Ce n’était pas comme si elle pouvait encore reculer, n’est-ce pas ?

Avec toute la bravoure que des années à s’engouffrer dans un scanner lui avaient inculquée, elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit en grand.

— Salut Yumi ! Je n’arrive pas trop en retard ?
— Christophe ! Non, pile à temps, entre !

Parfait. Il était parfait. Et d’une parfaite décontraction. Comment faisait-il ?

En fait, il ne faisait pas tout court. Autant il n’oublia pas d’ôter ses chaussures à l’entrée, autant il manqua de trébucher en prenant appui sur le chambranle de la porte. Ils eurent un petit rire ensemble. Il était parfait.

— Je dois t’avouer, Yumi, je ne m’attendais pas à une invitation si tôt… Commença-t-il alors que son hôte accrochait son manteau dans le placard de l’entrée.
— Je crois que j’en avais besoin, soupira cette dernière. Enfin, nous deux, je suppose. Moi, après Ulrich, et toi…

Christophe sourit doucement. Sa rupture avec Anaïs avait été… Explosive. Milly et Tamiya avait rajouté de l’huile sur les cendres encore brûlantes, dès le lendemain, avec un gros titre racoleur comme rarement les Échos de Kadic n’en avaient connus. C’était après un cours, quand Christophe s’était senti mal en plein exposé de groupe, que Yumi et lui avaient discuté pour la première fois d’autre chose que du dernier contrôle de madame Hertz. Leurs situations respectives, plutôt ressemblantes dans la mesure où Ulrich avait déjà fait échouer trois de leurs missions parce qu’il épargnait un des Ninjas envoyés par Tyron (et Yumi pouvait en jurer, ce malotru le ou la matait !) ; la ligne rouge avait été franchie quand il avait préféré aller sauver l’ennemi plutôt que d’éviter à Yumi un tir de Mégatank qui l’avait tranchée horizontalement. Le comble de l’humiliation. Elle n’avait même pas eu le temps de sauter pour éviter le tir, persuadée qu’elle aurait pu compter sur son camarade pour la couvrir pendant qu’elle était déjà occupée avec un nid de Frelions. A partir de là, même le « Copain et puis c’est tout » s’en était sorti sérieusement compromis. Bref, elle aussi en avait gros sur la conscience, comme Christophe. Ils s’étaient donc rapidement compris, et les mois passants, s’étaient même trouvés beaucoup de points communs. Et les voilà, tous les deux assez solides dans leurs cœurs pour se jeter dans le grand bain. Le premier rendez-vous hors des angles morts et petites planques d’amoureux du lycée.

Yumi sourit. Ça se passerait bien. Elle avait tout prévu, et pour le reste, Christophe était un garçon adorable et compréhensif. Ça se passerait bien.

Et ça se passa bien. Christophe avait même ramené de l’apéritif et un peu de dessert, ce qui permit à Yumi de cacher qu’elle avait complètement oublié de préchauffer le four, rendant cette partie du menu un peu périlleuse à organiser. La conversation coulait si naturellement entre eux qu’elle n’eut même pas besoin de s’attarder sur son choix de musique. Et finalement, la fin du dîner arriva rapidement.

— Voilà, c’est ma chambre, annonça Yumi en ouvrant la porte de son repaire.

C’était la première fois qu’elle y invitait un rencart, ça se voyait probablement et Christophe eut la politesse de ne pas le faire remarquer. Il sourit en regardant autour de lui.

— Classe, la déco ! Oh, je connais cette peluche !

Mimi, une sorte de nounours un peu dépareillé. Premier cadeau du premier rendez-vous. Improvisé par Christophe qui avait oublié qu’ils étaient un jour férié, et que donc aucun magasin n’était ouvert. Yumi avait tout de même été touchée par le geste. Surtout que, par la suite, elle avait appris qu’il s’agissait d’une des peluches d’enfance de Christophe. Yumi l’avait mis en évidence pour donner un ton plus « couple » à sa chambre. Une sorte de signal subliminal, comme l’avait appelé Odd.

Yumi invita Christophe à s’asseoir. Il le fit très poliment, sans quitter Yumi des yeux ou abaisser son sourire. Ils savaient tous les deux vers quoi cette soirée allait se diriger. Ils en avaient déjà un peu parlé, ils s’étaient longuement épanchés sur leur impatience d’avoir enfin un endroit garanti discret et confortable, et s’étaient perdus en imagination sur ce qu’ils y feraient. Tout en étant conscients que ça ne se passerait probablement pas aussi bien que dans leurs rêves. Mais que l’important, c’était de prendre son temps. Ils n’iraient peut-être pas au bout ce soir, mais quelle importance ? Ils étaient tous les deux.
Leurs mains se trouvèrent. Leurs lèvres se joignirent. Tout doucement, comme on pose le bout de la langue sur le calice avant de goûter le vin. Puis une caresse trouva le chemin d’une nuque, d’une clavicule. Lentement, patiemment. Pour dessiner le contour des muscles, pour prendre le temps de découvrir la chair et de l’inviter contre la sienne. Yumi sentit les doigts de Christophe passer dans son dos et chercher le bord de la chemise…

… Et soudain ils étaient allongés sur le lit, leurs sourires l’un contre l’autre. Yumi ne se souvenait plus quand elle avait déboutonné sa chemise, mais la chaleur de la main de son amant l’étourdissait trop pour y réfléchir. Elle répondit en retraçant, de la caresse subtile d’un ongle, les fins abdos de Christophe, soulevant suggestivement son T-shirt…

… Et soudain, il ne l’avait plus. À nouveau, Yumi ne se souvenait pas de l’avoir enlevé. Ni même de s’être mise à quatre pattes, au-dessus de Christophe, pour lui embrasser le torse…

… Et soudain, c’était lui qui était sur elle, la regardant avec des grands yeux. Elle le lui rendit. Il rit.

— Yumi ? Je te fais perdre la tête à ce point ?
— Apparemment, oui… Répondit-elle, un peu perdue.
— Je prends ça pour un compliment ! Et donc, ça ne te dérangerait pas ?
— Je… Tu peux répéter la quest…

… Et soudain, elle n’avait plus de soutien-gorge. A la place, il y avait les mains de Christophe. Elle sursauta.

— Oh, j’ai touché un point sensible ? Roucoula l’adolescent en suçotant l’oreille de Yumi.
— Euh… Haha, il semblerait… Mais j’ai d’autres surprises pour toi ! Tu m’attends ici, je vais me préparer…
— Eh bien, tu avais vraiment tout prévu ! Sourit Christophe en basculant sur le côté. Soit, je t’attends sagement !

Yumi se releva et fila vers le salon. Elle avait laissé son téléphone là-bas, pour la cuisine, elle pourrait en jurer… Bingo. Toujours sur le minuteur. Elle passa au répertoire à toute vitesse…

… Et soudain, Jérémie se plaignait au bout du fil. Une critique acerbe sur le manque de réactivité d’Ulrich se perdit. Il s’interrompit brutalement.

— Je… Mais pourquoi je dis ça ? Et… Qui est au téléphone ?
— Euh… Moi, Yumi. Je voulais t’appeler il y a deux secondes, qu’est-ce que…
— Moi, j’étais en route pour l’Usine, il se passait des choses étranges… Comme si le temps…

… Et soudain, Jérémie pesta contre Ulrich en l’envoyant en salle des scanners. Yumi était en train de faire les cent pas, exaspérée. Sans savoir pourquoi. A l’autre bout de la ligne, Jérémie et Ulrich se turent en plein échange de politesses.

— … Ça l’a refait, hein ? On a encore avancé dans le temps ? Maugréa Ulrich assez fort pour que Yumi l’entende.
— A proprement parler, c’est XANA qui détourne le Retour Vers le Passé et applique des pistes cohérentes de futurs en modifiant notre mémoire. Par chance, notre sauvegarde dans le Supercalculateur doit sans doute nous permettre de nous en rendre compte… Je crois qu’il anesthésie notre mémoire pendant quelques minutes, et prend le contrôle de notre cerveau pour nous faire artificiellement avancer de…
— Oui bon Einstein, tu le sais, depuis le temps, qu’on ne comprend rien à ce que tu dis. Dis-moi où sont Aelita et Odd, et…

… Et soudain, Yumi était devant la porte de sa chambre, portait maintenant une nuisette, et n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devait faire. D’après sa tenue, certainement pas aller à l’Usine. Jérémie ne lui avait tout de même pas dit de continuer son rencart comme si de rien n’était, alors que le monde fait des bonds dans le futur ?

Bon, ce n’était pas comme si elle avait une meilleure idée… Elle soupira, tenta de se donner une contenance, et ouvrit la porte.

— Je suis de retour, minauda-t-elle du mieux qu’elle put.

Fort heureusement, Christophe continua d’être un exemple de délicatesse, et se leva pour la rejoindre ?

— Aaah, oui, tu sors vraiment le grand jeu !
— C’est que c’est notre premier soir, je veux que tout soit…


… Et soudain, Yumi était au téléphone, en train de se retenir à grand peine de hurler. Au bout du fil, à nouveau Jérémie, qui par contre s’en donnait à cœur joie.

— Mais je n’y peux rien, si… Oh, encore ? Ça commence vraiment à me les briser menues…
— Où en sont les autres ? S’enquit immédiatement Yumi, devinant la concision serait leur meilleure alliée, en attendant le prochain bon dans le futur.
— Ils avancent, par chance, Lyoko est épargnée par les Retours vers le Passé, et ça a l’air d’être aussi le cas pour les Retours vers le Futur…
— Ben, qu’ils se dépêchent, je ne sais même pas quoi faire avec Christophe, moi…
— Ils seront à la Tour dans quelques instants ! Tâche de tenir bon, et…

… Et soudain, Yumi avait raccroché, et elle et son amant étaient empilés sur le canapé. Il serait bien entendu impoli de retracer les tenants et aboutissants de la situation, aussi Yumi haussa les épaules et se laissa aller entre les bras de Christophe. Au moins, ils avaient encore leurs pantalons, et son compagnon prenait son temps. Il parsemait de baisers le ventre et les côtes de son amante, ne s’arrêtant que pour lui susurrer de tendres promesses d’amour. Au moins, XANA essayait d’offrir les semblants d’une bonne soirée…

Alors que le souffle chaud de Christophe se rapprochait du bas-ventre de Yumi, dans un sourire plein de promesses, elle frémit…

… Et soudain, une lumière blanche.

— AH…

_________________________


— … NON !

Eh si. Yumi était à nouveau là, dans sa chambre, à remettre d’aplomb son lit. La soirée n’était plus qu’un souvenir. Enfin, presque ; dans quelques minutes, Christophe sonnerait à la porte, et il faudrait tout recommencer. Soit en reproduisant la première version de son rencart, lui ôtant toute spontanéité et surprise, soit en y apportant des variations et en prenant le risque que ça ne se passe moins bien.

Pourquoi n’avaient-ils pas déjà fait sauter l’Usine ?

DING DONG !

Reproduire ou modifier ?
_________________
"Au pire, on peut inventer le concept de Calendrier de l'Avent pour chaque fête religieuse, maintenant que le forum a le template pour faire un article de La Croix"


Dernière édition par VioletBottle le Mar 22 Déc 2020 21:06; édité 2 fois
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Silius Italicus MessagePosté le: Mar 08 Déc 2020 19:07   Sujet du message: Un petit coin bien au chaud Répondre en citant  
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Le sommeil, disait-on, lave tous les maux. Il est une bénédiction qui apaise les cœurs et raffermit les âmes. Car c’est à la nuit que l’homme s’endort, et c’est au jour qu’il se lève, sous les rayons d’espoir du soleil. Puisse le malheureux bénéficier d’un sommeil sans rêve ! Puisse l’éplorée trouver dans les bras de Morphée la consolation ! Puisse l’éprouvé trouver le répit de l’âme et du corps, afin de reprendre chaque jour la lutte !

BANG !

Une silhouette fusa à travers le couloir et alla s’écraser contre le mur.

— Vite ! Il nous faut des renforts. On a un 33 !

L’un des hommes présents avait commencé à hurler tout en pressant le bouton d’alerte par trois fois. C’était un signal codé précis, qui amenait une sonnerie particulière. Une sorte de tocsin. C’était une indication connue par tout le monde dans l’institution. C’était l’indication pour les résidents qu’il fallait rentrer dans leur chambre ou rester dans les pièces communes. En tout cas, plus de circulation dans les couloirs.

Dans le même temps, une équipe du personnel se mit en marche vers le lieu du drame. Le sonneur d’alarme leur donna les indications voulues sur la situation par talkie-walkie.

Ils arrivèrent vite. De toute façon, dès que l’alarme avait retenti, ils s’étaient engagé dans la bonne direction. Ils avaient eu comme une intuition, mêlée de l’expérience des derniers jours. Il n’y avait pas tant de pensionnaires que cela dans l’institution. Sans aller jusqu’à dire que tout le monde connaissait tout le monde —pour certains c’eût été impossible — on ne pouvait pas dire qu’il y eût de réels inconnus. Tout le monde était reconnu ou par le visage ou par la réputation.

C’est pourquoi il fallut fort peu de temps à l’équipe d’intervention pour arriver dans le couloir de la chambre 203 et constater que son locataire avait non seulement expédié un membre du personnel au tapis, mais était en train de passer le sonneur d’alarme à tabac. Ni une, ni deux, l’équipe intervint. Ils avaient été formés à cela, et des années à travailler ensemble les avaient rodés. L’affaire fut violente et brève. Promptement menée en somme. La menace n’était que parfaitement neutralisée, et le danger restait. C’est pourquoi, il fut décidé qu’il valait mieux déplacer 203 vers une autre chambre. Assurément plus confortable.

— Bordel, c’est quoi ? La quatrième fois en dix jours ?
— Tu l’as dit. Note ça dans le rapport. On n’est pas censé accueillir des pensionnaires dangereux ici, répondit Jean Dardieu. Mais, j’en ai déjà discuté avec le chef. D’après lui… eh bien, les « sponsors » de 203 sont de gros donateurs… L’Institution ne peut se passer de leur soutien. Donc, on ne peut réexpédier 203 ailleurs. Même si nous ne sommes pas vraiment équipés pour ce genre de choses.
— Ouais, ‘fin… tenta Pierre Lancedole, à ce rythme on va tous finir à l’hôpital. Aujourd’hui, c’était Jacques et Paul, et ce ne sont pas des petites contusions. Je sais pas où 203 a chopé pareils réflexe de baston, mais un jour on n’arrivera pas à calmer l’affaire, pas sans casse.
— Je sais. Mais… Qu’est-ce tu veux, je n’ai pas de solution. On va pas l’enfermer et jeter la clé quand même ?
— Je serais presque tenté tu sais.
— Allez, arrête les conneries, et vient m’aider à ranger… Ah… Tiens, il va falloir racheter une chaise.


203 avait donc été… calmée… Par l’usage d’un cocktail de produit chimiques prescrit par son médecin traitant. Mais, comme on était jamais sûr de rien, une petite chemise de contention avait été rajouté. Ce n’était que la quatrième fois en dix jours après tout. Et puis… cela rendait le transport plus facile. Si l’on était deux il fallait juste faire attention aux tentatives de gigotages, si l’on était seul… eh bien de même qu’un sac de patates se traîne… Il fut donc fort aisé d’amener 203 jusqu’à son nouveau domicile. Temporaire évidemment, même si les gardes l’eussent voulu permanent. Mais ils pouvaient difficilement perdre la clé, n’est-ce pas ?

À peine avait-il franchi le seuil de cette nouvelle chambre que 203 se débattit de plus belle. Même les médicaments ne suffisaient face à la pure terreur qui s’était emparée d’elle. De sa gorge jaillissait un cri horrible, ininterrompu, comme si elle essayait d’expulser son âme hors de cette prison.

En vain, bien entendu.

La chemise de contention était trop bien ficelée, les gardes trop expérimentés et fort, la pièce trop bien conçue. Chacun de ces éléments était fait pour résister à des efforts et pression bien plus important que ce que 203 était capable de mobiliser. De ce point de vue, le régime léger et équilibré de l’Institution faisait bien son office. Jean savait que d’ici quelques semaines la scène d’aujourd’hui ne serait physiquement plus possible. Il suffisait juste de tenir jusque-là, ce qui devrait être de plus en plus facile, pensa-t-il. Néanmoins, il s’interrogeait un peu sur les méthodes du médecin. L’Institution n’était pas faite pour accueillir ce genre de patient… et pour avoir recours à ce genre de méthodes. Même s’il ne se sentait guère de choix, Jean était troublé. Il aurait préféré que d’autres se chargent du sale boulot. Il y avait mieux à faire que de la manutention. Le dossier de 203… on ne leur avait rien dit, sur ce dont il retournait, sur ce qu’il fallait faire ou éviter. Cela étant, vu la violence de 203… il n’y avait pas vraiment mieux que contention, drogue et isolement. C’était un cocktail toujours efficace. Parfois plus vite, parfois plus lentement, mais toujours, ceux qui en étaient l’objet finissaient par s’y faire. Un jour venait pour tous où le traitement n’était plus utile ; pour 203 aussi, un jour le traitement serait rentré. Question de temps.

Jean prit quand même note de demander au médecin d’accroître le dosage des médocs. Histoire d’éviter les scènes comme celle de l’entrée dans la cellule d’isolement. Il faudrait aussi penser à trouver un bâillon. C’était tellement mieux quand ils ne faisaient pas de bruits et ne bougeaient pas.


— Ah ! Jean !
— Docteur Perverge. Nous venons de mettre 203 en cellule.

Le médecin entra dans la pièce. 203 était sur le lit, les contentions de celui-ci ajoutées aux contentions de sa chemise. De sorte que le mouvement était bloqué. Sortir de sa position allongée sur le dos était impossible. 203 ne voyait rien d’autres que le plafond molletonné. Non qu’il fût très différent du reste de la pièce. Celle-ci était éminemment impersonnelle. Du molleton solide partout. Un lit et des liens en cuir solides. Un néon au plafond, protégé par deux couches de plexiglas. L’interrupteur pour la lumière était situé à l’extérieur de la pièce.

— Oui, on me l’a rapporté. Vous savez ce qui a provoqué cette nouvelle crise ?
— Jacques est encore dans les vapes, alors c’est difficile à dire. Mais… 203 a quand même rétamé deux collègues. Vous pourriez augmenter ses doses ?

Amaury Perverge s’approcha de 203. Il vérifia de ses mains que les liens étaient bien en place. C’était chez lui, comme chez le reste du personnel, un réflexe. Il resserra une attache qui lui paraissait un peu trop lâche.

— Hmm, je vois. Oui, je vais vous faire une ordonnance pour ça dans la journée. Hmm, laissez 203 en cellule pour une demi-journée seulement, mais au vu de l’heure, cela attendra. Je pense que le petit-déjeuner pourra avoir lieu normalement, mais faites quand même attention.
— Très bien, Docteur. Mais… 203 a fait une nouvelle crise, plus violente encore en entrant dans la cellule. Et ce n’est pas la première fois. Il n’y a rien dans son dossier pour l’expliquer.
— Eh bien, 203 est un cas très particulier. Mais, ne nous en faisons pas. Nous savons tous les deux que le traitement va finir par prendre.

Disant cela, le docteur avait avisé qu’une mèche de cheveu de 203 s’était aventurée dans ses yeux. De la main, il balaya le front de 203 pour chasser cette mèche importune, et dégager fronts et yeux. Il se pencha un peu en avant et jeta un coup d’œil au fond des yeux de la personne attachée. Ils étaient fort beaux, pensa-t-il en soupirant.

203 arqua le dos et tenta de défaire les liens. Une nouvelle crise s’était déclenchée lorsque ses yeux avaient croisé le regard du médecin.

— Bon, 203 est bien en main. Merci Jean. Je vous fais cette ordonnance dès que possible.

Ils sortirent tout deux de la pièce, refermant derrière eux.

— Au fait, vous savez ce qu’il y a pour le dîner, encore du calamar ? Demanda le garde, en appuyant sur l’interrupteur.

Le médecin et le garde s’éloignèrent en devisant gaiement.


Les cris de 203 ne pouvaient leur parvenir, étouffés par le bâillon et par l’insonorisation de la cellule. De toute façon, pourquoi y auraient-ils prêté attention ?



_________________




Bientôt la gorge de 203 avait cédé. Son souffle aussi. Même avec de bons poumons, il y avait des limites à ce qui était possible avec un bâillon. Sa gorge avait rendu les armes, et sa voix s’était vidé de notes et d’esprit.

La pièce était froide. Les murs étaient molletonnés… afin d’endurer tous les désespoirs : épaules, dents, ongles… ils restaient impavides devant tout. Les corps s’affaissaient devant eux, et les esprits s’y écrasaient et se brisaient devant leur frigide indifférence.

La pièce était plongée dans les ténèbres. C’était un abysse froid qui engloutissait tout velléité d’intention. Pas de limites. Rien de visible. Pas même une raie de lumière sous une porte. Y-avait-il seulement une porte ? N’était-ce pas le dernier cachot ? Le purgatoire sans échappatoire ? Tentative de cri. Pas de voix à entendre. Pas d’éclat sur lequel accrocher le regard. Dans la cabine, il y avait eu des lumières… faiblissantes, s’éteignant… des commandes… sans réactions… inutiles. Lumières de désespoirs…

Les ténèbres s’étaient refermés sur 203 et l’entraînaient loin. Loin dans les souvenirs. Sous ses yeux ouverts se dessinaient des structures fantomatiques. Tours renversées, tubes aux lueurs bleues, anneaux de transport. Et 203 sentait, sentait que du dessous du lit venaient des ténèbres pires. Les lueurs bleues cédaient la place à des teintes rougeâtres, et se dessinaient lentement des cercles concentriques. Vaste pupille qui envahissait tout. Qui était partout. Partout où pouvait porter le regard de 203. Le Grand œil n’abandonnait jamais. Il était toujours là pour veiller. Il attendait le bon moment. Pour l’instant il guettait sa proie attachée, immobile, incapable de parler ou de détourner le regard. Bientôt, il dévorerait. Cela serait facile lorsque la coquille serait brisée et la volonté, battue, éparpillé aux quatre vents.

La mèche. Cette foutue mèche. Le médecin l’avait remise en place. Elle était retombée sur son front. Front luisant de transpiration. Front qui se soulevait avec chaque respiration hachée. Cette mèche. Il la remettait toujours en place. Pour dégager son front. Ses yeux… les cercles concentriques de ses pupilles… Ses yeux intenses. Les regarder, c’était hurler. C’était avoir tout le corps qui se tend, qui se contracte et s’arque. Frapper ! Frapper ! Éloigner le mal ! Les fuir, c’était voir sa bouche aux lèvres plissées et entrouvertes.

Alors 203 fermait les yeux. Tentait de se souvenir. Mais fermer les yeux c’était ajouter de la noirceur aux ténèbres, et c’était se rappeler le froid. Le Froid des abysses. Là où nulle tour renversée ne plongeait. Là où nul tuyau n’allait puiser… Les bas-fonds de l’Océan, sans vie, si froid. C’était se rappeler la jauge qui baissait. L’énergie qui manquait. C’était se rappeler le verre craquelé et voir la pression du vide agrandir les brisures. C’était voir la Mer cherchait à envahir la cabine et l’éparpiller aux quatre coins du néant. Et la vie s’échappait par chaque fracture. Et la cabine plongeait toujours plus bas, dans un abyme sans fond où même le Kalamar qui avait donné le coup fatal n’avait pu aller. Il aurait pourtant pu lui apporter de la mort la délivrance.


Cette mèche. Tombée sur le front. Qui glissait. Portée par la transpiration. Tombait dans son œil. Il fallait la déloger. Elle piquait. Elle grattait. Souffler dessus. Souffler vers le haut. Si faible. Si vain. Inefficace. Comme 203.


Mais non. Le sauvetage était venu.


Sur 203 les ténèbres se refermaient. Cette chute dans la Mer… sans que rien fut possible pour la freiner. Cabine sans commandes, sans mouvements. Rien que des pensées et des mots sans actions, incapables de changer quoi que ce soit. Le sauvetage était venu. Mais bien des choses avaient été abandonnées là-bas dans les ténèbres. Et la peur avait été emportée par le sauvetage. Plus jamais. Plus jamais sans sortie


Cette mèche. Seul chose que son esprit fixait. Seule sensation sur son corps. Plus de jambes. Attachées. Mortes. Envolées. Coincées. Dans la cabine. Restées là-bas. Pouvait plus marcher. Pouvait plus sortir. Les murs s’écroulaient sur le lit. Plus de souffle. Court, sifflant… Pas de mains à porter à la gorge. La main du médecin. Dernière chaleur. Révulsion. Yeux qui sortent… Peut plus hurler. Peut… plus… hurler… Mutique.


Sur 203 les ténèbres se refermaient. Dans les ténèbres payées par les sauveteurs. 203 flottait. Seul le lit retenait son corps et liait son esprit. Il fallait fuir ! Fuir le grand œil ! Fuir les teintes rougeâtres ! Fuir les regards ! Fuir les pièces !

Mais fuir était impossible. La pièce était fermée. Le corps attaché. Les mains immobilisées. La bouche pleine. L’esprit dans les rets de la médecine.

Et la chemise pesait sur son torse.


Corps qui se brise de vouloir se déchaîner. Corps qui démange. La sueur a coulé entre ses jambes. Entre ses cuisses. S’est accumulée… Gratter ! Se gratter ! Il le faut ! Insupportable… Ne peut rien faire… Ne… ne… peut… rien.

Sueur ou oubli ? Son nez sentait… les odeurs de sa terreur répandue sur son corps… Son corps était enrobé, enfermé… comme dans la cabine… mais le liquide était dans la cabine ! Il avait pénétré… Aucun contrôle… En nage… les odeurs venait de là d’entre ses cuisses toujours plus fortes… Se noyer dans la peur…


Alors il fallait fermer les yeux…

Et retrouver l’abyme. Et retrouver la cabine. Là, immobilité complète. Sans mouvement, sans espoir.

Là ! Un son ! Un son qui brisait le silence ! Quelque chose ! Quelque chose… d’extérieur ! Hors de son esprit !

Sa respiration hachée qui passe dans les trous du bâillon-boule. Sa respiration qui se hache, qui siffle, qui s’emballe…

Qui n’est plus entendue.

Le silence. Comme là-bas… La Mer… C’était la Mer… De retour là-bas… 203 était toujours dans cette cabine, jambe immobilisées. Tenues. Plaquées.

Plus rien.

Là où s’étendent les ténèbres.

Là où tout se délie.

Là où son esprit était prisonnier des ténèbres.

Je n’ai plus de bouche et il faut que je crie.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.


Dernière édition par Silius Italicus le Jeu 11 Fév 2021 16:00; édité 5 fois
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Dede7 MessagePosté le: Jeu 24 Déc 2020 22:46   Sujet du message: Press Forward Répondre en citant  
[Kongre]


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Un homme dans la pénombre confectionnait une bombe. Sur les murs, partout autour de lui, le même symbole, tracé à la peinture rouge, encore et encore, tels des dizaines de regards scrutant son méticuleux travail.

— Oui, marmonne-t-il à haute voix. Oui, pour vous, ô mon maître, ô Seigneur de la Pureté, pour vous et votre grand dessein, je sacrifierai le Traître au Père du Père...

L'individu, drapé dans ses ombres, assemblait son engin de destruction dans un robot de livraison, amorçant la charge en préparant une marge pour se donner le temps de prendre le large, avant la fatale surcharge.



Aelita entrait au foyer, rejoignant sa bande d'amis déjà installés sur un canapé.

— Alors Princesse, demande Odd, qu'est-ce qu'il vous voulait, le grand patron ?
— Bah il a commencé la réunion par des banalités, du genre on a passé un bon premier trimestre, et qu'il nous souhaite de bonnes fêtes de fin d'années... Mais surtout, la vraie raison pour laquelle il a convoqué tous les délégués et les profs, c'était pour nous informer d'un événement spécial qui allait avoir lieu pendant la dernière semaine de cours, ainsi que la première semaine de vacances.
— Ah ? Tu nous intrigues !
— Apparemment, Kadic a été sélectionné pour servir d'hôte à l'exposition d'un joyau impérial, le Sceau Suspendu de Nilrem.



Quatre coups à la porte. Jean-Pierre Delmas était encore plongé dans sa lecture d'un imposant dossier.

— Entrez !

La porte s'ouvrit. Le proviseur leva finalement les yeux, et observa l'homme qui venait d'entrer. Vêtu d'un uniforme d’apparat militaire étranger aux teintes bleues relevés par des coutures d'or, accompagnée d'une plume rouge et d'une cape bicolore noire et blanche, il arborait également une élégante coiffure à l'étonnante teinte sarcelle, et un sévère regard orangé.

— Jérémiah Gottwald, officier de l'Empire, je suis chargé de superviser les opérations concernant la protection du joyau impérial qui sera exposé dans votre établissement pour les deux semaines à venir.
— Enchanté, officier, salua le proviseur. Jean-Pierre Delmas. Je suis ravi de collaborer avec vous pour cet événement particulier. J'étais justement en train de parcourir le dossier que vous m'aviez fait parvenir à ce sujet. Je constate d'ailleurs que vous souhaitez utiliser le terrain de sport extérieur pour l'exposition ?
— En effet. Votre suggestion d'utiliser le gymnase est intéressante, mais compte tenu de l'importance du public attendu, ainsi que de la taille des corps de sécurité qui seront mobilisés, le terrain extérieur sera plus adapté. De plus, la météo semble particulièrement clémente pour un début d'hiver, alors cela ne devrait pas poser de problèmes.
— Bien. Nous allons donc installer une plateforme d'exposition au milieu du terrain. Quant au sujet du dispositif de sécurité, justement...

Jean-Pierre Delmas feuilleta le dossier rapidement, à la recherche de la section concernant les protocoles de sécurité. En le trouvant, il fut surpris par la présente d'une enveloppe parfaitement blanche à cet endroit du dossier, marquée uniquement d'un pictogramme au tracé noir symbolisant un personnage coiffé d'un haut de forme souriant à pleine dents.

Jeremiah Gottwald leva un sourcil à l'égard de cette découverte, et l'observa attentivement alors que son interlocuteur se saisit d'un coupe-papier pour ouvrir le pli. Celui-ci contenait une simple lettre.

Durant le plus long soir, j'arpenterai le plus long chemin
À l'ombre d'un seul accessoire, caché dans un seul recoin
Et sitôt l'avoir fait choir, j'irai vite fait loin
Pour de mes yeux voir, le dernier des yeux divins.




L'attention d’Odd était plongé dans un livre quand son colocataire rentra dans la chambre.

— Wow, Odd faisant des devoirs ? Mais que se passe-t-il ?

Odd éclata de rire et se retourna vers son ami.

— Il se passe qu'on doit préparer un exposé sur ce bijou qu'ils vont exposer dans la cour. Einstein m'a refilé la partie fun des historiques et des légendes.
— Je vois. Et donc, tu trouves des choses marrantes ?
— Bah figure-toi qu'il y avait à l'origine plusieurs de ces Sceaux. La plupart ont été perdus lors d'événements étranges, et apparemment, celui de Nilrem est le dernier qui reste. C'est pas mal illustré, je compte en faire un petit montage vidéo historie de faire ça bien.
— Et pour t'amuser, n'est-ce pas ?
— Surtout pour m'amuser, voyons. Mais comme le support de l'exposé n'est pas imposé, j'en profite !

Le jeune artiste se replongea alors dans son livre, prenant des notes et apposant des post-it pour préparer son prochain reportage.



— Salut, Laura !

Celle-ci sursauta. Elle ne s'attendait pas à ce que Sissi l'attende carrément dans sa chambre, adossée au mur jusque à côté de la porte.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Oh voyons... Tu ne te souviens pas de notre accord ?

Laura grinça des dents.

— Il ne m'a pas rapporté grand-chose, pour l'instant.
— Hé bien justement, c'est pour ça que je suis ici ce soir, ma jolie !

Sissi se décolla alors du mur et s'approcha de Laura, plongeant son regard dans le sien. Laura était tout à la fois fâchée, intriguée et impressionnée par cette femme. Celle-ci finit par plonger sa main sous sa veste, pour en sortir une feuille pliée en trois, et lui tendit.

— Qu'est-ce que c'est ?
— Un célèbre cambrioleur a annoncé qu'il s'en prendrai au Sceau Suspendu de Nilrem. C'est une copie de son annonce, qui contient des indices codés. Je veux que tu la déchiffres pour moi.

Laura saisit la lettre et la parcourut.

— Le plus long soir, ce serait le 21 décembre ? Et le plus long chemin, à priori ce serait le circuit des visiteurs pour venir admirer le joyau sur son piédestal... À priori, il annonce qu'il va se déguiser et se glisser parmi les visiteurs, renverser le piédestal d'exposition quand il sera parvenu devant, et s'enfuira avec le bijou, tout ça le soir du 21 ?
— À priori, oui.
— Et donc ?
— Et donc c'est exactement la conclusion de mon père et des enquêteurs de police qui ont étudié la lettre. Or je suis sûre que c'est plus compliqué que ça. Ce cambrioleur a toujours annoncé sa venue par des lettres de ce genre, et il y a toujours eu un double sens caché. En plus, je suis intrigué par la deuxième ligne, qui dit "caché dans un seul recoin". Ça ne colle pas avec cette théorie.
— En effet...
— Alors je te laisse plancher dessus pour trouver la véritable solution !



— Je ne sais pas... Normalement, tout est censé être parfaitement rationnel et explicable scientifiquement... Mais j'ai comme l'impression que je devrais croire certaines choses, sans pour autant les savoir... C'est... c'est compliqué...

Aelita se confiait à Yumi, assise sur un banc à la sortie du réfectoire.

— Oh tu sais, il est parfois bon de croire des choses impossibles à savoir. Exemple tout con, mais tu sais, l'attaque fast-forward ?
— Quand Xana accélérait le temps ?
— Oui. Bah c'était en plein pendant mon rencard avec Christophe.
— Oh ! Et du coup, dis-moi, ça s'est bien passé ?
— Hé bien justement. Tout allait bien, je me laissais aller dans mes anecdotes de famille, il me racontait son rêve de devenir présentateur sportif, et puis on se dirigeait naturellement vers la partie... intime du rendez-vous, si tu vois ce que je veux dire. Mais tous les meilleurs moments, tous ! Zappés par Xana.
— Non !
— Si.
— Du coup, même le moment ou tu...
— Surtout ce moment-là ! Argh ! Et même si on a remonté le temps après, je ne peux pas savoir si j'ai revécu la même soirée ensuite. Mais je crois... je veux croire que oui. Parce que c'était une super soirée.

Aelita regarda son amie, perdue quelque part entre la désolation et l'admiration pour elle.

— Voilà. Du coup, c'est pas vraiment ton souci, mais c'est juste pour te dire que croire n'est pas spécialement une mauvaise chose. Ce qui importe, à mon avis, c'est les raisons, et ce que ça te pousse à faire par la suite.
— Je vois.

Leur discussion prit fin quand elles aperçurent Jérémie courir comme jamais Jim n'aurait espéré le voir en direction de l'internat.

— Jérémie ! interpella Yumi. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Quelqu'un manipule mon ordinateur !

Les trois se ruèrent alors ensemble dans la chambre du premier. Ils y trouvèrent Odd, tranquillement en train de mettre la touche finale à son projet vidéo.

— Oh, salut ! Désolé, j'empruntais ton ordi, vu que tu n'étais pas là. Il est plus rapide à faire les rendus que ceux du CDI...

Jérémie reprit son souffle pendant quelques secondes, avant de répondre.

— Je vois... pas de souci... C'est juste que... j'avais laissé des programmes tourner... Je m'attendais pas à ce que... quelqu'un se serve de... mon ordi, dans l'intervalle..., tu permets ?

Il passa au-dessus de l'épaule d'Odd pour pianoter quelques lignes de commandes sur une fenêtre de terminal, avant de lui rendre la main.

— C'est bon... L'ordi a été exposé pendant une dizaine de minutes... Mais c'est fini. Tu peux continuer.
— Est-ce qu'il est possible que ton ordi ait été piraté pendant ces dix minutes ? s'inquiéta Aelita ?
— Oui... mais peu probable. Je vais surveiller ça. T'en fais pas.
— Désolé Jérémie... s'excusa Odd.
— Non, non, c'est moi, j'aurais du mieux gérer mes programmes. Ça me servira de leçon, je deviens trop imprudent avec le temps !



Deux hommes quittaient le porche d'un manoir pour entrer dans leur Porsche noire.

Sur son téléphone, l'un d'eux venait de recevoir le secret de leur prochain devoir.

Leur mission : localiser, brutaliser et neutraliser, le tout dans un lycée.



— ... et c'est ainsi que cet artefact, symbole pour certains d'une ancienne divinité et pour d'autres du mal incarné enfoui dans les tréfonds de l'oubli, est aujourd’hui le dernier de son genre encore connu. Et pour parler des raisons pour lesquelles c'est le dernier, je laisse la parole à Odd.

Jérémie passa la télécommande à son ami, qui appuya sur le bouton pour lancer la lecture de la diapositive suivante, celle sur laquelle il avait glissé son montage vidéo d'articles de presse, de photographies, d'enregistrements et de livres divers et variés évoquant les Sceaux Suspendus. Odd évoqua les diverses légendes abordant le sujet, rapportant tantôt la puissance et les pouvoirs supposés apportés par ces joyaux à leurs possesseurs, tantôt le terrible maléfice surnaturel enfermé grâce à ceux-ci, ainsi que les superstitions qui en découlent.



Sissi était en train de préparer deux verres de jus d'orange au bar du foyer quand Laura vint la rejoindre.

— J'ai trouvé.
— Ah oui ?
— Oui. J'ai décodé le message.
— Alors vas-y, explique-moi.
— Tout d'abord, le soir le plus long et le chemin le plus long. Tout le monde pense au 21 décembre, à cause du solstice d'hiver. Mais il y en a un autre qui conviendrait bien à cette description.
— Ah oui ? Lequel ?
— Le 24 décembre. Le soir de Noël.

Laura marqua un temps pour observer la réaction de Sissi. Celle-ci n'en eut pas, attendant patiemment l'explication de son informatrice. Elle reprit alors :

— C'est le soir le plus long de l'année pour un tas de gens : les enfants. Et il y en a plein ici, après tout, on est dans un établissement scolaire ! Les enfants attendent impatiemment que la nuit passe pour trouver leurs cadeaux le lendemain matin !
— Et le chemin ?
— Le chemin qu'arpente le Père Noël ! J'ai lu que ce cambrioleur est notamment célèbre pour faire régulièrement usage d'un deltaplane pour arriver ou partir des lieux de ses casses. Il lui est même déjà arrivé de faire un tour de magie consistant à marcher au milieu du ciel. Alors qu'il arrive tel le Père Noël, qui parcourt traditionnellement le monde entier sur son traîneau volant, allant de maison en maison, cela ne m'étonnerai guère.
— Je vois. Et du coup, l'accessoire et le recoin ?
— Un Père Noël, ça se reconnaît à son bonnet, son manteau rouge, et sa barbe. Il portera sûrement un déguisement. Ce sera facile pour lui, il y en a plein les rues des Pères Noël en cette période, même dans l'enceinte de Kadic, ce ne serait pas très choquant d'en croiser un. Quant au recoin... Par où entre Père Noël dans les maisons ?
— La cheminée ?
— Exact ! J'ai pensé à ça, mais je ne sais pas exactement à quoi cela pourrait correspondre... Il n'y a pas de cheminées, à Kadic...

Laura observa à nouveau Sissi. Songeuse, puis soudain souriante. Elle venait d'avoir une idée.

— Ok. Je te retrouve le 24. À 23 heures, dans ta chambre. On ira coincer le Kid ensemble !


https://cl.delfosia.net/projects/cda2020/sep/24.png


Dix jours avaient passé depuis le début de l'exposition publique du joyau impérial. Le Kid ne s'était finalement pas montré le soir du 21, comme la plupart s'y attendaient, mais alors que la fin de l'événement approchait, la tension augmentait de plus belle. Aussi, les autorités françaises, sur conseil des experts internationaux ayant déjà eu à affronter ce grand criminel, avaient installé un lourd dispositif de sécurité, composé principalement d'un cordon pratiquement ininterrompu de policiers en uniforme tout autour du terrain sportif servant de lieu d'exposition. À cela s'ajoutait les quelques membres des troupes d'élites que l'officier impérial responsable de l'artefact, Jérémiah Gottwald, avait emmené sur place avec lui. Ceux-ci étaient répartis dans les alentours, placés sur diverses positions stratégiques en hauteurs ou sur les lieux de passage.

Dans les couloirs de l'internat, Sissi se rendait à la chambre de Laura. Celle-ci l'attendait déjà, fermement décidé à ne pas manquer ce rendez-vous.

— Tu es prête ?
— Oui. On va où ?
— Tu disais que le Kid passera par une cheminée. Il y en a effectivement pas ici, à Kadic... Mais il y a une chaufferie. C'est là qu'on va.

Les deux jeunes filles se mirent alors en route, discrètement suivies par une troisième. En effet, Aelita Stones passait par hasard dans le couloir au même moment, et remarquant la curieuse rencontre, décida de les filer afin de découvrir ce que sa rivale manigançait.



L'habituelle alarme retentit. Jérémie appela son groupe à la rescousse.

— Ulrich, Odd, amenez-vous, Xana attaque. J'ai pas réussi à localiser la tour, mais vu la réaction du Superscan, il a l'air parti pour mettre le paquet, cette fois !



Suze et Cointreau guettaient leur cible à l'ombre du bâtiment administratif, désert à cette heure et surtout à l'écart du terrain sportif où étaient rassemblés tous les policiers de la ville. Leur cible était un jeune élève pensionnaire de cet établissement. Ils avaient décidé d'attendre qu'il s'en éloigne pour sauter sur l'occasion et l'éliminer discrètement.



Laura et Sissi s'étaient introduites dans la chaufferie. Sinistre et désolée, comme à son habitude, la pièce arracha un bref frisson à la jeune Gauthier, qui découvrait cet endroit pour la première fois.

— Comment tu connais cet endroit ?
— Je te rappelle que je suis la fille du proviseur ! renvoya-t-elle.

C'est vrai. Était-elle bête.

— Il y a pas si longtemps, j'étais venue accomplir un rite satanique ici, expliqua-t-elle ensuite plus posément, en dépoussiérant du pied une partie du sol où l'on pouvait distinguer les traces d'un pentacle peint à la va-vite.
— Ah ?
— Oui. C'est ce qui m'a persuadé que c'était le bon endroit. À cause des légendes sur le Sceau. Cela tombait trop bien.

La porte s'ouvrit à nouveau. Entrèrent alors un jeune homme aux cheveux noirs et une jeune femme rousse. Tous deux avaient les yeux bleus, et portaient d'étranges tenues bleues et blanches, avec des épaulettes relevées.

— Vous êtes qui ? interrogea immédiatement Sissi.

L'homme parut gêné, comme s'il ne s'attendait pas à arriver en cet endroit. Son accompagnatrice le disputa :

— Imbécile ! Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée...

Elle se retourna vers les deux élèves.

— On fait partie du dispositif de sécurité. Nous faisons un tour de garde, tout simplement. Et vous, mesdemoiselles, que faites-vous dans un endroit aussi lugubre par cette heure ?
— Nous sommes là pour capturer le Kid !
— Vraiment ?

La discussion tourna court quand un étrange vrombissement emplit la pièce, et qu'à la surprise générale, une sorte de cabine téléphonique bleue se matérialisa en plein milieu. En sortirent deux nouvelles personnes, un grand homme à la chevelure brune ébouriffée portant un costume cravate élégant recouvert d'un long manteau et une femme brune vêtue d'une veste en cuir rouge.

— D'où vous sortez, vous ?

Avant même que les nouveaux venus puissent répondre, un portail vert apparût soudainement sur un mur, et en sortirent encore deux autres personnes : un vieil homme aux cheveux bleus avec une blouse de laboratoire, accompagné d'un jeune garçon brun portant jean et t-shirt jaune.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici, au juste ?



Jérémie, Ulrich, Odd et Yumi s'étaient retrouvés dans la forêt, au niveau de leur passage secret.

— Où est Aelita ?
— Je ne sais pas, je n'ai pas réussi à la joindre.
— Tant pis, on y va. On avisera ensuite.

Ils s'engouffrèrent alors dans le passage. Quelques mètres plus loin, derrière un arbre, les deux agents s'approchaient, leurs armes dégainées et chargées.



Minuit moins une. Jérémiah effectuait un tour de garde au milieu du terrain de foot, vidé à cette heure. Il y avait encore foule, mais au-delà du cordon de sécurité. Ces gens-là ne venaient pas admirer le joyau, mais espéraient admirer son vol par le célèbre Kid.

C'est alors qu'un fumigène se déclencha à proximité du stand d'exposition. L'officier lança immédiatement la procédure d'urgence de mise en sûreté tout en se ruant dans l'écran de fumée.

— Emmenez le Sceau dans la planque ! Équipes de défense, préparez-vous !



— Donc si je comprends bien, pour résumer, on est tombé sur un espèce de petit comité de voyageurs temporels ?
— On dirait bien que vous avez raison, Martha, conclut l'homme de la cabine bleue en détaillant du regard chacune des personnes présentes au travers d'une paire de lunettes 3D.

Sissi ne savait plus trop où se mettre. Laura, quant à elle, était fascinée.

— Vous êtes vraiment des voyageurs temporels ? Comment vous faites ? Vous utilisez les flux quantiques ? Ou alors l'accélération des particules ?
— Oulà ! commenta l'homme à la blouse scientifique. Une amatrice. Tu devrais d'abord étudier ça dans un vrai labo, ou quelque chose du genre, pour comprendre...
— J'aimerais bien !

Rick activa alors son pistolet à portail pour en invoquer un juste à côté de lui, le traversa, et en ressortit un instant plus tard, tenant un carton dans la main.

— Tiens, c'est la carte de visite du grand patron du CERN. Cadeau. Mais fais gaffe, je l'ai piquée sur son bureau dans une dimension où le CERN a déjà envoyé des exécutants pour essayer de te tuer. Allez viens Morty, on se casse, c'est naze ici.
— Non, je veux rester ici, c'est pas tous les jours qu'on croise d'autres voyageurs temporels comme nous et qui ne sont pas des Ricks comme toi !
— Ok, comme tu veux, moi j'me tire.

Sans un mot de plus, Rick s'en alla alors seul au travers d'un de ses portails. Le petit Morty essaya alors de reprendre la discussion.

— Hé bien, alors vous... vous êtes qui et vous faites quoi, au juste ?
— Moi, commença Martha, je suis Martha, et j'accompagne le Docteur.
— Laura Gauthier. Je suis là pour coincer un grand cambrioleur.
— Je m'appelle Laureline, et je suis avec mon ami Valérian.
— Oui, et nous sommes aussi à la recherche du cambri...
— Non mais vous fatiguez pas, on savait dès le départ que c'était faux ! coupa Sissi.

Valérian esquissa un sourire gêné. Le Docteur reprit.

— Ces gens là doivent être des Terriens du futur. Ils sont sûrement là pour la même raison que nous.
— Des Terriens du futur ? Les Terriens aussi pourront voyager dans le temps ?
— Oui, bien sûr ! À vrai dire, les prémisses de la technologie existent déjà ! Mais d'ici quelques siècles, ce sera institutionnalisé.
— Cool !

Sissi se rapprocha d'eux.

— Et donc, c'est quoi votre raison d'être là ?
— On est là pour essayer de comprendre pourquoi ce point de l'espace temps est une telle convergence de lignes temporelles.
— Si je comprends bien, reprit Laureline, vous êtes intrigués par le fait qu'autant de voyageurs temporels viennent visiter cet endroit à ce moment, et pour essayer de comprendre, vous venez vous aussi ?
— Heu, oui, c'est ça.

Le Docteur se retourna vers les élèves.

— Et vous alors, vous fichez quoi par ici ?
— On attend quelqu'un.
— Dans cet endroit ? C'est pas très chaleureux, comme réception, non ?
— C'est pas nous qui avons choisi l'endroit.

C'est à ce moment que s'ouvrit encore une fois la porte de la chaufferie. Jérémiah Gottwald entrait.



Suze et Cointreau étaient descendus dans les égouts. Une aubaine, pensaient-ils. Quel meilleur endroit pour dissimuler un meurtre ?

Cependant, ils furent presque aussitôt assommés, pris en embuscade juste en dessous de la bouche d'égoût. Michel Belpois venait de les mettre à terre.

— Vous êtes bons... mais vous ne valez pas les vrais !

Il regarda alors son fils accompagné de ses amis insouciants, aller de l'avant vers leurs propres aventures. Il était fier.



Valérian s'écarta pour laisser entrer le nouvel invité.

— Bienvenue, monsieur...
— Jérémiah Gottwald.
— C'est le Kid.

Tout le monde se tourna vers Sissi.

— Quoi, c'est évident non ? En cas de menace, le véritable Jérémiah doit s'emparer du joyau et l'emmener vers un lieu de repli, à proximité de la vieille usine. J'ai entendu mon père en discuter avec lui. Le Kid aura sûrement provoqué une diversion pour s'emparer du joyau, et l'emmener ici en se faisant passer pour l'officier chargé de sa protection.

L'individu s’avança de quelques pas, révélant le fameux pendentif au creux de sa main.

— Certes. Et si vous aviez raison, et que je suis bien le Kid, que comptez-vous faire ?
— Redevenir célèbre, en étant celle qui vous arrêtera !

Entra alors Aelita Stones, restée jusqu'à maintenant à l'extérieur mais trop intriguée par le nombre de personnes étant venues rejoindre Sissi et Laura dans cette pièce.

— Qu'est-ce que vous faites tous là ?
— Hé bien, il ne manquait plus que toi ! lui lança Laura.



— Tiens, qu'est-ce que c'est ?

Les lyokoguerriers étaient cachés sous la plaque d’égout du pont de l'Usine. Des gens étaient juste au dessus. William, qui était monté à l'échelle en premier, observait discrètement à travers le trou de la plaque.

— Les gars, on dirait un de ces nouveaux drones de livraison.
— Ouais, mais il est bizarre, il a l'air bugué.
— C'est comme s'il bloquait contre un mur invisible.
— Allons l'aider !

William chuchota à ses voisins du dessous :

— On dirait des soldats impériaux. Ils doivent faire partie de l'équipe chargée de la protection du Sceau Suspendu.
— Qu'est-ce qu'ils fichent là ?
— J'en sais rien.

William retourna à son poste d'observation, soulevant très légèrement la plaque. Juste assez pour voir trois soldats s'approcher de ce qui semblait être un petit robot rouge et noir au comportement erratique.

Celui explosa brutalement, faisant trembler toute la zone. William et Jérémie manquèrent de tomber de l'échelle, tandis que les autres, encore en bas, s'appuyèrent sur le mur ou au sol pour garder leur équilibre. Ils virent également le pont s'effondrer au travers de la grande grille d'évacuation des eaux.

— C'est Xana ! annonça William. Il a envoyé une espèce de Kankrelat explosif. Le pont est détruit, il faut qu'on fasse le tour pour passer par l'autre côté.
— Bordel, ça va nous prendre des plombes ! Sacrément bien joué, Xana ! Bref, retournons au collège, de là on prendra la route.



La secousse de l'explosion fut ressentie jusqu'à Kadic, si bien que le prétendu Jérémiah Gottwald en fit tomber le Sceau qu'il tenait dans sa main. Celui-ci tomba au sol, au milieu du vieux pentacle, qui commença à s'illuminer d'un rouge flamboyant.

— Ah, ces gens qui croient encore aux superstitions sur les soi-disant rites sataniques, commenta le Docteur. Saviez-vous Martha qu'en réalité, les sataniques sont encore moins tolérants envers les crimes et les agissements immoraux que les autres ?
— Peut-être, mais je pense tout de même qu'on devrait s'éloigner...

Au-delà du pentacle, d'autres motifs s'illuminaient également, tout comme le symbole au creux du pendentif. Ou plutôt, une partie de celui-ci. La partie centrale, ainsi qu'une partie des sortes de pattes qui l'entouraient. Tous étaient étonnés et intrigués, mais Aelita fut terrifié.

— Allez... allez vous en, vite ! hurla-t-elle, en essayant en vain de rouvrir la porte.

Mais il était trop tard. Elle disparut.



Les lyokoguerriers étaient ressortis des égouts et couraient à travers les bois pour atteindre l'entrée de Kadic, mais ils furent bloqués par un véritable bataillon de police. Ils crurent pouvoir le contourner simplement, mais celui-ci se retourna comme d'un seul bloc dans leur direction, et se mirent en marche.

— Bordel de merde, Xana a xanatifié la police !
— On est super mal barrés là !
— Venez, vite !

Jérémie fit demi-tour et entraîna ses amis à travers la forêt. Derrière eux, plus d'une centaine de policiers équipés et armés leur couraient après.



Le calme était revenu dans la chaufferie. Pesant. Froid. Valérian s'éclipsa, prétextant une avarie sur son vaisseau. Laureline s'approcha des jeunes filles pour essayer de les consoler, tandis que celles-ci étaient encore sidérées. Martha et Morty en étaient encore à jurer, tandis que le Docteur brandissait son outil d'analyse favori en direction du pendentif, désormais inerte au sol.

— Le Sceau Suspendu de Nilrem. Je pensais pas le voir ici pour de vrai...
— Qu'est-ce que c'est ?
— Comme son nom l'indique, c'est un sceau qui a été conçu pour confiner une entité hors du temps. Une effroyable entité...
— Ça veut dire que vous ne pouvez pas ramener cette pauvre enfant ?
— Ça veut dire qu'on ne peut rien faire si l'on ne souhaite pas déchaîner les pires feux de l'enfer sur cette Terre !
— Mais c'est déjà fait ! Cette chose a déjà pris plusieurs vies ! lâcha Laura, larmoyante.
— Plusieurs ?
— Oui... Ce symbole.... Je l'ai déjà vu...
— Où ça ?



— Bordel, on va pas s'en sortir !
— Si, t'inquiète, fais-moi confiance !

Jérémie entraînait ses amis jusqu'à un recoin reculé de la forêt, quelque part après la cabane du jardinier. Là, il y avait un petit monticule de terre juste à côté d'un arbre permettant d'escalader le mur et de sauter par dessus.

— Ici. On passe le mur, et on se tire le plus vite possible. Les flics seront ralentis.

Les policiers xanatifiés étaient pas loin derrière. Ils n'eurent qu'une petite minute pour escalader le mur tous les cinq. Une fois de l'autre côté, Yumi se jeta sur la première voiture garée qu’elle vit. Une espèce de voiture noire de collection un peu vieillotte, mais qui avait cinq places et semblait pouvoir rouler très vite. Il lui fallut que quelques secondes pour forcer la porte. William se mit au volant, Jérémie sur le siège passager pour rapidement bricoler les fils de démarrage et lancer le moteur. À l'arrière, Odd s'installa au milieu pour servir de copilote et indiquer la route, tandis qu'Ulrich s'installa dos à la route pour surveiller les alentours à travers la lunette arrière.

— On décolle !

La voiture démarra en trombe. Suivant les instructions d'Odd, William fila à travers la ville, en direction de la route contournant l'Usine. Rapidement, des gyrophares apparurent derrière eux.

— Bordel, la police nous rattrape déjà. Y'a pas quelque chose dans cette voiture qui pourrait servir ?

Jérémie ouvrit la boîte à gant, et y trouva un pistolet avec un chargeur. Il les tendit à Ulrich.

— C'est notre jour de chance !

Ulrich chargea l'arme, et s'apprêta à tirer dans les roues des voitures s'approchant trop près.

— Juste ici, à gauche !

William braqua. Deux secondes plus tard, Ulrich tira deux coups, faisant exploser la vitre arrière ainsi que le pneu avant droit du véhicule de poursuite le plus proche. Celui-ci se déporta, immédiatement remplacé par deux autres.

— Couchez-vous !

La police ouvrait le feu en représailles. Leur rafale terminée, Ulrich releva la tête pour tirer à nouveau. Yumi en profita pour fouiller le coffre, et trouva une caisse remplie d'engins électroniques. Elle en attrapa un.

— C'est quoi ce truc ?
— C'est du C4, répondit William après avoir jeté un œil dans son rétroviseur, juste avant un nouveau virage à droite. Prends un de ces espèces de pin's électronique, et plante-le dans une brique.

Yumi s'exécuta, tandis qu'Ulrich échangeait une nouvelle rafale de tirs avec les forces de l'ordre.

— À gauche ! hurla Odd, immédiatement suivi par un puissant crissement de pneus. Usine en vue droit devant !

William poussa le pied au plancher, faisant gronder le puissant moteur de la voiture.

— Maintenant, retire la languette plastique, et attrape le détonateur. À mon signal, tu lâches la bombe dehors, puis tu attends deux secondes et tu déclenches, Ok ?
— OK !

William vérifia la position des voitures de police. Environ cent mètres derrière lui, en augmentation. Parfait. Il calcula mentalement la distance qu'il lui faudrait pour freiner. Ce serait juste, mais ils n'avaient pas le choix.

— Maintenant ! lança-t-il à l'instant même où la voiture s'engagea sur le pont.

La voiture accélérait encore pendant deux secondes, puis William pila en même temps que Yumi déclencha la charge. L'explosion fit s'effondrer une petite partie du pont, rendant la poursuite impossible dans l'immédiat. La voiture, quant à elle, réussit non sans mal à s'immobiliser à quelques centimètres à peine du mur.

— Bravo les amis ! annonça Jérémie. Maintenant, Yumi, Ulrich, avec moi, vous plongez. Odd et William, descendez à la réserve, et armez-vous. On a réussi à isole l'Usine du reste de la ville, mais Xana ne s’arrêtera pas là, j'aurai besoin de vous pour défendre le labo.
— Ok chef !

Le trio se rua vers l'élévateur tandis que les deux autres garçons partirent à l'opposé chercher la cache d'armes électromagnétiques qu'avait préparé Jérémie.

Une fois descendus au labo, Jérémie s'installa aussitôt à son poste, et pesta :

— Xana ne nous facilite décidément pas la tâche ! La tour activée est sur un Réplika. Foncez.



Laura, encore trop perturbée par ce qui venait de se passer, indiqua sur le pupitre du vaisseau du Docteur l’emplacement précis du laboratoire de l'Usine, laissant l'émerveillement face à l'étonnante taille du vaisseau aux autres compagnons de voyage qui faisaient la route avec eux. Elle regarda l'homme appuyer sur quelques boutons, enclencher une manette, et faire vrombir l'appareil, avant de retourner à la porte et ressortir directement dans le laboratoire.

Jérémie était là, choqué de voir apparaître devant lui une grande cabine bleue comme par magie. Et remarquant le mot Police qu'arborait celle-ci, il descendit de son fauteuil pour se cacher derrière, terrifié à l'idée que Xana lui téléporte des troupes directement dans son fief.

— Jérémie ! Ça va, c'est moi !

Il souffla un peu, laissant son cœur reprendre sa marche.

— Laura ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Et qui sont tous ces gens ? demanda-t-il en désignant les passagers qui débarquaient au fur et à mesure.
— Longue histoire. Je te présente Martha, Morty, Sissi, Jérémiah qui est en fait le Kid, et le Docteur. je te raconterai les détails une autre fois, si tu veux bien. C'est quoi le topo pour toi ?
— Xana a dynamité le pont de l'Usine avec un Kankrelat explosif, et a xanatifié toutes les forces de polices qui étaient présentes à Kadic. Ulrich et Yumi sont en route vers le Skid pour aller chercher la Tour dans un nouveau Réplika. Odd et William sont partis à ma... notre cache d'arme pour défendre le labo si les flics arrivent avec des hélicos ou des bateaux. Quand à Aelita, aucune nouvelle.
— Aelita, elle a été emportée par cet objet. Je crois que c'est lié à Xana. Le Doc croit que c'est lié à une entité antagoniste vivant hors du temps.
— Heu... je vois.
— Du coup, on fait quoi ?

Jérémie resta songeur un instant. Mais il n'avait pas vraiment le choix.

— D'après ce que je vois, Xana s'est créé un nouveau Réplika, comme dans le temps. Peut-être ne se sentait-il pas assez bien chez lui dans le Cortex. Le point est qu'il réside probablement dans ce Réplika. Si on y emmène et qu'on y laisse cet artefact, ça pourrait empêcher Xana d'interagir à travers celui-ci à nouveau. Et si Xana a bel et bien capturé Aelita, on pourrait peut-être la retrouver là-bas...

Jérémie balaya la pièce du regard.

— Bon, bah en attendant, je vais aider tes amis à défendre cet endroit, annonça Morty.
— Je viens avec toi, déclara Martha.
— De même, fit Sissi.
— Quant à moi, continuât Jérémiah Gottwald, je vais employer mes troupes personnelles à cet effet.

Les trois s'engouffrèrent dans le monte-charge pour remonter à la surface rejoindre Odd et William. Jérémie dit alors à Laura.

— Vas-y, plonge. On a besoin d'un pilote pour le Skid.



La police s'organisait rapidement autour de l'île. La brigade fluviale approchait, tandis que des hélicoptères se distinguaient au loin. Des groupes d'interventions se préparaient également de chaque côté, sur les ponts, prêts à passer à l'assaut dès l'instant où les équipes du génie arriveraient pour installer des passages provisoires.

Les jeunes combattants préparaient leurs armes. Des blasters électromagnétiques, habituellement utilisés contre les spectres de Xana, pour essayer de neutraliser les véhicules et ralentir les sbires xanatifiés. Les quelques balles restantes du pistolet trouvé dans la voiture volée allaient servir en dernier recours pour ralentir les policiers trop menaçants ou trop proches, tout comme les charges de C4 restantes en leur possession. Jérémiah s'était quant à lui posté en hauteur, téléguidant ses hommes encore opérationnels par radio, leur donnant l'ordre de surprendre les forces de police régulières pour les empêcher d'approcher de l'Usine le plus longtemps possible.

Il ne fallut pas longtemps pour que les premiers échanges de tirs commencent. Plusieurs bateaux tentaient d'approcher du quai pour accoster, repoussés par les armes électromagnétiques, tandis qu'une unité impériale attaquait par surprise un groupe posté sur le pont d'origine.

Mais rapidement, des policiers réussirent à poser le pied sur l'île. Un petit groupe avait réussi à la contourner en bateau, et accoster sans être vu. William et Odd les ciblèrent en particulier avec leurs armes électromagnétiques, mais sans le moindre effet sinon sur leurs radios.

— Bordel de merde, ils sont pas xanatifiés eux !
— Xana a dû s'emparer uniquement des policiers qui étaient à Kadic. Tous les autres, ça doit être de véritables groupes d’intervention en action.
— Ça n'arrange pas nos affaires...

Martha, Morty et Sissi réussirent à tendre une embuscade à ce premier groupe de policier en les assommant avec du matériel de chantier. Mais d'autres approchaient encore. Finalement, Jérémiah posa sa radio, et monta sur un promontoire.

— Monsieur, vous faites quoi ?
— Vous m'avez l'air en bien grande difficulté, alors moi, je m'en vais. Bonne chance !

Un fumigène éclata alors, permettant à l'officier de disparaître. Très vite, un deltaplane blanc se fit remarquer à proximité de l'Usine, s'envolant au loin, et emportant les cohortes de policiers à sa suite.

— C'était donc bien le Kid depuis le début...
— Oui, et il nous sauve la mise en faisant diversion au près des flics. On peut l'en remercier.



Le Skid égerma de la Mer Numérique dans un territoire que nul n'avait encore jamais vu. La mer était teintée d'un orange légèrement lumineux. Le ciel était un dégradé allant du pourpre au cendré. Quant au territoire lui-même, il était recouvert de volcans. Parsemé d'éruptions, de coulées de lave et de secousses tectoniques. Laura survola lentement et prudemment la zone.

— La Tour activée est quelque part au nord de votre position, indiqua Jérémie.

Approchant des coordonnées, le Skid survola un immense cratère, rempli de plusieurs dizaines de Tours.

— Bon sang, y'en a combien ici ?

Laura immobilisa le vaisseau, et débarqua ses camarades. Au milieu du cratère, Aelita était bel et bien là, enfermée dans un Gardien.

— Comment on va la libérer de ça ? On pourrait invoquer un clone d'elle, pour tromper le Gardien ?
— J'en doute, déclara Jérémie. Xana a un peu amélioré son procédé, depuis le temps... Mais le Sceau doit être la clé. C'est grâce à lui que Xana l'avait capturé, non ?
— Oui, répondit Laura.
— Alors, il faut sûrement l'utiliser ici aussi. Comment ça s'est passé, lors de sa disparition ?
— Je sais pas... Le Sceau est simplement tombé...

Joignant le geste à la parole, Laura fit tomber au sol le Sceau. Celui-ci s'illumina à nouveau, ainsi que le sol tout autour des lyokoguerriers. Le sol trembla, brilla, et fuma de toute part. Sur Terre, Jérémie croisait les doigts.

— Puisse Franz nous sauver encore une fois... Qu'on ne perde pas encore quelqu'un...

Soudain, une secousse plus forte que les autres secoua entièrement le plateau. Laura, Yumi et Ulrich furent dévirtualisés sur le coup. Mais ensuite, le Gardien céda, et Aelita fut libérée.

— Aelita, Aelita, tu m'entends ?
— Oui... oui... je t'entends Jérémie !
— Tant mieux. Désolé, tu dois être encore sonnée, mais on a vraiment pas le temps ! Il faut que tu désactives la Tour, et vite !
— Je veux bien... Mais c'est laquelle, au juste ?

Autour d'elles, toutes les Tours du cratère semblaient arborer un terrifiant halo rouge. Si ce n'était le territoire tout entier.

— Je... Je ne sais pas. Tout ce que je vois, c'est que le signal semble provenir de ce cratère.
— Je vois...

Aelita s'agenouilla un instant, autant pour réfléchir à une idée que pour reprendre des forces. Seules les forces lui virent. En rouvrant les yeux, il y avait toujours ces dizaines de Tours rouges. Aucune ne se distinguait particulièrement. Son père n'était à priori plus là pour sauver la situation, et le territoire étant une création de Xana, elle n'avait pas de carte mentale de l'endroit. Aucune aide. En tous cas, aucune aide tangible.

Elle se releva alors, et marcha. Tout droit. Elle alla de l'avant, sans se retourner ni dévier de sa route. Elle traversa le fond du cratère, et finit par atteindre une des Tours logés à ce niveau-là. Et elle y entrât.

Et finalement, sur l'écran de contrôle de Jérémie, la fenêtre d'activité du Superscan retourna au bleu, avant de se fermer.

Jérémie souffla profondément. Il prit un instant pour se détendre, les yeux fermés, avant de se redresser sur son fauteuil, et adresser un sourire au Docteur, qui était resté auprès de lui.

— Merci d'être passé.
— Mais de rien. Joyeux Noël !

Jérémie rit de bon cœur, tandis que le Docteur retournait dans son vaisseau. Il se retourna juste avant de passer la porte de sa cabine.

— Au fait, j'ai juste une question...

Jérémie le regarda, intrigué.

— Mais qui est Franz ?


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Zéphyr MessagePosté le: Mar 09 Fév 2021 13:31   Sujet du message: Répondre en citant  
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Le post de Warrior93 étant toujours porté disparu, il est temps de s’y coller.

Le concept du Calendrier possède une grande force : une place énorme pour la créativité et l’exploitation de nouveaux biais scénaristiques, personnages ou relations. De ce côté-là, votre rendu n’a pas à rougir.
Cela étant, cette force constitue en même temps la limite du concept : l’inspiration finit fatalement par s’épuiser, en particulier lorsqu’il faut pondre une vingtaine de textes ayant comme tronc commun « les attaques de XANA ». Cela se ressent sur certaines nouvelles, qui n’ont finalement pas aucun rapport scénaristique et narratif avec le programme (Samus, Récursion, L’or à Eli Tah, pour les exemples qui me reviennent). Plus simplement, on sent que pour certains textes (la plupart de ceux postés par Dede7), il n’y avait qu’une idée de base et pas d’inspiration autour pour la construire et en faire un récit solide. Les trois dernières phrases de Récursion m’ont limite donné l’impression que vous aviez conscience de ce fait et que vous cherchiez à vous auto-troller ou à vous justifier. Personnellement je penche plutôt pour la deuxième option, puisqu’exception faite de Code Lyokô Elections : #Aelita2020 (et dans une autre mesure Press Forward), l’écriture générale est plutôt sérieuse.

Outre la limite naturelle de l’inspiration, on sent également sur certains OS une écriture et une finalisation plus rapide que cela n’aurait pu l’être, afin que le nombre de texte et le délai soient tenus.
Certaines chutes et conclusions sont faites à la va-vite et laissent sur un sentiment d’inachevé (le fameux « Oui, et ? ») : La disparition, Demain nos ruines, Récursion (lui, il est dans mon viseur), Press Forward, par exemple.
D’ailleurs, la diminution progressive de longueur des One-Shots est indicateur selon moi que vous avez dû aller à l’essentiel pour boucler certains textes. Dans une veine proche – cette remarque concerne plutôt les OS publiés par Silius – on sent également que certains textes on eu droit à un traitement privilégié par rapport à d’autres : écriture et descriptions plus léchées, travail général plus minutieux (le dyptique Néantifère et O come, all ye faithful ? en particulier). Cela peut constituer une autre piste sur l’impression de précipitation et d’irrégularité d’autres publications.

C’est là qu’on se rend compte que même à plusieurs plumes, 24 textes originaux et différents restent un gros challenge. La limite créative s’atteint plus vite que ce que l’on pourrait se figurer.
Toujours est-il que vous n’avez pas fait les choses à moitié, le challenge du Calendrier a été relevé, avec un certain soin. La présentation graphique en est témoin. L’index rend super bien à l’écran, et la combinaison des entêtes à la charte fixe avec des séparations propres à chaque texte fonctionne et fait montre d’un minimum de cassage de tête. Juste pour cette démarche et l’effort, bravo.

Toutefois, un point vient selon moi noircir le soin que vous avez apporté à la forme : la publication des textes en eux-mêmes. Je ne comprends pas le choix d’avoir préparé des posts vides à l’avance, parce que ça étouffe un peu le concept de Calendrier de l’Avent : il y a certes un texte par jour, mais excepté les huit premiers et le 24 décembre, les autres ont leurs posts avec le mauvais horodatage (à savoir le 8 décembre). Cela casse l’effet de style initial et ce sens du détail que pourtant, on avait pu ressentir originellement. C’est très bête.


Sur des considérations plus littéraires, et pour donner mon avis sur ce corpus, j’ai globalement été assez déçu par ce que j’ai lu. Le constat serait assez simple à relativiser, puisque mathématiquement, sur vingt-quatre textes, il est normal d’avoir un ratio d’appréciation plus bas. Le fait que je ne retienne sur l’ensemble que trois One-Shots (Un coin oublié, Cher journal, Caritas in mendacio) reste un bon score, mais je n’ai pas spécialement été transporté, transcendé, trans-cequevousvoulez. Les raisons ont déjà été énumérées plus haut (la limite de créativité, l’aspect inachevé), auxquelles j’en ajoute de nouvelles :

  • Certaines nouvelles ont des idées ou concepts qui me paraissent trop perchées (For Honor you monster, Pour la gloire !, Un petit coin bien au chaud, Nuova Linfa sont celles qui me reviennent de suite sur ce point). Il en résulte qu’en-dehors des auteurs ou d’un cercle proche de ceux-ci partageant le délire, il est complexe d’adhérer à ce qui est proposé, ou simplement d’y trouver un intérêt ;

  • Un certain laisser-aller scénaristique et narratif est palpable, par endroits. Pour éviter d’avoir à reparler de l’arnaque totale qu’est Récursion, on va prendre un nouveau challenger : Réflexions.
    La construction narrative est plutôt bien amenée, le renversement des rôles et valeurs entre Tyron et Aelita (qui représentent chacun leurs camps) également. Mais tout s’effondre à cause de l’élément déclencheur : la Méduse qui agresse un Ninja pour lui prendre sa mémoire... Comme ça sans raison vraiment justifiable, tant dans le contexte de la nouvelle que de celui de la série (Xana a tout intérêt à ne pas se faire remarquer de Tyron, ou plus simplement à ne pas se le mettre à dos). En fait, le texte ne m’a même pas donné l’impression d’essayer de mettre une raison derrière ce que je considère comme un prétexte scénaristique, pas même en fausse-hypothèse ou sous-entendu.
    J’imagine que, compte tenu du côté « Calendrier des attaques de XANA », cette action de l’IA n’avait pour but que de créer la discorde de façon encore plus marquée entre Tyron et Lyokô-guerriers (même si la manœuvre resterait digne d’un Double-débile), mais dans ce cas, pourquoi ne pas faire tilter un tant soit peu Aelita, même grossièrement ? Cela ne détonnerait pas avec les mots dont Tyron l’accable (accuser Xana serait une façon supplémentaire pour elle de se défausser et se justifier), mais non. Rien.
    Vu que vous avez dû produire 24 One-Shots avec un ratio temps/créativité limité et que, logiquement, ça ne pouvait être parfait, je vais m'abstenir d'utiliser le p-word Mr. Green ;

  • Dans le lignée du laisser-aller scénaristique, certains détails au sein des textes paraissent douteux. Une pincée d’âme dit clairement qu’Ulrich sait cuisiner et faire la lessive, et que de surcroît il exécute ces tâches pour ses parents. A l’inverse de l’exemple précédent, il y a ici mention d’un « apprentissage » mais celui-ci semble sortir du néant, on sent qu’il ne sert que l’impératif narratif. Après tout, pourquoi s’embêter à essayer de créer quelque chose d’un minimum raccord avec un personnage adolescent qui n’est pas censé être très doué dans la vie, sauf en sport ?
    La situation familiale de Suzanne Hertz dans O come, all ye faithful? m’a de même parue tirée par les cheveux. Même si d’un point de vue purement technique et structurel, il n’y a pas vraiment faux-raccord, les rares éléments de la série à son sujet (l’allusion à Pedro, ses interactions avec Jim) ne donnaient pas tant l’impression qu’elle cachait une telle vie familiale (en revanche, faire du personnel une petite communauté, c’était bien senti !) ;

  • La récurrence de l’invocation à la religiosité, ses figures (le Christ notamment) et textes. Bien que contextuellement, la filiation se saisisse, je trouve que ça détonne complètement avec l’univers de Code Lyokô.
    Cela m’a l’air d’être quelque chose qui vous tient à cœur et qui est plutôt présent pour cette raison plus que par volonté de donner une identité particulière à vos productions ou faire preuve d’une forme de cohérence. De toute la liste, c’est certainement la remarque qui m’engage le plus, vu que je n’accroche pas à l’appel trop abondant aux références religieuses, mais je pense qu’il faut veiller à rester un minimum dans le bon ton en fanfiction, lorsqu’on décide d’élargir l’univers de base vers de nouveaux territoires.

Il y a le cas de deux textes que je dois évoquer rapidement, qui ne rentraient pas dans le listing précédent.

Un petit coin bien au chaud = j’avoue ne rien avoir saisi à ce One-Shot. Sans l’allusion capillaire, qui je le présume renvoie à Yumi, on se demanderait ce que fait cette nouvelle au sein d’un corpus Code Lyokô. Pour le texte en lui-même, excepté une éventuelle métaphore d’un [post-]viol, je ne saisis vraiment pas ce qu’il veut nous raconter et quel est son fin mot.

Press Forward = L’idée d’intriquer certaines des nouvelles antérieures pour créer un finish général était excellente (j’ai l’avis un peu biaisé parce que j’ai fait la même chose, à échelle moins ambitieuse, dans un de mes OS Mr. Green ), d’autant plus que cela permettait d’aller au-delà du sentiment d’inachevé pour certains, mais l’exécution... C’est juste la fête du slip, scénaristiquement parlant, et le cross-over avec d’autres univers fictionnels n’arrange rien. Même avec une intrigue initiale basique comme celle proposée, avec autant de personnages et d’interactions à leur faire avoir, l’enchaînement narratif est tout simplement bateau, sans saveur. Quant à la fin, elle est au mieux bâclée, tout se règle au mieux dans le meilleur des mondes, l’écriture et la mise en scène laissent de marbre : il ne se dégage aucune tension, ni urgence, les enjeux donnent le sentiment d’être légers.
Je suis d’autant plus déçu qu’il s’agit du dernier texte, qui boucle le recueil. En terme d’attente, côté lecteur, inconsciemment, on s’attend toujours à une explosion finale.
Cette dernière case du Calendrier, c’était un Mon chéri.

Ma déception globale est d’autant plus marquée que vous avez, tous trois, un plus grand potentiel que ça, sur le papier. On sent que la confection du recueil vous a beaucoup enthousiasmé, le soin apporté le montre, mais le résultat ne parvient pas à transmettre cet enthousiasme au lecteur. Pour des textes de Noël, c’est tout de même assez dommageable.


Pour en finir avec ce commentaire, quelques notes plus légères.

D’abord, j’espère que le message du 1er décembre sur le retour aux affaires de Belgarel en 2021 n’était pas qu’un vaste plan de communication. J’en connais un qui en serait attristé.

Ensuite, j’ai rapidement mentionné 3 textes auxquels j’avais bien accroché, sans préciser pourquoi. Petite session de rattrapage :

  • Un coin oublié = le meilleur texte de type univers alternatif du recueil. La nouvelle a des vibes qui m’ont évoqué Les Perles du Neith (il m’a semblé y voir des références, mais je me trompe peut-être), ce qui est une façon efficace de m’achet... entraîner dans le récit. Vraiment cool.

  • Cher journal = simple et efficace dans sa démarche, il démarre très classiquement (un nouveau Lyokô-guerrier qui découvre l’aventure) pour amener une chute très intéressante, au niveau du personnage de Laura dans Evolution.

  • Caritas in mendacio = mon préféré du Calendrier, celui que j’ai trouvé le plus ambitieux scénaristiquement et qui a su tenir la route. L’élément déclencheur de l’intrigue, ainsi que le type de lutte qui s’ensuit, par le prisme des réseaux sociaux en particulier, est très bien agencé et pensé (en plus d’être assez contemporain). Le texte est plaisant à suivre du début à la fin. Même si je pourrais mentionner le caractère légèrement anachronique de l’importance présumée des réseaux sociaux dans le texte (à l’époque de Code Lyokô, ils n’ont pas encore explosé et ne sont pas encore omniprésents), cela n’empêche pas cette salve d’être réussie.

Enfin, malgré ce commentaire chaotique, je tiens à redire que tenir à votre pari et à produire/publier dans les temps ce projet dense mérite seul des félicitations !

A une prochaine, j’imagine !

Hé, Le père du père, on l’a vue ta référence à Mondes Alternés !
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Warrior93 MessagePosté le: Mer 10 Fév 2021 16:09   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Messages: 19
Localisation: Ici et là
Bonjour,
En effet mon post est parti dans l'oublie mais un autre vient le remplacer.

Je crois que monsieur Zéphyr a tout dit, que rajouter de plus ? Peut-être un ressentit un peu moins étayé ? Bon aller, je me lance :
Pour ma part, je dois dire que certains récits m'ont mis plutôt mal à l'aise (comme le fait de faire mourir Jérémie sans que personne ne soit à son chevet pour son dernier souffle, même pas sa très chère Aelita, ou encore, de faire devenir Ulrich un meurtrier en tuant son père...). D'autres histoires m'ont tellement parues tirer par les cheveux que je dois avouer ne pas avoir poursuivit ma lecture jusqu'à son terme. Ce qui m'a le plus ennuyé, c'est de lire un récit sans trop savoir de quoi celui-ci parlait.
Je pense que Code Lyokô et tous les personnages qui sont rattachés à cette série géniale, ont leurs limites dans leur évolution. Le fait est qu'aujourd'hui, l'être humain aime détruire ce qui est beau et bien, me chagrine beaucoup. Certes, la vie n'est pas faite de papillons roses et d'éléphants bleus, cependant, le mal et la noirceur existant déjà sur cette Terre, il est à mon sens inutile d'en rajouter dans des textes qui au contraire, pourraient nous faire du bien, nous changer les idées et pourquoi pas même, nous apaiser.

En vous souhaitant une bonne fin de journée, j'espère ne pas avoir été trop cru dans mes propos.

_________________
Warrior93
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Dede7 MessagePosté le: Dim 14 Fév 2021 16:47   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 06 Aoû 2007
Messages: 1346
Merci pour vos commentaires ! Nous allons nous atteler à répondre à vos interrogations.

Pour commencer, il nous faut mettre au clair quelque chose qu'on a gardé - visiblement à tord - très nébuleux jusqu'à maintenant : la véritable forme du défi que nous nous étions lancés. À vrai dire, le titre que nous avions choisi prêtait un peu trop à confusion, puisque les textes ne portaient pas nécessairement sur une attaque de Xana, ni même sur Noël. Le véritable objectif, c'était de respecter les fameux triplets de contraintes évoqués dans le post initial. Contraintes que je vais détailler ici.

Spoiler


En bref, ce topic n'est qu'un recueil de one-shots écrits sous contrainte. Je mets à jour le post d'ouverture du topic avec un index des one-shots publiés et les critères ayant conditionné leurs rédactions respectives, pour plus de clarté.

La technique


Le tirage définitif a eu lieu le 12 octobre. Après quelques jours passés à préparer le pipeline technique de production (le calendrier visuel, notamment, est étonnamment non-trivial à designer, créer et mettre à jour quotidiennement, tout en évitant les bugs de rendu sur la transparence des tuiles x)), à établir des pitchs pour certains jours et à se maudire d'avoir accepté ce pari idiot au vu de ce que nous réservaient certains autres (Coucou le 2, coucou le 21, coucou les vidéos et le texte des gifs des Moutons du Berger, coucou les deux écoutes des 10 Commandements en intégralité pour A Very Musical Story), on a commencé à écrire tranquillement pendant le mois de novembre. Mais bon, on ne va pas se mentir, il doit bien y avoir deux bons tiers de l'écriture qui a eu lieu en quasi flux tendu pendant le mois de décembre.


Pour ma part, j'avais anticipé jusqu'à A Very Musical Story incluse (et Demain nos Ruines, qui est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps) (et sauf Cookingjay, qui m'aura cassé la tête jusqu'au bout, ayant du mal à faire un texte intégralement humoristique et ayant déjà dépensé toutes mes billes sur Aelita2020. En plus, Rosa + Man vs Wild en contraintes, c'était tellement bien tombé que je n'avais pas d'idées de gag autour ^^'). Après AVMS, j'écrivais toujours l'après-midi avant de poster, notamment Cher Journal, fait en 2/3 heures sans la moindre idée de ce que je faisais parce que j'étais un peu crevée à ce moment-là. Je crois que c'est le plus rushé de tous mes textes, fait tout de même avec l'effort de sortir de ma manière d'écrire, mais qui a galéré à me convaincre moi-même jusqu'au bout, du coup je suis toute surprise mais contente qu'il t'ait plu o/ (mais on est très loin, en termes de temps et d'efforts, d'un A Very Musical Story qui nous aura appris que les sauts de ligne comptent pour 8 caractères sur le forum, et pour lequel on a dû refaire les liens des gifs cliquables à la dernière seconde, histoire de gagner des caractères et de pouvoir le poster en une fois Mr. Green)


À titre personnel, presque rien, si ce n’est le pitch de chaque texte n’avait été fait à l’avance. À une ou deux exceptions près, tout fut rédigé le jour même, en une seule après-midi, parfois moins. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le rapport entre le temps passé sur un texte et sa qualité finale est assez faible. Certains textes nous semblent, et vous ont semblé d’excellente facture ou vous ont parlé en tant que lecteur, alors même qu’ils ont été écrit très vite, voire précipitamment. A contrario, d’autres textes ont été très longuement travaillé, fruit de nombreuses heures de sueurs, mais n’ont pas été particulièrement remarqué. C’est la vie, et le hasard des lecteurs et de leurs retours.


Parlant de publication, profitons-en pour aborder un autre point technique que tu as soulevé : la méthode de publication. Pourquoi tout poster d'un coup le 8 décembre ? En résumé, ça tient principalement de l'activité sur le forum. On aurait eu cette idée quelques années en arrière, cela aurait été une chouette animation de Guerre des Fans, avec probablement plusieurs commentaires et une publication au jour le jour était tout indiquée. C'était le plan ici aussi, jusqu'à ce 8 décembre et le premier commentaire de Warrior93. Cela nous a fait réaliser qu'il y aurait probablement que très peu sinon un seul commentaire, et le voir s'intercaler au milieu des posts était un peu triste et dommage. Après discussion, nous avons pré-posté tous les messages pour cette raison. Après tout, je doute que grand monde prête grande attention à la date des messages eux-mêmes, et ça m'a permis de m'arracher un peu plus les cheveux à gérer la mise à jour des tuiles sur les posts eux-mêmes.

(A vrai dire, c'est à ce moment-là que j'ai appris qu'on pouvait nommer un commentaire différemment de son topic. Il n'est jamais trop tard pour apprendre, ma foi o/)


L'écriture

La question des fics trop perchées. C'était un peu le but en fait. L'idée était que quitte à écrire 24 one-shots différents quasiment en rafales, autant aller se balader sur des thèmes et des genres un peu plus exotiques.


A mon sens, c'était même quasiment un impératif. 24 textes, c'est beaucoup. A la suite, c'est copieux. Si on restait dans les sentiers battus, on prenait à la fois le risque de redites par rapport à d'autres textes (et à ce compte-là, autant faire une animation où le Calendrier est en fait un recueil de textes à redécouvrir chaque jour), mais aussi de nous ennuyer nous-mêmes. J'ai beaucoup râlé en privé sur le fait d'avoir tiré Parodie et Humour, il n'empêche que ça m'a forcé à écrire hors de ma zone de confort, et que c'était enrichissant. Michel Belpois dans Nuova Linfa, c'était aussi ça : prendre un personnage dont on ne sait, en fait, quasiment rien, et qui a eu peu de présence en fanfic, et tenter quelque chose de motivant avec les contraintes. Bien sûr, ça n'a pas l'ambition de créer un background à ce perso, ce serait tout de même sacrément prétentieux pour ce qui n'est jamais que de la fanfiction, soit de la réappropriation de fans d'une série qui, en dehors d'une vague évocation du titre "d'Ange de Lyoko" d'Aelita, n'a pas créé son univers avec son fandom (et ce serait sacrément osé de la part de l'auteurice qui a foutu des dragons dans The Day is My Enemy ou écrit le Jérémie du Monde 0 de Mondes Alternés). Et pour une fois qu'Ulrich et Jérémie ne se détestent pas dans une de mes fics... Sans doute est-ce là la vraie idée perchée Mr. Green Le danger, ceci dit, c'était effectivement de perdre un peu le lecteur à la longue (si c'est éprouvant à écrire, ça l'est aussi sans doute à lire, surtout à la suite), mais le côté éclaté permet finalement de laisser à chacun la possibilité d'avoir un texte qu'il préfère, et d'avoir une variété dans les avis. Par exemple, chez Silius, j'avais très peu retenu Un coin oublié pour lui préférer Néantifère (et ça n'a strictement rien à voir avec le Christ), tandis que chez Dede, j'avais adoré l'idée de Le Père du Père (qu'on doit partiellement à une âme innocente qui découvre en ce moment Code Lyoko et a remarqué que la langue d'Einstein sur le poster de Jérémie est inconsistante). A côté de ça, mon texte le plus personnel est Demain nos Ruines, et celui que j'ai préféré écrire est Les Moutons du Berger, et Silius et Dede les retiennent moins que d'autres. Ce qui me fait penser que, plus qu'un recueil de textes, ce Calendrier est un test de personnalité *paf*.


Je renchéris, certains thème paraissaient nous aller comme des gants, d’autres moins. J’ai soupiré devant le thème de l’horreur que j’ai fait à reculons, et j’ai tordu au possible le thème du hurt/comfort (parce que bon, le comfort dans Néantifère…). De la même manière certains textes m’ont plus marqué qu’ils n’ont marqués leurs auteurs. Les Moutons du Berger ne m’a pas parlé, alors que Demain nos Ruines, beaucoup plus. Nous faisions des textes répondant à des contraintes, non des textes ayant à se tenir et se justifier par eux-mêmes. À bien des égards, les textes du calendrier sont similaires à des « drabbles » plus qu’à des nouvelles. D’où la faiblesse de justification de certaines intrigues. Dans le même temps, cela permettait de faire des vignettes, des images sur des points de lore. Par exemple Couverture est une réponse possible à la question de comment Jérémie a normalisé la situation administrative et financière d’Aelita. Question qu’à ma connaissance le fandom avait plutôt délaissée.


Les contraintes imposées étaient là pour ça aussi. Personnellement, cela a surtout été moteur pour Le Père du Père dont je suis plutôt fier et que je n'aurais certainement jamais écrit autrement (j'étais encore en train de me demander comment j'allais gérer ce foutu combo surnaturel+religieux la veille même avant de trouver l'idée). Idem pour L'or a éli Tah. Un autre objectif assumé notamment via notre troisième mutateur de contrainte (la colonne Extra/Featuring) était de pousser le lore de Code Lyoko aussi loin que possible. Créer des choses intéressantes et vraisemblables tout en restant au mieux compatible avec le canon. Je ne comprends pas tes bémols sur Ulrich Stern (ce n'est pas parce que c'est un homme qui aime le foot qu'il ne « peut pas » faire la cuisine ou la lessive Mr. Green) et sur Suzanne Hertz (c'est un peu le point du texte de développer une vie de famille « quasi » insoupçonné) ('Puis bon, est-ce vraiment plus sorti du chapeau que les tentatives de la série de la shipper avec Jim ? *pif*). Mais oui, lui inventer cet arbre généalogique fut intéressant, et a donné un récit bien plus joyeux que ce qui était prévu initialement.

Par contre, un autre point qui a probablement joué contre nous, c'est l'auto-influence. Pour commencer, tu soulignes une forte présence de la religion dans nos textes. J'avoue que personnellement, cela m'amuse tant ce sujet m'est habituellement étranger. En témoigne, encore une fois, Récursion, où je n'ai pas réussi à faire mieux qu'évoquer un peu la notion de dieu créateur et name-dropper Odin. Je pense que nous avons été particulièrement marqués par la performance de Silius dans Weak, qu'on a laissé en roue libre pendant une semaine pour qu'il fasse déferler littéralement l'Apocalypse biblique sur le monde de Code Lyoko. C'est d'ailleurs les discussions qui ont suivi cela qui ont fini par m'amener à tourner Récursion (et la fin de Press Forward) dans un sens plutôt bienveillant avec le concept basique de la croyance et de ce que cela peut apporter. J'y reste toujours tout autant étranger, mais probablement un peu moins hostile qu'avant.

Plus globalement, même si à l'origine, le plan était d'écrire des one-shots indépendants, nous nous sommes pris aux jeu de croiser des références internes au fur et à mesure de des publications, en évitant toutefois d'en faire plus que ça : des références. Sauf pour le dernier, qui était parti pour être assez yolo de toutes façons.


Les textes

Pour finir notre réponse, quelques mots en particulier sur certains textes que tu as abordé.

Réflexions. L'agression du Ninja par Xana, sans raison ? Wut ? Sans compter le fait que les intentions de Xana ne sont jamais vraiment connues, aurais-tu oublié l'épisode Confusion et sa plus grande bataille rangée virtuelle jamais vue dans tout le lore de Code Lyoko ? À la suite des événements de cet épisode, il me parait tout à fait évident que Xana envisage d'obtenir des informations sur Tyron et ses intentions, voire tenter de l'intimider et menacer de façon frontale comme il l'a déjà fait avec les héros (coucou l'épisode Ultimatum pour n'en citer qu'un). Quant à Aelita, après sa trahison suicidaire caractérisée de Rendez-vous...

For Honor You Monster. Ce texte n'est pas un de mes préférés, n'étant pas doué du tout pour les scènes d'action et n'ayant pas réussi, à mon avis, à doser suffisamment bien la brièveté des moments épiques et la longueur nécessaire pour les mettre en place. Mais ça ne reste qu'une version à peine plus poussée de Contagion ou Mauvaises ondes, avec un Jim débridé comme on a pu le voir dans Faux départ ou Mauvaise conduite.

Press Forward. La fête du slip ? « Of course[/i], c'était le but. Après, comme tout crossover, ça marche beaucoup mieux quand on connaît les séries en question, ce qui est difficile quand l'auteur part dans le délire d'en caser des tas (et encore, j'me suis freiné pour essayer de pas trop fumer le scénario ainsi que le temps que j'avais pour poster ^^'). L'idée de base, c'était de rameuter tout ce qui fait du voyage dans le temps, du coup en vrac : Rick & Morty, Doctor Who ainsi que Valérian et Laureline (et je me suis terriblement déçu par le sort que je réserve à cette dernière dans le récit, à savoir littéralement aucun). À ceux-là s'ajoutent également le personnage de Jérémiah de Code Geass (qui était déjà apparu dans Néantifère et du Kid de l'univers de Détective Conan d'où sont fortement inspirés les personnages de Suze et Cointreau, dans Caritas in Mendacio que je reprends aussi ici). Et pour finir, as-tu vu l'intégration à l'univers d'Oban Star-Racers ? Smile


Un petit coin bien au chaud. C’était un texte dans le genre de l’horreur. Mon Récursion à moi si l’on veut. Sans doute trop court et manquant d’une ou deux scènes de plus, qui ne me sont venues que plus tard. En effet, c’est un texte sur Yumi qui a dû être internée en hôpital psychiatrique suite aux traumatismes que Xana lui a laissé. Cette nouvelle dresse un parallèle entre sa situation et celle de Torpilles virtuelles. Donc, non, il ne s’agit pas d’une métaphore du viol (encore qu’il y ait un sous-entendu que le personnel de l’hôpital n’est pas au-dessus de cela).

Récursion. Ah, celui-là. On en a déjà beaucoup parlé, le sujet nous inspirait pas des masses ni toi ni moi. Sinon, la dernière ligne, outre que de ponctuer la question sur le déisme, n'est qu'une auto-référence gratuite à Le Père du Père.



Nos retours persos

À titre personnel, si je devais citer les textes qui m’ont le plus marqué chez chaque auteur du calendrier, je donnerais :

En revanche, Un coin oublié et Caritas in Mendacio me semble les plus oubliables de ce que j’ai écrit dans ce calendrier.

Enfin, un prix spécial revient à Nuova Linfa. Michel Belpois y a acquis une nouvelle stature. (Un jour, une captation sera faite de la lecture de ce texte. Réentendre Michel Belpois dans la série va me paraitre bien triste, maintenant)



Personnellement, pour mes textes, j'ai un trio de tête pour Demain nos Ruines, Les Moutons du Berger et A Very Musical Story (je râle sur sa préparation, mais c'était plutôt fun, et ça faisait longtemps que je voulais mettre de la musique dans mes textes, vu que j'en ai toujours dans les oreilles quand j'écris). Sur ceux de Dede, Le Père du Père et For honor you monster, qui avait pour lui d'être un des plus funs dans ce qu'il avait de barré (et je vais mettre un point pour l'effort de Récursion, pas le plus réussi mais vu le point de départ, c'est déjà quelque chose d'avoir réussi à sortir un truc). Chez Silius, hm... Néantifère, peut-être, Une pincée d’âme qui avait son efficacité, et comme pour Récursion, point d'effort pour Un petit coin bien au chaud.



Chez Silius, j'ai beaucoup aimé l'ambiance d'horreur psychologique dans Un petit coin bien au chaud. Je me souviens d'une première version plus légère - trop, même, selon moi, compte tenu de la situation décrite et de ce qu'est la réalité, alors que l'auteur craignait d'être déjà un peu trop sombre. Un texte très dur, mais tout autant juste. Et puis, pouvait-on faire pire que Néantifère ? Ce texte mérite probablement un trigger warning... mais reste ce qu'on peut faire de mieux comme expiation de l'Aelita d'Évolution !

Du côté de Violet, je retiens Demain nos Ruines, qui mêle l'une des plus ambitieuses attaques de Xana, un épilogue au projet Carthage et quelques éléments barrés comme l'algorithme d'activation des programmes secrets à base de bottin... Les Moutons du Berger aussi, qui pousse subtilement la logique de fonctionnement des héros jusqu'au malaise de la dissonance cognitive. Et puis, Talos Principle, best game ever ! Enfin, une mention spéciale pour A Very Musical Story, je me souviendrai un moment de cette soirée de rush à base d'optimisation de rendu et de rétro-ingénierie sur le fonctionnement de la base de données du forum.

Quant aux miens, je suis franchement fier de L'or a éli Tah alors que le genre du western ne m'inspirait tellement pas. Le Père du Père aussi était cool, avec une forme un peu nouvelle.

Enfin, mes regrets se portent sur Press Forward principalement. Le délire était fun et la base de l'histoire cool, mais l'écriture trop précipitée (j'ai probablement tapé en une journée plus de ligne que j'en ai jamais publié ^^') avec certains éléments bâclés.



Bonus : Références, eastereggs et autres secrets

Nous nous sommes beaucoup amusés à dissimuler des clins d’œils dans chacun de nos textes. Les avez-vous tous remarqués ? En voici un petit recensement (liste non-exhaustive).

Spoiler

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Tempus Fugit | Weak | Carthage | CdA 2020 | CdA 2021

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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 15 Fév 2021 21:33   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour cher Warrior93,

Tout d’abord, je voudrais vous remercier d’être passé nous commenter.

Ensuite, nous nous excusons pour la suppression de votre premier commentaire. Comme nous l’avons expliqué dans notre réponse à Zéphyr ci-dessus, nous avons fait un choix en termes de présentation et d’harmonie, choix qui s’est décidé eût égard à l’activité du forum à ce moment.

Enfin, il faut en venir à vos critiques, au nombre de deux :

- D’une part, des récits qui vous ont mis mal à l’aise car s’écartant par trop du ton du matériau de base, la série Code Lyokô.
- D’autre part, des récits qui vous ont paru tiré par les cheveux.

Pour ce qui est de ce dernier point, nous aurions aimé des exemples, afin de pouvoir affiner notre réponse et nous améliorer pour l’avenir. Cela étant, ce reproche est éminemment lié aux contraintes que nous nous étions imposés dans le cadre de ce calendrier de l’avent. Elles ont été détaillées dans la réponse à Zéphyr, mais pour les rappeler brièvement, nous avions fait des listes de thèmes, de genre et de modulateur et avions créé à partir de ces listes des trios de contraintes aléatoires. Ainsi, le but était pour chaque texte de répondre à ces contraintes qui étaient parfois quasiment contradictoires (pensez aux contraintes du texte Récursion par exemple).

La conséquence, c’est que ces textes n’ont d’autres raisons d’être que ce souci de contraintes. D’où parfois l’impression de peu de justification de l’intrigue. En tant que tel, ce que nous avons fait est assez proche de l’exercice assez commun en fanfiction des drabbles.





On peut aussi le voir comme un exercice d’écriture, ou un défi d’atelier, dans la mesure où on s’imposait en plus de ne pas trop rester dans le cadre de la série, histoire de ne pas se retrouver à faire du copié-collé d’épisodes déjà existants. Je veux dire, si ce qu’on veut c’est raconter ce qui se passe dans la série, autant la regarder directement, ça va plus vite. Bien entendu, écrire dans un fandom, c’est partir avec ses contraintes propres, mais je ne pense pas que s’y enfermer soit particulièrement intéressant, ou du moins pas pendant longtemps. A ce jeu-là, je ne suis pas persuadée que Demain nos Ruines ou Les Moutons du Berger soit moins dans le ton de Code Lyoko qu’un Mondes Alternés. Et puis, accessoirement, je ne qualifierais pas les épisodes où Aelita manque de mourir, avec scènes de défibrillation explicites (37 Intérêts Communs), l’enlèvement et la séquestration d’Odd et Yumi par leur proviseur XANAtifié (41 Ultimatum) ou des enfants qui meurent de froid (45 Guerre Froide) de « papillons roses et éléphants bleus ». Des moments durs, il y en a eu, même si naturellement on peut personnellement aimer Code Lyoko pour ses moments plus légers, et préférer des textes qui aillent dans ce sens. Comme on peut préférer évoquer les moments plus durs, ou développer des points plus concrets que la série a mis de côté, faute de place, de temps ou d’intérêt du point de vue des scénaristes o/ Ecrire autre chose qu’un Jerlita, imaginer que leur relation peut avoir une autre issue que des jours heureux, c’est possible, dans la mesure où nous ne sommes mêmes pas tous d’accord sur ce qu’est ce couple dans le fandom. Certains s’y identifient, d’autres non, mais ce qui pousse à écrire des scénarios alternatifs à la série, c’est la réappropriation qu’est la fanfiction. A mon sens, ce n’est pas détruire un matériau que de développer ce qu’il a tiré de la série, ou en testant des choses avec. Cellui qui écrit que la relation entre Jérémie et Aelita est vouée à l’échec n’a pas moins apprécié la série que cellui qui croit qu’elle a de l’avenir.




Le manque de paratexte pour introduire et présenter chaque texte a de plus l’effet que chaque lecture est une plongée la tête la première dans l’inconnu, avec parfois de fort mauvaises surprises. C’était à notre sens un risque qui allait avec l’exercice. Dans l’idéal nous voulions que les lecteurs et commentateurs tentent d’eux-mêmes, à partir de leur lecture et des trois symboles e début de texte de trouver les contraintes. D’où le fait de ne pas avoir de textes introducteurs en début de chaque nouvelle. Nous avions sur-estimé l’activité sur ce forum d’une part, et la clarté de notre premier post d’introduction d’autre part. C’est une erreur de communication que nous ne referons plus.

Après, ces textes sont-ils plus perchés que, pour citer dans le désordre : Code Univers ou William Dunbar l’histoire d’un héros, de Belgarel ? Que Les divagations d’un mégatank de Nyx ? Que Je suis l’Alpha et l’Oméga de Shaka ?

Tout d’abord, des genres comme la parodie ou le crossover impliquent par définition d’être perché. Ensuite des textes courts souvent in media res, ne peuvent par définition poser le décor, ainsi que les tenants et les aboutissants de l’intrigue à la manière d’un récit au long cours. Enfin, il y a effectivement des textes plus faibles que d’autres.

De toute façon, faire une fanfiction Code Lyokô c’est faire un récit dans un univers qui est théoriquement fini et fermé. La série a un début et une fin, après tout. D’une certaine manière c’est toujours être perché que de faire une fanfiction, c’est prendre une hypothèse, un point de vue, un élément de décor et broder quelque chose par-dessus, un quelque chose qui est forcément en plus, et donc un peu en trop dans un ensemble fermé.

Mais cela nous mène à la première est plus détaillée de vos critiques, celle relative au ton de la série et au ton de nos textes. Par une étrange coïncidence, elle se fait l’écho d’une conversation que nous avions eu ce week-end sur ce sujet.

En effet, nous nous sommes fortement éloignés de l’ambiance d’origine de la série. A titre d’exemple, dans la série, les personnages principaux ont autour de 13 ans physiquement (au début en tout cas), mais leurs manières de parler, de penser et d’aborder le monde seraient plutôt celle d’enfant de 11 ou 12 ans. Dans Code Lyokô Evolution, ils sont clairement des lycéens, et de fait cette série s’éloigne pas mal de l’ambiance du dessin animé. Le fait est que tant votre serviteur que Violet Bottle ou Dede7 — probablement du fait de notre prise d’âge — ne savons, ne voulons ou n’avons envie de faire parler nos lyokôguerriers avec les maniérismes du dessin animé. Cela était déjà manifeste dans nos autres écrits : dans Mondes Alternés de Violet Bottle, les personnages parlent comme de jeunes adultes ou des lycéens, mes propres écrits se passent souvent dans le futur ou se passent des lyokôguerriers…

Bref, rester dans le ton du dessin animé est quelque chose que nous ne savons pas vraiment faire et qui en fait nous intéresse peu. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des auteurs qui le fassent, parfois très bien et que ce ne soit pas agréable à lire. A titre d’exemple, Replika on the Web de Sirix conserve une grande partie du ton et de la fraîcheur du dessin animé et est une fanfiction de fort bonne facture.

Cela étant, nous constatons que cette conservation du ton d’origine est plutôt rare sur le forum. Un rapide tour sur l’index des meilleures fanfictions montre assez bien ce point : Ikorih, Tyker, Minho… le temps passant ce sont des auteurs plus vieux, avec d’autres perspectives, questions et intérêts pour la série qui ont écrit sur ce forum. Clairement il y a eu un choix de la part du fandom quant aux thèmes privilégiés et à la manière de les aborder.

De manière plus générale, la fanfiction est une réappropriation. L’auteur de fanfiction s’empare d’un univers donné pour y mettre quelque chose de plus : idée, personnages, ambiance. L’auteur extrait des choses qui lui plaisent, en écarte d’autre et construit à partir de cela. La conséquence c’est que l’auteur soumet cet univers fictionnel (le canon) a ses questions, interrogations et point de vue. A titre d’exemple, sur ce forum, Icer a beaucoup questionné la manière de relier l’ensemble des éléments du canon et des apocryphes au monde réel pour faire un tout scénaristiquement cohérent. Tyker a fait de l’exploration de la backstory (qui désigne dans le jargon les éléments de Code Lyokô antérieurs au début de la série comme le passé de Franz Hopper), Zéphyr a retravaillé Code Lyokô Evolution. Ellana dans la Demande s’est penché sur la relation d’Ulrich et de Yumi, Belgarel a exploré des tendances mégalos de Jérémie, Icejj a traité du traumatisme des missions ou décrit des attaques aux fins funestes…
A force d’écriture par les auteurs, et de commentaire des auteurs entre eux, des tendances émergent. Sur ce forum la tendance dominante est à un traitement plus sombre que dans le canon. Cela n’exclut pas d’autres manières de faire, loin de là. Chaque pierre apportée à l’édifice compte en vue du plaisir de lire du Code Lyokô.

Mais nous défendons le droit de chaque auteur de poser la marque qu’il souhaite sur cet univers : tous les textes et auteurs susmentionnés ont ajouté quelque chose, permis d’imaginer des possibilités, révélé des potentiels… Parfois même, certaines inventions du fandom deviennent tellement courantes qu’elles sont presque canoniques : pensez au fait de qualifier Aelita d’ange de Lyokô, ou Yumi de geisha… Parcourez les récits et vous remarquerez de temps à autre des éléments qui reviennent chez la plupart des auteurs mais qui à y réfléchir ne sont pas issus du canon.

Après, tout auteur ne trouve pas lecteurs, et parfois un auteur a pu mettre beaucoup d’efforts ou de lui dans un texte et voir ce dernier se faire détester par les lecteurs. Cela arrive. Ce qui nous semble compter, c’est de ne pas se laisser trop enfermer dans une idée figée de ce que devrait être les fanfictions Code Lyokô.

Pour finir en revenant au cas plus précis de ce calendrier de l’avent et compléter vos remarques :

— « le fait de faire mourir Jérémie sans que personne ne soit à son chevet pour son dernier souffle, même pas sa très chère Aelita ». Il est tout à fait compréhensible que cela vous ait mis mal à l’aise. Ce n’est pas un texte joyeux. Néanmoins votre référence à Aelita indique que vous avez a priori manqué un des éléments du texte : le fait qu’Aelita ici n’aime pas Jérémie et l’a trahi (elle est plus proche de la Aelita de Code Lyoko Evolution que de celle de Code Lyokô). Notez que le Jérémie de ce texte n’était pas non plus quelqu’un de bien. Diable, il est même sous-entendu qu’elle l’a violé et que c’est ainsi que Jérémie a attrapé la syphilis (maladie qui se transmet surtout par voie sexuelle) ! Donc non, dans ce texte les amis de Jérémie l’ont ou trahi ou sont indisponibles. Mais il faut insister ce n’est pas un texte joyeux du tout, et il demande en effet d’avoir le cœur un peu accroché. Cela étant, en parcourant le forum, vous verrez qu’Ikorih fit mourir Ulrich de nombreuses fois (sa détestation de ce personnage est devenue proverbiale chez les anciens de ce forum), que Violet Bottle a une fâcheuse tendance à taper sur Jérémie pour lui préférer un pendant maléfique, et que Draynes ou Minho ne furent pas non plus tendre avec leurs personnages. Ce ne sont là que des exemples, mais ils montrent qu’il ne s’agit pas de quelque chose de vraiment nouveau ici.

— « de faire devenir Ulrich un meurtrier en tuant son père... ». Là encore il est assez compréhensible que ce texte vous ait mis mal à l’aise. Après tout Ulrich tuant ces parents de dix-sept coups de couteaux chacun…. Pour tout vous dire ce texte fut très éprouvant à écrire et la fin de la rédaction, qui s’était étendue sur deux ou trois heures un après-midi m’avait laissé pantois et sous le choc… Disons que les contraintes étant « crime » et « parent des héros », j’ai été à quelque chose d’assez simple et direct, et de pas si improbable que cela. Un spectre de Xana traque Ulrich et lui fait quelque chose. Ou pas. Puis Ulrich tue ses parents. Est-ce lui ? Est-ce Xana ? Qui sait ? j’ai choisi de laisser une fin assez ambiguë.

Ulrich après tout a de fort mauvaises relations avec ses parents. Que cela conjugué au stress puissant et important que représente la lutte contre Xana finisse par le faire craquer, c’est une possibilité ; que Xana tente de l’atteindre et de le détruire par ce biais en est une autre. Tout aussi valable. Ce sont des choses qui arrivent. Rarement, mais cela arrive.

Enfin, pour finir sur une note plus joyeuse, j’espère que maintenant que la liste des contraintes est publique (en première page du calendrier et dans la réponse faire à Zéphyr), vous pourrez piocher des textes plus susceptibles de vous parler et d’être dans vos goûts. Si vous vous êtes arrêté à Une pincée d’âme, vous manquez en effet quelques textes plus susceptibles — peut-être — de vous plaire. A titre d’exemple, Cher journal de Violet Bottle ou For honor, you monster de Dede7.

Au plaisir de vous retrouver en ce royaume

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Ikorih MessagePosté le: Mar 16 Fév 2021 09:19   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Puisque, selon l'adage populaire, Zéphyr a tout dit, il ne me reste plus qu'à revenir à mon domaine de compétence : revenir sur des détails.

Citation:
Ellana dans la Demande s’est penché sur la relation d’Ulrich et de Yumi


Sachez que ce petit dérapage façon solal n'est pas passé inaperçu. En plus, en termes de développement de la relation d'Ulrich et Yumi, on a quand même fait mieux que ça. Vous avez regardé dans les fics d'Ellana ?
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Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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